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2. Autisme et comportements-problèmes

2.1. Définition et nature des comportements-problèmes

Les troubles du comportement ou « comportements-problèmes » ne font pas partie des critères diagnostiques de l’autisme mais y sont très fréquemment associés. Ils constituent une préoccupation majeure pour les professionnels qui accompagnent les personnes avec autisme du fait de leurs impacts néfastes sur l’intégration sociale et l’adaptation à l’environnement.

Pour l’ANESM (2010), est considéré comme « comportement-problème » : « tout ce qui constitue une gêne notable, intense, répétée, durable ou qui présente un danger pour la personne avec autisme ou autres TED, ainsi que pour son environnement et qui compromet ses apprentissages, son adaptation et son intégration sociales » (p. 32). Les comportements-problèmes, qui font partie intégrante de la description clinique de l’autisme, font l’objet de nombreux travaux de recherche depuis plusieurs années.

Tassé, Sabourin, Garcin et Lecavalier (2010), après avoir fait le constat d’une absence de définition universelle des troubles du comportement des personnes avec autisme et déficience intellectuelle, se sont employés à définir et à distinguer un trouble du comportement d’un trouble grave du comportement. Ils ont ainsi proposé des définitions précises reposant sur un consensus de 69 experts visant une meilleure identification des troubles mais aussi une meilleure évaluation de leurs impacts sur la personne et son environnement. Selon ces auteurs, un trouble du comportement se définit comme une « action ou ensemble d’actions qui est jugé problématique parce

72 qu’il s’écarte des normes sociales, culturelles ou développementales et qui est préjudiciable à la personne ou à son environnement social ou physique ». « Un trouble du comportement est jugé grave s’il met en danger, réellement ou potentiellement, l’intégrité physique ou psychologique de la personne, d’autrui ou de l’environnement ou qu’il compromet sa liberté, son intégration ou ses liens sociaux ». (Tassée et al., 2010, p. 68). Cette étude a également permis d’identifier 14 indicateurs associés aux troubles du comportement, permettant d’évaluer la gravité des comportements-problèmes.

L’appellation des troubles du comportement varie suivant les auteurs (L’Abbé

& Morin, 1999). On trouve ainsi différentes terminologies au travers de la littérature :

« challenging behaviours » ou « comportements-défis » (Emerson, 2001), « troubles du comportement », « comportements-problèmes » ou « problems behaviors » dans la littérature anglo-saxonne, ou encore « comportements-problématiques » et

« comportements destructeurs » (Borthwick-Duffy, 1994). Ils constituent un vaste domaine d’étude et la façon d’appréhender les troubles varie en fonction de la perspective des auteurs. Nous opterons pour le terme « comportement-problème » qui est celui le plus communément mentionné à l’heure actuelle et celui utilisé par la Haute Autorité de Santé (2011) relativement aux adultes avec autisme. Pour l’ANESM (2010),

« La dénomination « comportement-problème » a été choisie parmi d’autres formulations, soulignant ainsi que le comportement de la personne représente un problème à résoudre pour la famille et l’ensemble des intervenants, qui doivent se mobiliser pour trouver des solutions. Le comportement en cause n’est donc pas considéré seulement comme un problème caractéristique de la personne » (p. 32).

Si l’on s’intéresse aux différents types de comportements-problèmes, il s’avère qu’ils apparaissent sous des formes très diverses et qu’ils recouvrent un large panel d’expressions. De nombreux auteurs se sont penchés sur la description des comportements-problèmes (Tréhin & Laxer, 2001 ; Recordon-Gaboriaud, 2007, 2008 ; Willaye & Magerotte, 2008). Les principales catégories de troubles répertoriées sont les suivantes :

 L’auto-agressivité ou l’automutilation. Elle fait référence à des comportements qui peuvent nuire à l’intégrité physique de la personne comme se griffer, se mordre, s’arracher les cheveux, les ongles, se frapper, etc. L’automutilation peut

73 aller de simples égratignures jusqu’à des comportements pouvant mettre en jeu le pronostic vital de la personne ;

 L’hétéro-agressivité. Dans ce cas, c’est l’intégrité physique de l’entourage (famille, professionnels, etc.) qui peut être en jeu. Des coups, gifles, griffures, morsures, pincements, etc. peuvent être dirigés vers l’entourage. Là aussi, le degré de sévérité de l’acte hétéro-agressif peut être très variable en termes d’impacts physiques mais aussi psychologiques sur la personne qui en est victime ;

 Les destructions matérielles. Il s’agit en général de bris d’objets, de mobilier, de déchirages, etc. ;

 Les autostimulations et stéréotypies. Elles recouvrent des expressions multiples comme agiter un objet, émettre des sons, grincer des dents, se balancer, sauter sur place, etc. Elles ne constituent en général pas un danger pour la personne qui les présente mais elles peuvent entraîner une gêne pour l’entourage ou une entrave pour les apprentissages de la personne et sa mobilisation dans des activités ;

 Les conduites sociales et sexuelles déviantes comme fuguer, se déshabiller, crier, se masturber en public.

La sévérité des comportements-problèmes est donc liée à la nature du trouble mais elle peut également évoluer en fonction du temps et du contexte dans lequel le comportement- problème se produit. Selon la HAS (2011), « les comportements sont d’ailleurs souvent problèmes dans un environnement particulier » (p. 45).

Degenne-Richard & Fiard (2011) montrent que la personne adulte avec autisme peut se trouver dans différentes situations durant sa trajectoire de vie et que l’intensité du (ou des) comportement(s)-problème(s) varie chez une même personne.

74 La figure ci-après illustre les cinq types de situations observées chez la personne avec autisme :

(I : intensité ; t : temps)

Figure 5 : Situations comportementales observées chez la personne avec autisme, Degenne-Richard & Fiard, 2011

 Les courbes 1 et 2 témoignent de situations sans difficulté adaptative. La personne ne présente pas de difficultés comportementales particulières.

 La situation 3 correspond à un comportement-problème qui ne perdure pas : il s’estompe avec le temps avec ou sans action de l’entourage.

 La situation 4 correspond à un état de crise qui se caractérise par une exacerbation des comportements-problèmes en fréquence et en intensité. L’état de la personne rend inefficace les actions de l’entourage et dépasse les ressources du milieu. « On parle donc de crise lorsqu’il est perçu une rupture de continuité dans l’habitus du sujet (…). Lespassages à l’acte tendent à introduire un « changement » susceptible de contrecarrer un phénomène qu’on ne maîtrise pas tant au niveau de son origine, de sa gestion au quotidien que de son contrôle » (Degenne-Richard & Fiard, 2011, p. 57).

 La situation 5 est représentative d’une réalité souvent observée où coexistent des comportements-problèmes et des situations de crise.

Crise

Champ des comportements-

cibles Infra clinique

1 3 5 2 4

t e I

n

75