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BILAN DE L’ETUDE SUR LA COMPOSITION CHIMIQUE DES HUILES ESSENTIELLES DE MENTHES POUSSANT A L’ETAT

CARACTERISATION CHIMIQUES DES MENTHES POUSSANT A L’ETAT SAUVAGE EN CORSE

V. BILAN DE L’ETUDE SUR LA COMPOSITION CHIMIQUE DES HUILES ESSENTIELLES DE MENTHES POUSSANT A L’ETAT

V. BILAN DE L’ETUDE SUR LA COMPOSITION CHIMIQUE DES

La composition des huiles essentielles de M. pulegium est donc caractérisée par la pulégone comme constituant majoritaire, comme de nombreuses huiles décrites dans la littérature (Lawrence, 2007) au Maroc, Grèce, Inde et Uruguay (Bouchra et al., 2003/ Lorenzo et al., 2002 ; El-ghorab, 2006 ; Kokkini et al., 2002). Ainsi les échantillons d’huiles essentielles de Corse ne se démarquent pas de ceux décrits dans la littérature. Seule l’association dans un échantillon (n°8) de la pulégone (50,5%) avec à la fois l’isomenthone (20,7%) et la menthone (12,3%) est originale. Toutefois la présence d’un seul échantillon, original par sa composition chimique, ne peut en aucun cas constituer un type chimique différent de ceux décrits.

Dans une troisième partie nous nous sommes intéressés aux huiles essentielles de l’espèce Mentha suaveolens Ehrh. représentée en Corse pas deux sous-espèces : M.

suaveolens ssp. suaveolens et M. suaveolens ssp. insularis. L’identification des composés des des huiles essentielles de Mentha suaveolens ssp. suaveolens (L.) Hudson a été réalisée par CPG(Ir), CPG-SM et RMN du 13C et nous avons mis en évidence deux compositions chimiques. Les deux huiles essentielles selectionnées sur le profil chromatographique (PC1 et PC2) sont caractérisées par une teneur importante en monoterpènes oxygénés (91,5% PC 1 ; 85,7% PC 2) dont une grande majorité présente un squelette p-menthanique. Ainsi, la pipériténone (73,5%) est le composé majoritaire suivi par l’isopipériténone (9,4%) dans l’huile essentielle PC1 alors que l’oxyde de pipériténone (72,0%) caractérise celle du second profil PC2. Malgré le nombre important de types chimiques cités dans la littérature concernant les huiles essentielles de Mentha suaveolens ssp. suaveolens (L.) Hudson la présence majoritaire de la pipériténone associée avec l’isopipéritenone n’a jamais été décrite, ce qui confère une certaine originalité à cet échantillon de Corse. De plus, l’isopipériténone est un composé peu commun des huiles essentielles de menthe, la présence de constituant (13,4%) n’est décrite que pour un échantillon provenant du Japon (Handa et al., 1964). Par ailleurs, la présence de l’acétate de néoiso-isopulégyle composé jamais décrit comme constituant d’une huile essentielle même à des proportions très faibles, rajoute de l’originalité à cette huile essentielle. Le profil PC2 possède une composition chimique classique puisque de telles compositions dominées par la présence de l’oxyde de pipériténone ont été décrites au Maroc et au Japon (Ouzmil et al., 2002 ; Handa et al., 1964 ; Umemoto et al., 1994) alors que le PC1 est décrit pour la première fois pour les huiles essentielles de Mentha suaveolens ssp.

suaveolens (L.) Hudson

L’analyse par CPG(Ir) et RMN du 13C des parties aériennes de M. suaveolens ssp.

insularis a conduit à l’identification de 51 composés (36 monoterpènes, 10 sesquiterpènes, 2 aliphatiques, 3 phénylpropanoïdes) qui représentent 96,1% de la composition chimique totale.

L’huile essentielle est caractérisée par une teneur importante en monoterpènes oxygénés (85,2%) dont une grande majorité présente un squelette p-menthanique. Les constituants majoritaires sont la pulégone (44,4%) et la cis-cis-p-menthénolide (27,4%), suivis à des teneurs bien moins importantes, du limonène (4,3%) et du néoiso-isopulégol (2,4%). Les autres composés sont présents à des teneurs inférieures à 2,0%. Seul un échantillon d’huile essentielle de l’hybride M. rotundifolia (M. suaveolens x M. longifolia) provenant d’Algérie possède une composition dominée par la pipériténone (Brada et al., 2007). Il est à noter que M. longifolia autrefois cultivée dans les jardins en Corse, aurait aujourd’hui totalement disparue. La présence de la pulégone ne constitue pas en soi un critère discriminant de M.

suaveolens ssp. insularis. En effet, cette cétone, qui est notamment le constituant principal de Mentha pulegium L. (Bruneton, 1993), est aussi reportée dans de fortes proportions pour deux échantillons d’huile essentielle du Maroc de M. suaveolens ssp. suaveolens (Ouzmil et al., 2002) et de l’hybride M. rotundifolia (M. suaveolens x M. longifolia) (El Arch et al., 2003).

En revanche, la présence de la cis-cis-p-menthénolide constitue une grande originalité dans la composition de l’huile essentielle de Mentha suaveolens ssp. insularis puisque ce constituant n’a jamais été ni isolé, ni identifié à partir d’une source naturelle.

Nous nous sommes ensuite intéressés à l’étude de l’extrait d’hydrolat de M. suaveolens ssp. insularis par combinaison de trois techniques analytiques (CPG(Ir), CPG-SM et RMN du

13C). Vingt-huit composés oxygénés représentant 98,3 % de la composition totale de cet extrait ont pu être identifié. Les composés possédant le squelette menthanique substitué en C3 sont les plus importants, à la fois en nombre (19) et en teneur (93,6%). Les composés majoritaires sont la cis-cis-p-menthenolide (67,3%) et la pulégone (14,8%) suivi à des teneurs bien moins importantes par la 8-hydroxy-menthone (3,0%), la pipéritenone (2,2%), la 8- hydroxy-isomenthone (1,8%) et le bornéol (1,7%). L’originalité de cet extrait réside dans la présence majoritaire de la cis-cis-p-menthénolide. Les lactones p-menthaniques sont habituellement décrites dans la littérature comme des constituants minoritaires. Ici le fort taux de la cis-cis-p-menthénolide, que ce soit dans l’huile essentielle ou dans l’extrait d’hydrolat, caractérise la sous-espèce insularis. Par ailleurs, la RMN du 13C nous a permis de mettre en évidence la présence de la 8-hydroxy-menthone, la cis-cis-dihydro-p-menthénolide A et B ainsi que d’élucider la structure de son stéréoisomère la 8-hydroxy-isomenthone. Les deux

essentielle de Schizonepeta tenuifolia Briq. (Fujita et Morishita, 1987), quant à la 8-hydroxy- menthone une teneur plus importante est signalée (1,3%) dans l’huile essentielle de Hesperozygis ringens (Benth.) (Von Poser et al., 1996). De plus, pour une caractérisation plus complète des huiles essentielles, l’analyse de l’extrait d’hydrolat permet la mise en évidence de composés oxygénés, quantitativement très faibles dans l’huile essentielle. En effet certains composés ont tout d’abord été identifiés dans l’extrait d’hydrolat (8-hydroxy-menthone /8- hydroxy-isomenthone /8-hydroxy-p-menth-4-èn-3-one) et puis trouvés dans l’huile essentielle ou dans les fractions de chromatographie de l’huile essentielle.

L’identification botanique au sein du genre Mentha constitue une tache considérée comme difficile par les spécialistes. Ainsi le principal critère de différentiation des deux sous-espèces Mentha suaveolens ssp. suaveolens et ssp. insularis réside dans la présence (ssp. insularis) ou l’absence (ssp. suaveolens) d’un petit pétiole. La composition chimique d’échantillons d’huiles essentielles isolées à partir de plants de M. suaveolens poussant à l’état sauvage en Corse permet une différenciation claire des deux sous-espèces et ainsi de lever toute ambiguïté pouvant subsister après un examen botanique. Ainsi la sous-espèce suaveolens produit des huiles essentielles soit dominées par la pipériténone (un nouveau type chimique pour cette sous-espèce) soit dominées par l’oxyde de piperiténone, alors que tous les échantillons de la sous-espèce insularis sont caractérisés par la pulégone et la cis-cis-p- menthénolide, une lactone p-menthanique. La pulégone, la piperiténone ainsi que son oxyde sont des constituants très communs chez les menthes et sont présents dans les trois groupes cependant à différentes teneurs. Ainsi, la pulégone est majoritaire dans le groupe I (II : 0- 26,2%, III : 0,2-2,5%), l’oxyde de piperiténone dans le groupe II (I : 0-10,0%, III : 1,8-1,9%) et la pipériténone dans le groupe III (I : 0,6-16,1%, II : 0-17,8%). La cis-cis-p-menthénolide, lactone p-menthanique présente exclusivement chez M. suaveolens ssp. insularis, est clairement le marqueur du groupe I et ainsi de la sous-espèce insularis. Ainsi sur le seul critère présence (groupe I) / absence (groupe II et III) il est possible de déduire l’appartenance à la sous espèce insularis ou suaveolens.

CHAPITRE III