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5.2 Traitement Compositionnel de la Dynamicité

5.2.4 Liens avec Nessie

Comme nous le verrons au chapitre suivant, il est facile avecNessiede calculer des représen- tations sémantiques telles que celles qui ont été calculées précédemment. En attendant de voir comment y parvenir, nous aimerions faire remarquer deux points qui nous semblent importants.

D’une part, rappelons que nous avons donné au chapitre 2 deux versions de l’algorithme de construction de représentations sémantiques. La première version faisait l’hypothèse que toutes les occurrences d’un lexème dans un arbre syntaxique avaient des représentations α- équivalentes, tandis que la deuxième permettait de traiter des théories sémantiques qui affectent des représentations nonα-équivalentes à différentes occurrences d’un même lexème. Il convient de remarquer que, dans le traitement compositionnel de la dynamicité, toutes les occurrences d’un lexème ont des représentationsα-équivalentes. De ce fait, la première version de l’algo- rithme présenté au chapitre 2 aurait été suffisante pour traiter le formalisme qui a été introduit dans (de Groote, 2006) et ce n’est pas ce formalisme qui a nécessité le passage de la première à la seconde version de l’algorithme de construction sémantique. Ainsi, bien que l’implantation dont nous allons parler au chapitre suivant utilise la seconde version de l’algorithme de construction sémantique, ce n’est que pour des raisons de simplicité, et on aurait tout aussi bien pu utiliser la première version de l’algorithme pour traiter les représentations à base de contextes et de continuations.

D’autre part, nous aimerions établir des rapprochements entre (de Groote, 2006) et la seconde version de l’algorithme de construction sémantique, c’est-à-dire celle effectivement implantée dansNessie. Plus précisément, ces rapprochements concernent les environnements de typage introduits au chapitre 2 et les contextes, objets de typeγ, utilisés dans (de Groote, 2006). Rap- pelons qu’un environnement donne un type à des constantes et à des variables. Or, nous avons vu qu’un contexte, en tout cas tel qu’envisagé jusqu’ici, n’est rien d’autre qu’un ensemble fini d’entités. En d’autres termes, un contexte peut être vu comme un ensemble de constantes et de variables de typeι, c’est-à-dire une sorte d’environnement dans lequel tous les objets seraient de typeι. Un environnement peut donc être compris comme une généralisation de la notion de contexte introduite jusqu’ici, dans le sens où un environnement ne se restreint pas à des objets d’un seul type. Rien n’empêche cependant de définir des contextes plus riches, contenant des

objets de plusieurs types. Il n’est cependant pas évident que l’on pourrait simuler à l’aide de contextes notre notion d’environnement, puisqu’il faudrait pour cela que les contextes puissent contenir des constantes et variables de typesarbitrairesnon prévus à l’avance. Cependant, le fait que les contextes ne disposent pas d’une telle propriété ne suffit pas à rendre les environnements préférables, et cela pour deux raisons.

La première raison est que nous ne connaissons pas, pour l’instant, d’application où l’on pourrait avoir besoin de contextes pouvant contenir des données de n’importe quel type, c’est-à- dire de contextes véritablement polymorphes. La deuxième raison est que les contextes ont sur les environnements de Nessieun avantage décisif, que nous allons tâcher d’expliquer main- tenant. Comme nous l’avons vu précédemment, l’encodage de la DRT de (Muskens, 1996c) permet certes de vérifier qu’une DRS vérifie les contraintes d’accessibilité, mais n’empêche pas la construction de DRSs qui ne les vérifient pas. Ainsi, pour le discours « John does not own a donkey. He beats *it. », si l’individu introduit par « a donkey » est représenté par la constanteu2

de typeπ, rien n’empêche de faire référence à cette constante dans la seconde phrase et en par- ticulier de l’utiliser lors de la résolution anaphorique du pronom « it ». Il sera certes possible de prévoir qu’une telle DRS viole les contraintes d’accessibilité, mais on ne peut pas garantir, sans vérification explicite, qu’un terme donné vérifiepar constructionles contraintes d’accessibilité.

Or il en va tout autrement dans la proposition de (de Groote, 2006), où les contextes sont internalisés. Dans cette théorie, l’ensemble des entités accessibles et l’ensemble des constantes et variables apparaissant dans un environnement de typage sont distingués l’un de l’autre, et l’ensemble des individus accessibles, c’est-à-dire le contexte, devient un « citoyen de première classe », manipulable au sein de la théorie exactement comme le sont les autres objets. Il est donc possible de passer à chaque représentation sémantique un contexte, c’est-à-dire l’ensemble des individus accessibles, ce qui permet de garantir par construction que les contraintes d’ac- cessibilité sont respectées, et cela indépendemment des algorithmes utilisés pour résoudre les anaphores. Dans l’exemple qui vient d’être donné, les continuations et les contextes permettent de modéliser l’individu introduit par « a donkey » par une variable que l’on peut ou non faire apparaître dans le contexte passé à la phrase suivante. Si cette variable n’apparaît pas dans le contexte passé à « He beats it. », on peut garantir que, par construction, le terme représentant cette phrase respecte les contraintes d’accessibilité, et cela en particulier parce que le contexte utilisé lors de la résolution anaphorique du pronom « it » ne contient pas l’individu introduit par

« a donkey ».

En résumé, nous pouvons dire que la notion d’environnement global et « dynamique » (c’est- à-dire s’enrichissant de nouvelles constantes pendant le parcours de l’arbre syntaxique) qui a été introduite dans Nessieest certes utile pour des théories traitant la dynamicité en donnant des représentations nonα-équivalentes à différentes occurrences d’un même lexème, mais que cette notion d’environnement n’est pas nécessaire à tous les traitements de la dynamicité. En effet, comme le montre l’approche introduite dans (de Groote, 2006), la dynamicité peut être traitée de façon complètement compositionnelle, sans qu’il soit nécessaire de donner à différentes oc- currences d’un même lexème des représentations non α-équivalentes, et en distinguant, d’une part les environnements de typage et, d’autre part, les contextes qui gardent trace d’un ensemble d’entités accessibles à un moment donné du processus de construction sémantique.

Calculer automatiquement la représentation des discours

Au début du chapitre précédent, nous avons expliqué que, pour poursuivre les expérimenta- tions qui doivent nous permettre de répondre à la question de la pertinence de TYnen séman- tique computationnelle, il était nécessaire de disposer d’un moyen de construire composition- nellement la sémantique de discours. C’est cette constatation qui nous a amenés à présenter, au chapitre précédent, deux outils développés dans le cadre de la sémantique formelle et qui permettent de calculer compositionnellement la sémantique de discours constitués de plusieurs phrases, à savoir la DRT compositionnelle introduite dans (Muskens, 1996c) et le traitement compositionnel de la dynamicité introduit dans (de Groote, 2006). La présentation de ces ou- tils qui a été donnée nous a certes permis d’en établir certaines propriétés, mais une mise en œuvre effective demeure à notre avis indispensable pour se faire une idée précise de l’intérêt que peuvent avoir ces outils sur le plan computationnel. En outre, si nous voulons les utiliser pour entreprendre des expérimentations telles que celles qui ont été menées au chapitre 4, disposer d’une version opérationnelle de ces outils est nécessaire.

C’est donc à la mise en œuvre de la DRT compositionnelle et du traitement composition- nel de la dynamicité qu’est consacrée une partie importante de ce chapitre. Puisque cette mise en œuvre est effectuée au sein de la version modifiée deCurtdéveloppée au chapitre 3, nous commençons, à la section 6.1, par présenter les quelques modifications qu’il a été nécessaire d’apporter à la grammaire obtenue à la fin du chapitre 3 pour que les arbres syntaxiques qu’elle produit puissent être utilisés avec les deux formalismes considérés ici. Cette section sera aussi l’occasion d’une discussion d’ordre plus général sur la conception de grammaires utilisables avec plusieurs formalismes sémantiques. Nous montrerons en particulier en quoi l’utilisation d’un outil tel que Nessie facilite aussi celle d’une même grammaire avec plusieurs forma- lismes sémantiques, et nous ferons quelques suggestions permettant de rendre une grammaire aussi indépendante que possible d’un formalisme sémantique spécifique. Dans les sections 6.2 et 6.3, nous présentons tour à tour l’implantation de la DRT compositionnelle puis celle du trai- tement compositionnel de la dynamicité. Enfin, dans la section 6.4, nous nous appuyons sur le travail réalisé dans la section précédente pour entreprendre l’étude de la résolution d’anaphores dans TYn. Ce faisant, nous poursuivons les expérimentations entreprises au chapitre 4, mais cette fois dans un cadre plus général, puisque nous ne sommes plus limités à la construction de la sémantique de phrases isolées et pouvons désormais construire celle de discours constitués de plusieurs phrases. Comme on pourra le constater, la résolution d’anaphores, au-delà de son utilité immédiate, nous apportera d’autres éléments de réponse à la question de la pertinence de

TYnen sémantique computationnelle, centrale dans cette thèse. En section 6.5, nous ferons un bilan de ces éléments de réponse, ainsi que des enseignements qui peuvent être tirés de la mise en œuvre des deux théories sémantiques.

6.1 La grammaire et les arbres syntaxiques associés

Pour illustrer les approches qu’ils proposent pour calculer compositionnellement des repré- sentations sémantiques de discours, Muskens et de Groote s’appuient chacun sur une grammaire de très petite taille qui leurs permet de montrer comment se fait le passage de la syntaxe à la sé- mantique. Pour notre part, nous faisons ici le choix de n’utiliser aucune de ces deux grammaires, mais plutôt de nous en tenir à celle que nous avons utilisée précédemment pour la validation de Nessie. Ce choix a plusieurs justifications, dont la première est des plus pragmatiques. Déjà en possession d’une grammaire opérationnelle et capable de produire des arbres utilisables par Nessie, pourquoi en adopterions-nous une autre, alors que notre but n’est pas de tester l’inter- face entre syntaxe et sémantique, mais bien la construction sémantique pour plusieurs théories.

De plus, si nous arrivons, à partir d’une même grammaire, à produire des représentations séman- tiques dans plusieurs formalismes différents, cela devrait constituer une preuve assez convain- cante de l’intérêt deNessiepour la comparaison de théories sémantiques.

Nous nous en tenons donc à la grammaire déjà utilisée par Blackburn et Bos dansCurt, que nous avions réutilisée au chapitre 3 après l’avoir modifiée pour qu’elle soit en mesure de produire des arbres utilisables parNessie. Il est cependant nécessaire d’apporter à cette grammaire deux modifications avant d’être en mesure de l’utiliser pour les tâches qui nous intéressent dans ce chapitre. L’une consiste en une amélioration des arbres produits par les coordinations, l’autre est une extension de la grammaire aux pronoms personnels. Cette extension ne sera pas utilisée dans la section 6.2, mais nous commencerons à l’utiliser à la section 6.3 et surtout à la section 6.4.