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Organisation de l’irrigation

• L’Union hydraulique des SUMA de Nianga

17 SUMA se sont réunies pour former l’Union des SUMA de la cuvette de Nianga. Celle-ci gère le périmètre de Nianga.

Figure 21 : Organisation de l’Union des SUMA

Le bureau exécutif de l’Union est composé de 6 membres (le président, le trésorier, le secrétaire général et leurs adjoints respectifs). Le bureau est renouvelé tous les deux ans au cours de l’assemblée générale qui réunit les 114 responsables de groupements (figure 21).

Le périmètre de Nianga est divisé en trois grandes zones : le secteur C, le secteur C sud et le casier pilote (figure 20). Chacune de ces zones désigne un responsable par commission. Une commission est donc composée de trois membres représentant chacun une zone du périmètre.

Les trois membres de chaque commission élisent un président de commission qui siégera au conseil d’administration.

Le Conseil d’administration est composé des 17 présidents de SUMA, des 4 présidents de commission et d’1 commissaire aux comptes. Le conseil d’administration peut prendre des décisions au nom de l’Union sans nécessairement convoquer une assemblée générale.

Commission irrigation Commission crédit

Commission Conflits et litiges Commission de commercialisation

110 Groupements 16 SUMA

Groupement Madiu 1

Groupement Madiu 2

Groupement Madiu 3

Groupement Madiu 4 SUMA

de Wuro Madiu Union des SUMA

Bureau éxécutif Conseil d'Administration

• La SUMA de Wuro-Madiu

La SUMA de Wuro-Madiu est une section de la cuvette de Nianga composée de quatre groupements de producteurs :

Le premier groupement, appelé Madiu 1, a été créé en 1975. Il couvre une superficie de 22,58 ha répartie entre 20 attributaires (1 ha /foyre) et située à un peu plus de 7 km de Wuro Madiu.

Le second groupement, Madiu 2, a été créé en 1981, suite à l’extension de la cuvette de Nianga. Il compte 16 attributaires qui se partagent une superficie de 18,08 ha.

En 1984, Madiu 3 est mis en place. 19 personnes se partagent 21,91 ha proches de Wuro- Madiu, toujours à la suite de l’extension de la cuvette de Nianga. La SUMA est alors créée et regroupe les attributaires des trois groupements. Elle gère l’exploitation de 62,57 ha pour 55 attributaires et est dirigée par un bureau composé de 12 membres.

En 1990, la SUMA s’enrichit d’un quatrième groupement, Madiu 4, qui exploite une superficie de 3,5 ha répartie entre 7 chefs de foyre.

Aujourd’hui la SUMA couvre 66,07 ha répartis entre 62 attributaires officiels.

• Les autres PIV de Wuro-Madiu

Le périmètre Kane Cheikh a été aménagé en 1979 par la SAED pour contribuer à la lutte contre la pauvreté en assurant l'autosuffisance alimentaire des populations. Les terres appartenaient au khalife Abdoul Karim BA, membre de la famille Madiu. Le périmètre Kane Cheikh compte 87 attributaires de parcelles, soit 6 ares/producteurs (4 ares officiellement réservés à l'oignon et au gombo, et 2 ares à la tomate). Pour être attributaire de parcelles, il fallait avoir plus de 18 ans et participer au défrichage des terres ou s'acquitter d'une somme de 25000 Fcfa. Ici aussi, les femmes n'avaient pas accès aux parcelles. 4 ha ont été ajoutés en 1981 pour permettre à un plus grand nombre de personnes d'avoir accès à la terre.

En 1990, les villageois décident d'aménager sur la rive droite du Doué le périmètre de Mbure- Madiu pour compenser le retour massif des populations émigrées suite au conflit sénégalo- mauritanien de 1989 et aux perspectives de l'après-barrage. Pour trouver les moyens nécessaires, les populations ont pu compter sur le matériel agricole et le fonds de roulement de la SUMA. De plus, elles ont bénéficié de l'appui du FED pour l’achat de GMP53 et d’intrants. Sur le plan foncier, les terres ayant accueillies le périmètre appartenaient aux

53 Groupe motopompe

familles Madiu et Jaak. Ce PIV compte 165 attributaires à raison de 12 ares/attributaire (8 ares sont réservés officiellement à la culture de l'oignon, et 4 à la culture de tomate). Pour prétendre à une parcelle, il fallait remplir deux critères essentiels : appartenir à une famille patrilinéaire de Wuro-Madiu, y résider, et être présent lors du défrichage des terres ou sinon, s'acquitter d'une somme de 25000 Fcfa. Il faut préciser que les femmes n'avaient pas accès à la terre.

• Les spéculations.

Au niveau de la SUMA, le riz et la tomate constituent les spéculations principales. Par contre, les périmètres de Mbure Madiu et Kane Cheikh sont spécialisés dans les cultures maraîchères (oignon, gombo, tomate). L'oignon et le gombo sont préférés par les paysans car ils gèrent et contrôlent eux-mêmes la production et la commercialisation. La production de tomate est contractualisée avec la SOCAS54 et le paiement est déposé sur le compte bancaire de la SUMA.

• L’entretien du système irrigué.

Le petit entretien des ouvrages consiste à désherber les canaux d'irrigation, à relever les diguettes, etc. Les entretiens collectifs sont effectués pour les gros travaux sur les ouvrages.

La non-participation à ces travaux est passible d'amende mais elles ne sont que rarement exigées. Les entretiens individuels concernent généralement le relèvement des diguettes et le désherbage des canaux tertiaires. Aucune menace ou amende ne pèse sur l'irrigant.

Désengagement de l’État et évolution des rôles de la SUMA

Depuis la création du périmètre de Nianga, l’organisation de l’agriculture irriguée a été fortement modifiée. Entre 1974 et 1984, la SAED s’occupe de tout. Elle intervient au niveau des études, aménage et entretient les casiers, encadre et forme les paysans, leur fournit l’eau, les intrants, les prestations mécaniques et récupère les charges au moment de la commercialisation (A. Lericollais et A. Sarr, 1995). L’agriculteur, autrefois maître de la gestion de sa production, est ainsi presque réduit au statut de simple ouvrier agricole. En 1985, les 36 groupements de producteurs initiaux se regroupent en 11 SUMA. 15 SUMA sont dénombrés en 1988 lors du passage au statut de GIE. Avec la Nouvelle Politique Agricole, la

SAED transfert progressivement ses activités aux organisations paysannes. En 1993, l’Union regroupe 17 SUMA.

Voyons maintenant comment cette évolution du cadre général de production s’est traduite au niveau de la SUMA de Wuro-Madiu.

• Dans le périmètre de Nianga : description de l’évolution des responsabilités entre l’Union et la SUMA de Wuro-Madiu de 1991 à 2002

Cette période a été choisie car elle montre bien l’évolution rapide du système en l’espace d’une décennie. L’évolution des responsabilités entre l’Union et la SUMA est présentée de façon détaillée en annexe 5. Notre propos est ici d’en faire ressortir les principaux points qui seront ensuite utilisés pour notre analyse du champ des irrigants.

Pour le riz

Au début de cette période comme depuis la mise en place de la CNCAS en 1988, avant le début de la campagne, la SAED et les responsables de l’Union se réunissaient pour établir les surfaces cultivables par SUMA (1)55. Le président de la SUMA recevait alors cette information (2) puis il la donnait aux responsables des quatre groupements de producteurs de Wuro-Madiu (3). En théorie, ils devaient alors demander à leur base de faire l’expression de leurs besoins en fonction des surfaces disponibles par groupement. Mais le manque de compétence de la base pour réaliser le calcul de ces besoins faisaient que le plus souvent le président de la SUMA et les responsables de groupement les calculaient eux mêmes (4). Cette expression des besoins était ensuite transférée à l’Union (5). Celle-ci constituait alors un dossier de demande de financement qu’elle faisait viser par la SAED avant de le déposer à la CNCAS (6). La CNCAS délivrait alors des bons (7) que l’Union utilisait ensuite pour payer auprès des fournisseurs les intrants (8 et 9). Les fournisseurs se faisaient ensuite rembourser par la CNCAS (8’ et 8’’). Les intrants étaient alors distribués entre les SUMA (10) qui se chargeaient de les redistribuer vers les échelons inférieurs (11 et 12). Le coût hydraulique était payé directement sur les fonds propres de l’Union auprès des fournisseurs de gasoil. Une fois la récolte effectuée, les sacs de paddy destinés au remboursement de l’emprunt étaient stockés par groupement au niveau d’une base propre à chaque SUMA (13, 14 et 15). L’Union devait

55 les numéros entre parenthèses renvoient à ceux de la figure correspondante (ici figure 22)

alors se charger de le transformer et de le commercialiser pour rembourser les crédits auprès de la CNCAS (16) (figure 22).

Figure 22 : Le processus de financement de la campagne rizicole à Wuro-Madiu entre 1991et 1992

En 1991/199256, l’Union faisait l’ensemble des démarches auprès de la CNCAS pour la demande de crédit de campagne. La somme de crédit s’était alors élevée à près de 160 millions de FCFA. Mais au moment du remboursement du crédit, les présidents des SUMA ont considéré que cette dette n’était pas la leur et l’Union a éprouvé de nombreuses difficultés pour recouvrir ses créances auprès des paysans. Les membres du bureau ont donc demandé aux SUMA de faire directement la demande de financement de campagne auprès de la CNCAS. Cette proposition n’a été acceptée par la banque qu’à la condition que les SUMA possèdent un fonds de garantie. L’Union a donc financé un fonds de garantie de 9 millions pour l’ensemble des 17 SUMA. Chaque SUMA devait alors déposer un dossier de financement auprès de la CNCAS pour prendre en charge le coût hydraulique et les intrants.

Mais, en 1992/1993, les SUMA n’ont pu rembourser leurs dettes à 100%.

Pour la tomate

En 1992, la Socas était le seul interlocuteur de la SUMA. Les responsables des groupements et le président de la SUMA demandaient (1) aux agriculteurs de leur indiquer les surfaces

56 Les crédits de campagne sont octroyés pour neuf mois à partir du mois de juillet (jusque fin mars de l’année Fournisseurs de

gasoil

Union des SUMA de Nianga

Président de la SUMA de Wuro-Madiu

4 groupements de producteurs

Fournisseurs d’intrants CNCAS

membres membres

SAED

Gasoil

3 2

4

1 5

6

7

8

10 9

7’ 7’’

Eau

Légende

relatif à l’eau

échange de bons CNCAS

échange d’argent

échange d’informations

échange d’intrants agricoles

Prise de décision commune - - - Relation (ou action) théorique non réalisée en pratique 13

12

11

qu’ils voulaient cultiver en tomate à la contre-saison froide (2). Un dossier de mise en culture était déposé à la Socas après avoir été avalisé par la SAED (3). La Socas fournissait alors tous les intrants agricoles à la SUMA (4) et l’argent pour le paiement du coût hydraulique à l’Union (5). Ces intrants étaient distribués par le président de la SUMA aux groupements (5) puis par les responsables de groupements aux agriculteurs (6). Le coût hydraulique était payé par l’Union aux fournisseurs de gasoil (6) afin que les parcelles de la SUMA puissent être alimentées en eau (7 et 8). Une fois la tomate à terme, le responsable de la SUMA prévenait la Socas qui envoyait des camions pour récupérer la récolte (9, 10 et 11). Après avoir soldé les comptes de la SUMA, le bénéfice était rendu à la SUMA qui se chargeait de le redistribuer entre ses membres (12).

Figure 23 : Le processus de financement de la campagne tomate entre 1991et 1992

En 2000, la station de pompage est électrifiée. Les dettes des SUMA ont continué de s’accumuler. Une nouvelle politique de la CNCAS a été mise en place qui interdit de prêter à toute SUMA qui n’a pas remboursé 100% de son crédit de la campagne passée. Or, après l’hivernage 2000, rares sont les agriculteurs à avoir remboursé leurs dettes à leur groupement.

Ils pensaient utiliser les résultats de la campagne de tomate suivante pour créditer leur compte CNCAS. Mais l’évacuation de la tomate ne s’est pas bien passée et une partie de la production a pourri dans les cageots attendant les camions de la Socas. Ainsi, à l’hivernage 2001, la SUMA de Wuro-Madiu est fortement endettée. L’Union des SUMA la prévint qu’elle n’est plus éligible au financement CNCAS. Elle ne pouvait pas non plus compter sur la banque

3

Fournisseurs de

gasoil Union des SUMA de

Nianga

Président de la SUMA de Wuro-Madiu

4 groupements de producteurs

Fournisseurs d’intrants CNCA

membres membres

SAED

Gasoil 5

2 6

1

4

5

6

8 7

5

5’’

Eau

Légende

relatif à l’eau

échange de bons CNCAS

échange d’argent

échange d’informations

échange d’intrants agricoles

vente de la production

Prise de décision commune - - - Relation (ou action) théorique

SOCAS

7

9

12 11

10

pour financer la campagne de tomate. Dès lors (3) les agriculteurs ont dû chercher des moyens propres pour financer leurs activités agricoles (4, 4’et 7) (figure 24)

Figure 24 : Le processus de financement des campagnes agricoles depuis 2001

La comparaison des schémas des processus de financement des campagnes agricoles entre 1991 et 2001 montre l’évolution de l’organisation du système irrigué pour accéder aux crédits et la responsabilisation accrue des niveaux les plus bas de la structure : les irrigants.

• Bilan de cette description : évolution du capital économique, social et politique Années Coût hydraulique

(gestionnaire financeur)

Intrants 1991-1992 Union des SUMA

(financement CNCAS)

Union des SUMA (financement CNCAS) 1993-1997 Union des SUMA

(financement sur fonds propres)

SUMA

(financement CNCAS)

1997-2000 SUMA

(financement CNCAS)

SUMA

(financement CNCAS)

2001 Producteurs

(financement individuel)

Producteurs

(financement individuel) Tableau 7 : Evolution de la responsabilité de l’union aux producteurs en 10 ans

SENELEC Union des SUMA de

Nianga

Président de la SUMA de Wuro-Madiu

4 groupements de producteurs

Fournisseurs d’intrants ou

prestataires de services CNCAS

membres

SAED

Electricité

3

2

4

1

5

8

7

9 Eau

Légende

relatif à l’eau

demande de crédit

échange d’argent

échange d’informations

échange d’intrants agricoles

Prise de décision commune - - - Relation (ou action) théorique non réalisée en pratique Autres sources

de crédits

4 5

6

Sur la période décrite, il apparaît que la prise en charge des coûts de production (intrants) et hydraulique pour la riziculture est passée progressivement de la responsabilité de l’Union à celle de la SUMA voire à celle des agriculteurs. Si ce transfert de responsabilité de la gestion de l’aménagement et des crédits de campagne perdure, se pose alors la question de la viabilité du mode de gestion collective de l’aménagement et de la place des organisations paysannes dans le système irrigué (tableau 7).

Au début de cette décennie, le financement institutionnel de la campagne de riz ou de celle de la tomate était basé sur un système de caution solidaire. Les responsables des groupements étaient sensés prélever en fin de campagne le nombre de sacs de riz correspondant à chacun des membres de son groupement. L’ensemble était stocké au niveau d’une base commune à l’ensemble de la SUMA. La SUMA se chargeait ensuite de rembourser ses emprunts auprès de la banque ou de l’Union. Si un membre de groupement de producteurs ne pouvait rembourser sa dette, c’est l’ensemble du groupe qui se trouvait pénalisé. Et ce schéma se reproduisait à chaque niveau du groupement vis à vis de la SUMA, de la SUMA vis à vis de l’Union, et de l’Union vis à vis de la banque. Dans ce système, les difficultés des uns se répercutaient sur l’accès aux ressources financières futures des autres. Ce système de caution solidaire s’appuyait sur les relations sociales de solidarité et d’entraide entre les membres d’un même groupe social et également sur la pression sociale que peut exercer le groupe sur un individu.

Il est à noter une imbrication étroite entre le financement de la production de tomate et le financement de la riziculture. Depuis longtemps il est constaté que les intrants payés grâce au

« crédit riz » sont détournés de leur objectif initial par les producteurs pour être utilisés en partie pour les cultures maraîchères. Or, notre présentation montre que petit à petit les deux systèmes d’abord indépendants l’un de l’autre ont été étroitement liés dans l’esprit de la banque et dans celui des agriculteurs. Du point de vue de la CNCAS, le crédit pour le riz d’hivernage doit être remboursé au mois de mars, celui de la contre-saison doit l’être à peu près à la même période. Un chevauchement des périodes de remboursement apparaît alors. De plus, tous ces remboursements vont finalement sur le même compte de la SUMA à la CNCAS. Les agriculteurs ont vite compris qu’une mauvaise récolte de riz pouvait être

compensée par une bonne production de tomate57. Du côté de la CNCAS, elle a grâce à la filière tomate une certaine garantie de se voir rembourser puisque l’industriel dépose le bénéfice sur le compte CNCAS de l’organisation productrice. La banque n’a donc plus besoin de courir après les sacs de riz de son débiteur. Mais, si de mauvaises conditions de production apparaissent pour la campagne de riz et pour celle successive de tomate, alors l’organisation paysanne se trouve dans une impasse financière. C’est ce qui est arrivé à la SUMA de Wuro Madiu en 2000/2001. Et avec la nouvelle politique de la CNCAS, tant que les dettes ne sont pas épongées, la SUMA ne peut plus avoir accès à de nouveaux crédits. Depuis l’hivernage 2001, les producteurs autofinancent leurs campagnes agricoles en riz et en tomate. Or l’endettement demeurant, les résultats de la campagne de tomate de la contre-saison 2002 ont servi à rembourser leurs dettes. Une telle situation pose nécessairement un problème aux irrigants obligés de produire sur le périmètre mais sans pouvoir jouir réellement de leur production

En conclusion, concernant l’évolution du capital économique, la situation actuelle montre que le riz ne semble plus être une activité rentable bien que les périmètres irrigués demeurent les lieux privilégiés de production et d’interactions entre les individus et les institutions villageoises. La production de tomate ne permet plus à l’agriculteur de récupérer son investissement. Certains essayent de développer d’autres spéculations telles que le gombo ou l’oignon, mais le manque d’organisation de ces filières empêche toute production en grande quantité. De plus, l’absence de gros industriel interdit l’accès à des crédits pour produire de manière importante.

D’un point de vue social, alors qu’au début des années 90, le chef de groupement et le responsable de la SUMA occupaient des positions dominantes par rapport à leurs membres, le développement de l’autofinancement risque de remettre en cause l’équilibre des pouvoirs puisque l’individu ne se sent plus lié par une quelconque appartenance à son groupement.

57 Cela explique que la SUMA de Wuro-Madiu ait pu à l’hivernage 2000 ne pas rembourser le crédit de campagne à la CNCAS et compter sur les résultats de la contre saison froide (CSF) 2001 pour rembourser le crédit de l’hivernage précédent. La CSF commençant en novembre et se terminant en février, la CNCAS avec l’accréditation de la SOCAS et de la SAED avait accepté d’octroyer à la SUMA de Wuro-Madiu un nouveau crédit pour la CSF 2001 même si celui de l’hivernage passé n’était pas encore remboursé puisque son échéance

Enfin, du point de vue de la mobilisation du capital politique, le développement de l’autofinancement et le désengagement de la SAED se traduit nécessairement par une évolution de ce capital politique. Au début de cette période, ce sont les relations avec cet organisme et la capacité à obtenir un moratoire auprès de la CNCAS qui constituaient une partie importante des activités politiques au sein du champ des irrigants. Maintenant, si la croissance de l’autofinancement perdure, il est concevable que ce seront d’autres types de relations qu’il faudra nouer : par exemple avec les associations de développement susceptibles d’apporter de petits crédits, les boutiquiers ou les usuriers.

Capital politique, capital social et capital économique sont dans une phase dynamique importante et soumettent les détenteurs de ces capitaux à de nouvelles tensions.

Voyons maintenant l’organisation de l’irrigation dans le village de Thiago.

5.4.2 Dans le village de Thiago

Historique de l’irrigation

Avant l'introduction des périmètres irrigués villageois (PIV) les populations de Ndombo- Thiago s'adonnaient déjà à la riziculture. Les semis étaient effectués à la fin du mois de juin.

Avec l'arrivée de l'hivernage, la crue permettait d'arroser le riz. Les habitants de Thiago ont continué selon cette façon jusqu'en 1959, date de la construction d'un premier aménagement de 0,5 ha. Malgré les bons rendements obtenus, les populations locales ne considéraient le riz que comme un complément à l'alimentation et préféraient de loin les céréales locales cultivées dans le jeeri. De 1959 à 1979, les villageois de Thiago ont continué de cultiver le riz en décrue.

Il faut attendre 1980 pour voir les premiers aménagements réalisés par la SAED et financés par la Caisse Française de Coopération Economique. Ils couvrent une superficie de 600 ha et correspondent au périmètre intermédiaire de Ndombo-Thiago. Ce projet était pilote pour le transfert prévu de la gestion aux organisations paysannes. Ce périmètre est subdivisé en deux espaces distincts séparés par la Tahouey. Les aménagements ont été réalisés sur les terroirs fonciers traditionnels des villages de Thiago et Ndombo, ce qui explique cette répartition territoriale (S.M. Seck, 1986). Au niveau de ce casier, les attributaires des parcelles sont les personnes ayant adhéré à la coopérative villageoise en versant 1800Fcfa. Six groupements ont