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Suspension illégale d'un commissaire de police

No documento POLICE ADMINISTRATIVE ET JUDICIAIRE (páginas 74-80)

28e a n n é e 11° Livraison Novembre 1907

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Le bourgmestre pouvait requérir la force publique; s'il ne l'a pas fait, alors que le commissaire de police était seul pour assurer le maintien de l'ordre, i l a manqué de prévoyance et doit endosser la responsabilité des désordres, s'il s'en est commis.

Un bourgmestre ne doit pas ignorer qu'il n'est pas permis à un commis- saire de police d'arrêter des personnes du chef d'écrits et dessins inju- rieux, sans être saisi d'une plainte et d'une demande de poursuites confirmées, par la personne injuriée. Nous ne lui ferons pas l'injure de croire qu'il ignore la chose.

Mais comment se fait-il que le bourgmestre, ollicier de police judiciaire ayant en matière de délits, concurrence et prévention sur le commissaire de police, est-il resté inerte quand i l a vu commettre des délits graves. Et s'il a reçu plainte, pourquoi n'a-t-il pas l'ait son devoir, en réprimant les délits?

Il devait, en vertu de l'article 2o du code d'instruction criminelle, requérir la force publique, pour faire cesser les infractions.

Donc, ni comme chef de la police administrative, ni comme ollicier de police judiciaire, le bourgmestre n'a su accomplir sa mission et sans qu'il le sache sans doute, s'il y a un fonctionnaire qui doit être frappé, c'est l u i .

Ceci dit, voyons ce que vaut l'arrêt de suspension du commissaire de police.

L'article 12j de la loi communale dispose :

« Les commissaires de police sont nommés et révoqués par le roi.

Le bourgmestre peut les suspendre de leurs fonctions pendant un temps qui ne pourra excéder quinze jours à charge d'en donner immédiatement connaissance au gouverneur de la province. Celui-ci peut ordonner la suspension pendant un mois, à charge d'en informer, dans les vingt-quatre heures, les ministres de la justice et de l'intérieur. »

L'article 12 S d'antre part stipule :

« La suspension ne peut être prononcée ni par le gouverneur, ni par le bourgmestre contre le commissaire de police, ni par le bourgmestre contre les adjoints au commissaire de police à raison de leurs fonctions judiciai- res, à moins qu'il ne s'agisse de la recherche et de la poursuite des contra- ventions. »

Or, l'arrêté pris contre le commissaire de police porte qu'il a laissé commettre des délits d'injures graves par des emblèmes et des chansons.

Si les délits ont été consommés et non réprimés, i l n'appartient pas au chef de la police administrative incompétente, de punir. Son droit est de signaler aux autorités judiciaires compétentes, les fautes qu'il reproche à son commissaire de police, et là s'arrête son pouvoir.

Examinons les précédents et la jurisprudence :

Le collège échevinal de Saint-Gilles avait suspendu pour huit jours, un commissaire adjoint inculpé d'avoir manqué de tact et de modération au

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cours d'une instruction judiciaire à laquelle i l avait procédé à charge d'individus prévenus de vol et d'escroquerie.

L'arrêté royal daté du 2 mai 1887 (Moniteur du S mai) contresigné par l'honorable ministre de l'Intérieur, M. Thonissen, portait :

« Attendu que l'article 123 de la loi communale dispose que le bourg- mestre seul peut suspendre les commissaires de police et que la même règle doit s'appliquer aux adjoints des commissaires de police, ainsi que l'a déclaré, à l'unanimité, la seclion centrale de la Chambre des représen- tants, au rapport de M. Barthélémy Dumortier. (Documents parlementaires de la Chambre des représentants, session 1864-18G3, p. 332);

Attendu que si le collège des bourgmestre et échevins est investi, par l'article 99, Titre 11, Chapitre II, de la loi communale, du droit de suspen- dre les employés de la commune, i l ne s'agit, dans celle disposition, que des employés exclusivement communaux, dont l'art. 90, même chapitre, conlie la surveillance au dit collège échevinal, surveillance à laquelle le droit de suspension sert de sanction; mais l'art, gg n'a pas d'application possible aux agents de la commune qui exercent, en même temps, les fonctions de police judiciaire et dont s'occupe un autre chapitre de la loi

(le chapitre V); tels sont les commissaires de police et leurs adjoints ; Qu'en effet, les fonctionnaires de celte catégorie, soumis par le texte primitif de la loi communale, à la surveillance du collège échevinal, y ont été soustraits par la loi du 30 juin 1842, pour passer sous celle du bourg- mestre seul ;

Attendu, d'ailleurs, qu'en leur qualité d'officiers de police judiciaire, les adjoints aux commissaires de police sont également en vertu de l'art.

i55 de la loi du 18 juin 186g, sous la surveillance des procureurs géné- raux près les cours d'appel, lesquels peuvent infliger les peines discipli- naires énoncées aux articles 280 et 281 du code d'instruction criminelle ; Que, par conséquent, lorsqu'il s'agit, comme dans le cas du commissaire adjoint A . . . d'un l'ait d'instruction judiciaire, la suspension des fonctions ne peut être prononcée qu'à la suite d'une entente entre le procureur général et le bourgmestre. »

Art. 1. — La résolution précitée est cassée . , . Arrêté royal du 27 avril I8ÇI (Moniteur du 30).

« Attendu que les faits sur lesquels se base l'arrêté du bourgmestre pré- cité, se rapportant à l'exercice des fonctions judiciaires du commissaire de police, sont exclusivement soumisà la discipline du parquet et échappait à l'action du bourgmestre, laquelle ne peut s'exercer qu'en matière admi- nistrative;

Que conséquemment ce magistrat est sorti de ses attributions.

— 70 - Vu les articles 86 et 87 de la loi communale ;

Sur la proposition de noire ministre de l'Intérieur c l de l'Instruction publique, M. J. de Burlet;

Nous avons arrêté et arrêtons :

La décision susvisée de l'échevin faisant fonctions de bourgmestre de Wattermael-Boilsfort est'annulée. »

Circulaire de M. de Burlet, ministre de l'Intérieur, datée du 24 mars 18Q3.

« D'accord avec M. le ministre de la Justice, j'estime qu'en dehors des prévisions de l'article 125^ de la loi communale, le gouverneur et le bourgmestre ne possèdent aucune compétence pour prendre une mesure disciplinaire quelconque à l'égard des commissaires de police et de leurs adjoints, à raison de leurs fonctions d'officier de police judiciaire.

En cette dernière qualité, les commissaires de police ne sont, en prin- cipe, soumis à d'autre autorité que celle du procureur général (art. Itio de la loi sur l'organisation judiciaire; art. 279 et suivants du code d'instruc- tion criminelle).

Les peines disciplinaires qui peuvent les atteindre sous ce rapport sont déterminées par les art. 280 et 281 du code d'instruction criminelle.

La loi communale ajoute à ces peines celle de la suspension, qui peut être prononcée dans certains cas par le gouverneur et par le bourgmestre ; mais ces dispositions limitent en même temps la compétence de ces fonc- tionnaires et l'étendue de leurs pouvoirs (art. 9 de la Constitution).

L'action disciplinaire du gouverneur et du bourgmestre ne s'exerce à l'égard des fautes commises par les commissaires de police et de leurs adjoints, dans l'accomplissement de leurs fonctions judiciaires, que si ces fautes sont relatives à la recherche et à la poursuite des contraventions.

Elle ne requiert pas le concours de l'autorité judiciaire. »

En l'occurrence, i l s'agit de délits perpétrés, le bourgmestre a donc incontestablement dépasssé son droit, seules les autorités judiciaires ont qualité pour sévir contre le commissaire de police, s'il y a lieu.

* * L'art. 8 de la loi du 30 juillet 1903, dispose :

« Les autorités qui sont investies par la présente loi (communale) du droit de suspendre ou de révoquer des fonctionnaires et employés com- munaux, peuvent infliger à ceux-ci la peine de l'avertissement ou celle de la réprimande.

» Quelle que soit la mesure disciplinaire dont ils peuvent cire l'objet, avertissement, réprimande, susi>ension ou révocation, les employés sont préalablement entendus; il est dressé procès-verbal de leurs expli-

cations. »

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L'honorable ministre M. de Trooz, auteur de la loi, par une circulaire inlcrprélalivc, indique bien aux autorités investies du droit de punir, les formalités exigées :

« En vertu de l'art. 8, « dit-il », avant qu'une peine quelconque, même la plus légère de celles prévues par la loi, soit appliquée, l'employé devra être admis à faire valoir ses moyens de défense et il sera dressé procès- verbal de ses explications.

» Lorsque la peine prononcée est subordonnée à l'approbation d'une autorité supérieure ou sujette à appel, ung copie du procès-verbal d'ex- plications doit être annexée à l'expédition de la décision frappant l'em- ployé et transmise à l'autorité compétente.

» llimportccnclletquccelle-cisoitcomplètementéclairécsur l'accusation et la défense »

Il n'a pas été dressé procès verbal des explications du commissaire.de police qui n'a même pas été entendu : la loi a donc été violée.

L'arrêté de suspension pris par le bourgmestre est donc absolument illégal.

M. le Ministre de l'Intérieur qui dans l'exposé des motifs de la loi rela- tive à la stabilité des emplois communaux, a proclamé la nécessité de mettre les fonctionnaires des c o n n û m e s à l'abri des mesures graves et arbitraires, fera, nous en sommes certain, bonne justice, lorsqu'il sera saisi du recours que lui a adressé la victime de cet abus de pouvoir.

F. D.

Questions soumises

Fondre des monnaies.

Fondre des monnaies, n'est défendu par aucune loi. Les pièces de monnaie sont des objets mobiliers au môme titre qu'une chaise, qu'une, table, qu'on est libre de brûler ou de détruire.

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Calomnie.

Le négociant qui dans sa boutique dit à ses clients que son concurrent, ou un autre commerçant quelconque, ne met pas le poids et vend des marchandises de qualité médiocre, commet une calomnie, en ce qui con- cerne la première affirmation. 11 serait admis en effet, à faire la preuve du délit de tromperie qu'il impute à la personne calomniée, s'il s'agissait de faits pour lesquels i l n'y a pas déjà eu condamnation. S'il s'agissait de faits pour lesquels i l y a eu condamnation, il commettrait une diffamation et ne pourrait faire la preuve. Le l'ait de dire que le concurrent n'a que des marchandises de qualité médiocre est tout simplement dommageable civilement.

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En matière de calomnie ou de diffamation, i l a été jugé que la demrndc de poursuites formellement exprimée devant un ollicier de police et môme devant la gendarmerie et actée dans un procès-verbal est suffisante pour que le ministère public entame des poursuites.

Si la plainte écrite était obligatoire, que feraient les illettrés et tous ceux qui sont clans l'impossibilité d'écrire? Il n'y aurait donc plus de justice pour eux. • ,y,1 U ) m )

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R é q u i s i t i o n de l ' a r m é e . Police.

Quand la garde civique ou l'armée ont été demandées par le bourgmestre d'une ville, préventivement, i l n'y a là qu'une mesure de précaution, qui ne modifie en rien les pouvoirs, les droits et responsabilités tic la police.

C'est elle qui continue évidemment à réprimer les infractions. Elle n'a aucun rapport avec les chefs de l'armée en ce qui concerne la rédaction des procès-verbaux et l'accomplissement des devoirs judiciaires.

On peut refuser le concours de l'armée à un bourgmestre, lorsqu'il s'agit d'une mesure préventive. 11 peut seulement la requérir, dans les cas d'émeutes ou d'attroupements tumultueux, pour rétablir l'ordre et dans ces circonstances seulement, on est tenu de déférer à sa réquisition.

Celle-ci n'a aucune influence sur le rôle de la police qui peut néanmoins être employée par le bourgmestre à faciliter le service de l'armée ou pour la renseigner. La police n'a toutefois pas à s'immiscer dans le rôle de l'armée. Celle-ci d'ailleurs, à moins d'être menacée, ne peut faire usage des armes, qu'après les sommations laites parle magistrat civil, bourgmestre ou commissaire de police.

Notre correspondant ne vise-t-il pas une ville en état de siège, où l'auto- rité appartient au chef de l'armée?

N.-B. — Notons que le bourgmcslrc, comme ollicier de police, peut toujours requérir la force publique, lorsqu'il s'agit d'accomplir un acte de police judiciaire. (Art 25 du Code d'inst. crim.).

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Envoi dans les dépôts de mendicité. - Rôle du Juge

Filles de mauvaises m œ u r s

Circulaire du ig juin igoj, de M. le Ministre de la Justice.

« Il arrive ainsi que des individus qui ne se trouvent qu'accidentellement en état de vagabondage, et à qui on ne peut reprocher des habitudes de fainéantise ou d'intempérance, sont envoyés clans les dépôts.

» Il en est fréquemment de môme des jugements qui envoient au dépôt des femmes ou filles pour dérèglement de mœurs. 11 importe, surtout

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quand il s'agit de filles n'ayant pas dépassé l'âge de 2t ans, de n'ad- mettre qu'après une vérification prudente l'existence de celle circonstance aggravante.

» Des écarts de conduite, demeurés à l'état isolé, ne suffisent pas à cons- tituer le fait prévu par l'article 13. La simple mention au bulletin de ren- seignements fourni par les autorités locales qu'une prévenue se livre au libertinage ne doit pas être considérée, en l'absence de tout autre élément, comme une preuve suffisante des circonstances qui commandent l'envoi au dépôt, surtout dans le cas où il s'agirait d'une femme sans antécédents judiciaires et qui n'aurait auparavant jamais été mise pour vagabon-

dage à la disposition du gouvernement.

» II est désirable qu'avant de statuer le magistrat s'assure du véritable caractère des faits d'inconduite reprochés à la prévenue, vérifie s'ils sonl habituels et dénotent une nature réellement pervertie, ou bien s'ils ne sont pas plutôt accidentels, la suite de l'abandon matériel et moral ou la con- séquence de la misère. Dans ce dernier cas les prévenus sont souvent encore susceptibles d'amendement et capables de se reclasser par le travail.

» Le régime de la maison de refuge convient à leur situation. »

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