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Art rupestre et archéologie de la vallée du Côa (Portugal). Premier bilan

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Academic year: 2021

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JoãoZILHÃO

Instituto Português de Arqueologia. Lisboa

ThierryAUBRY,

AntónioF.CARVALHO

Parque Arqueológico do Vale do Côa. Vila Nova de Foz Côa

António M. BAPTISTA'

Centro Nacional de Arte Rupestre. Vila Nova de Foz Côa

Mário V. GOMES

Academia Protuguesa de História. Lisboa

José

MEIRELES

Universidade do Minho. Braga

Résumé: L'art rupestre du Côa s'étend sur 17 km de cerre vallée et se poursuit en aval du Douro apres leur confluence. Un total de 194 panneaux gravés de motifs animaliers stylistiquement attribuables au Paléolithique a été identifié. Des périodes plus récentes de Ia préhistoire, Ia protohistoire et les pétiodes historiques sont également représentées, en particulier I' Age du fero L 'occupation de Ia vallée pendant le Paléolithique supérieur esc attestée par des habitats datant du Gravettien, du Solutréen et du Magdalénien. Les résultats de

I'analyse stylistique des motifs, confirmés par leur succession sur les panneaux à nombreuses superpositions, indiquent que ces phases

d'occupation sont aussi représentées par I'art rupestre. La réalisation des gravures en plein air, I'extension du territoire concemé, Ia quantité et Ia qualité esthétique des motifs et Ia pérennité de I'utilisation artistique conferent un caractere exceptionnel à cet ensemble. En conséquence, un Parc Archéologique a été créé sur ce site, le projet de construction du barrage abandonné et Ia vallée a été inscrite sur Ia Liste du Patrimoine Mondial de I'UNESCO.

Abstract : The Côa rock art covers 17 km of the Tiver valley and extends along the banks of the Douro, downstream of the confluence

between the two rivers. 194 different panels with Palaeolithic zoomorphic motifs have already been identified. Later prehistotic and historic periods, especially the Iron Age, are also represented. Settlement of the valley in Upper Palaeolithic times is documented by residential sites dating to the Gravettian, the Solutrean and the Magdalenian petiods. Results of stylistic analysis, whose chronological

predictions have been independently confirmed by superposition patterns derived from the figurative stratigraphies observed in the

numerous palimpsests known, indicare that alI these petiods are also represented in the arco The outdoor location of the Palaeolithic art,

the size of the territory, the number and aesthetic quality of the motifs represented and the almost uninterrupted continuity to the

present of the artistic use of the region's rock faces concur to the uniqueness of this complex of sites. Accordingly, an Archaeological

Park was established in the area, the construction of the dam that threatened to flood the rock art has been abandoned and me valley

has been included in UNESCO's Wotld Heritage List.

sud du Portugal. La végétation naturelle reflete ces carac-téristiques du climat. Les cultures d'oliviers et d'amandiers, associés à Ia vigne, dominent les paysages et constituent Ia base de I'agriculture traditionnelle de Ia région depuis l'abandon de Ia production céréaliere dans les années 60.

Les formations rocheuses, qui aftleurent entre Ia végé-tation parsemée, sont granitiques sur Ia majorité du bassin versant du Côa et schisteuses dans les 15 demiers kilome-tres de son parcours. L'érosion joue sur ces deux raches de maniere distincte. Les plateaux granitiques, coupés par de profondes vallées à versants abrupts, présentent des blocs épars, arrondis par l'érosion. Les terrains schisteux sont caractérisés par des falaises disposées en escalier qui alter-nent avec des plages fluviales en fond de vallée.

INTRODUCTION

Le Côa, afiluent du fleuve Douro, s'écoule du sud vers le nord le long d'une vallée profondément incisée. Dans sa portion finale, ou les altitudes des marges atteignent 800 m sur Ia Tive droite et 500 en Tive gauche, il parcourt ia région portugaise du Haut-Douro, à Ia limite nord-occidentale de ia Meseta (fig. 1).

De nos jours, le climat de cerre région est caractérisé par une forte amplitude thermique annuelle. L'hiver est relativement froid et Pété três chaud, les températures dépassant fréquemment les 35°. L 'hiver est peu pluvieux et

Pété extrêmement seco Le climat est souvent classé comme

méditerranéen et comparé à celui des régions situées au

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ART RUPESTRE ET ARCHtOLOGIE DE LA V ALLtE ou COA (PQRTl.K;AL)

ZILHÃO, T. AuBRY, A.F. CARVALHO, A.M. BAf'rISTA, M.V. GOMES, J. MEIRELES

Grottes omées Â

Art

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Habitats de plein air

Art et habitats

de plein air .

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1 -Sites du Paléolithique supétieur dans le bassin du Douro. La vallée du Côa et Mazouco sont au Portugal, les autres en Espagne. Villalba esc un site de plein air ou a été trouvée une plaquetre de schiste décorée avec des motifs animaliers de style paléolithique.

avaient daté scientifiquement de périodes postérieures au

PaIéolithique (d'approximativement un siecIe pour A.

Watchman), Ies gravures de Ia vaIIée du Côa attribuées styIistiquement au PaIéolithique. Cette donnée, seIon eux, diminuait dramatiquement leu r importance (Bednarik 1995; Zilhão 1995a. 1995b).

Le gouvemement portugais, sorti des élections du ler

octobre 1995, a suivi l'avis de l'ensemble

des préhistoriens

qui avaient visité le site. 11 décida Ia création d'un Parc

Archéologique dans cerre region et l'abandon du projet de

barrage,

malgré l'investissement

estimé entre 100 et 150

millions de dollars. En conséquence

de cerre décision,

publiée dans le Joumal Officiel le 17 janvier 1996, Ia

poursuite de Ia recherche scientifique fut décidée et les

auteurs du présent article continuerent le travail qu'ils

avaient initié pendant l'été 1995, en inventoriant et

rele-vant les manifestations artistiques et en mettant en

évi-dence le contexte archéologique

(Baptista & Gomes 1995 ;

Zilhão et alo 1995). L'ensemble

des résultats

obtenus dans

le cadre du projet, que cet article résume,

ont été présentés

au gouvemement

dans un rapport daté du 2 janvier 1997

(Zilhão 1997).

Cerre décision était pleinement justifée par Ia nature sans précédent de Ia situation archéologique. Depuis ap-proximativement un siecle, les interprétations de I'art pa-léolithique considéraient qu'il sagissait d'un phénomene Iimité aux grottes. Dans les différentes syntheses de Leroi-Gourhan, qui ont fortement influencé les spéciaIistes de ce domaine d'étude, les manifestations artistiques s'integrent dans une religion ou les cavités jouent le rôle de sanctuaire

(Leroi-Gourhan 1964). Apres 1981, quand Ie site de

Mazouco, tout proche de Ia vallée du Côa, fut identifié

En 1983, un barrage fut construit sur le fleuve Douro,

pres de Ia localité de Pocinho, à quelques kilometres en

aval de Ia confluence avec le Côa. Depuis, le tronçon

terminal de Ia vallée du Côa est modifié sous l'influence de

cette retenue. En 1991, il fut décidé de construire, un

second barrage,

sur le cours du Côa, pres de Ia confluence

avec le Douro. Pendant que Ies travaux avançaient, des

roches gravées de motifs stylistiquement attribuables au

Paléolithique furent découvertes par l'archéologue

chargé

de l'étude de Ia région qui aurait été immergée,

étude qui

avait été commandée

par E.D.P., Ia compagnie portugaise

chargée du projet (Rebanda 1995).

Pendant l'été 1992, un panneau gravé fut localisé à

Canada do Inferno, proche du site d'implantation du

bar-rage. PIus tard, à Ia fin de l'été 1993, le fond de Ia vallée

sera exposé lors de Ia construction des barrages

d'asseche-ment et de Ia galerie de dérivation. De nouveaux

pan-neaux, submergés depuis Ia réalisation du barrage de

Pocinho, sont alors découverts sur le site de Canada do

Inferno, en contrebas

des premiers.

L'existence de ces gravures a été divulguée seulement

en novembre 1994, quand Ia construction était déjà

enga-gée. Pendant les mois suivants, de nombreux autres sites

furent découverts

dans le secteur de Ia vallée qui devait

être submergé,

par les archéologues

chargés

de Ia

prospec-tion aussi bien que par des habitants de Ia région.

Une controverse passionnée suivit immédiatement

l'annonce publique de l'existence des gravures.

Des

protes-tations nationales et internationales amenerent le

gouver-nement de l'époque à ralentir les travaux qui s'arrêterent

presque, en mai 1995. En juillet 1995, deux chercheurs

australiens, contractés par E.D.P., annoncerent qu'ils

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dere que les dépôts conglomératiques de type ..ranha» (attribués à Ia fin du Pliocene et localisés le long d'un alignement est-ouest entre AIgodres et Chás) coupés per-pendiculairement par Ia vallée du Côa se trouvent à une altitude de 450 m (Silva & Ribeiro 1991 ; Ferreira 1993), l'enfoncement quatemaire peut donc être évalué à

envi-ron 300 m.

(Jorge et alo 1981), certains chercheurs réaliserent que l'art paléolithique avait da exister aussi en plein air (Bahn & Vertut 1988). Cependant, Mazouco et les découvertes

si-milaires faites depuis 1981 -telles que Domingo Garcia

(Martin & Moure 1981) et Piedras Blancas (Martinez 1992), en Espagne, ou Fomols-Haut, en France (Sacchi

1988) -sont constitués par des panneaux isolés ou peu

nombreux qui furent interprétés comme des exceptions confirmant la regle.

Même si la suíte des études sur le site de Domingo

Garcia (RipollI992) augmenta considérablement le

nom-bre de panneaux et de figures, la découverte la plus subs-tantielle fut celle de Siega Verde, en Espagne, à proximité de la frontiere avec le Portugal. Sur ce site, de nombreux panneaux sont répartis sur 1500 m le long de la rive droite de l'Águeda, pres de Ciudad Rodrigo (Balbín et alo 1991,

1995). Apres plusieurs années d'étude, quelque 300 motifs animaliers ont été recensés. Cette découverte ne suffit pas à bouleverser le paradigme des sanctuaires paléolithiques en grotte. Siega Verde a parfois été interprété comme le substitut d'une grotte dans une région ou elles sont absen-teso En conséquence, Ia riviere et ses rives ont pu être interprétées comme un «tunnel.. et les affleurements de schiste comme ses parois, étudiées en terme de style, loca-lisation et association selon le schéma que Leroi-Gourhan avait défini pour les grottes franco-cantabriques.

L'art de Ia vallée du Côa marque un changement im-portant dans ce panorama j en effet, plus d'un millier de représentations sont dispersées le long de 17 km de Ia vallée du Côa ainsi que sur Ia rive gauche du Douro. Ces découvertes mettent en évidence que l'art de plein air n'a pas da être une exception mais a bien da constituer Ia regle pendant le Paléolithique supérieur, comme cela est univer-sellement observé pour des groupes de chasseurs-cueilleurs actuels. L 'intérêt tant scientifique que patrimonial de Ia découverte de l'art du Côa reçut, dês sa divulgation, une reconnaissance presque unanime (voir Bahn 1995, par exemple). Les résultats de nos recherches, effectuées en 1995 et 1996, présentés succinctement ici, confirmerent pleinement cette importance.

CONTEXTE GÉOLOGIQUE ET

ARCHÉOLOGIQUE

CHRONOLOGIE

DV CREVSEMENT DV RÉSEAV

HYDROGRAPHIQUE

Dans le secteur de Ia vallée du Côa ou se situent les ensembles de gravures de Penascosa et Quinta da Barca le fleuve caule à une altitude approximative de 130 m. A 9 km en aval, à Ia confluence avec le Douro, son cours était à une altitude de 100 m avant Ia construction du barrage de Poc inho , il y a une quinzaine d'années. Cerre retenue modifie le niveau du Douro et du trajet terminal du Côa. A cet emplacement, les plateaux adjacents attei-gnent une altitude approximative de 450 m. Si l'on

consi-Les études géologiques ont permis d'identifier une ter-rasse quatemaire dans ce tronçon de Ia vallée, à environ 40 m au-dessus du niveau actuel, représentée à Quinta da Barca et Quinta de Ervamoira. Ce niveau structural est corrélable avec ceux reconnus à des altitudes comparables à Quinta da Granja, une partie de Ia séquence de Quinta da Canameira, en amont de Ia confluence dans Ia vallée du Douro et, en aval, à Quinta do Vale Meão (fig. 2).

Les prospections et fouilles réalisées sur ces trais sites ont permis de détecter des industries acheuléennes, les-quelles ont disparu il y a 90 000 ans dans Ia Péninsule lbérique. En admettant cerre chronologie, Ia plus récente possible pour ces occupations, cela implique que le creuse-ment du cours d'eau à des cotes inférieures à ce niveau de terrasse est antérieur à Ia demiere phase du Pléistocene, datée d'il y a plus de 100000 ans.

Les études archéologiques ont mis en évidence deux autres niveaux inférieurs de terrasses pléistocenes, ceux de Salto do Boi, à environ 25 m, et de Quinta da Barca, à quelque 6 m au-dessus du niveau actuel du Côa (fig.2). Ces deux replats sont scellés par des séquences de colluvions quatemaires qui contiennent d'abondants ves-tiges d'occupation humaine (fig. 3). Leurs position et con-tenu permettent d'attribuer à l'enfoncement de Ia vallée une chronologie minimum de respectivement 25 000 et

10000 ans avant le présent.

A proximité de l'ensemble de gravures de Penascosa, Ia

datation OSL des alluvions qui forment Ia plage, réalisée en 1995 dans le cadre du projet de «datation directe» de l'art du Côa mis en ceuvre par E.D.P., a foumi des résultats d'environ 1000 BP pour un échantillon récolté à environ 1 m de profondeur et de 4000 à 6000 BP pour celui récolté

à 2,5 m de profondeur, sair à environ 50 cm au dessus de Ia

rache mere (Watchman 1995). Le premier résultat est équivalent à celui obtenu par le 14C sur un échantillon de charbon de bois prélevé dans un horizon organique de cote équivalente provenant d'une coupe géologique ouverte pendant I'été 1995 par l'équipe du Parc, légerement en aval, dans les mêmes formations sédimentaires : 1000:t 60 BP (Sac-1322). Les alluvions qui forment cerre plage ont donc commencé à s'accumuler il y a environ 6000 ans, donnée qui foumit un âge minimum pour le niveau de base actuel de Ia vallée.

Etrangement, à partir des résultats des datations OSL, Watchman aboutit à une conclusion completement diffé-rente: «This means that the river had cut down to a base

leveI close to the engraving site at Penascosa by about 6000 years ago (...). Schists at Penascosa can therefore only have been exposed for about that length of time,

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2 -Les terrasses de Ia basse vallée du Côa et Ia chronologie du creusement du réseau hydrographique (voir Ia figo 5 pour I'emplacement des sites).

given the height of the engraved rocks above the present Watchman, secondé par Bednarik (1995) utilisa ce

Tiver levei. Paleolithic sediments therefore do not exist in raisonnement, géologiquement absurde, comme argument

the valley, 50 stone tools of that age cannot possibly be pour attribuer une chronologie récente aux gravures de Ia

found close to the engraved rocks. The results also indicare vallée du Côa. Cependant, dans le cadre du sus-men~ionné

that joint planes in Penascosa were probably exposed from projet de datation directe, des analyses furent réalisées par

a maximum of about 8000 years ago, so engraving on those le procédé du Chiare 36, qui foumit des renseignements

surfaces cannot possibly be any older than a maximum of sur I'âge d'exposition aux rayons cosmiques des superficies

8000 years». rocheuses, apres leur clivage (Phillips 1997). Dans le

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3 -Salto do Boi (Cardina I). Stratigraphie et densité de l'industrie litl1 correspond à deux niveaux gravettiens contenar

Ion de Ribeira de riscos, trais superficies rocheuses ont été anaIysées dont une gravée. Les résuItats obtenus sont com-pris entre 170000:t 34 000 et 91 000:t 9400 ans avant Ie présent. Sur Ie site de Penascosa, I'âge d'exposition obtenu par Ia même méthode pour Ia Roche 3, locaIisée à 10 m environ au-dessus du niveau actuel du cours d'eau, a été de 136000:t 70000 ans avant Ie présent.

Cet ensembIe de résuItats, cohérents avec Ies données géoarchéologiques, indique que:

-Ie creusement de Ia vaIIée du Côa à un niveau inférieur à

Ia Cerrasse de 30-40 m date d'au moins 100000 ans ;

-depuis cette période, Ie fond de Ia vaIIée possede une histoire géologique caractérisée par l'aItemance de phases d'accumuIation et d'érosion ;

-étant donné I'absence de vestiges sédi.mentaires et ar-chéologiques contemporains du PaIéolithique supérieur dans Ies différents sondages de Ia pIage de Penascosa, Ia demiere phase érosive aurait eu Iieu à un moment posté-rieur à Ia fin de cette période, soit il y 10000 ans avant Ie présent, mais avant 6000 ans, quand commença I'accumu-Iation des sédiments actuels ;

-il Y a 30 000 ans, au début du PaIéolithique supérieur, Ies superficies rocheuses qui seront gravées étaient déjà

expo-sées.

HISTORIQUE DE L'OCCUPATION HUMAlNE DE

LA V ALLÉE

Les pIus anciens vestiges du peupIement de Ia région mis au jour par Ia prospection et Ies fouilles qui ont Iivré

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lique dans le carré Q16. Dans cerre panie du sire. Ia base de Ia séquence It des assemblages limiques légerement différentS.

des ensembles d'artefacts de chronologie déterminable sont attribuables au Paléolithique inférieur. Des instruments lithiques de type galet aménagé, biface et hachereau ont été découverts sur quatre gisements, contenus dans des terrasses fluviales des deux rives du Douro. Un site localisé à proximité d'un affieurement de rhyolite, entaillé en som-met de plateau par un affiuent du Côa, pourrait constituer un facies d'activité sans biface de Ia période précédente ou bien correspondre au Paléolithique moreno

Le Paléolithique supérieur a été mis en évidence lors des premieres prospections de 1995 sur le site de Salto do Boi (Zilhão et alo 1995), qui a révélé depuis des occupa-tions gravettiennes, proto-solutréennes et magdaléniennes (fig. 3-4). Des vestiges d'occupation attribuables au Paléo-lithique supérieur sont maintenant connus de maniere cer-taine sur dix sites, dans le secteur compris entre le Côa et Ia frontiere espagnole délimitée par Ia portion finale de Ia riviere Águeda (fig. 5) : Quinta da Granja, à Ia confluence du Douro et de Ia riviere de Aguiar ; Insua, sur le même cours d'eau j Quinta da Barca, Quinta da Barca Sul et Salto do Boi 1 et lI, dans Ia vallée du Côa, entre les ensembles de gravures de Penascosa et de Faia; et alga Grande I-V, sur le plateau entre Côa et Aguiar, le long du ruisseau de Ribeirinha. Sur ces dix gisements, les vestiges d'occupa-tion, uniquement lithiques, correspondent aux phases suivantes :

-Gravettien, caractérisé par des microgravettes et burins de Noailles, attesté sur les sites de Salto do Boi I et alga Grande Sul (IV) (fig. 6) j

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4 -Salto do Boi (Cardina 1), carrés Qj15-16. Outils caractéristiques (microlithes et burins) dans les décapages de 5 cm d'épaisseur différenciés à l'intérieur de Ia couche 4. Dans cette panie du site, les occupations suivantes ont été identifiées : dec 1-3, Magdalenien final; dec 4-6, Gravettien final

à lamelles à dos ttonquées; dec 7-9, Gravettien avec microgravenes et burins de Noailles.

-Solutréen, qui n'est actuellement représenté que sur un seul site, alga Grande Sul (IV), ou des fragments de poin-tes à cran de type cantabrique (fig. 7) ont été découverts

-Gravettien final, caractérisé par des armatures

microlithiques du type lamelles à dos tronquées et par des microgravettes, sur les sites de Salto do Boi I et de Insua ;

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7. alga Grande Sul (IV). Outils limiques du Solutréen supérieur: 1. pédoncule de pointe à cran; 2. pointe à cran 3. extrémité de pointe à cran ; 4. lamelle à dos denticulée.

la région par des sites archéologiques,

comme par exemple

Castelo Velho de Freixo de Numão (Jorge 1993) ou Fumo,

pres de Almendra.

dans l'ensemble intennédiaire, entre un niveau gravettien à microgravettes et burins de Noailles et des occupations magdaléniennes encare non caractérisées ;

-Magdalénien supérieur/final, entre 13000 et 10000 BP, caracterisé par une association de triangles et lamelles à dos sur le site de Quinta da Barca, et par des pointes à dos courbe obtenues par retouche croisée (du type pointe de Malaurie), associées à des trapezes, pendant la phase fi-nale, à Quinta da Barca Sul, Salto do Boi 1-11 et alga Grande VI.

Ces diagnostics industriels et chronologiques ont été confirmés à 100 % par les résultats des datations TL réali-sées sur des galets brulés provenant des foyers fouillés à Salto do Boi I, Quinte de Barce Sul et alga Grande IV

(Mercier et alo 1998).

La répartition des gisements paléolithiques actuelle-ment connus (fig. 5), habitats et sites à art rupestre, mon-tre une concentration le long du Douro et de ses affluents de Ia rive gauche, le Côa et Ia riviere de Aguiar. Le groupe-ment de 5 sites sur 1 km à alga Grande montre que les plateaux granitiques, aux interfluves, étaient également exploités par les chasseurs des différentes phases du demier maximum glaciaire. Pendant Ia Préhistoire récente, Ia dis-tribution des sites se modifie. En effet, Ia majorité des découvertes se localise sur les plateaux entail\és par les val\ées, quoique l'occupation des rives du Côa soit attestée par des découvertes isolées ou peu denses qui correspon-dent probablement à des instal\ations sporadiques en rela-tion avec des activités diverses tel\es que Ia pêche, Ia chasse, l'élevage ou Ia culture de petites parcelles.

Dans Ia val\ée du Côa, tous les habitats paléolithiques détectés sont situés dans le tronçon compris entre Quinta da Barca et Salto do Boi. Cette répartition n'est pas aléa-toire ; cependant, el\e ne doit pas correspondre à Ia réalité passée. El\e résulte probablement de Ia nature de Ia roche-roere (méta-grauwackes de Ia formation Rio Pinhão) peu

compacte, qui a facilité Ia formation de terrasses rocheuses

sur lesquel\es, postérieurement au creusement de Ia riviere, les col\uvions de versant se sont accumulées et ont pré-servé les vestiges d'occupation humaine. En aval, Ia lithologie différente du sous-sol et Ia forte érosion subie par les terrasses plus anciennes (niveau de 40 m de Quinta da Barca/Quinta de Ervamoira) et l'impact anthropique (mé-canisation de l'implantation de Ia vigne) n'ont pas permis une aussi bonne préservation des témoins sédimentaires du paysage pléistocene de Ia val\ée. Les découvertes isolées en divers points (comme par exemple dans le secteur de Quinta da Cascalheira ou en limite de zone inondée face à Quinta de Santa Maria) montrent cependant que le tron-çon entre Ribeira de riscos et Quinta da Barca fut aussi fréquenté par l'homme pendant le Paléolithique supérieur. La submersion du fond de val\ée en aval n'a pas permis Ia prospection d'éventuels vestiges d'habitats paléolithiques dans le trajet final, jusqu'à Ia confluence, ou se situent les plus fiches ensembles d'art rupestre actuel\ement connus (fig.5).

Aucun vestige attribuable au Mésolithique n'est ac-tuellement connu dans Ia vallée du Côa, à l'instar de ce qui se passe dans presque tout l'intérieur ibérique, dont le repeuplement effectué par les premieres communautés de bergers et d'agriculteurs origina ires du bassin méditerra-néen aura lieu seulement à partir de 6000 BP. Dans Ia région de Trás-os-Montes, l'occupation du territoire de-puis ce moment par des groupes humains fondés sur un nouveau systeme de production esc documentée au site de Buracó da Pala (Mirandela) par des instruments et des

restes de céréales datées par le 14C de 5860:!: 30 BP

(GrN-19104) et de 5840 :!: 40 BP (ICEN-935) (Sanches et ai. 1993).

Dans Ia vallée du Côa, les sites de Qu~bradas, sondé en 1996, et de Quinta da T orrinha, sondé en 1997, ont foumi des vestiges d'un village dont les habitants étaient porteurs de céramiques identiques à celles du Buraco da Pala et dont l'âge doit être similaire (fig. 8). Le repeuplement du bassin du Côa par des groupes d'éleveurs et d'agriculteurs esc, d'ailleurs, probablement à l'origine de Ia reprise de Ia sédimentation qui se produit encare actuellement en fond de vallée. Le défrichement lié à Ia création de terrains de culture et de pâturages a déstabilisé les sais qui s'étaient intallés sur les versants inclinés depuis le début de I'Holo-cene, précipitant alors l'érosion et l'accumulation de colluvions et d'alluvions. Ce processus a da continuer et s'accentuer pendant les phases suivantes du Néolithique et de Ia Protohistoire qui sont également documentées dans

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ART RUPESTRE ET ARCHÉOLOGIE DE LA V ALLtE OU ClJA (PORruGAl) ZIUiÃO. T. Au8RY. A.F. CARVAUiO. A.M. BAJ7TISTA, M.V. GOMES, J. MEIRELES

8 -Céramiques néolithiques de Ia vallée du Côa.J-5 : Quebradas; 6.8: Quinta da Torrinha, couche 3.

-l'existence de réseaux d'approvisionnement, qui concer-nent de vastes aires géographiques, révélés par l'utilisation de silex résultant d'une épigénie de raches carbonatées sédimentaires d'âge mésozo.ique ou cénozo.ique dont les sources les plus proches se trouvent à des distances supé-rieures à 100 km vers l'est ou 200 vers le sud-ouest ; on doit noter, en effet, que cette matiere premiere est extrême-ment rare dans les contextes d'économie sédentaire du Néolithique et du Chalcolithique de Ia région.

CHRONOLOGIE DE L' ART RUPESTRE

LES DIFFÉRENTES PHASES

Les premieres manifestations artistiques de l'humanité datent du début du Paléolithique supérieur, lequel, dans les régions de Ia Péninsule ibérique situées au sud de l'Ebre, commence il y a moins de 30 000 ans (Vega 1990 ; Vilaverde & Fumanal1990 ; Zilhão 1993, 1995c ; Raposo Les caractéristiques des habitats paléolithiques mis en

évidence, notamment le plus fiche de Cardina I (Salto do Boi) suggerent :

-l'occupation récurrente de Ia vallée par des groupes hu-mains à faibles effectifs, donnant origine à de denses pa-limpsestes de vestiges lithiques organisés en séquences stratigraphiques avec des variations latérales importantes, généralement associés à des structures dont des foyers (par-tais de três grandes dimensions) délimités par de grandes dalles et avec remplissage de galets ou de blocs de quartz (fig. 6) ; l'acidité des sols n'a pas permis Ia conservation de charbons de bois ou d'os, bien que de petits fragments d'os et de dents brulés aient été trouvés dans les niveaux gra-vettiens du site de Salto do Boi I ;

-Ia réalisation d'activités domestiques (traitement des car-casses, travail des peaux et du bois) aussi bien que d'activi-tés liées à Ia chasse (fabrication et entretien des équipe-ments) ;

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J. ZILHÃO, T. AuBRY, A.F. CARVALHO, A.M. BAI'TISTA, M.V. GOMES, MEIRElES ART RUPESTRE ET ARCHWLroIE DE tA V ALLtE ru ClJA (P()RTlK:iAU

1995). Toutes Ies époques suivantes d'occupation de Ia vaIIée du Côa documentées par l'archéologie sembIent égaIement représentées par Parto

les mêmes surfaces ont été réutilisées, les artistes les plus récents ont employé les zones vides disponibles ;

-l'analyse de l'altération superficielle des traits montre une différence entre ceux paléolithiques, patinés, et ceux plus récents, peu ou non patinés.

La rache de Vermelhosa est particulierement impor-tante à cet égard. En effet, bien que datant de plus de 2500 aro, Ia figure de l' Age du fel est ..fraiche» et les traits de teinte claire se distinguent nettement du support brun rouge. Au contraire, Ia gravure paléolithique présente une patine qui Ia rend chromatiquement indifférenciable du fond. Cerre différence três marquée de patine indique un âge beaucoup plus élevé et est en bon accord avec l'attribu-tion stylistique du cervidé au Magdalénien ancien.

Ces observations sont cohérentes avec les résultats de Ia datation de l'exposition des surfaces rocheuses par Ia méthode du Chiare 36 (Phillips et ai. 1997). Cerre der-niere révele une grande stabilité des paysages et des taux d'érosion três faibles, conséquence de Ia composition mi-néralogique des schistes, du fait que les surfaces de clivage exposées soient perpendiculaires aux plans de schistosité, ainsi que de l'équilibre thermodynamique existant entre les minéraux argileux et l'environnement. Dans ce con-texte d'érosion négligeable et de grande stabilité chimique des surfaces, un degré accusé de patine des traits peut être considéré, en sai, comme indicateur d'ancienneté.

Les mêmes cri teres d'analyse comparative permettent d'attribuer à des périodes plus récentes de Ia Préhistoire et de Ia Protohistoire divers ensembles de gravures et de peintures. Les anthropomorphes schématiques et les cervi-dés des abris de Faia possedent des termes de comparaison

au Portugal et dans le sud de l'Espagne, SUl des céramiques du Néolithique, dans l'art mégalithique ou SUl des abris avec vestiges d'occupation datés par le radiocarbone (Jorge & Jorge 1995).

Les représentations les plus anciennes et les plus abon-dantes, dans l'état actuel des connaissances, sont paléoli-thiques. T ous les cri teres couramment utilisés en histoire de l'art concordent polir considérer comme datant de cerre période les themes figuratifs animaliers de Ia vallée du Côa, dont le style est en tout point similaire aux représentations qui depuis plus d'un siecle ont été découvertes dans des centaines de grottes et abris du sud-ouest de l'Europe. Cerre attribution a été confirmée ces dernieres années par Ia datation directe de peintures à partir des pigments orga-niques et de l'art mobilier sur support organique. Les crite-res communs sont .les suivants :

-les motifs animaliers représentés (cheval, aurochs, bou-quetin, cerf), sont les mêmes que ceux rencontrés dans l'art paléolithique des régions paléo-écologiquement équi-valentes, comme le sud de l'Espagne (Cortés et alo 1996), les animaux domestiques (poule, mouton, porc, etc.) fai-sant entierement défaut ;

-les conventions utilisées dans les représentations -di-mension des figures (pour Ia plupart autour de 50 cm mais pouvant atteindre plus de deux metres), orientation en fonction de Ia morphologie du support, profil absolu des corps et perspective bi-angulaire droite ou oblique des comes et bois, lignes cervico-dorsales sinueuses, ventres

«pleins», absence de représentation du sol, etc. j

-l'absence de motifs teIs que plantes, astres, paysages ou scenes à participation active d'humains (scenes de chasse, danses, etc.).

La patine des traits gravés, identique à celle des sup-ports rocheux, tout comme le jeu de nombreuses fractures postérieurement à l'exécution des gravures, constituent d'autres índices de l'ancienneté des représentations et ex-cluent l'hypothese de falsifications modernes. En outre, il existe de rares superpositions de gravures stylistiquement

paléolithiques par d'autres datées par des figurations

situables chronologiquement. On doit noter par exemple (fig. 9) :

-Ia Roche 22 de Canada do Inferno, ou des motifs reli-gieux modernes (anthropomorphes et croix) se superpo-sent à une tête de cheval de style paléolithique j

-Ia Roche 1 de Vermelhosa, dans le bassin du Douro, qui montre un cavalier armé d'une lance caractéristique de l'Age du bronze ou du fer, superposé à un cervidé de style paléolithique.

Dans tous les cas il a été vérifié que:

-les gravures de style paléolithique se placent en-dessous des motifs stylistiquement plus récents j

-Ia superposition n'est attestée que lorsque Ia patine des gravures de style paléolithique les rend difficiles à lire ; en général, Ia composition des panneaux révele que, quand

LA «DATATION DIRECTE»

La chronologie paléolithique des figures de Ia vallée du Côa stylistiquement attribuables à cette période fut con-testée par deux auteurs, A. Watchman (1995) et R. Bednarik (1995), sur Ia base d'analyses qu'ils réaliserent à Ia demande de E.D.P. La réfutation de ces résultats a été faite et appuyée pleinement par Ia communauté scientifi-que, en particulier en ce qui conceme les analyses de micro-érosion, qui ne sont pas applicables dans le cas du Côa (Zilhão 1995a, 1995b). Plus récemment, R. Dom

(1997) mit en évidence expérimentalement des données qui confirmerent les objections méthodologiques présen-tées pour réfuter l'application du radiocarbone à Ia data-tion des pellicules sédimentaires et lithochimiques asso-ciées aux panneaux et, ainsi, déterminer indirectement l'âge des gravures. Son étude a confirmé :

-que Ia formation des pellicules de nature siliceuse cou-pées par les traits gravés foumit des résultats non fiables pour Ia datation des réprésentations, ces pellicules étant de

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ART RUPESTRE ET ARCHÉOlOOlE DE tA V ALLÉE OU COA (PORTUGAL) ZlUJAO, T. AuBRY, A.F. CARVALHO, A.M. BAI'TISTA, M.V. GOMES,

MEIRELES

9. Stra[igraphies figura[ives mon[ran[ des figures modernes ou de l'Age du fer superposées à des gravures de stvle paléoliiliique. A gauche: Canada do Inferno, Roche 22, avec des mo[ifs religieux chré[iens superposés à un cheval pique[é paléoliiliique. A droi[e : Vermelhosa, Roche 1, ou un cavalier de

['Age du fer es[ superposé à un cervidé incisé de stvle paléoliiliique.

formation complexe et Ieur déposition commençant géné-raIement à partir de Ieur cIivage, parfois même à I'intérieur de Ia rache avant I'exposition des surfaces ;

-à partir de ce moment, Ies peIIicuIes siliceuses sont affec-tées par des procédés géochimiques résuItant de Ia coloni-sation des superficies rocheuses par divers micro-organis-mes (Iichens, mousses, etc.) ; en conséquence, du point de vue du radiocarbone, ces peIIicuIes ne constituent pas un systeme fermé et Ia détermination du rapport entre Ies isotopes 12C et 14C emprisonnés donne des résuItats aIéa-toires ;

-l'appIication de parametres correctifs, expérimentaux,

aux teneurs en 14C caIcuIées dans ces systemes ouverts indique que des âges maximaux apparents de I'ordre de 5000 BP, comme ceux obtenus polir Ia Roche 1 de Ribeira de Piscas, doivent correspondre à des âges maximaux de pIus de 20 000 ans BP, conformes avec ceux des résuItats du Chiare 36 et de l'anaIyse styIistique.

L' ART P ALÉOLITHIQUE

LOCALISA

TION GÉOGRAPHIQUE

ET

DISTRIBU-TION

La carte de distribution des raches gravées de motifs paléolithiques actuellement connues indique l'existence de trais groupes bien différenciés, séparés par des espaces

«vides» (figo 7)0 Celui de Faia, qui correspond à une den-sité faible dans un contexte géologique distinct (abri grani-tique), celui de Quinta da Barca et de Penascosa, à 8 km environ en aval, et celui du canon terminal, qui

com-mence à 3 km en aval du précédent, pres de Ia confluence du ruisseau de riscos et se prolonge le long du Douro et de ses affluents de la rive gauche en aval de la confluence.

L'existence d'espaces ou les gravures sont absentes pos-sede surement une explication de nature taphonomique. L 'ensemble de Quinta da Barca et Penascosa est localisé en limite méridionale des affleurements de roches de la for-mation de Pinhão ; en amont, les schistes ne forment pas de superfícies verticales, escarpées, résistantes à l'érosion, caractéristiques du tronçon de vallée en aval. L'absence de gravures est une conséquence directe de ce changement, soit parce que dans ce secteur les artistes ne disposaient pas de panneau approprié ou bien parce que les éventuelles superficies gravées ne résisterent pas à l'érosion et furent entre-temps effacées.

Deux indices semblent indiquer que la seconde version est plus vraisemblable :

-la découverte dans les niveaux d'occupation gravettiens du site de Salto do Boi de colorants jaunes et rouges du type de ceux utilisés pour les peintures pariétales du sud-ouest européen constitue un índice d'éventuelles activités artistiques dans la zone en amont de Quinta da Barca;

-en excluant Faia, ou les représentations ne sont pas exposées directement aux intempéries mais en abri, la distribution des gravures rupestres de toutes les périodes connues dans la vallée du Côa et du Douro est limitée aux affleurements de schiste des formations de Desejosa et de Rio Pinhão.

L'analyse de la situation dans les 6 derniers kilometres est rendue difficile par la submersion du fond de la vallée

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ART RUPESTRE ET ARCHÉOLOOIE DE LA V ALLtE IXJ COA (PC*TUGAL)

ZIUiÃO. T. AuBRY. A.F. CARVAUiO. A.M. BAFTISTA. M.V. GOMES. J. MEIRElES

sous la retenue du barrage de Pocinho. 11 n'est pas encore certain qu'il s'agisse d'une distribution continue ou les enSembles reconnus (Piscos, Fariseu, Vale de Figueira, Ca-nada do Inferno, Rego da Vide, CaCa-nada do Amendoal, Vale de Moinhos, Broeira) correspondraient alors au

«som-met de l'iceberg», ou bien qu'il s'agisse réellement d'une distribution discrete ou les discontinuités observées à des cotes supérieures refletent fidelement la situation du fond de la vallée.

La résolution de ce probleme ne seca possibIe que Iors-que Ia retenue du barrage de Pocinho seca de nouveau vidée, permettant ainsi une prospection systématique des rives actueIIement submergées. Les observations qui ont été possibles en 1995 suggerent l'existence de discontinui-tés réeIIes. En outre, il peut être vérifié que, dans ce tron-çon, Ies faIaises rocheuses ont fait I'objet d'une expIoration intensive pour l'extraction de schiste. Pour ceIa,les futures études devront avo ir comme objectif l'anaIyse de I'in-fluence des interventions anthropiques préaIabIement à l'étude de distribution. Les données disponibIes montrent pourtant que Ia distribution réveIe une absence de repré-sentation aux interfluves et I'association étroite avec Ies cours d'eau.

La situation existante sur les versants du Douro, en

aval de la confluence du Côa, constitue un extellent

in-dice de l'influence des facteurs anthropiques dans l'analyse

de la répartition des raches gravées.

Les ensembles

repérés

se localisent tous en rive gauche, sur des terrains cultivés

en olivier ou amandier.

On ne connait pas de rache gravée

dans les zones proches, de lithologie et topographie

sem-blables, ou a été plantée de la vigne de maniere intensive

et mécanisée.

L'explication doit être attribuée à la

cons-truction de murs de soutenement de terrasses

artificielles

qui détruisirent les ameurements

rocheux.

Ia divulgation de I'art du Côa et ou Ies prospecteurs eurent Ia préoccupation de chercher systématiquement ce type de manifestation ; Ia même situation sembIe caractériser Ia vallée de Aguiar, malgré Ia présence de deux sites d'habitat attribuabIes au PaIéolithique supérieur, I'un situé à Ia con-fluence avec Ie Douro et I'autre à 10 kiIometres en amont.

L'unique exception, en tertitoire portugais, paratt être Ia vaIIée du Côa, ou Ia distribution des représentations d'art paIéolithique se répartit sur 17 km et ne peut donc être considérée comme un appendice du Douro. L 'autre exception, en territoire espagnol, pres de Ia frontiere, est ceIIe de Ia riviere Águeda, ou se situe I'important ensembIe de raches gravées de Siega Verde, avec queIque 300 gravu-res animaIiegravu-res exécutées sur 1500 m d'extension d'un affleurement de schiste traversé par ce cours d'eau (BaIbin et ai. 1991,1995).

Si cerre distribution est confirmée par Ia continuation des travaux, eIIe suggere que ces trais cours d'eau auraient

eu pour Ies popuIations du PaIéolithique une importance équivaIente et, d'autre part, que cet intérêt serait différent de ceIui des autres cours d'eau. Si I'on considere Ies condi-tions paIéo-environnementales de I'époque, une raison pos-sibIe à cerre spécificité peut être proposée.

En effet Ies modélisations climatiques actuellement dis-ponibles indiquent que, dans le sud-ouest de l'Europe, les précipitations annuelles auraient été de moitié inférieures aux valeurs actuelles pendant le demier maximum gla-ciaire (Gates 1976 ; Guiot et ai. 1989). Dans le Haut-Douro et dans les régions adjacentes de la Meseta cela a pu cortespondre à des valeurs de l'ordre de 150 à 300 mm par ano En conséquence, les seuls cours d'eau actifs pendant toute l'année auraient été ceux alimentés par la fusion des glaciers qui à cerre période s'accumuIaient dans les monta-gnes de la cordillere des Cantabres, de Ia cordillere cen-trale ibérique et de son prolongement en tertitoire portu-gais, la Serra da Estrela. Ces cours d'eau ont dfi constituer des arreIes vitales pour les migrations de troupeaux de grands herbivores et les poissons à comportement migra-toire et, donc, des axes du peuplement humain de cerre vaste région.

De tous les affluents du Douro qui traversent les ter-rains schisteux du Haut-Douro portugais, Ie Côa esc l'uni-que dont le bassin versant draine le versant nord-est de la Serra da Estrela, précisément ceIui ou les langues glaciaires prolongaient vers les vallées l'épaisse masse de gel accumu-lée alors sur le plateau central (Daveau 1971). Au con-traíre de ce qui se produit actuellement pendant l'été, ou le Côa de régime méditerranéen est pratiquement à sec pen-dant plusieurs mais, durant le demier maximum glaciaire le cours d'eau aurait eu un régime régulier et permanent

dans une région ou, paradoxalement, Ia sécheresse

environnementale était supérieure à l'actuelle. Son impor-rance pour les chasseurs qui exploitaient Ia région devait donc être grande et l'art rupestre qui marque encare aujourd'hui la vallée, préservé grâce aux conditions géolo-giques particuIieres, en est un éloquent témoignage.

INSERTION RÉGIONALE

Si l'on décompte les aspects liés à l'intervention anth-ropique dans le Haut-Douro, ou affleure Ia formation de Desejosa et les conditions environnementales actuelles et passées sont et furent. identiques à celles de Ia vallée du Côa, l'explication de l'absence de gravures par des facteurs taphonomiques ne semble pas légitime à l'échelle régio-nale. En effet, les prospections préliminaires effectuées paraissent indiquer que Ia distribution se limite à Ia vallée du Douro, avec de courts «appendices» sur des petits af-fluents. Cela esc confirmé :

-par les sites de Vale da Casa, Vale Cabrões, Vermelhosa et Vale de José Esteves, en aval de Ia confluence du Côa, ainsi que par des indications d'habitants locaux, qui res-tent à confirmer, de i'existence de représentations pres de ia confluence de ia riviere de Aguiar et, en amont, au niveau du site de Mazouco, à Ia confluence de ia riviere de Aibagueira ;

-par Ia non détection de site dans ia valiée de T eja, qui a fait l'objet d'une étude d'impact environnemental postérieure à

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ART RUPESTRE ET ARCHWlOGlE DE LA V ALLtE DU COA (P~TlJGAL) ZILHAo, T. AUBRY. A.F. CARVALHO, A.M. BAPTISTA, M.V. GOMES MEIRELE.,;

plication de pigments, comme cela est attesté par de nom-breux exemples de l'art paléolithique en grotte.

Dans ces cas, Ia dégradation rapide des pigments expo-sés aux agents météorologiques a effacé définitivement les motifs et laissé les ébauches. On peut noter que dans les superpositions déjà étudiées de Ia vallée du Côa. comme par exemple sur Ia Roche 1 de Canada do Inferno, les figures élémentaires de ce type correspondent à Ia premiere phase. Ce fait, qui doit être confirmé, suggere l'hypothese que, initialement, l'art du Côa ait été dominé par des motifs peints et que seulement plus tard, peut-être quand les artistes ont constaté Ia plus grande longévité des repré-sentations gravées, ces dernieres furent préférées. En outre, le fait que les colorants minéraux normalement utilisés dans Ia peinture paléolithique (ocre rouge et jaune, man-ganese) soient représentés dans les niveaux gravettiens des sites de Salto do Boi et alga Grande Sul (IV) mais n'aient pas été rencontrés sur les sites magdaléniens de Quinta da Barca et Quinta da Barca Sul, fouillés sur de plus grandes superficies, est compatible avec cerre hypothese.

TECHNIQUES DE GRA VVRE

Les études déjà réalisées ont permis de reconstituer les différentes techniques employées par les graveurs paléoli-chiques (fig. 10). On distingue:

-l.'incision, réalisée à l'aide d'un outil résistant et pointu, Ia répétition du geste donnant parfois naissance à des fais-ceaux de traits parallêles généraIement décrits comme "gra-vure striée.. ;

-Ie piquetage, réalisé par percussion directe ou indirecte, définit les lignes de contour des corps ou bien des taches rempIissant Ieur intérieur ;

-l'abrasion, ou tracé à passage muItipIe, qui consiste à user par frottement Ia superfície rocheuse et esc souvent em-pIoyée pour accentuer et réguIariser des traits déjà existants réaIisés par incision ou piquetage ;

-Ie racIage, variante de I'abrasion ou Ie frottement esc exécuté en extension et ou Ie dessin esc produit par Ie contraste chromatique existant entre Ia superfície origi-naIe et ceIIe qui a été racIée.

Três fréquemment, ces diverses techniques furent utiIi-sées successivement. Les exempIes sont nombreux ou I'in-cision a été utiIisée pour ébaucher Ie contour d'un motif, ce trair ayant ensuite été piqueté, puis accentué par abra-sion. Cerre demiêre phase s'appIique parfois seuIement à une portion de Ia figure. Quand c'est Ie cas, Ies membre~

antérieurs et Ia tê te sont surtout concemés.

PARTICVLARITÉS ET INNOVATIONS

Les especes animales les mieux représentées dans Part du Côa sont les aurochs, les chevaux, les bouquetins et les cerfs. L'absence de représentation des animaux de climat froid figurés dans les grottes de Ia région franco-cantabrique (bisons, rhinocéros laineux, rennes ou mammouths) est normale dans le cas de Ia vallée du Côa, étant donné que tout parte à croire que ces especes ne vécurent jamais dans la région.

11 s'agit d'un art rupestre de plein air, comme cela est courant pendant Ia Préhistoire récente et la Protohistoire, mais qui restait extrêmement rale, jusqu'à présent, paur le Paléolithique. Les superficies gravées de motifs paléolithi-ques se trouvent SUl des parois verticales. Paul le moment,

il est impossible de diTe s'il y a eu des représentations sur des superficies horizontales (connues à Siega Verde) qui aient été irrémédiablement détruites par l'érosion. Comme c'est la norme dans l'art paléolithique, le relief naturel des supports est utilisé paul accentuer la volumétrie des motifs chaque fois que cela est possible, comme par exemple paur le cheval complet de la Roche 1 de riscos ou le poisson de ia Roche 5b de Penascosa (fig. 12).

Esthétiquement et stylistiquement, l'art de Ia vallée du Côa présente fréquemment une spécificité extrêmement rale dans l'art franco-cantabrique : Passociation de deu x ou trais têtes SUl le corps d'un même animal (fig. 13), dans l'objectif de transmettre l'idée de mouvement. Parfois, les auteurs ont cherché à représenter une animation de la tête d'un animal broutant ou buvant ou, comme dans le cas de Ia Roche 4 de Penascosa, le mouvement de tê te d'un étalon pendant l'accouplement. Ce type d'animation esl appliqué surtout aux chevaux ainsi qu'à quelques aurochs. Dans d'autres cas, Partiste a cherché à représenter un mou-vement du cou d'un animal se retoumant, convention connue uniquement SUl des bouquetins (fig. 14) et des

PEINfURE ET GRAVVRE

La lisibilité des peintures provient de Ia différence chro-matique qui s'étab1it entre un fond rocheux et 1e pigment qui lui est appliqué. Pour 1es gravures, le contraste est produit par 1a cou1eur qu'acquiert l'intérieur du trait frai-chement gravé. Cette distinction entre deux procédés d'ob. jectif commun est artificel1e (Lorb1anchet 1995). La diffi. culté que naus rencontrons parfois, actue11ement, pour 1ire

1es motifs est 1a conséquence des agems érosifs qui

annu1e-rent comp1etement 1a différence chromatique origine11e. Aujourd'hui, seu1e apparait l'ombre créée par 1e re1ief, en lumiere rasante. En considérant l'investisement que repré-sentent les séquences incision-piquetage-abrasion et 1a vi. sibilité des figures fraichement gravées, il est peu probable qu'e11es constituent seu1ement des contours, ensuite ac-centués ou bien remp1is par des colorants. La même logi. que s'app1ique à p1us forte raison au rac1age et à l'incision simple ou en faisceau. C'est éga1ement dans ce sens que semb1e argumenter l'observation de 1a Roche 1 de Rego de

Vide, ou un bouquetin présente un remp1issage piqueté qui

figure une différence de pe1age (figo 11).

11 y a cependant de nombreux cas de figures réalisée~ par incision et de dimension comparab1e aux p1us é1abo. rées mais qui n'ont jamais fait l'objet de piquetage et abra. sion et ou manquent des détails anatomiques générale. mem présents sur les figures "achevées». 11 semble s'agil d'ébauches qui ont peut-être joué un rôle de guide à

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J. ZILHÃO, T. AuBRY. A.F. CARVALHO, A.M. BAPTISTA. M.V. GOMES, J. MEIRElES ART RUPESTRE ET ARCHtOlOOlE DE LA V ALÚE ou CóA (PORTUGAL) .;

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PRtHISTOIRE ANTHROPOlOOIE MÉDITERRANÉENNES 1998-1999, T. 7-8, P. 89-117 103

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ART RUPESTRE ET ARCHWLOOIE DE LA V AlltE OU CóA (PORTUGAl) ZILHÃO. T. Au8RY. A.F. CARVALHO, A.M. BAPTlSTA, M.V. GOMES, J. MEIRElES

PREMIERE ÉV ALVA TION QVANTIT A TIVE

Dans Ia vallée du Côa et les versants adjacents de Ia rive gauche du Douro on connait actuellement 22 ensembles de raches gravées contenant un total de 214 panneaux. 15 groupes possedent de l'art paléoli-thique j dans ces demiers, le total de raches gravées déjà connues est de 194. On doit cependant considé-rer que seulement Ribeira de Piscas et Penascosa ont fait l'objet de prospections systématiques orientées vers Ia recherche des gravures effectuées par incision li-néaire, lesquelles, quand elles sont patinées ou couver-tes de lichens, sont extrêmement difficiles à repérer. Dans ces deux cas, Ia prospection noctume en lumiere rasante a plus que doublé les inventa ires.

En outre, il n'a bien évidemment pas été possible de prospecter Ia totalité des affleurements rocheux de Ia région potentiellement porteurs de manifestations artistiques. Les études se sont en effet concentrées sur les sites découverts jusqu'à l'été 1995. D'un autre côté, il ne faut pas perdre de vue que les rives du Côa et du Douro sont submergées entre Ia confluence de Piscas et Vale da Casa.

Actuellement, le nombre de motifs figuratifs ani-maliers attribués au Paléolithique, décomptés sur les raches ayant fait l'objet de relevés, sont les suivants : 7 sur 4 raches de Rego de Vide ; 193 sur 23 raches de Canada do Inferno j 30 sur les 3 raches à Ribeira de Piscas (ou il y en a 19) j et 112 sur 14 raches relevées à Penascosa (ou il y en a 20). Un total de 342 motifs figuratifs animaliers de style paléolithique a donc été relevé et isolé sur 43 des 66 raches connues actuelle-ment sur les seuls sites de Rego da Vide, Canada do Inferno, Ribeira de Piscas et Penascosa. Dans ces sites, le nombre moyen de motifs figuratifs animaliers par panneau est de 8, ce qui permet d'évaluer comme supérieur au millier le nombre total des motifs des 194 raches actuelle-ment connues.

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11 -Bouquetin de Rego da Vide, Roche 1.

cerfs. L 'utilisation de cette idée est fréquente sur les sites de Penascosa et Quinta da Barca et elle existe également à Canada do Inferno. Cette convention parait s'appliquer seulement aux grands motifs élaborés.

Ces exemples éclairent d'un autre jour le motif du panneau principal de Mazouco, pour lequelles interpréta-tions proposées jusqu'alors considéraient parfois l'existence de deux chevaux. En fait, il semble que l'on puisse proposer une autre hypothese pour expliquer cette figure ou plu-sieurs lignes de ventres et membres postérieurs représente-raient un animal se réceptionnant arfes un saut ou ruant.

Si l'on accepte cette proposition, l'emploi de cette convention d'animation aurait été pratiqué non seulement dans la vallée du Côa mais aussi dans le bassin du Douro, bien qu'actuellement il ne sair pas attesté sur les gires espagnols. Si cerre différence venait à être confirmée, elle pourrait correspondre à un marqueur régional de significa-tion culturelle, ethnique ou chronologique. Dans tous les cas, la représentation de scenes de la vie sociale des especes figurées est asseI fréquente dans l'art du Côa et constitue une de ses contributions les plus significatives à la rénova-tion de nos connaissances sur l'art paléolithique européen.

Les especes représentées sont l'aurochs, le cheval, le bouquetin, le cerf et des poissons. Une seule figuration humaine est attestée actuellement. Les proportions entre les différents motifs varient suivant les ensembles de gra-vures. POlir le site de Canada do Inferno, les relevés ont permis d'établir le Tableau I, lequel met en évidence les données suivantes :

-le nombre de motifs piquetés est approximativement I~ même que celui des motifs incisés ;

-les bovinés sont dominants, suivis par les équidés ; dans les deux cas, les figures sont obtenues majoritairement par piquetage, en particulier polir les bovinés ;

-les cervidés et bouquetins sont représentés de manieTe équivalente ; les premiers sont pratiquement tous réalisés par incision et seulement un tiers des autres est effectué par piquetage.

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I.

ZILHAo, T. AuBRY, A.F. CARVALHO, A.M. BAYTISTA, M.V. GOMES, J. MEIRElES ART RUPESTRE ET ARCHWLOOIE DE LA V ALlÚ ou iliA (PORTUGAL)

12 .En haut : poisson de Ia Rache 5b de Penascosa. En bas : chevaux de Ribeira de Piscas. Rache 1.

105 PRtHISTOIRE ANTHROPOUJGIE MtOITERRANtENNES 1998-1999, T. 7-8, P. 89-117

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ART RUPESTRE ET ARCH~OLOOIE DE LA V ALL~E DU COA (PORruGAL) 106 J. ZIUJAO, T. AuBRY, A.F. CARVAUJO, A.M. BAPTlSTA, M.V. GOMES,]. MEIRELES PR~HISTOIRE ANTHROPOlOGIE M~DITERRAN~ENNES 1998-1999. T. 7-8. P. 89-117 c:

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ZILHÃO, T. AuBRY, A.F. CARVALHO, A.M. BAI'TISTA, M.V. GOMES, MEIRELES ART RUPESTRE ET ARCH~OLOOIE DE LA V AWE OU ClJA (PORruGAl

= incisés, V compris raclés) Tableau 1 .Canada do Inferno

Motifs animaliets paléolithiques et techniques de gravure (P = piquetés

L'anaIyse des superpositions existantes sur Ies raches de Ia vaIIée du Côa confirme de façon indépendante Ies infé-rences dérivées d'une teIIe comparaison. Les têtes d'équi-dés possédant une criniêre se terminant en toupet, dont Ia mandibuIe est fortement marquée et Ie contour de Ia tête en ..bec de canard.., sont caractéristiques des phases Ies pIus anciennes (Gravettien et Solutréen) de Ia séquence de ParpaIIó. Dans Ia vallée du Côa, lorsqu'il existe des superpositions de pIusieurs phases, Ies têtes de chevaux de ce type devraient se situer en-dessous des autres tracés. Ces données quantitatives ne peuvent cependant être

considérées comme reflétant un schéma général. SUl le site de Penascosa, les figures obtenues par piquetage sont deux fois plus nombreuses que celles réalisées par incision et abrasion et les caprinés sont dominants, suivis par équidés, bovinés et cervidés en quantité équivalente. Des varia-tions sont également flagrantes au sein du même groupe de Penascosa, ou le cerf est majoritaire dans Ia partie nord du site et extrêmement rale au sud.

Les relevés déjà réalisés sont systématiquement en con-formité avec cerre prédiction (fig. 15). La Roche 3 de Penascosa présente un exemple absolument typique de ce style de représentation qui appartient à Ia seconde phase de gravure, superposée à des bouquetins et surmontée par trais phases de gravures d'aurochs. La Roche 5A de ce site présente Ia même superposition : le trair d'un cheval de même caractéristique, superposé à une figuration de bou-quetin, est à son tour coupé par deux aurochs et une représentation d'un cheval à l'échelle naturelle dont Ia criniere est délimitée par deux traits, un rectiligne et un courbe. Dans les deux cas, les motifs d'équidés les plus anciens sont réalisés par un piquetage à négatif large, tan-dis que les figures plus récentes sont de tracé moins large et régularisé par une forte abrasion. Dans d'autres cas, les chevaux dont Ia criniere est représentée par deux traits se placent dans les phases de gravure Ies plus récentes. C'est le cas de Ia Roche 14 de Canada do Inferno, ou le cheval présentant un mouvement de Ia tê te montre une figuration

TENDANCES DIACHRONIQVES

11 esc possible que les variations inter-sites et intra-sites concemant les fréquences des différentes especes et leurs associations, aussi bien que les techniques utilisées dans leur représentation, correspondent à des différences dia-chroniques. Polir le moment, cette possibilité n'est qu'une hypothese que seule Ia continuation des travaux permettra

d'évaluer.

L'évolution de l'art mobilier (peinture et gravure sur des milliers de plaquettes lithiques) de la grotte de Parpalló

(Valencia, Espagne) , ou il existe sur les 6 metres d'une stratigraphie qui débute au Gravettien et se déroule jus-qu'au Magdalénien supérieur (Villaverde 1994), constitue l'unique référence chrono-stylistique sur laquelle peut se fonder une premiere tentative de phasage du cycle artisti-que du Côa. O'autre part, le fait de confronter les deux ensembles met immédiatement en évidence un net para 1-lélisme entre les conventions de représentation utilisées qui justifie cette comparaison.

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PRÉHISTOIRE ANTHRoroLOGlE MÉDlTERRANÉENNES 1998-1999, T. 7-8, P. 89-117

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J. ZlLHAO, T. AUBRY. A.F. CARVALHO, A.M. BAI'TISTA, M.V. GoMES, J. MEIRELES ART RUPESTRE ET ARCHOOLCXJIE DE LA V ALLtE ou CóA (PORTUGAL)

Rache 14 de Canada do Inferno (fig. 17), ou une figuration de cheval de style récent possede un trair nettement plus frais qu'une figuration d'équidé de style ancien, attribuable au Gravet-tien ou au Solutréen. La signification chronolo-gique de cerre différence est confirmée par l'ana-lyse stratigraphique du panneau, Ia figuration de cheval de style ancien étant coupée par des re-présentations de cervidés et capridés à corps rem-plis par incisions paralleles, à leur tour surmon-tées par le cheval peu patiné. L'ordre d'exécu-tion des figures est en accord avec ce qui ressort de l'observation stylistique dérivée de Ia compa-raison avec l'art mobilier, ou les figures à corps remplis par incisions en faisceau. dites gravures striées, sont attribuées au Magdalénien ancien, aussi bien en Cantabrie qu'au Parpalló (Utrilla 1979 j Villaverde 1994).

En utilisant ce type de raisonnement, et tout en gardant dans l'esprit l'état embryonnaire dans

lequel se trouve encore l'analyse des panneaux, il semble tout de même possible de définir plu-sieurs tendances de signification chronologique : -les bouquetins, aurachs et chevaux paraissent être les especes les mieux représentées dans Ia premiere phase de gravure du cycle paléolithi-que j ces especes constituent d'ailleurs la faune la plus fréquente dans les sites du Paléolithique supérieur du Portugal antérieurs au Magdalénien (Aubry & Moura 1995 j Zilhão 1995c), période

ou les assemblages fauniques commencent à être

dominés par le cerf j

-les représentations des phases les plus ancien-nes du cycle paléolithique paraissent être

limi-...tées au fond de la vallée le long du Côa et du

14 -Bouqueun mâle avec deux tetes de Quinta da Barca. transmettant le mouvement. .'

du cou de l'animal qui se retoume en arriere. ruIsseau de riSCOS j les cotes de 40 m au-dessus

du niveau actuel des cours d'eau sont rarement atteintes et ne sont jamais dépassées j

-pendant les phases plus récentes, les représentations se répandent plus en altitude sur les versants et au sommet des petit affluents, comme il a été vérifié à Vale Cabrões et Vale da Casa j c'est pendant les phases récentes que se multiplient les représentations par incision, de petite di-mension.

de ce rype et fut l'avant-demiere figure gravée du panneau. Dans la région cantabrique, cerre convention est connue sur des manifestations pariétales et mobilieres attribuées au Magdalénien supérieur (Moure 1990).

Sur la base de ces criteres, et en considérant aussi les résultats de la comparaison des conventions de représenta-tion des têtes des aurochs (fig. 16), on constate que l'art de la vallée du Côa doit être de chronologie parallele à l'art mobilier de la grotte de Parpalló, les différentes phases du Paléolithique supérieur depuis le Gravettien étant présen-teso Cela signifie que le cycle artistique de Côa pourrait s'étaler sur plus de 15 000 ans et que l'intervalle de temps entre les premieres et demieres manifestations artistiques est de durée supérieure à celui qui nous sépare des demieres gravures pléistocenes.

S'il en est ainsi on devrait donc observer des différen-ces de patine dans les traits des gravures des panneaux présentant des superpositions. Cela a pu être vérifié sur la

L 'INTERPRÉT A TION DES SUPERPOSITIONS

Une des caractéristiques Ies pIus notables de I'art du Côa, qui Ie différencie des autres ensembIes de gravures de plein air, comme Siega Verde et, paradoxalement, le rap-proche des manifestations paIéolithiques en grotte de Ia région franco-cantabrique, réside dans Ia fréquence des panneaux à superpositions de motifs.

Si ce Cair possede I'avantage de permettre d'étabIir des séquences styIistiques de grande importance pour l'anaIyse diachronique du cycIe paIéolithique, il possede Ie

désavan-PR~HISTOIRE ANTHROK>LOGIE M~DITERRANÉENNES 1998.1999, T. 7.8, P. 89.117 108

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ZIUiÃO, T. AuBRY, A.F. CARVALHO, A.M. BAPTlSTA, M.V. GOMES,). MEIRELES ART RUPESTRE ET ARCHWlOOlE DE LA V ALl~E 00 CóA (PORTlKJAL)

15 .Srratigraphies figuratives ou des chevaux à criniere se terminant en toupet sont à Ia base des séquences de gravure et des chevaux à criniere rapportée sont au sommet.

Referências

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