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Caractérisation par calculs théoriques des complexes neutres et monooxydés

Chapitre II. Complexes radicalaires de cuivre et nickel

Partie 1. Influence de la fonctionnalisation en para des phénolates sur la structure

1.4 Caractérisation par calculs théoriques des complexes neutres et monooxydés

Des calculs de DFT (density functional theory) ont été menés sur les complexes précurseurs neutres [NiII(1tBu)], [NiII(1OMe)] et [NiII(1NMe2)] en utilisant la fonctionnelle B3LYP149 (Tableau 3), ou CAM-B3LYP (Coulomb-Attenuated Method) (Tableau 1).145 Ces deux méthodes de calculs prédisent des structures symétriques pour tous les complexes neutres et les longueurs de liaison prédites à l’intérieur de la sphère de coordination reproduisent à  0.03 Å les valeurs obervées expérimentalement dans les structures RX de [NiII(1tBu)] et [NiII(1OMe)].125,139

Afin de décrire les structures géométriques et électroniques de [NiII(1tBu)]+et [NiII(1OMe)]+, des calculs de DFT ont précédemment été menés en utilisant la fonctionnelle B3LYP.139,125 Alors que la contraction de la sphère de coordination symétrique observée expérimentalement lorsque [NiII(1tBu)] est oxydé en [NiII(1tBu)]+ est correctement prédite,125 un complexe symétrique est également prédit pour [NiII(1OMe)]+, ce qui est en désaccord avec les données expérimentales (Tableau 3). On notera cependant que lorsqu’un contre-ion (SbF6-

sur la base des données cristallographiques) est inclus dans les calculs menés sur [NiII(1OMe)]+, une structure dissymétrique similaire aux donnés expérimentales est prédite.139 Les calculs de DFT ont tendance à favoriser des structures hautement symétriques ce qui peut expliquer le fait qu’en absence de contre-ion des complexes radicalaires symétriques soient obtenus.144 Cet effet de délocalisation a précédemment été observé lors de calculs de DFT menés sur des complexes salen oxydés de Pd, ainsi que de Mn. 150

148 Launay, J. P. Chem. Soc. Rev. 2001, 30, 386.

149 (a) Becke, A. D. J. Chem. Phys. 1993, 98, 5648. (b) Stephens, P. J.; Devlin, F. J.; Chabalowski, C. F.; Frisch, M. J. J. Phys. Chem. 1994, 98, 11623

150 Kurahashi, T.; Kikuchi, A.; Shiro, Y.; Hada, M.; Fujii, H. Inorg. Chem. 2010, 49, 6664.

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Nous avons cherché à savoir si une autre fonctionnelle de DFT était plus adaptée pour décrire les structures géométriques et électroniques de complexes salen radicalaires. Dans ce but, la fonctionnelle CAM-B3LYP a été testée. Celle-ci a en effet été utilisée avec succès pour prédire les énergies de systèmes délocalisés,151 ainsi que des transitions de transfert de charge à longue distance.152 Dans le cas de [NiII(1tBu)]+, une contraction de la sphère de coordination symétrique est prédite et reproduit les résultats obtenus avec la fonctionnelle B3LYP. Les calculs menés avec la fonctionnelle CAM-B3LYP aboutissent à une structure assymétrique pour [NiII(1OMe)]+ même en absence de contre-ion. L’assymétrie des longueurs de liaison (Ni- O et Ni-N) dans la sphère de coordination ainsi que les longueurs de liaison C-O dans les cycles sont parfaitement reproduites. Les calculs prédisent également un complexe assymétrique dans le cas de [NiII(1NMe2)]+, avec un radical phénoxyl localisé sur un seul cycle phénolique.

Tableau 3: Paramètres métriques expérimentaux et calculés (B3LYP, entre crochets) de la sphère de coordination dans les complexes [NiII(1tBu)], [NiII(1OMe)] et [NiII(1NMe2)]+ donnés en Å.

Complexe Ni-O1 Ni-O2 Ni-N1 Ni-N2 C-O1 C-O2

[NiII(1tBu)] 1.852 [1.846] 1.854 [1.846] 1.852 [1.848] 1.860 [1.848] 1.304 [1.304] 1.311 [1.304]

[NiII(1tBu)]+• 1.827 [1.823] 1.831 [1.823] 1.824 [1.839] 1.843 [1.839] 1.298 [1.302] 1.302 [1.302]

[NiII(1OMe)] 1.817 [1.847] 1.817 [1.847] 1.827 [1.847] 1.827 [1.847] 1.323 [1.305] 1.323 [1.305]

[NiII(1OMe)]+• 1.816 [1.830] 1.863 [1.830] 1.839 [1.841] 1.843 [1.841] 1.274 [1.301] 1.333 [1.301]

[NiII(1NMe2)] [1.846] [1.846] [1.847] [1.847] [1.305] [1.305]

[NiII(1NMe2)]+• [1.834] [1.834] [1.841] [1.841] [1.299] [1.299]

Les densités de spin (DS) calculées pour [NiII(1tBu)]+, [NiII(1OMe)]+ et [NiII(1NMe2)]+ en utilisant la fonctionnelle B3LYP ou CAM-B3LYP sont représentées dans les Figure 50, Figure 51 et dans le Tableau 4. Dans le cas de [NiII(1tBu)]+, la DS est délocalisée sur tout le ligand avec une proportion significative portée par le centre métallique Ni (> 15%) (B3LYP et CAM-B3LYP). Notons que pour [NiII(1OMe)]+ et [NiII(1NMe2)]+, l’utilisation de la fonctionnelle B3LYP aboutit également à une DS partagée entre les cycles A et B.

L’utilisation de la fonctionnelle CAM-B3LYP conduit à des résultats tout à fait différents.

Dans le cas de [NiII(1OMe)]+ la DS est localisée sur le cycle A (91.0 %), et la contribution du métal à la DS totale (3.6 %) diminue par rapport à [NiII(1tBu)]+ (Tableau 4). Dans le cas de [NiII(1NMe2)]+, un léger accroissement de la localisation du radical sur le ligand (cycle A, 95.7

151 Rostov, I. V.; Amos, R. D.; Kobayashi, R.; Scalmani, G.; Frisch, M. J. J. Phys. Chem. B. 2010, 114, 5547.

152 (a) Jacquemin, D.; Michaux, C.; Perpete, E. A.; Maurel, F.; Perrier, A. Chem. Phys. Lett. 2010, 488, 193. (b) Jacquemin, D.; Perpete, E. A.; Scuseria, G. E.; Ciofini, I.; Adamo, C. J. Chem. Theory Comput. 2008, 4, 123. (c) Mikolajczyk, M. M.; Zalesny, R.; Czyznikowska, Z.; Toman, P.; Leszczynski, J.; Bartkowiak, W. J. Mol. Model.

2011, 17, 2143.

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%) est observé par rapport à [NiII(1OMe)]+, et cette localisation est corrélée à une diminution de la DS sur le métal (1.7 %). Pour [NiII(1OMe)]+ et [NiII(1NMe2)]+, des longueurs de liaison typiques d’un radical phénoxyle sont observées dans le cycle A (distribution quinoïde). Dans le cycle A, la population de spin se trouve majoritairement sur les atomes d’oxygènes ([NiII(1OMe)]+: 25.6%, [NiII(1NMe2)]+: 20.3%) et les carbones Cortho ([NiII(1OMe)]+: 23.3%, [NiII(1NMe2)]+: 9.8%), et Cpara ([NiII(1OMe)]+: 27.4%, [NiII(1NMe2)]+: 15.4%). Notons que dans [NiII(1NMe2)]+, le groupement NMe2 est coplanaire au cycle aromatique portant le radical (cycle A), ce qui n’est pas le cas dans l’autre cycle (B) non radicalaire. L’azote du groupement NMe2 participe donc à la SOMO du ligand radicalaire comme en témoigne la population de spin portée par cette unité NMe2 dans le cycle A (30%). De plus, il n’est pas surprenant d’observer que la population de spin portée par l’unité NMe2 de l’autre cycle (B) non radicalaire est négligeable. Un comportement identique est observé pour [NiII(1OMe)]+, puisque le groupement OMe du cycle A porte 11 % de la DS. Ces résultats montrent que l’insertion de groupements fortement électrodonneurs (OMe ou NMe2) en position para des cycles phénoliques conduit à la localisation de la densité de spin sur un de ces cycles. Un effet similaire a récemment été étudié dans une série de complexes salen monooxydés de cuivre substitués en para par un groupement thiolate.138 Tous ces résultats montrent que la localisation du radical phénoxyle et la DS portée par le métal observées dans [NiII(1tBu)]+ [NiII(1OMe)]+ et [NiII(1NMe2)]+ sont corrélées à l’effet électronique des substituants en para des cycles.

Tableau 4 : Densité de spin (DS) calculée en tuilisant les fonctionnelles B3LYP et CAL-B3LYP pour [NiII(1tBu)]+, [NiII(1OMe)]+ et [NiII(1NMe2)]+.a

B3LYP CAM-B3LYP

Complexe DS sur le Ni DS sur le cycle Ab

DS sur le

cycle Bb DS sur le Ni DS sur le cycle Ab

DS sur le cycle Bb

[NiII(1tBu)]+ 15.8% 41.8% 42.3% 15.7% 42.1% 42.1%

[NiII(1OMe)]+ 8.9% 45.4% 45.3% 3.6% 91.0% 5.2%

[NiII(1NMe2)]+ 5.0% 47.4% 47.3% 1.7% 95.7% 2.3%

aVoir section expérimentale pour le détail des calculs. bVoir la Figure 50 pour la nomination des cycles.

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Figure 50 : Représentation de la densité de spin calculée pour: a) [NiII(1tBu)]+, b) [NiII(1OMe)]+, et c) [NiII(1NMe2)]+ en utilisant la fonctionnelle CAM-B3LYP.

Figure 51: Représentation de la densité de spin calculée pour: a) [NiII(1tBu)]+, b) [NiII(1OMe)]+ et c) [NiII(1NMe2)]+, en utilisant la fonctionnelle B3LYP.