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Rencontre entre intellectualité et sainteté

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Academic year: 2017

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© Université de Mostaganem, Algérie 2005

Rencont re ent re int ellect ualit é et saint et é

Shaykh Abd al Wahid Pallavicini Comunit à religiosa isl amica Milano, It alia

Résumé :

Le Shaykh al Alawî, souf i algérien mort en 1934, est le f ondat eur d'une t arîqa, une conf rérie islamique qui port e son nom, la Alawiyya, qui ne doit pas êt re conf ondue avec la sect e syrienne des Alawit es. Elle est une dérivat ion de la t arîqa Darqawiyya dont le Shaykh f ut membre, celle-ci ét ant à son t our une dérivat ion de la t arîqa Shâdhîliyya à laquelle René Guénon f ut rat t aché, après son ent rée en islam sous le nom de Abd-al-Wahid Yahya.

Mot s-clés :

Alawiyya, darqawiyya, Guénon, souf isme, spirit ualit é.

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L’ associat ion ent re René Guénon et le Shaykh Ahmad al Alawi (que Dieu soit sat isf ait d’ eux) n’ est cert ainement pas arbit raire, parce que ces deux personnalit és f urent cont emporaines et eurent l’ occasion, sinon de se rencont rer personnell ement , du moins de correspondre ent re Most aganem et le Caire. Si nous ne savons presque rien du cont enu de leurs rapport s épist olaires, nous connaissons bien la réact ion que ces deux hommes except ionnels provoquèrent , non seul ement de la part de leurs compat riot es, mais aussi de ceux qui eurent l a chance de les connaît re personnellement pendant leur vie.

Le Shaykh al Alawi, souf i algérien mort en 1934, est le f ondat eur d'une "t arîqa", une conf rérie islamique qui port e son nom, la Al awiyya, qui ne doit pas êt re conf ondue avec la sect e syrienne des Alawit es. Elle est une dérivat ion de la

t arîqa

Darqawiyya dont le Shaykh f ut membre, celle-ci ét ant à son t our une dérivat ion de la t arîqa Shadhiliyya à laquelle René Guénon f ut rat t aché, après son ent rée en islam sous le nom de Abd al Wahid Yahya.

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que la première idée d’ un t el livre lui ét ait due. Nous voudrions cit er un passage de l’ Int roduct ion qui puisse servir aussi de clarif icat ion préliminaire à l ’ argument que nous voudrions aborder.

"La croix, avons-nous dit , est un symbole qui, sous des f ormes diverses, se rencont re à peu près part out , et cela dès les époques les plus reculées ; elle est donc f ort loin d’ appart enir proprement et exclusivement au Christ ianisme comme cert ains pourraient êt re t ent és de le croire. Il f aut même dire que le Christ ianisme, t out au moins sous son aspect ext érieur et généralement connu, semble avoir quelque peu perdu de vue l e caract ère symbolique de la croix pour ne pl us la regarder que comme le signe d’ un f ait hist orique; en réalit é, ces deux point s de vue ne s’ excluent aucunement , et même le second n’ est en un cert ain sens qu’ une conséquence du premier ; mais cet t e f açon d’ envisager les choses est t ellement ét rangère à la grande maj orit é de nos cont emporains que nous devons nous y arrêt er un inst ant pour évit er t out malent endu. En ef f et , on a t rop souvent t endance à penser que l’ admission d’ un sens symbolique doit ent raîner l e rej et du sens lit t éral ou hist orique; une t elle opinion ne résult e que de l’ ignorance de la loi de correspondance qui est le f ondement même de t out symbolisme, et en vert u de laquel le chaque chose, procédant essent iellement d’ un principe mét aphysique dont elle t ient t out e sa réal it é, t raduit ou exprime ce principe à sa manière et selon son ordre d’ exist ence, de t ell e sort e que, d’ un ordre à l’ aut re, t out es choses s’ enchaînent et se correspondent pour concourir à l’ harmonie universelle et t ot ale, qui est , dans la mult iplicit é de l a manif est at ion, comme un ref let de l’ unit é principielle elle-même"(1).

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Occident aux et Orient aux des t emps modernes, nous devons nous réf érer, dans l’ espoir de ret rouver en nous-mêmes, et de donner aux aut res, le sens de cet t e "harmonie universelle" dont nous semblons nous êt re él oignés.

D’ aut re part , le Shaykh al Alawi, qui f ut considéré, par l’ un des disciples de René Guénon, comme un saint "Isawi", c’ est -à-dire du t ype de saint et é de Jésus (alayhi-s-salam), représent e, au sein de la dérivat ion Shadhili-Darqawi, l’ expression du mouvement de revivif icat ion de l’ Islam amorcé au XVIIIe et au XIXe siècles avec les deux aut res grands Ahmad d’ origine maghrébine : le Shaykh Ahmad at -Tij ani et le Shaykh Ahmad Ibn Idris (que Dieu soit sat isf ait d’ eux).

L’ apparence du Shaykh al Alawi est ainsi décrit e par le doct eur Marcel Carret qui eut l’ occasion de le visit er et de le soigner pendant les dernières années de sa vie : "Ce qui me f rappa t out de suit e, ce f ut sa ressemblance avec le visage sous lequel on a cout ume de représent er le Christ . Ses vêt ement s, si voisins, sinon ident iques, de ceux que devait port er Jésus, l e voile de t rès f in t issu blanc qui encadrait ses t rait s, son at t it ude enf in, t out concourait pour renf orcer encore cet t e ressemblance. L’ idée me vint à l’ esprit que t el devait êt re le Christ recevant ses disciples, l orsqu’ il habit ait chez Mart he et Marie"(2).

De t els rapprochement s, si nous avons bien compris la cit at ion de René Guénon, ne vi sent cert ainement pas à prêcher une f rat ernit é qui voudrait oubl ier les principes propres à chaque religion, ni encore moins à promouvoir un inut ile et dangereux syncrét isme doct rinal. Au cont raire, ils invit ent à voir l’ Unit é dans la mult iplicit é et à reconnaît re la validit é de chaque expression révélée comme un aspect manif est é de cet t e Vérit é qui, comme Allah, est une et ident ique pour nous t ous.

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accept at ion de l’ isl am, une adhésion à ce qu’ il appel ait la "Tradit ion primordiale" (ad-din al-qayyim), dans sa dernière expression qui, comme t elle, engl obe sans opposit ion t out es l es Révélat ions précédent es.

Il n’ est pas quest ion de rechercher un compromis ou un dénominat eur commun ent re les dif f érent es posit ions doct rinales de nos religions. Il s’ agit plut ôt de reconst ruire l’ int égrit é des croyant s, celle qui exist ait aux moment s prophét iques qui sont à l’ origine de chacune des Révélat ions, et qui a ét é de plus en pl us ef f acée par le processus de décadence des derniers t emps.

Auj ourd’ hui, les dif f érent es aires et hniques, qui const it uent le support normal de chaque Révélat ion, ont développé les aspect s les plus négat if s de leur t empérament , au dét riment de la vie spirit uelle : en Occident l’ int ell ect ualit é est devenue int ellect ualisme, la logique, rat ionalisme ou - pire encore - psychologisme, t andis qu’ en Orient l’ int uit ion dégénère en impulsivit é, et la remise ent re les mains de Dieu en f anat isme.

Il f audrait donc f avoriser un échange, dont René Guénon est bien l ’ exemple, et par lequel l es croyant s d’ Orient et d’ Occident , f ace à f ace, sauront créer, aut our d’ une mer commune, le f lux et le ref lux des vagues bénéf iques de leurs qualif icat ions complément aires. De cet t e f açon, l ’ Occident al redeviendra cet homme int elligent qu’ il f ut , en réussissant à part iciper de nouveau à ce ref let de l’ Int ellect de Dieu en nous qui nous f ait semblables à Lui, et l’ Orient al ret rouvera, dans le sens inné de l’ immanence divine qui lui est propre, le cont rôle sur des événement s chaot iques ressemblant t rop à ce qui est déj à arrivé en Occident . Ainsi ce même Occident pourra-t -il encore une f ois ret ourner à la lumière de l’ Orient .

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sat isf ait s avec la religion, quel ques-uns réclament davant age. Il leur f aut , non seulement l’ apaisement , mais la Grande Paix, celle qui donne la plénit ude de l’ esprit ; pour ceux-là, les religions ne sont qu’ un point de départ . Au-dessus de la religion il y a la doct rine, l es moyens d’ arriver j usqu’ à Dieu, mais pourquoi vous les dire puisque vous n’ êt es pas disposé à les suivre ? Si vous veniez à moi comme disciple, j e pourrais vous répondre. Mais à quoi bon sat isf aire une vaine curiosit é ? Savez-vous ce qui vous manque ? Il vous manque pour êt re des nôt res et percevoir l a Vérit é, le désir d’ élever vot re esprit au-dessus de vous-même. Et cela est irrémédiable"(3).

Ce f ut René Guénon qui t ent a de t rouver un remède aux déf aillances des Occident aux modernes, en leur parlant de la seule f açon qu’ ils pouvaient encore comprendre. Il put ainsi réveiller chez quelques-uns d’ ent re eux la concept ion de l a Réalit é t ranscendant e, l’ int ent ion de l a réalisat ion spirit uell e, l’ int uit ion d’ une connaissance possible, d’ une "gnosis", à t ravers l’ adhésion à une Tradit ion dét erminée et la découvert e des valeurs spirit uelles et des vert us humaines f ondament ales.

René Guénon décrivit sa f onct ion dans l’ Int roduct ion à "La Crise du Monde moderne" : "Tout ce que nous pouvons nous proposer c’ est donc de cont ribuer, j usqu’ à un cert ain point , et aut ant que nous le permet t ront les moyens dont nous disposons, à donner à ceux qui en sont capables la conscience de quelques-uns des résult at s qui semblent bien ét ablis dès maint enant , et à préparer ainsi, ne f ût -ce que d’ une manière t rès part ielle et assez indirect e, les élément s qui devront servir par la suit e au f ut ur "Jugement ", à part ir duquel s’ ouvrira une nouvelle période de l’ hist oire de l’ humanit é t errest re".

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caract ère aut onome, sélect if et secret , l e même qui permet t ait aux organisat ions init iat iques chrét iennes d’ agir aux t emps de l’ Inquisit ion, af in que rest ent vivant es au moins quelques semences, lors de la f in, qui ne sera, suivant les paroles du Shaykh Abd al Wahid Yahya, rien d’ aut re que la f in d'un monde.

Après avoir balayé le t errain de t out es les mauvaises herbes des occult ismes et des spirit ualismes endémiques au début du siècle, Guénon essaya de combat t re aussi les préj ugés et les f ausses idoles const it ués par les t héories modernist es, évolut ionnist es et progressist es qui, encore auj ourd’ hui, empêchent la plupart des hommes de ret rouver la f oi, avec l’ accept at ion de la Réalit é spirit uelle cont enue dans t out es les Révélat ions depuis l’ origine de l’ homme. Le but de son œuvre f ut de f aire recouvrer à de nombreux lect eurs le chemin de leur propre Tradit ion d’ origine, et d’ amener cert ains d’ ent re eux à l’ adhésion à cet t e dernière Tradit ion, l’ islam, qui a conclu le cycle des Révélat ions et qui, en ces t emps ult imes, pourra encore of f rir la possibilit é d’ un rat t achement init iat ique.

De t elles concept ions lui vaudront d’ êt re accusé d’ apost asie, de syncrét isme, et d’ ésot érisme, compris de f açon occult e et magique, j usqu’ au moment où, après avoir essayé de le dénigrer et après avoir opt é pour une conj urat ion du silence, ses ennemis, n’ ayant pu le vaincre, ont décidé, en une dernière t ent at ive, de l’ int égrer dans leurs rangs.

Ces f orces, que René Guénon appelait la cont re-t radit ion, sont d’ aut ant plus act ives maint enant que presque pl us personne ne croit en Dieu, et encore moins au diable. Ainsi ce dernier est -il libre d’ opérer non seulement en dehors des st ruct ures des dif f érent es f ormes religieuses, mais aussi en leur sein, en essayant de f ausser l a concept ion de leur équivalence pour bât ir d’ aberrant s mélanges syncrét ist es, non seulement doct rinaux mais aussi rit uels, conduit s par de f aux maît res.

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d’ at t aques et de crit iques, à cause de son universalisme et de sa capacit é à vérif ier la sacralit é d’ aut res f ormes religieuses sans pour aut ant s’ éloigner de l’ ort hodoxie de l a Loi islamique, malgré les remarques qui lui f urent adressées à cet égard par l es habit uels doct eurs de la loi. Ainsi, quand on lui reprocha un j our que son "t asbih", son chapelet , rappelait la f orme d’ une croix, l e Shaykh se leva en ouvrant les bras à la haut eur des épaules et demanda : "Et nous ? A quelle f orme ressemblons-nous ?".

Not es :

1 - Le Symbolisme de la Croix, Edit ions Véga.

2 - Cit é par Mart in Lings, in A Moslem Saint of t he Twent iet h Cent ury, Allen et Unwin, Londres 1961. Une t raduct ion est parue récemment sous le t it re : Un Saint souf i du vingt ième siècle, Le Seuil, Paris.

3 - Ibid.

Pour cit er l'art icle :

 Shaykh Abd al Wahid Pallavicini : Rencont re ent re int ellect ualit é et saint et é, Revue Annales du pat rimoine, Universit é de Most aganem, N° 04, 2005, pp. 43 - 49.

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