III. M ODIFICATIONS DE SURFACE
III.2. Les modifications physico‐chimiques
L’intérêt de ces modifications est la purification des fibres cellulosiques, l’oxydation et l’activation des sites à leur surface. Le traitement corona, les décharges diélectriques et plasma sont parmi les plus connus. De nouvelles techniques sont utilisées de plus en plus
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comme les irradiations laser, UV ou même par les rayons γ. Ces modifications physico‐
chimiques font l’objet de plusieurs études [47].
III.2.1. Le traitement corona
Le traitement Corona (traitement couronne) est l'un des procédés les plus utilisés dans le traitement des surfaces. Il consiste à appliquer un champ électrique très puissant (haute tension 1300 à 1500 Volts) et à haute fréquence à travers un espace d’air situé entre deux électrodes. Le support à traiter défile et ses particules en surface sont ionisées par l’accélération des électrons présents naturellement dans l’espace. Ainsi des radicaux libres sont créés sur la surface du support. En fait, ce sont des peroxydes qui se forment par ce traitement mais qui se décomposent rapidement. Il y aussi formation au niveau de la surface d’époxydes, de carbonyles, d’hydroxyles et de carboxyles.
Ce traitement se traduit aussi par une augmentation de l’énergie de surface du matériau d’où sa modification physique et chimique. Plusieurs types de matériaux peuvent être traités, par exemple les papiers et cartons, les polymères, l’aluminium, ainsi que les textiles.
Le traitement Corona est très utilisé en imprimerie. Toutes les photocopieuses en sont équipées et plusieurs machines d’impression commencent à l’être.
III.2.2. Le plasma à froid
L'action d'un plasma sur une surface peut avoir pour effet la modification de sa structure, le greffage de liaisons chimiques favorisant la mouillabilité et l'attraction interfaciale, voire la création de nouvelles liaisons chimiques par rupture des chaînes moléculaires. La technique consiste à placer un matériau dans une enceinte vide. Une décharge de gaz ionisé est appliquée et entretenue à l’aide d’un générateur de haute fréquence, à l’intérieur de l’enceinte. Un agrégat d’ions, de radicaux, d’électrons et de photons se créent, c’est la naissance du plasma. Ces entités actives interagissent avec les surfaces mises en jeu. Il résulte à la surface des matériaux la formation de groupements chimiques fonctionnels dépendant de la nature de la phase gazeuse utilisée. On parle alors d’activation ou de fonctionnalisation de surface. Il existe plusieurs sources de plasma :
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• Les plasmas oxygénés : utilisés pour créer des hydroxyles, carbonyles, et autres radicaux oxygénés. Les gaz les plus utilisés sont le CO2, O2 et H2O ;
• Les plasmas azotés : l’azote (N2), l’ammoniac (NH3) gazeux sont les principales sources. Ceci donne lieu à la création de groupes hydrophiles (isocyanate ‐NCO, amines –NH et ‐NH3, etc.) comme les oxygénés ;
• Les fluorés : contrairement aux azotés et oxygénés, ils sont plus utilisés pour convertir des surfaces hydrophiles en hydrophobes. Les gaz sont souvent le tétrafluorométhane CF4 ou le trifluorométhane CHF3. Des groupements de type F, CF ou même CF2 et CF3 se crée à la surface des substrats suite à la décomposition des composés fluorés dans le plasma.
• Les plasmas de gaz rares : les gaz rares (He, Ne, Ar, etc.) sont utilisés pour réaliser des ablations des surfaces de polymères et y créer des radicaux libres. Les radicaux libres créés peuvent réagir in‐situ ou ex‐situ avec d’autres molécules (O2, N2, vapeur d’eau, monomères organiques, …) et en fonction de la nature de ces dernières, on a une activation ou une copolymérisation ou greffage des surfaces. Cette technique permet aussi de faire réticuler des couches superficielles des matériaux polymères ou de films polymères préalablement déposés sur des substrats de nature différente.
Les traitements plasmas se présentent comme d’excellentes techniques car ces réactions provoquent la modification des caractéristiques chimiques à la surface mais il faudrait tenir compte des temps d’exposition et, dans le cas ou le bombardement est plus ou moins prolongé, des caractéristiques physiques (morphologie superficielle….) des substrats qui peuvent changer. Ces différents plasmas permettent de modifier tant chimiquement (création de nouvelle liaison covalente donc nouvelle structure) que physiquement (énergie de surface, rugosité) les propriétés de surface des matériaux auxquels ils sont soumis.
III.2.3. Le traitement laser
Les techniques lasers ont été tardivement utilisées en traitement de surface. Initialement, on les retrouvait dans la découpe des matériaux, puis dans la soudure. C’est une technique très pointue car elle permet de travailler sur des parties très spécifiques (ciblées) d’une surface.
Les traitements au laser se retrouvent le plus souvent dans les métaux pour faire des dépôts
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(de diamant, de supraconducteur, etc.), pour diminuer ou augmenter la rugosité des surfaces, etc. ; mais il n’empêche qu’ils peuvent également être utilisés dans les fibres.
Le traitement consiste à bombarder la surface du matériau avec un faisceau cohérent de laser produit soit avec un gaz ou un mélange gazeux (KrF, XeCl, CO2 + N2 + He), soit avec un solide (grenat d’aluminium et d’yttrium‐néodyme YAG‐Nd). Ainsi, des liaisons sont rompues et des radicaux libres et ions sont créés à la surface du matériau d’où une fonctionnalisation de cette dernière. Par la suite, la surface traitée peut initier une réaction chimique ou provoquer la réticulation. Comparativement aux autres procédés de traitements physico‐
chimiques de surface, le traitement laser est très coûteux, mais il reste le plus précis.
III.2.4. Traitement au rayonnement Ultraviolet vide & traitement aux rayons γ
Le traitement à l’UV vide est une technique qui n’a pas été beaucoup utilisée dans la préparation des surfaces. Elle permet d’oxyder des surfaces et s’avère aussi efficace que les traitements d’oxydation avec les acides chromique et nitrique selon les travaux de Koichi et celui répertorié en [48].
La technique de modification liée aux rayons γ entraîne une exposition de la surface à de fortes énergies. Ceci peut se traduire dans le cas des matériaux cellulosiques par des ruptures au niveau des ponts de rattachement des monomères d’où une diminution des masses moléculaires. Par ailleurs, ce traitement peut induire une dégradation de la cellulose.
Ce traitement ne semble pas être approprié ou adapté aux matériaux à structure lignocellulosique.
Au regard de toutes les techniques physico‐chimiques, les modifications des propriétés de surface des matériaux sont la conséquence de celle subie sous l’effet de l’énergie apportée par les ions ou particules chargées. Des liaisons peuvent être rompue et par conséquent les chaînes de polymère ou au contraire en créer de nouvelles. Des réticulations peuvent aussi être provoquées au niveau des surfaces. Les effets possibles sont par exemple une augmentation de la conductivité électrique rendant ainsi les polymères semi‐conducteurs voire même conducteurs. Une modification de l’énergie de surface ou une amélioration des propriétés optiques, mécaniques ou chimiques.
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