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Vers des représentations plus pertinentes

3.4 Questions

3.4.2 Vers des représentations plus pertinentes

np([ast:AstNP,coord:_,num:_,gap:G,sem:NP]), {combine(vp:VP,[tv:TV,np:NP])}.

np([ast:A,coord:no,num:sg,gap:[ast:A,np:NP],sem:NP])--> [].

La première règle est celle reconnaissant une question consistant en un groupe nominal inter- rogatif suivi d’une phrase inversée. Si l’on ne s’intéresse qu’à la tête de cette règle, on pourrait penser que l’arbre construit pour la question ne fait intervenir que celui de la phrase inversée, celui du groupe nominal étant en quelque sorte « oublié ». En réalité, les choses ne se passent pas ainsi. En effet, la représentation sémantique du groupe nominal interrogatif, ainsi que son arbre syntaxique sont récupérés et passés à la règle reconnaissant les phrases inversées dans la liste associée àgap:. Puis, comme le montrent la deuxième et la troisième règle (celles défi- nissant sinv et vp), la liste d’attributs associée àgap:est passée telle quelle d’abord au groupe verbal, puis, si celui-ci commence effectivement par un verbe transitif, à la règle reconnaissant le groupe nominal qui doit normalement compléter les groupes verbaux commençant par un verbe transitif. Enfin, si rien n’apparaît après le verbe, la quatrième règle qui reconnaît la chaîne vide peut s’appliquer. Cette règle récupère l’arbre syntaxique et la représentation sémantique qu’elle reçoit dans la liste associée à gap:et les renvoie comme représentation sémantique et arbre syntaxique du groupe nominal suivant le verbe. Notons enfin que les règles 1 et 4 sont les seules à utiliser l’attributgap. Dans toutes les autres règles où il apparaît, il est associé à la liste vide et ne transporte donc aucune information. En outre, comme nous l’avons laissé entendre pré- cédemment, le gap threading était déjà implanté dans la version originale deCurt. Notre seul travail ici consiste à l’avoir modifié de sorte qu’il ne transporte pas seulement des représentations sémantiques, mais aussi les arbres syntaxiques correspondant.

Une fois ces extensions apportées au lexique deNessie et à la grammaire deCurt, nous pouvons tester la construction de représentations sémantiques parNessiepour les questions, et comparer les représentations obtenues à celles produites parCurtselon la procédure maintenant familière. Pour ce test, nous utilisons les 5questions présentes dans la suite de tests deCurt, auxquelles nous en ajoutons4nouvelles. Pour ce petit corpus, nous obtenons bien l’équivalence entre les représentations sémantiques produites par Curtet celles produites parNessie, tant avant qu’après la β-réduction. En outre, le fait que Nessie réduise bien les représentations sémantiques prouve que leur type est correct, ce qui est à notre avis un autre résultat intéressant.

Ce qu’il nous paraît important de retenir de cette première solution aux problèmes posés par les questions, c’est que, bien queNessieait été conçu pour manipuler des représentations sémantiques closes, il est toujours possible, à l’aide de constantes, de prendre en compte des formalismes utilisant des variables libres. Comme nous le verrons aux chapitres 5 et 6, cette possibilité sera abondamment exploitée pour construire des DRSs en utilisant leur encodage dans leλ-calcul proposé par Reinhard Muskens.

tion des questions, et de montrer queNessieest toujours en mesure de construire des représen- tations sémantiques bien typées.

Nous avons fait remarquer dans l’introduction de cette partie sur les questions que le symbole queutilisé par Curt pour représenter les questions ressemblait beaucoup à un lieur, dans la mesure où la variable qu’il prend comme premier argument apparaît libre dans son second et son troisième argument. Nous avons aussi fait remarquer qu’il n’était pas possible de déclarer de nouveaux lieurs dansNessieet c’est pourquoi nous avons décidé de voir ce symbole comme une constante. Il reste cependant une possibilité que nous n’avons pas encore évoquée : celle que quepuisse en réalité être représenté par un lieur qui existe déjà dansNessie. Au premier abord, cette hypothèse peut paraître peu vraisemblable, dans la mesure oùNessien’a pas de lieur liant une variable dans deux termes à la fois.

Revenons pourtant aux représentations sémantiques que nous avions montrées précédem- ment :

1. que(A, person(A), dance(A)) 2. que(A, robber(A), die(A))

3. que(A, person(A), love(mia, A))

Intuitivement, il est clair que l’individu que l’on cherche dans la première représentation sé- mantique est un individu qui est à la fois une personneetqui danse. De la même façon, l’intuition sous-jacente à la seconde (resp. la troisième) représentation est que l’individu cherché est à la fois un voleuret meurt (resp. est à la fois une personneet aimé par Mia). On le voit, le lien entre le second et le troisième argument dequeest de nature conjonctive. Donc, on pourrait tout aussi bien réécrire les représentations précédentes à l’aide d’un symbole de conjonction, ce qui donnerait :

1. que(A, and( person(A), dance(A))) 2. que(A, and( robber(A), die(A))) 3. que(A, and(person(A), love(mia, A)))

Il pourrait sembler que nous n’avons pas changé grand chose, et pourtant... Nous avons ob- tenu des représentations sémantiques dans lesquelles un « lieur »,que, lie une variable dansun terme, et non plusdeux. En outre, il semble clair que ces représentations sémantiques spécifient

« l’ensemble des individus vérifiant les deux propriétés apparaissant dans la conjonction ». C’est pourquoi, il semble assez naturel de considérer que queest effectivement un lieur, qui n’est autre que le lieurλ, évidemment présent dansNessie. Nous pouvons donc donner une nouvelle formulation des représentations sémantiques vues précédemment, cette fois sans leque:

1. lam(A, and( person(A), dance(A))) 2. lam(A, and( robber(A), die(A))) 3. lam(A, and(person(A), love(mia, A)))

Avec cette représentation, il devient clair que le type des valeurs associé aux questions n’est plustcomme pour les phrases, mais plutôte→ tqui est, nous semble-t-il, bien plus légitime, dans le sens où il ne nous paraît pas très naturel qu’une question et une phrase déclarative aient le même type.

Il nous reste à montrer comment on peut modifier le lexique deNessiepour construire ces nouvelles représentations sémantiques. Disons-le tout de suite, il ne sera pas possible, sans bou- leverser la grammaire, d’obtenir exactement des représentations de type e → t. Nous allons donc nous contenter de nous approcher de ce résultat et expliquer comment l’atteindre à partir des représentations sémantiques obtenues.

On remarque tout d’abord qu’il suffit, pour construire une question, de connaître les deux prédicats qui la constituent.

Nous modifions donc le type de la constantequepour la transformer en un « constructeur de question » :

const que : pred -> pred -> t;

C’est dans la déclaration de cette constante que nous n’allons pas jusqu’au bout de notre idée.

En effet, nous devrions déclarer :

const que : pred -> pred -> predt;

mais avec cette seconde déclaration il devient impossible de construire des questions à partir de pronoms interrogatifs suivis de phrases inversées, pour des questions de typage.

Nous modifions ensuite le lexique précédent en déclarant : lemma wh {

family = det;

term = lam P, Q : pred. ( que(P,Q) ) };

family qnp { type = pred;

pattern = lam Q : pred. ( que(_,Q) ) };

lemma person, thing : qnp;

Avec ces quelques modifications, nous pouvons calculer de nouvelles représentations séman- tiques pour les questions considérées précédemment. Les résultats que nous obtenons sont les suivants :

1. que(person,lam(X,dance(X)))

2. que(lam(X,robber(X)),lam(X,die(X))) 3. que(person,lam(X,love(mia,X)))

Certes, comme nous l’avons expliqué ces termes sont vus parNessiecomme étant de type t. Mais rien n’empêche, une fois le résultat final obtenu, de les réécrire. La règle de réécriture à appliquer est simple :

que(P, Q)→λx:e.(P x)∧(Qx)

Une telle règle de réécriture ne pourrait cependant être mise en œuvre au sein même de Nessie. On devrait donc, si l’on souhaitait l’utiliser, recourir à un outil externe ou implan- ter cette règle par nous-mêmes. Nous n’allons pas le faire dans ce chapitre, mais nous verrons

un exemple illustrant notre propos au chapitre 6 lorsque nous voudrons simplifier les DRSs ob- tenues grâce à leur encodage dans la théorie des types tel qu’il a été proposé dans (Muskens, 1996c).

Remarquons pour terminer cette section que le fait de représenter les questions par des termes de typee→t, s’il peut certes être vu comme une amélioration par rapport à la représentation des questions par des termes de typet, n’en demeure pas moins une solution relativement limitée.

Par exemple, une telle représentation n’est pas adéquate pour des questions aussi simples que

« Does Vincent love Mia ? ». Pour un traitement plus élaboré de la sémantique des questions, on pourra par exemple se reporter à (Groenendijk, 2003), où la sémantique des questions est représentée à l’aide de partitions d’ensembles de mondes possibles.