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CHAPITRE 1 DU BRUIT A LA GENE EN SITUATION DE MULTI-EXPOSITION SONORE

1. Du phénomène sonore à la description du bruit

1.4. Indices de bruit

Pour rappel, on entend par indice toute mesure, description du phénomène physique du bruit qui prend en compte certains paramètres (fréquences, puissance, etc.). Le terme indicateur s’intéresse à la relation entre niveaux de bruit exprimés par un indice et impact sanitaire (en ce qui nous concerne la gêne sonore), par le biais d’une relation dose-effet [AFSSE04]. Nous l’étendrons et l’utiliserons pour toute relation entre les caractéristiques physiques du bruit exprimées par un ou des indices et la gêne sonore exprimée.

Nous parlerons dans cette section des indices de bruit en général. Usuellement, on considère qu’ils sont de trois types [MPAV05] : (1) énergétique, (2) statistique et (3) psychoacoustique. Nous décrirons dans les sections ultérieures les indices spécifiques du bruit provenant de la circulation routière et du bruit industriel.

1.4.1. Courbes de pondération

Les différents instruments de mesure dont nous disposons ne captent pas les pressions sonores comme notre oreille, et un filtre de pondération « A » a été créé pour prendre en compte la réponse physiologique de l’oreille humaine dans le domaine fréquentiel [MPAV05]. La pondération A approxime l’inverse de la courbe d’isosonie d’un son pur de 1kHz à 40 phones [Sch00]. Cette pondération A peut être appliquée aux pressions sonores, et le niveau de pression sonore pondéré A, noté LA et s’exprime en dB(A)12 :

10

(1.3)

La pondération A est la plus utilisée en acoustique. D’autres pondérations existent néanmoins et sont utilisées à des fins plus particulières : B, C, D, E, G (cf. [MPAV05], [BK88]).

1.4.2. Les indices énergétiques

1.4.2.1. Le niveau de pression sonore équivalent pondéré A

Plutôt qu’un niveau de pression sonore qui est intégré par l’instrument de mesure sur un temps très court, quasi instantané, il peut être préféré l’utilisation d’un indice qui permet de représenter l’énergie moyenne sur une certaine période de temps (assez longue) : le niveau de pression sonore équivalent. La plupart des études concernant la gêne se réfèrent au niveau de pression sonore équivalent pondéré A noté LAeq,T. Il est exprimé comme suit [MPAV05] :

12 Notons que le dB(A) n’est pas une unité physiquement différente du dB. Cela nous indique juste que le niveau de pression sonore est calculé en utilisant la pondération A. Dans la littérature, on fait soit apparaître la pondération dans la notation du niveau de pression sonore LA, soit dans l’unité dB(A), ou dans les deux. Dans ce mémoire, nous choisirons la dernière option.

12 !, 10 #1

10,$%& '

( (1.4)

La Figure 1.1 permet de mieux comprendre ce à quoi correspond un niveau de pression sonore équivalent par rapport à un niveau de pression sonore :

Figure 1.1 : Schéma explicatif pour la signification d’un niveau de pression sonore équivalent par rapport à un niveau de pression sonore.

En d’autres termes, le niveau de pression sonore équivalent exprime le niveau d’un bruit continu qui aurait la même énergie acoustique totale que le bruit fluctuant mesuré, pour la même période de temps T [MPAV05]. L’avantage de cet indice ainsi que ses dérivés est qu’il permet de donner une idée de l’exposition longue durée à un bruit, mais les fluctuations et les niveaux de crête (décrits par l’indice LAmax sur la Figure 1.1) ne sont pas pris en compte, ce qui constitue un inconvénient majeur.

1.4.2.2. Le niveau de pression sonore équivalent jour-soir-nuit (Lden)

La directive Européenne 2002/49/CE définit un nouvel indice destiné à être employé dans tous les pays de l’Union Européenne, l’indice Lden (le niveau de pression sonore équivalent jour-soir-nuit). On le définit comme suit [PECE02] :

)* 10 1

24 -12. 10,$%./01 4. 10,$ %2324546781 8. 10,$ %456:;7$< (1.5) Où :

− Lday représente le LAeq,T pour la période de jour, entre 06h et 18h en France ;

− Levening représente le LAeq,T pour la période de soirée, entre 18h et 22h en France ;

− Lnight représente le LAeq,T pour la période de nuit, entre 22h et 06h en France.

La directive fixe les durées des trois périodes respectivement à 12, 4 et 8 heures. Le début et la fin de chaque période est laissé à la discrétion de chaque Etat membre. On remarque dans cet indice l’introduction de pénalités de 5 dB(A) et 10 dB(A) pour les périodes de soirée et de nuit qui permet la prise en compte d’une gêne de soirée et nocturne plus forte [MPAV05]. On voit également que cet indice ne peut pas permettre de prendre en compte des évènements isolés tels que le passage d’un véhicule dans le sens où les

13 évènements de ce type sont « noyés » dans la mesure de long terme qui doit être réalisée pour aboutir à cet indice.

1.4.2.3. Le niveau d’exposition sonore SEL

Le niveau d’exposition sonore, noté SEL, est défini comme le niveau de pression sonore pondéré A d’un bruit fictif qui, maintenu constant pendant 1 seconde, aurait la même énergie acoustique qu’un évènement acoustique dont le niveau sonore est fluctuant. Il s’exprime par [MPAV05] :

=> 10 #1

10,$%& '

'?

'@

( (1.6)

Où :

− t0 est la durée du bruit fictif prise égale à 1s ;

− t2-t1 est la durée de l’évènement (notée T) que l’on souhaite décrire.

Une rapide manipulation permet d’établir une relation entre l’indice LAeq,T et l’indice SEL :

=> !,1 10log $D (1.7) La Figure 1.2, inspirée du rapport de l’AFSSE [AFSSE04], permet de mieux comprendre ce que représente l’indice SEL :

Figure 1.2 : Construction de l’indice SEL.

La prise en compte du phénomène se fait sur la durée T = t2-t1. La surface sous la courbe d’évolution du niveau de pression sonore délimitée par les instants t1 et t2 est égale à l’énergie acoustique de l’évènement considéré. La surface du rectangle gris foncé représente l’énergie acoustique d’un bruit d’une durée d’une seconde, de même énergie acoustique que l’évènement se déroulant entre t1 et t2.

Dans la pratique, l’intégration de l’énergie sonore se fait sur une période de temps sur laquelle l’écart entre les indices LAeq,T et LAmax est inférieur à 10 dB(A) [MPAV05]. Cet indice, qui prend en compte la durée des évènements sonores visés, est usuellement utilisé pour

14 décrire le bruit créé par un passage d’avion [AFSSE04], mais on peut trouver dans la littérature qu’il est également utilisé pour décrire le bruit créé par le passage d’un véhicule routier [PITO98].

1.4.2.4. L’indice « loudness-level-weighted-equivalent level »

Cet indice, à mi-chemin entre l’approche physique énergétique et l’approche psychoacoustique, a été proposé par Schomer [Sch00] et repose sur une amélioration de la pondération A. D’après la définition de l’indice LAeq,T, la courbe de pondération A est appliquée à tous les niveaux sonores comme une simple fonction de la fréquence, alors qu’en réalité il existe plusieurs courbes isosoniques selon le niveau sonore (cf. Figure 1.3).

Figure 1.3 : Courbes isosoniques ([Sch00], d’après la norme ISO 226 :1987).

L’hypothèse de Schomer [Sch00] est que ces courbes isosoniques peuvent être utilisées comme une fonction de pondération dynamique qui varie avec la fréquence et le niveau sonore. L’indice proposé est nommé « loudness-level-weighted-equivalent level », noté LLLeq,T. Il est basé sur une analyse en 1/3 octave du bruit en utilisant les courbes d’isosonie de la Figure 1.3. Le principe de sa construction est le suivant :

1. Le bruit d’une durée T est séparé en durées élémentaires tj, par exemple 125ms la durée d’intégration « fast ». Sur chaque durée élémentaire tj, le bruit fait l’objet d’une analyse en 1/3 octave, et à chaque niveau de pression sonore dans les bandes de 1/3 octave correspond un niveau d’isosonie (par exemple, un niveau de 82 dB dans la bande de 1/3 octave centrée sur 125Hz correspond à une valeur de 80 phones, cf. Figure 1.3) ;

2. Le niveau total du bruit en phones est calculé sur chaque durée élémentaire en sommant les niveaux en phones définis en 1 sur chaque bande de 1/3 octave (sur la base d’une sommation énergétique) ;

3. Sommation des niveaux globaux du bruit en phones (obtenus en 2) sur la série des durées élémentaires.

Ainsi le LLLeq,T s’exprime suivant [Sch00] :

%%!, 10 #E E 10,$%F5G

H I

( JKLM (1.8)

15 Où LLij est le niveau en phones correspondant à la ième bande de 1/3 octave pendant la jème durée élémentaire.

Schomer et al. [SSS01] ont établi à partir de données provenant de différentes méta- analyses que l’indice LLLeq, T permet de mieux évaluer la gêne due aux bruits de l’environnement en général que les indices acoustiques pondérés A.

1.4.3. Les indices statistiques

Un bruit variable dans le temps peut être décrit par sa distribution cumulative, ce qui mène à la notion d’indice statistique LN% (niveau de bruit dépassé pendant N% du temps).

Les principaux indices statistiques utilisés sont les suivants :

L’indice L1 est le niveau de pression sonore atteint ou dépassé pendant 1% du temps durant la période d’étude considérée. Cet indice est utilisé pour estimer le niveau de bruit maximum observé ;

L’indice L10 est le niveau de pression sonore atteint ou dépassé 10% du temps. Même s’il peut être considérablement plus faible que le niveau de crête, il donne une idée des plus hauts niveaux sonores rencontrés pendant la période d’étude [MPAV05] ;

L’indice L50 est le niveau dépassé ou atteint 50% du temps, le niveau médian ;

L’indice L90 est le niveau dépassé pendant 90% du temps. On peut le considérer comme le niveau de bruit de fond.

D’après Marquis-Favre et al. [MPAV05] certains de ces indices statistiques sont utilisés lors de campagnes de mesures en complément à d’autres indices énergétiques.

1.4.4. Les indices psychoacoustiques

Les bruits de l’environnement sont très souvent décrits à l’aide des familles d’indices détaillées dans les précédentes sections (1.4.2 et 1.4.3). Néanmoins les chercheurs s’accordent à reconnaitre leurs défauts, notamment par le fait qu’ils ne rendent pas compte des mécanismes de perception humaine de manière adéquate.

Genuit et Fiebig [GF06] estiment par exemple que l’évènement sonore peut être décrit de manière plus convaincante qu’un simple niveau de pression sonore pondéré A par des indices psychoacoustiques tels que la sonie, l’acuité, la rugosité et la force de fluctuation.

1.4.4.1. La sonie

La sonie mesure l’intensité d’un bruit telle qu’elle est perçue par l’auditeur. On l’exprime en sone (1 sone correspond à l’intensité perçue d’une tonalité pure à 1000Hz et 40 dB). La sonie dépend évidemment du niveau de pression sonore, mais également d’autres facteurs, comme le contenu fréquentiel ou la durée [FZ06].

Certains modèles existants (dont le modèle de Zwicker présenté dans la norme ISO 532B [ISO75]), permettant de calculer la sonie d’un bruit, proposent de découper l’échelle des fréquences en 24 bandes critiques exprimées en Bark. La sonie dans chaque bande critique (pour les hypothèses de calcul le lecteur peut se référer à [ISO75]) est appelée sonie spécifique. On la note N’ et l’exprime en sone/Bark. La sonie totale est obtenue en intégrant les sonies spécifiques sur les 24 bandes critiques.

P QRSNO

MKLM (1.9)

16 On utilise également le niveau d’isosonie, noté LN et exprimé en phones, qui correspond au niveau de pression sonore d’une tonalité pure à 1000Hz qui semble aussi fort que le bruit en question [FZ06]. Le niveau d’isosonie peut être obtenu à partir de la sonie par la formule suivante [ISO75] :

T 10 ln 1 40 JKLM (1.10)

1.4.4.2. L’acuité

L’acuité est une mesure de la densité spectrale de sonie d’un bruit [FZ06]. En ce sens elle représente une mesure de l’équilibre entre basses et hautes fréquences. On la note S et on l’exprime en acum. Fastl et Zwicker proposent de calculer l’acuité selon le modèle suivant [FZ06] :

= 0.11VP QRSW. O. O. O

VP QRSNO XYZ (1.11) Où g(z) est un facteur de pondération qui est une fonction des bandes critiques [FZ06].

On utilise souvent le centre de gravité spectral comme mesure complémentaire de la balance spectral d’un son [Trol09]. On le définit alors comme la moyenne des fréquences fi du spectre (exprimées en Bark ou en Hz) pondérée par leur amplitude Ai [Tro09].

[\= X]^ Z _O ∑ H HaH

H H (1.12)

1.4.4.3. La rugosité et la force de fluctuation

Des bruits non stationnaires modulés en amplitude, peuvent faire apparaître deux sensations différentes [FZ06]. Pour des fréquences de modulation en amplitude jusqu’à 20 Hz, la force de fluctuation est produite. Au-delà c’est la rugosité qui est ressentie. Aux alentours de la fréquence de modulation de 20 Hz il existe un domaine où ces deux sensations coexistent [FZ06]. La Figure 1.4 suivante permet de comprendre la naissance de ces sensations.

Figure 1.4 : Sensation de force de fluctuation et sensation de rugosité. fmod est la fréquence de modulation en amplitude [FZ06].

La force de fluctuation, notée F et exprimée en vacil, est approximée par la relation suivante [FZ06] :

17

b~ ∆

aef)

4 1 4 aef)

gXYh (1.13)

La rugosité, notée R et exprimée en asper, peut être approximée par la relation suivante [FZ06] (d’autres modèles plus complexes existent – par exemple [DW97, Pre98]) :

i~aef)∆ XML] (1.14)

Pour plus de détail sur les modèles, le lecteur est invité à se référer à l’ouvrage de Fastl et Zwicker [FZ06].