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La modélisation numérique des tunnels

PRINCIPAUX ÉLÉMENTS BIBLIOGRAPHIQUES

1.4 L ES PRINCIPALES MÉTHODES DE CALCUL DES TUNNELS ET LEUR APPLICATION AUX S.I.R.T

1.4.5 La modélisation numérique des tunnels

Dans l’organisation des études de conception d’un tunnel, les méthodes numériques constituent un complément particulièrement intéressant aux prédimensionnements pouvant être réalisés à partir des démarches simplifiées empiriques ou analytiques citées précédemment. Les calculs numériques, se basant sur un traitement des équations de base de la mécanique intégrées suivant une discrétisation spatiale et temporelle, permettent d’aborder une large gamme de problèmes et de configurations, incluant des géométries irrégulières, des séquences d’excavation particulières, des modèles rhéologiques du terrain complexes, etc. Ils sont devenus quasiment incontournables dans les projets de tunnel récents, certains codes par éléments finis comme CESAR-LCPC pouvant même être associés à des didacticiels spécifiques automatisant la création des géométries les plus classiques.

1 . 4 . 5 .1 D i f f é r e n ts typ es d’ app r o ch e s n u m é r iq u es

Il existe une variété importante de méthodes numériques, se distinguant par exemple par les schémas d’intégration retenus pour les équations différentielles caractérisant le comportement du milieu. Dans la présente étude on s’intéressera simplement à deux grandes familles de méthodes, pouvant être pertinentes pour les S.I.R.T. en fonction de l’influence des défauts du massif sur son comportement (voir section 1.2.3.7).

Les méthodes numériques discontinues

Les logiciels de calcul utilisant des approches discontinues s’intéressent prioritairement à l’agencement des discontinuités dans l’espace et à la réponse mécanique en résultant. La figure de proue de ces méthodes est l’Universal Distinct Element Code (UDEC), avec sa déclinaison 3D

« 3DEC », développé par Itasca (2000) à partir des travaux précurseurs de Cundall (1971) sur la méthode des éléments distincts. Le milieu est représenté par un assemblage de blocs, rigides ou déformables, pouvant subir des grands déplacements et rotations, les discontinuités étant assimilées à des conditions aux limites pour chaque bloc. Ces programmes étant avant tout destinés à examiner l’influence des comportements structuraux sur la réponse du milieu, plutôt que la déformabilité de la roche intacte, ils proposent en général plusieurs modèles de joints mais un choix limité de lois de comportement de la matrice (cas élastique et cas élastique parfaitement plastique avec critère de Mohr- Coulomb uniquement, pour UDEC). L’intérêt de ces modèles est qu’ils permettent de décrire des phénomènes d’instabilités de blocs qui ne peuvent pas être pris en compte par les méthodes continues ; leur application à des projets réels se heurte toutefois à la difficulté d’appréciation de certains paramètres géométriques comme la persistance des discontinuités. La Figure 27 présente un exemple d’application de la méthode des éléments distincts au calcul d’une fondation, utilisant une géométrie de massif simplifiée.

Figure 27 : Exemple d'utilisation d'un calcul par éléments distincts (UDEC) pour le calcul des déplacements au voisinage d'une fondation (d'après Alfonsi et al. (2006))

Les méthodes numériques continues

À l’opposé, les méthodes numériques continues modélisent le terrain comme un milieu sans discontinuités (ou en nombre très limité, pouvant être définies par des conditions de contact) et ne sont pas adaptées aux situations où la structure du massif rocheux joue un rôle prépondérant. Dans certains cas, leur usage peut nécessiter une étape préalable d’homogénéisation, par exemple en ajustant empiriquement les paramètres de déformabilité ou de rupture (voir section 1.3.4.1) ou en déterminant

numériquement le comportement homogénéisé d’un volume élémentaire représentatif (Pouya &

Ghoreychi (2001) e.g.).

La méthode la plus utilisée à ce jour reste la méthode des éléments finis. Son principe est d’utiliser une formulation variationnelle pour transformer les équations différentielles du problème mécanique en un système linéaire d’équations qui sera résolu numériquement (inversion de matrice). La mise en œuvre de cette démarche nécessite une discrétisation spatiale du milieu en éléments polygonaux (maillage) au sein desquels des points de Gauss sont définis. Les champs recherchés (déplacements, contraintes, pression interstitielle, etc.) sont déterminés au niveau des points d’intégration et interpolés dans l’espace intermédiaire. On se reportera aux traités d’éléments finis comme celui de Zienkiewicz (1979) pour le détail de la méthode, ou à Bourgeois et al. (2005) par exemple pour un résumé simplifié de l’organisation de la résolution des problèmes élastoplastiques.

La méthode des éléments finis est celle qui a été utilisée pour les calculs numériques de ce mémoire, au moyen du logiciel CESAR-LCPC. Elle présente l’avantage d’être une méthode d’intégration très générale, qui peut être adaptée à une grande variété de modèles de comportement, y compris les phénomènes de couplage hydromécanique, et qui supporte des géométries complexes pourvu qu’un maillage adéquat ait été établi. Elle permet également un phasage des sollicitations, et peut être utilisée pour modéliser des séquences d’excavation.

1 . 4 . 5 .2 C o m m e n t m od é l i s er l e cr e u s e m e n t d ’ u n tu n n e l ?

Comme cela a été souligné antérieurement, le creusement d’un tunnel est typiquement un problème à trois dimensions géométriques. Néanmoins, comme les modèles 3D sont sensiblement plus complexes dans l’établissement du maillage et des phasages d’excavation et nettement plus consommateurs de temps de calcul, l’alternative 2D reste courante en travaux souterrains.

 La simulation numérique du creusement en 2D

Les modèles numériques en deux dimensions pour les tunnels considèrent usuellement l’hypothèse de déformation plane. Leur intérêt par rapport à une démarche analytique comme la méthode convergence-confinement, également en déformation plane, est de permettre d’étudier plus rigoureusement des cas ne relevant pas de l’axisymétrie :

- formes de tunnels non circulaires (fer à cheval e.g.) ; - anisotropie des contraintes initiales ;

- influence des effets gravitaires (tunnel à faible profondeur e.g.), etc.

ou encore d’incorporer des modèles de comportement complexes pour lesquels il n’existe pas de résolution analytique simple.

Comme dans le cas de la méthode convergence-confinement, l’inconvénient de ces modèles 2D est qu’ils ne sont valables que pour un profil situé loin du front de taille. Ils ne sont donc pas capables de reproduire l’influence de la proximité et du mouvement du front, et les éventuelles séquences d’excavation ne peuvent être abordées que de manière simplifiée. Pour la pose du soutènement, il est alors nécessaire de déterminer un taux de déconfinement, correspondant à la pression fictive atteinte à une distance donnée du front, par exemple en utilisant l’une des méthodes simplifiées recensées dans la section 1.4.4.3. Cet inconvénient rend la pertinence des modèles 2D discutable dans des cas

techniques de creusement élaborées sont utilisées (prédécoupage e.g., voir Bourgeois (2002) par exemple).

 La simulation numérique du creusement en 3D ou en 2D axisymétrique

Les modélisations en 3D ou en 2D axisymétrique permettent en revanche de bien appréhender la réalité de l’excavation, en simulant la vitesse d’avancement du tunnel, des séquences de pose du soutènement, éventuellement des excavations en section divisée (cas 3D uniquement), etc. Pour les modèles par éléments finis, on relève dans la littérature deux approches principales pour représenter le creusement :

- La méthode d’activation-désactivation, ou creusement pas-à-pas, est la plus classique, probablement parce qu’elle ne requiert que peu d’adaptation du code numérique utilisé. Il s’agit d’un simple phasage du calcul, chaque étape correspondant à une activation ou désactivation d’une partie du maillage 3D pour simuler l’excavation et le soutènement (voir Figure 28). L’opération de désactivation peut s’effectuer par exemple en réduisant fortement la rigidité des éléments affectés par la phase de construction considérée (Bernaud et al. (1994) e.g.). Comme le creusement et la pose du soutènement à une distance définie du front sont directement modélisés, il n’est plus nécessaire de calculer des taux de déconfinement. Les formulations de Gärber (2003) présentées antérieurement ont par exemple été établies à partir d’un modèle numérique utilisant la méthode d’activation-désactivation. Cette technique présente l’avantage d’être très souple, permettant de représenter des séquences de creusement complexes. Son principal inconvénient est de requérir un modèle relativement grand pour s’affranchir des effets de bord, ainsi qu’un maillage fin tout au long de la zone de creusement. Il est en outre souvent nécessaire de modéliser plusieurs étapes de creusement avant d’obtenir des résultats représentatifs. Les temps de calcul sont donc en général très longs.

(a) (b)

Figure 28 : Deux exemples de maillage 3D pour une modélisation du creusement "pas-à-pas" : (a) Maillage (éclaté) utilisé pour représenter une excavation par prédécoupage mécanique dans

Bourgeois (2002)

(b) Maillage employé pour modéliser un renforcement du front par boulonnage dans Bourgeois et al.

(2002)

- La méthode stationnaire adopte un point de vue différent, s’attachant au repère mobile centré sur le front de taille du tunnel. Au lieu d’éliminer des éléments de maillage à chaque phasage d’excavation, le modèle géométrique considéré est autorisé à se déplacer en simultané du front, à chaque pas de temps. Cette méthode est par exemple utilisée par Kielbassa & Duddeck (1991) pour évaluer les déformations à proximité du front de taille.

Anagnostou (1995) en propose une adaptation au cas des problèmes biphasiques (couplage hydromécanique). Relativement élégante, cette méthode permet de limiter l’affinement du maillage à la proximité du front de taille et de permettre des calculs plus rapides. Elle reste toutefois généralement limitée à des vitesses de creusement constantes et à des séquences d’excavation relativement simples, assurant approximativement une répétabilité de la situation géométrique entre chaque pas de temps.

En complément, on notera que, quelle que soit la méthode de modélisation choisie, toute simulation de creusement nécessite une réflexion sur les valeurs de pas de temps et de chargement retenues, en particulier pour les calculs couplés. S’il est bien connu que la qualité des résultats issus des modèles de consolidation tend à augmenter avec la réduction des pas de temps, il est moins évident qu’une limite inférieure existe, en deçà de laquelle la précision des prédictions de pression interstitielle est discutable (apparition d’oscillations). Ainsi, en examinant le cas d’une intégration temporelle réalisée par une -méthode et en considérant que pour un nœud donné l’incrément de pression interstitielle doit rester inférieur à celui de contrainte totale, Vermeer & Verruijt (1981) dérivent un critère de pas de temps minimal pour la consolidation unidimensionnelle sous la forme :

 

2

1

6 v

t h

C

  

 (1.49)

où : h est la distance entre deux points d’intégration (m)

est le coefficient utilisé pour l’intégration temporelle par -méthode (0 ≤ ≤ 1) Cv est le coefficient de consolidation (m2/s)

Diverses extensions de ce critère en 2D, considérant plusieurs types d’éléments finis (rectangulaires / triangulaires) et intégrant des formulations pour les sols non saturés, sont proposées par Gatmiri &

Magnin (1994).

1 . 4 . 5 .3 I n té r ê ts e t d i f f i cu l té s d e s m é th o d es n um é r i q u es

Le principal attrait des méthodes numériques apparaît donc comme étant leur capacité à résoudre des problèmes difficiles n’admettant pas de formulation analytique simple. Le développement progressif des moyens informatiques et d’interfaces visuelles conviviales a permis en outre à l’utilisateur de limiter le temps nécessaire à la préparation du modèle, aux calculs, et à la visualisation des résultats même si les géométries complexes (tri-dimensionnelles en particulier) restent assez longues à reproduire. Vis-à-vis du creusement des tunnels, outre les possibilités étendues de simulation des techniques d’excavation citées antérieurement, les méthodes numériques constituent souvent le seul référentiel disponible pour évaluer la pertinence de démarches de calcul simplifiées comme la méthode convergence-confinement (du fait de la difficulté des mesures in situ), voire pour établir certaines solutions approchées (comme le profil longitudinal de convergence en paroi).

configurations simplifiées permettent de tester la validité des programmes de calcul en fournissant les valeurs théoriques supposées être obtenues in fine par le logiciel (voir Mestat & Humbert (2001) e.g.).

Néanmoins, on notera que le côté « clef en main » des codes de calcul récents tend souvent à occulter les multiples sources d’erreur susceptibles d’entacher les analyses numériques. En particulier, Mestat et al. (2000) proposent un panorama complet des différentes déviations qui peuvent se manifester et qui justifient l’erreur de calcul finale par rapport au comportement réel :

- l’erreur de modèle : elle est liée à la manière dont le problème à résoudre est abordé géométriquement et décrit dans le modèle géotechnique. Par exemple, la représentation du creusement d’un tunnel en 2D va introduire une erreur de modèle par rapport à la réalité tridimensionnelle du problème. Une loi de comportement inadaptée au matériau modélisé constitue un autre exemple typique ;

- l’erreur de données : elle est principalement provoquée par l’usage de paramètres de calcul erronés. Outre les fautes de frappe lors de la saisie, il s’agit usuellement d’une évaluation déficiente des paramètres mécaniques et hydrauliques, soit parce qu’ils sont difficiles à déterminer à partir de l’étude géotechnique, soit parce qu’ils présentent une variabilité importante qui n’a pas pu être représentée ;

- l’erreur de discrétisation : elle est liée principalement à la qualité du maillage, qui doit être adapté aux phénomènes analysés et garantir une densité suffisante dans les zones les plus sollicitées (à proximité de la paroi du tunnel ou du front par exemple). Un exemple typique est l’usage d’éléments de forme irrégulière ou très élancés, ou un maillage trop grossier au contact de couches de rigidité différente. Un maillage réalisé dans les règles (Mestat (1997)) permet usuellement de limiter ces difficultés ;

- l’erreur de convergence : pour les problèmes résolus par une méthode itérative, elle qualifie l’écart entre la solution finale (convergée) et la solution obtenue à une itération donnée. Elle dépend de la tolérance fixée au moment du calcul pour qualifier la convergence et de la manière dont le chargement a été découpé.

Ainsi, idéalement, toute approche numérique doit être accompagnée d’études paramétriques permettant de qualifier la sensibilité du modèle aux différents facteurs d’erreur. Dans le cas des S.I.R.T., de telles études revêtent une importance d’autant plus marquée que la variabilité spatiale de certains paramètres peut être importante (modules e.g.), augmentant la part de l’erreur de données.