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Heureuse innovation en France

No documento POLICE ADMINISTRATIVE ET JUDICIAIRE (páginas 130-133)

S'il est un organisme dont personne, en dehors des professionnels, ne connaît les rouages, c'est bien la police.

Les magistrats qui ont avec elle des rapports journaliers connaissent son travail judiciaire, mais ils n'ont qu'une idée très vague, très incom- plète de son fonctionnement au point devue administratif, et ne se rendent pas compte de ce que l'on exige d'elle, ni des difficultés du service.

Seuls, ceux qui ont professé, peuvent donner aux autorités des idées, venues de l'expérience et de la pratique du métier. On n'ausculte pas un malade de loin, i l faut l'approcher, le tâter, examiner le fonctionnement de ses organes l'un après l'autre, méthodiquement, et tout médecin vous dira que le confrère qui connaît les tares constitutionnelles des ascendants de son client, a d'énormes avantages pour bien diagnostiquer.

En matière de police, on a toujours eu tort de s'adresser à ceux qui ne connaissaient que son état maladif, i l eût fallu consulter ceux qui en connaissaient les causes.

En France, comme en Belgique, on a longtemps versé dans la même erreur. Aussi, toutes les réformes proposées n'avaient môme pas les honneurs de la discussion.

¡VI. Clemenceau, qui est un homme pratique, un homme décidé, a cru qu'il fallait rompre avec les vieilles et mauvaises habitudes et i l s'est attaché, comme chef de la sûreté, non un ancien avocat ou parlementaire à court de mandat, mais un vieux professionnel, M . Hennion qui, élevé dans le sérail, en connaît les détours.

Et quel a été le résultat de cette bonne inspiration ?

On a d'abord créé des brigades régionales de police mobile, qui comp- tenlf déjà à leur actif des prises importantes, notamment à Marseille et dans le Nord, où elles ont l'ait des rades de malfaiteurs de tous poils, recherchés depuis longtemps.

M. Clemenceau vient de créer maintenant un nouveau service : i l a centralisé la transmission des signalements par la création d'un journal spécial identique à 1' a Internationales criminal Polizeiblatt » (Moniteur international de police criminelle) publié à Francfort-sur-Mein.

Déjà en 1906, nous préconisions, dans le numéro de la Revue Belge du mois de juin, une innovation du même genre. Voici comment nous expo- sions notre desideratum :

« Au lieu d'avoir à Bruxelles un bureau du casier judiciaire où l'on se borne à tenir noie

» des condamnations subies, il serait si facile, dans un petit pays comme le nôtre, de r é u n i r

» les fiches et les photographies des criminels. Pour chaque malfaiteur, il faudrait constituer

» un é t a t - c i v i l , rechercher son origine, sa nationalité, sa nature, sa vie, ses m œ u r s et le

» photographier si possible. Le service devrait fonctionner jour cl nuit et donner à l'instant

» m ê m e , par voie t é l é p h o n i q u e ou t é l é g r a p h i q u e , aux a u t o r i t é s judiciaires, officiers de police

» et commandants de gendarmerie, les renseignements d e m a n d é s sur les d é l i n q u a n t s .

» Des fiches pour les malfaiteurs à rechercher, les anarchistes s i g n a l é s , les e x p u l s é s , les

» d é s e r t e u r s , etc., devraient être transmises et c l a s s é e s dans les parquets, les commissariats

» de police et les brigades de gendarmerie, suivant une m é t h o d e g é n é r a l e qui faciliterait les

» recherches.

» La centralisation des documents concernant la nombreuse famille des malfaiteurs, se

» ferait sans d é p e n s e s nouvelles, il suffirait de pratiquer comme nous allons l'indiquer plus

» loin.

» L'impression des signalements, qui devrait toujours ê t r e lancés sans le moindre retard,

» est confiée à des imprimeurs qui n'y apportent pas suffisamment de c é l é r i t é . Le temps de

» les rédiger, de les commander, de les imprimer, de les renvoyer aux parquets et enfin, de

» les e x p é d i e r , occasionne un retard de deux ou trois jours au moins.

» En installant à Bruxelles, centre des communications postales, une imprimerie où l'on

» travaillerait jour et nuit, comme celle du Moniteur, on pourrait lancer, sans aucun retard,

» tous les signalements judiciaires qui y seraient télégraphiés ; entre temps, les typos de l'éln-

» blissemeni s'occuperaient de la confection des imprimés nécessaires aux parquets corrre-

» tionnels et des cours.

» Tous les signalements, selon leur nature (individus connus, inconnus, à rechercher, n inventaires de titres, de bijoux, d'objets v o l é s , etc.) seraient imprimés sur des fiches de

» même dimension et de couleurs différentes, de façon à pouvoir les classer pratiquement dans

» des armoires spéciales dont le type serait, imposé aux commissariats de police et aux postes

•» de gendarmerie.

» 11 serait e x p é d i é suffisamment d'exemplaires pour éviter le travail absorbant d'écritures

» des commissariats, où l'on doit maintenant recopier les signalements pour chaque poste de

» police, les agents de change, les bijoutiers, etc.

» Les signalements des bijoux et titres v o l é s devraient être d i s t r i b u é s aux personnes que

» la chose concerne, ce qui ne se pratique qu'exceptionnellement.

» Pour activer l ' e x p é d i t i o n des signalements, il serait préparé des jeux d'adresses de tons

» les postes de police, de gendarmerie et des parquets, sur enveloppes portant le nombre de

» fiches à e x p é d i e r .

» Un signalement serait télégraphié, on l'imprimerait et au fur et à mesure de l'impression,

» on remplirait les enveloppes. Quelques heures a p r è s , vu la facilité et la rapidité des com-

» munications postales en Belgique, tous les agents de répression en auraient communica-

» lion.

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» Ce s y s t è m e , non seulement rendrait les recherches plus faciles et plus rapides, mais il

» diminuerait c o n s i d é r a b l e m e n t la paperasserie sans ee^se grandissante et qui retient dans

» les bureaux tous ceux ijui devraient surveiller le pays et rechercher les malfaiteurs-

» Les frais de fonctionnement de l'imprimerie judiciaire seraient compenses par les é c o -

» nomics c o n s i d é r a b l e s à réaliser par la centralisation de la fourniture des i m p r i m é s n é c e s - s a i r e s aux cours et tribunaux-. »•

Notre système empêcherait fout au moins beaucoup de condamnés, de personnes recherchées, de déserteurs, de circuler librement en Belgique.

Un l'ait typique nous reste à la mémoire: Une bande de malfaiteurs avait été arrêtée à M . . . ; le chef de la bande, le manchot X . . . était vainement recherché par la gendarmerie. On avait même organisé des battues dans les bois pour le découvrir. Or, le manchot se promenait tranquillement à Tournai où i l était connu.

ON N'AVAIT IIEÇJU AUCUN SIGNALEMENT A LA POLICE.

Il fut arrêté grâce aux compte-rendus des journaux relatant les battues et recherches infrutueuses de la gendarmerie.

A peine le Bulletin des signalements a-t-il paru, que déjà on en signale les bons effets, tes résultats inattendus.

Voici ce qu'écrit à ce sujet Le Matin, d'Anvers.

« A p r è s tant de ministres indifférents ou paresseux, M. Clemenceau vient de r e m é d i e r à ce

» d é s o r d r e lamentable : il a c r é é dans sou d é p a r t e m e n t le « Bulletin hebdomadaire de la

» police criminelle ». C'est un journal e n v o y é chaque dimanche aux chefs des parquets, aux

» commissaires de police, aux directeurs des prisons, aux brigadiers de gendarmerie. On y

» trouve la liste des crimes et délits commis dans la semaine p r é c é d e n t e sur tout le territoire,

» la teneur des mandats d'arrêt délivrés par les juges d'instruction contre les malfaiteurs

» r e c h e r c h é s , le signalement de ces individus avec leur photographie de face et de profil

» quand on la p o s s è d e , la description ou la photographie des objets v o l é s , etc.

» Enfin, et ceci m é r i t e de nous intéresser plus directement — le « Bulletin » contient des

» mentions relatives à des demandes d'extradition. Le parquet de Paris, saisi par voie diplo-

» matique, signale la p r é s e n c e probable en France, d'un banqueroutier r é c l a m é par le

» gouvernement allemand, d'un cambrioleur auquel on s'intéresse à Genève, d'un meurtrier

» dont les comptes avec la justice italienne ne sont pas à jour. II y a là comme une l e ç o n à

» m é d i t e r , un exemple à suivre.

» Bien que de c r é a t i o n r é c e n t e , le journal fondé au m i n i s t è r e de l'intérieur par M. Georges

» Clemenceau a déjà fait ses preuves. On lui doit la d é c o u v e r t e et l'arrestation de deux

» coquins que la police renonçait à pincer et qui ont é t é reconnus en province : Albinet, qui

» dirigea prés d'Etampes l'attaque à main a r m é e de l'express d'Orléans, et Vermeire, l'ass.'is-

» sin du père Vanille. Nous nous trouvons donc en face d'une innovation p r é c i e u s e , et nous

» avons le plus pressant intérêt à nous l'adapter.

» Le jour o ù tous les gouvernements auront leur bulletin criminel p é r i o d i q u e , la q u a n t i t é

» des méfaits impunis diminuera comme à vue d'œil. C'est un devoir pour eux de l'établir.

» Chez nous, et un peu partout, la police compte presque exclusivement sur la presse lors-

» qu'elle é p r o u v e de gros embarras. Par l'organe des procureurs et des juges d'instruction,

» elle nous prie de l'aider à sortir des p e r p l e x i t é s et nous nous y prêtons volontiers en

» répandant ie signalement d'un coupable ou d'un disparu ; mais il n'est nullement certain

» que notre publicité parvienne à ceux-là m ê m e qu'elle devrait avertir : gendarmes, agents,

» commissaires, gardiens ou directeurs de prisons. C'est au petit bonheur, la chance. La

» publication de M. Clemenceau va directement et i m m é d i a t e m e n t o ù elle doit aller, sans

» qu'aucun de ceux qu'elle concerne puisse s"en d é s i n t é r e s s e r . C'est pourquoi nous devons

» l'imiter au plus tôt.

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» Supposez ces bulletins i m p r i m é s dans toutes les capitales et rayonnant sur tous les pays,

» portant jusqu'aux moindres brigades de gendarmerie l'avertissement qui les doit tenir en

» éveil ; supposez ces bulletins échangeant leurs avis et leurs documents, et l'impunité du

» criminel vous semblera presque impossible-11 en coûterait moins cher aux contribuables

» et ils seraient mieux p r o t é g é s . »

Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que clans un petit pays comme le nôtre, la création d'un Bulletin de signalements ou d'un système de fiches comme celui que nous préconisons, rendrait à la Justice d'incal- culables services. F. 0.

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