2. Etude des profils sensoriels selon les réactivités sensorielles et les
2.2. Sévérité des perturbations sensorielles des suje ts de l’étude et effets de
156 Les troubles gustatifs sont les moins représentés dans la population de l’étude mais ils concernent toutefois quasiment 60% des sujets de l’échantillon. Les résultats ne soulignent pas de liaison entre un type de perturbation particulier et la modalité gustative.
A contrario, ils montrent une attraction entre la réactivité commune (c'est-à-dire une absence de perturbation) et le goût.
Enfin, du point de vue de la réactivité générale (toutes modalités confondues), 81% des sujets sont considérés comme ayant des perturbations sensorielles caractérisées majoritairement par des hyporéactivités (TXL = +0,15). Les sujets ont tendance à peu réagir aux stimuli environnementaux.
2.1.4. Analyse inférentielle
Les résultats issus de cette analyse descriptive des taux de liaison intermodalités permettent de conclure qu’il existe bien une relation entre la réactivité sensorielle et les modalités sensorielles des adultes avec autisme. Les résultats trouvés pour les 118 sujets peuvent être généralisés à une population plus vaste (χ2[28] = 114,67 ; p < .001).
2.2. Sévérité des perturbations sensorielles des sujets de l’étude et effets de leurs
157 Tableau 12 : codage des données en 3 valeurs numériques
Les données d’observations recueillies relatives à la variable quantitative
« sévérité des perturbations sensorielles » sont mises en relation avec la variable qualitative « modalité sensorielle étudiée » pour être ensuite dénombrées et analysées.
La somme des valeurs obtenues pour chaque modalité sensorielle permet d’obtenir un score total pour chaque sujet qui correspond à son niveau de perturbation sensorielle. Pour rappel, 8 modalités sensorielles sont évaluées et pour chaque modalité, un score de 0, 1 ou 2 peut être obtenu. Le score peut donc varier de 0 à 16 : 0 reflétant une absence de perturbation sensorielle et donc un profil d’adaptation sensorielle et 16 étant le niveau de perturbation sensorielle maximal.
Le niveau de perturbation sensorielle peut être représenté sur un continuum sensoriel allant de 0 à 16 en fonction des seuils suivants :
Score total et profil correspondant : 0 : absence de perturbation
De 1 à 8 : profil sensoriel légèrement à moyennement perturbé De 9 à 16 : profil sensoriel sévèrement perturbé
Critères de cotation Cotations Valeurs
numériques
absence de cotation NR 0
plutôt hyporéactif 1,5 1
hyporéactif 1 2
plutôt hyperréactif 2,5 1
hyperréactif 3 2
plutôt hyporéactif et plutôt hyperréactif
1,5 et 2,5 ou 1,5 et 3 ou 1
et 2,5 1
hyporéactif et
hyperréactif 1 et 3 2
réactivité commune 2 0
158 2.2.2. Niveau de sévérité des perturbations sensorielles de l’échantillon
Tout d’abord, nous avons étudié la sévérité des troubles sensoriels des 118 sujets de l’étude :
Aucun sujet n’obtient un score total de 0 équivalent à une absence de troubles sensoriels. Toutefois, un sujet obtient un score de 1 et 5 sujets ont un score total de 2.
Ces scores correspondent à des profils sensoriels très légèrement perturbés. Si l’on considère l’ensemble de l’échantillon, 46% des sujets (54/118) présentent un profil sensoriel légèrement à moyennement perturbé (score total compris entre 1 et 8) et 54%
des sujets (64/118) ont des perturbations sensorielles jugées sévères (score total supérieur ou égal à 9).
La distribution des individus en fonction de leurs scores de sévérité sensorielle souligne une distribution bimodale prédominante sur les valeurs 7 et 9 qui correspondent à des scores de sévérité de perturbation sensorielle qui se situent juste autour de la moyenne. Beaucoup moins de sujets ont un score de sévérité moyen égal à 8 (voir figure 17).
Figure 17 : Nombre de sujets en fonction du score total de perturbations sensorielles
0 2 4 6 8 10 12 14 16
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16
Nombre de sujets
Score total de perturbations sensorielles
159 2.2.3. Étude du lien entre la sévérité des perturbations sensorielles et les
caractéristiques des sujets
Les données le permettant, des statistiques inférentielles ont été mises en œuvre sur l’ensemble des scores obtenus et selon les caractéristiques de sujets via le recours aux tests T de Student et Anova : test F de Fisher-Snedecor.
2.2.3.1. Effet du genre et de l’âge
Bien que les femmes obtiennent des scores légèrement supérieurs (n = 39 ; moyenne = 9.59 ; écart-type = 3.37) à ceux des hommes (n = 79 ; moyenne = 8.40 ; écart-type = 3.84), la différence n’est pas significative de même en ce qui concerne l’âge (voir annexe 9 : Etude des profils sensoriels).
Moyenne
Moyenne±0,95 Intervalle Conf.
41 ans et + 31-40 ans 21-30 ans 16-20 ans
Age 0
2 4 6 8 10 12 14 16
Score Moyen
Figure 18 : Scores moyens selon l’âge
Les analyses réalisées pour étudier l’effet du genre et de l’âge des sujets nous amènent à réfuter l’hypothèse (4) selon laquelle la fréquence des anomalies sensorielles et leur intensité varient en fonction des caractéristiques des sujets : âge, sexe.
2.2.3.2. Effet du trouble autistique
Trouble autistique
Scores Moyennes
Scores N
Scores Ec-Types
Léger/Modéré 6.47 19 3.79
Sévère 9.27 98 3.56
TsGrpes 8.81 117 3.73
Tableau 13 : Scores moyens selon la sévérité du trouble autistique Age Scores
Moyennes
Scores N
Scores Ec-Types
16-20 ans 10.12 17 3.18
21-30 ans 7.93 46 3.39
31-40 ans 8.88 33 3.85
41 ans et + 9.41 22 4.34
TsGrpes 8.79 118 3.72
160 Bien que les sujets atteints de troubles autistiques légers soient les moins nombreux, la dispersion des scores est équivalente à celle obtenue avec les sujets dont les troubles sont plus sévères. Ces derniers ont des scores moyens plus élevés (différence significative : t[115] = 3.10 ; p < 0.002). Ces résultats montrent donc que chez les personnes adultes avec autisme, la sévérité du trouble autistique est en lien avec le niveau de perturbation sensorielle : plus le trouble autistique est sévère, plus la perturbation sensorielle l’est aussi.
2.2.3.3. Effet du retard mental
Retard Mental Scores Moyennes
Scores N
Scores Ec-Types
Moyen 7.18 11 4.29
Grave 8.35 31 3.87
Profond 9.60 45 3.68
Non Spécifié 8.61 31 3.30
TsGrpes 8.79 118 3.72
Tableau 14 : Scores moyens selon le retard mental
Bien que les sujets qui ont un retard mental moindre sont ceux qui obtiennent les scores les moins élevés, la différence est non significative entre les 4 groupes. Le retard mental ne peut donc pas être considéré comme un facteur aggravant les troubles sensoriels (voir annexe 9).
Les analyses réalisées nous ont permis de vérifier l’hypothèse (5) selon laquelle le degré de sévérité des troubles autistiques (autisme léger à moyen ou sévère) est en lien avec l’intensité des troubles sensoriels. Cependant, elles n’ont pas permis de démontrer que la sévérité du retard mental (moyen à profond) est en lien avec l’intensité des troubles sensoriels.
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