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Deux types d’enquêtes ont été menées pour recueillir des informations sur les comportements des acteurs et les autres déterminants du champ social des irrigants : des entretiens ouverts, les récits de vie et des entretiens semi-directifs sur les situations de jeu, les débriefings, les enquêtes institutionnelles et l’observation participante (cf. 4.3.1).

L’objectif de ces récits de vie était de fournir des informations quant aux comportements qu’un individu occupant une certaine position sociale peut avoir, quant aux relations qu’il peut entretenir avec son groupe social et quant à sa perception du champ social des irrigants. En suivant la grille d’analyse de P. Bourdieu, il s’agissait notamment d’identifier les éléments constituant le capital symbolique et leur mobilisation dans des situations de la vie courante. Ces récits de vie ont été utilisés à des fins exploratoires (avant les sessions de jeux) ou explicatives (pour tenter de trouver les éléments d’explication de comportements observés dans le jeu).

Une vingtaine de récits de vie sur l’ensemble des deux villages ont ainsi été réalisés. Etant de qualité diverse, nous avons pris le parti de ne présenter que ceux qui seront utilisés dans la partie 3.

Le choix est ici fait d’en décrire un dans le détail, pour illustrer comment sont extraites les informations d’une histoire de vie. Afin de ne pas alourdir le document, les informations relatives aux récits de vie les plus intéressants du point de vue de leur analyse seront ici synthétisées.

6.2.1 Recueil et traitement des récits de vie, à partir de l’exemple de WM1

Synthèse du récit de vie (exemple extrait de WM1)

Tableau 15 : Extrait du récit de vie de WM1 : organisation de la synthèse58

Structure diachronique

Il s'agit d'identifier dans le discours les éléments qui structurent le parcours de la personne et composent une sorte de "noyau commun". Ce noyau commun présente une succession d'évènements dans le temps avec des relations de type avant/après. Il s'agit de reconstituer cette structure diachronique en repérant les évènements et leur enchaînement et de la comparer à la structure chronologique du discours (tableau 16).

Précisons que WM0 est le chef de village (CV) actuel mais comme il est très malade, il a délégué, depuis quelques années, ses pouvoirs à son fils WM1.

Eléments diachroniques dans le discours Structure diachronique reconstituée

Structure chronologique

p1 WM0 CV depuis 20 ans naissance 1960

p3 l'exemple de son rôle dans la discussion des règles pour la campagne de riz (hivernage 2001) dans la semaine de l'entretien

• a commencé les cours en arabe à partir de sept ans

• vers 7 ans, ruse pour intégrer des amis à lui dans son fedde

1967

1974 : arrivée de la culture de riz étudie l'arabe à Podor 1972-73 1984 : transfert des agriculteurs de Nianga

vers l'extension proche de Wuro-Madiu

désignation de son père comme CV WM0 CV depuis 20 ans

1973-74 p4

proposition faite le vendredi passé devant l'AG (pour la campagne de riz)

arrivée de la culture de riz 1974 p5 1993 : problème de l'implantation de deux

caisses villageoises autogérées (CVA) PIP et FSD concurrentes dans le village

retour au village et travaille auprès de son père

1973-1979

j'ai appris l'arabe l'année où je devais passer le bac

obtient son certificat d'étude et son brevet en arabe

? a étudié à l'institut islamique de Dakar

p7

1992 : responsable de la formation en langue pulaar à l'UJAK

• voyage à Dakar pour étudier l'arabe dans l'organisme FALA à Institut Islamique de Dakar pour le bac

problème de l'obtention d'une bourse pour aller passer son bac d'arabe dans un pays arabe puisque pas structure au Sénégal

1979

Tableau 16 : Extrait de la structure diachronique du récit de vie de WM1

Composition des groupes de cohabitation

Les éléments du récit de vie ont été organisés en fonction des thèmes abordés tout au long de l'entretien. Les éléments tirés directement du récit de vie (partie gauche du tableau 16) sont ensuite ordonnés thématiquement. Le premier thème est présenté dans le détail puis les autres sont simplement évoqués.

• La fonction de chef de village (CV) Comment devient-on chef de village ?

D’après les anciens et d’après l’exemple de l'accession de son père à la fonction, le CV à Wuro- Madiu n’est pas élu mais désigné par une délégation. Pour WM1, il est difficile de refuser un poste à responsabilité donné par le groupe social. Mais l’exemple personnel de WM1 montre qu’il est également possible de déléguer la majorité des pouvoirs du CV à son fils (pour participer aux réunions à la Communauté rurale, dans les relations du village avec les autorités extérieures). Dans la « tradition » la fonction est héritée en ligne patrilinéaire. C’est un devoir à assumer

« correctement », pour lequel il a été désigné, plus qu’un choix volontaire. Il n’y a pas de formation volontaire, active mais un apprentissage par l'exemple, en observant le CV en activité.

Quels critères (trait de caractère, comportement, compétence) la fonction demande-t-elle ?

Un CV doit être reconnu par la « majorité » (pas nécessairement à l'unanimité) comme une

« personne de confiance, choisit pour son courage et sa détermination ». Il doit donner l’image d’une certaine érudition et d’une sagesse religieuse. Pendant longtemps sa connaissance de l’écriture arabe était non seulement un signe d’érudition mais également le moyen utilisé pour tenir son rôle d’officier de l’état civil.

Pour WM1, sa relative jeunesse est la difficulté majeure dans l’exercice de sa fonction, même s’il a occupé différents postes à responsabilité dans les fedde (associations). Cette position au sein des associations villageoises est reconnue par les autres villageois qui peuvent même le désigner comme responsable de groupe à son insu.

Le CV est le garant des valeurs religieuses et autres « choses acceptables » dont il a héritées et qu’il doit transmettre aux générations futures.

Quelles relations avec l'extérieur du village, et avec les villageois ? avec l'extérieur

Le CV est l'intermédiaire entre les villageois et l'Etat (demande de payer des impôts mais pas pour lui ni de sa propre initiative). Il intervient dans les réunions à la Communauté rurale, dans les relations du village avec les autorités extérieures (mise à disposition de registre d'état civil).

avec les villageois

Le rôle principal du CV est d'éviter les tensions entre villageois. Il est donc le garant de la paix sociale villageoise.

Prenons l’exemple de l'intervention du CV dans le conflit PIP-FSD (figure 28 et annexe 6). Le

installation de deux caisses villageoises autogérées (CVA) par deux associations PIP et FSD antériorité des actions du PIP avant l'implantation de la CVA.

implantation de la CVA après discussion avec les villageois => adhésion de nombreux villageois FSD vient et veut lui aussi implanter une CVA =>formation de trois camps :

- les opposants pour qui CVA doublement inutile (= objet potentiel de dissension?),

- les adhérents pour qui CVA = opportunité supplémentaire => jugement de valeur entre CVA PIP et FSD

- les opportunistes sans porter de jugement de valeur Figure 28 : Extrait de la synthèse du récit de vie de WM1

Le CV intervient comme médiateur entre les parties. Il commence par reconnaître la position, le point de vue de chacun individuellement

« … le CV a appelé encore les gens pour leur dire que chacun a son choix, chacun a le droit de choisir l’institution avec laquelle il veut travailler. Tu ne peux pas forcer quelqu’un qui veut aller travailler avec la FSD à travailler avec le PIP. Tu ne peux pas dire aux gens qui travaillent à la FSD de laisser pour aller travailler avec les gens du PIP. Pourquoi ne pas voir la solution comme cela et laisser chacun travailler librement dans le village ? Ceux qui veulent travailler avec eux qu’ils aillent travailler librement avec eux. Chacun fera son choix comme il l’entend. Il choisira parmi PIP et FSD celui avec lequel il s’entend le mieux pour travailler avec lui. Celui qui ne veut pas travailler avec eux peut même rester les bras croisés et ne pas travailler avec eux. C’est mieux que de voir les gens se disputer et se tirailler. »

Des termes relatifs au libre-arbitre de chacun se succèdent dans le discours de notre interlocuteur. Il semble que le règlement des conflits au sein du village doit prendre en compte deux valeurs sociales principales :

- la droiture

- ne léser aucune des parties prenantes

Malgré la volonté de régler les différents en interne, WM1 reconnaît que certains ont eu recours à des autorités extérieures.

Dans les représentations villageoises, un certain nombre d’images (parfois antagonistes) est attaché à la fonction de CV :

- espoir/soupçon

- responsabilités et charges - connaître les villageois

- avoir un comportement exemplaire aux yeux des villageois

- difficulté de remplacer un CV quand on est jeune car un âge avancé est synonyme d'une certaine maturité, d'une certaine sagesse, d'un certain contrôle

- le bon CV ne doit pas croire que c'est lui qui dirige. Toutes ses actions nécessitent le consentement d'autrui (son père et les villageois), ce qui montre l’importance du caractère modeste dans l’exercice de la fonction.

Le rôle de CV dans les relations intergénérationnelles est également abordé dans ce récit de vie.

WM1 possède une double position dans le sens où il est jeune et doit intervenir comme mandataire de son père dans les réunions avec les anciens. Pourtant en tant que CV « temporaire » il doit occuper une position active dans les débats. Du fait de cette position, WM1 considère les jeunes et les vieux de façon égalitaire dans les assemblées générales du village, alors que les cadets sociaux (femmes et jeunes) sont normalement exclus des réunions précédentes.

Cette double casquette est vécue comme une difficulté importante pour WM1 pour exercer son rôle de CV. Car n’ayant pas été désigné par une délégation villageoise d’anciens, il n’a pas la légitimité suffisante pour faire de lui un guide pour la population. Il demeure le bras actif de son père physiquement malade. Pour asseoir son autorité, il a besoin de la présence de son père aux réunions pour légitimer ses interventions. Ce faisant, ce dernier lui renouvelle publiquement sa confiance devant les villageois réunis en lui demandant de parler en son nom.

• Les autres thèmes abordés :

Les relations père-fils : Toutes les actions de WM1 sont soumises au contrôle de père. WM1 tente de suppléer aux déficiences physiques de son père en reproduisant son exemple, en lui rapportant les informations recueillies à l’extérieur avant de les diffuser au villageois. Pour cela la confiance père-fils est fondamentale.

La prédominance du religieux dans la vie des villageois : Le religieux est partout présent dans son discours et dans son parcours personnel.

Description des relations villageoises : Les relations intra-villageoises sont perçues dans sa description des conflits et de leur sortie de crise. Il montre que le déficit de compétences au sein du village explique qu’une personne soit responsable dans plusieurs associations. Il présente également au travers de la description de la crise PIP/FSD la hiérarchisation sociale dans le village : au sommet se trouvent le CV et ses conseillers les jom galle, puis les détenteurs d’enjeux, les villageois et enfin, les cadets sociaux.

La prise de décision : Ces exemples tirés des crises entre PIP/FSD ou celle du crédit lors de l’hivernage 2001 (cf. 8.2) permettent de montrer les modalités de la prise de décision au sein du village. Elle est organisée autour des chefs de concession jom galle, qui délèguent la résolution de la

compétentes (d’un point de vue technique ou social) pour traiter la question. Ces commissions leur renvoient les résultats de leurs tractations avant qu’une décision ne soit prise et entérinées au cours de l’assemblée générale du vendredi59.

L’agriculture irriguée : WM1 montre toutes les difficultés de la production de riz dans les périmètres irrigués. Il insiste tout particulièrement sur la faible position des villageois dans la filière tomate et ses conséquences sur les rendements et sur le remboursement des crédits. L’accès au crédit est le problème majeur des agriculteurs. WM1 décrit également la capacité d’adaptation des villageois.

Valeurs sociales : Il ressort de son récit de vie un certain nombre de valeurs sociales partagées par la société : l’importance du libre-arbitre, la modestie, la gestion interne des problèmes internes pour éviter l’affront d’une exposition du problème sur la place publique, le rôle du fils par rapport au père, la droiture, le suivi des préceptes religieux, la relation étroite entre âge et sagesse.

Formation : De nombreux éléments sont fournis quant à sa formation. Ils montrent l’importance de l’éducation coranique qui peut amener à voyager dans le Sénégal voire au-delà (dans les pays arabes), une volonté de s’alphabétiser en pulaar, sa langue maternelle, puis de former d’autres personnes, et sa participation au développement de sa région (en intervenant dans l’UJAK).

6.2.2 Synthèse des informations recueillies dans les autres récits de vie à Wuro-Madiu Il s’agit ici de faire la synthèse des informations recueillies dans le cadre des récits de vie effectués à Wuro-Madiu. Les détails de ces récits de vie seront utilisés dans la partie 3.

WM2 est un jeune tooroodo de 34 ans, qui a suivi les cours à l’école coranique avant d’aller à l’école occidentale (Guia, Podor puis Dakar). Il suit les cours normalement jusqu’en terminale où il échoue au bac pour une raison qu’il qualifie de mystique. Désabusé, il ne tente pas de repasser le bac et retourne à Wuro-Madiu sur cet échec. Vu ses compétences en lecture, écriture et calcul et le faible nombre de personnes en possédant d’identiques, les villageois le désignent responsable d’un groupement. Il acceptera la charge de secrétaire général du groupement. De caractère réservé, peu téméraire face à l’inconnu, il aborde dans son récit de vie les thèmes suivants :

le poids de la religion dans le village,

les compétences et caractéristiques d’un bon responsable de groupement (les éléments sont ici présentés de manière théorique en évitant d’établir de liens avec sa propre personne), l’organisation de la SUMA

59 Précisons ici que nous avons préférés nous limiter aux informations issues de ce récit de vie. Pour une analyse plus

Il donne une vision lissée de sa société et n’apporte pas un regard critique.

WM3 est un tooroodo d’âge mûr (50 ans) qui a été rapidement confié à sa tante paternelle vivant en Mauritanie. Cette émigration hors du village lui a permis de suivre des études poussées et devenir comptable. Les évènements Sénégalo-Mauritaniens de 1989 le chassent de Mauritanie et l’obligent à se réinstaller à Wuro-Madiu. La mort de son grand frère le propulse soutien de famille. Il réapprend le travail agricole. Il passe un concours et devient le comptable de l’Union de Nianga pendant quelques années avant que la situation catastrophique de la SUMA le place en chômage technique. Il rebondit et devient responsable de l’UCAP. Il cumule également une fonction de commissaire aux comptes dans le bureau du PIV de Mbure Madiu. Il développe dans son récit de vie les thèmes suivants :

La religion et son poids dans l’éducation des enfants (l’école occidentale ayant longtemps été considérée comme un moyen de mener l’enfant à sa perte religieuse), Les relations intrafamiliales,

Les relations intra-villageoises et avec les migrants, Les difficultés financières de la SUMA et de l’Union.

Présentant une mémoire des dates et des chiffres, une forte capacité d’adaptation, il donne une vision critique de sa société. Pour lui, l’endettement est le fléau majeur de la SUMA. Il s’explique non seulement par le déficit de personnes compétentes et donc le cumul de mandat mais également par les relations familiales et clientélistes qui limitent les remises en cause de certains responsables même si leur mauvaise gestion est manifeste. La méconnaissance du système de caution solidaire est un autre facteur explicatif de la situation critique de la SUMA qui rend difficile le changement de bureau.

WM4 est un jeune cuballo de 37 ans qui a dû rapidement abandonner l’école coranique pour chercher du travail. Il part à Kaolack chez un parent pour y apprendre la mécanique. Il est actuellement le trésorier de la caisse villageoise autogérée et un chauffeur d’engin pour la SUMA. Il ressort de son récit de vie qu’il préférerait ne pas avoir de responsabilités notamment financières mais il a cependant accepté sa désignation par les autres villageois. Pour lui, ce travail lui impose de garder la confiance des autres. Il est opiniâtre et ouvert d’esprit.

Cette enquête a été réalisée pour mieux comprendre sa ligne de conduite adoptée dans l’atelier 2.

WM5 est un tooroodo d’environ 50 ans qui a suivi de longues études coraniques poussé par un père érudit en islam. Mais les difficultés matérielles de son père l’amènent à quitter ses études pour apprendre la mécanique à Diourbel. Il travaille ensuite à Kaolack en tant que contrôleur, poste trouvé grâce à l’appui d’un parent. Au décès de son père, il devient responsable de famille et prend en charge l’éducation de son jeune frère pour qu’il puisse poursuivre ses études coraniques jusque dans les pays Arabes. Les difficultés économiques le mettent au chômage. Il décide de faire une halte au village pour annoncer à ses parents sa volonté d’émigrer à l’étranger. Mais ces derniers le persuadent d’attendre de recevoir une parcelle dans l’aménagement de Nianga en construction. Il ne partira plus, occupant des postes à responsabilité au sein de l’Union et de la SUMA. Il est à l’origine de l’AVD construit sur le même principe qu’une autre association qu’il avait contribué à mettre en place à Kaolack pendant son apprentissage.

Les thèmes suivant ont été abordés :

Les relations intrafamiliales et familiales (c’est la seule personne interviewée à parler de ses enfants),

Les relations intra-villageoises et avec les migrants,

L’historique de la SUMA et de l’Union et de leurs difficultés, Le conflit entre PIP et FSD,

Le développement du village passe pour lui par la solidarité, la conscientisation des villageois et l’accès à un certain savoir notamment par l’alphabétisation.

Fier, droit et altruiste, il tisse des relations étroites avec les étrangers de passage. Posé, il intervient comme médiateur dans différents conflits. Constructif, cherchant les moyens de développement de son village, il possède un esprit critique sur la structuration sociale tricéphale et ses conséquences sur le développement du village.

WM6 est un tooroodo, érudit en islam, de 43 ans qui a appris le Coran jusqu’en Mauritanie avant de revenir au village pour raison de santé. Il reprend alors la boutique paternelle en attendant le retour de ses frères aînés avant de retourner à l’agriculture. Il continue son apprentissage du Coran pendant ces quelques années de présence à Wuro-Madiu. Il repart ensuite à Dakar pour y exercer différents métiers (gérant d’une station essence, boutiquier,...) avant de retourner dans la région en tant que pompiste à Podor. De retour au village, il devient alphabétiseur en pulaar, formateur en gestion économique et conducteur d’engins agricoles. Il s’essaye au commerce avant de devenir l’un des responsables principaux de l’APOV.

Il se présente comme quelqu’un d’assidu (prêt à faire les travaux les plus difficiles pour s’en sortir), de décidé et est prêt à défendre toute position s’il la juge légitime. Portant un regard critique sur sa société, son récit de vie fait apparaître les thèmes suivants :

Importance de la religion dans la vie quotidienne des villageois, Le développement du village et de la région,

Les relations avec les villageois (organisation tripartite du village, cadre du conflit PIP FSD) et avec les migrants,

Les devoirs envers les membres de sa propre famille et leurs limites, La gestion opaque de la SUMA et les difficultés de changement de bureau.

WM7 est un vieux cuballo qui souhaiterait que la pêche soit encore son unique activité mais le développement de l’irrigation et ses conséquences sur les ressources halieutiques l’obligent à s’adonner de plus en plus à l’agriculture. C’est un personnage discret face à l’étranger mais très volubile en public dans le village, et viscéralement attaché à la pêche.

Les thèmes abordés dans son récit de vie sont en relation étroite avec sa fonction de jaaltaabe60 : Historique de la pèche, de sa gestion,

Les changements induits par l’irrigation sur son activité, La pêche d’une « sirène »,

La description de la fonction de jaaltaabe et la transmission de la charge.

WM8 est un tooroodo de 42 ans dont le suivi des cours coraniques l’a mené de Wuro-Madiu à Podor puis à Dakar jusqu’au niveau du concours pour poursuivre ses études en Arabie Saoudite.

Mais sa méconnaissance du français l’a fait échouer aux examens. Il a effectué de nombreux petits boulots pour s’en sortir et payer ses cours du soir. Après avoir tenté un autre concours en vain pour devenir professeur d’arabe, il retourne au village avec l’intention d’atteindre les pays arabes par la route. Il reprend la boutique de son père récemment décédé et développe une activité de fournisseur auprès des boutiques de Podor. Le non-remboursement des créances de ses clients apparentés l’amène à la banqueroute. Il retourne vers l’agriculture et est le premier à investir dans la culture de gombos ce qui lui rapporte suffisamment pour acheter des bovins et se constituer ainsi un capital financier.