• Nenhum resultado encontrado

CONCLUSION DU CHAPITRE 1

CHAPITRE 2 UNE APPROCHE THÉORIQUE DE LA DIFFUSION D’INFORMATIONS FINANCIÈRES

2.1. La demande et l’offre d’informations financières

L’étude de la demande et de l’offre d’informations financière repose sur l’hypothèse de base, que l’information comptable est un produit économique au même niveau que les produits distincts ou des services différents, ce qui implique que l’information financière soit un bien.

Ceci est valable pour les deux sens : d’un part, elle a une utilité pour ses utilisateurs, ces derniers ont tendance à exiger à la fois plus d’intelligibilité et de crédibilité de ces informations, d’autre part, pour ce qui est des diffuseurs d’informations financières - les entreprises - et dans le cas où elles préfèrent fournir des informations financières, elles attendent des bénéfices importants en subissant les coûts de la production.

2.1. 1. L a d emande et l es u tili sa teu rs d’i nformati ons finan ci ères

Pour répondre à la demande d’informations financières à une ensemble très large d’utilisateurs, la comptabilité financière vise à offrir à ces clients un cadre cohérent afin d’apprécier les performances et la situation d’une entreprise ou d’un groupe de sociétés, dont l’objectif est d’aider à la prise de décision (Casta, 2000). Les fonctions des informations financières sont très variées, ainsi Stamp (1980)24 a identifié treize catégories qui sont d’une façon générale les besoins qu’auront les utilisateurs de rapports annuels :

• l’évaluation de la performance

• l’évaluation de la qualité de gestion

• l’estimation des performances futures

• l’évaluation la situation financière de l’entreprise

• l’évaluation de la solvabilité

24 Stamp E. (1980), Corporate Reporting: Its Future Evolution: Toronto: Canadian Institute of Chartered Accountants.

45

• l’évaluation de la liquidité

• l’évaluation du risque et de l’incertitude

• l’aide à l’allocation des ressources

• les comparaisons

• la prise des décisions de valorisation

• l’évaluation de l’adaptabilité

• la détermination de la conformité aux lois et à la réglementation

• l’évaluation de la contribution de l’entreprise à l’économie ou à la société.

Dans la même étude de Stamp (1980) et de l’Institut Canadien des Comptables Agréés, les utilisateurs des informations financières ont été classés en deux catégories d’utilisateurs, primaire et secondaire, comme montre la figure (4) ci-dessus.

La catégorie primaire présente les principaux utilisateurs qui sont les actionnaires, les créanciers, les analystes et les conseillers. Alors que la catégorie secondaire se compose de dix groupes qui ont été identifiés comme des utilisateurs secondaires. Par ailleurs, les demandeurs d’informations financières sont diversifiés, les actionnaires, les investisseurs actuels et potentiels, les créanciers qui peuvent être des particuliers, des banques, des clients de l’entreprise, ses fournisseurs, ses personnels, les salariés, les collectivités publiques et l’Etat. Il semble qu’il existe trois utilisateurs principaux :

• les actionnaires (institutionnels et individuels)

• les autres investisseurs

• les analystes financiers.

Sachant que l’investissement est une activité risquée, la collecte d’informations financières est le seul moyen pour minimiser les risques concernant les investissements. Ces informations sont nécessaires afin de réduire le risque et de prévoir le montant des cash-flows dans le futur de l’entreprise. Les rapports financiers permettent aux investisseurs d’opter pour des meilleurs choix. La diffusion d’informations financières de qualité est donc cruciale pour l’efficience de la répartition des ressources, et ainsi les aider à prendre des décisions pertinentes. Les actionnaires sont également demandeurs d’informations puisque cela leur permet de déterminer la capacité de l’entreprise à payer des dividendes.

46

Source: The Canadian Institute of Chartered Accountants, Toronto (1991).

Figure (4). Les utilisateurs de rapport annuel

Actionnaires (les investisseurs individuels &

institutionnels)

Créanciers détenteurs de dette & créanciers

commerciaux

Analyste & conseillers

Principaux utilisateurs

Rapport annuel

Utilisateurs secondaires

Public Normalisation

comptable

Gouvernement

Réglementation

Employés

Clients

Fournisseurs

Groupes d’industries

Autres entreprises Recherche académique

47

De plus, les établissements financiers et les investisseurs institutionnels, en tant que créanciers des entreprises, ont besoin d’accéder aux informations financières pour porter un jugement sur la situation de l’entreprise. Cela leur permettra d’apprécier la situation financière en général et la solvabilité de l’entreprise avant toute décision d’engagement, d’octroi ou de maintien, d’un concours financier (prêt, crédit commercial …). L’information financière donne la possibilité de mesurer la capacité d’endettement et de remboursement de l’entreprise, et ainsi d’évaluer le risque de ses prêts et de fixer le montant et la durée de ses crédits.

Enfin, les pouvoirs publics, dans la planification et l’orientation de la politique économique, qui influe sur l’économie nationale, se fondent sur les données statistiques de l’entreprise.

L’Etat a besoin d’informations comptables sur les activités des entreprises pour contrôler l’impôt, et ainsi faire la planification nationale. Dans certains pays, par exemple, les bilans des entreprises servent aux travaux de la centrale des bilans et à imposer des obligations d’information afin de réglementer les activités des entreprises. Les informations financières des entreprises permettent également au gouvernement de déterminer la variation de ses revenus (les taxes sur les profits, les taxes sur les valeurs ajoutées, etc.…). Or, l’Etat utilise les informations financières pour l’instruction des demandes de subventions publiques ou de prêts d’amélioration. Les informations financières de certaines entreprises permettent de plus à l’Etat de déterminer les tarifs pour les secteurs publics et de préciser les politiques de soutien financier vis-à-vis de certains secteurs.

Les autorités des marchés financiers dans un pays donné, comme l’Autorité des Marchés Financiers(AMF) en France, la Security and Exchange Commission (SEC) aux États-Unis, et le Conseil du Marché Financier Libyen (CMFL), sont également des demandeurs d’informations comptables pour pouvoir exercer leurs fonctions de régulation. Les informations sont considérées comme un instrument important pour les décisions d’investisseurs et de planification tant au niveau de l’entreprise qu’à l’échelle nationale, et pour mieux protéger l’épargnant et veiller au bon fonctionnement des marchés d’instruments financiers ainsi que de l’économie nationale du pays.

Il existe aussi d’autres demandeurs d’informations, ainsi les salariés et leurs représentants (syndicats) d’une entreprise souhaitent apprécier la stabilité et les perspectives de la situation économique et financière de l’entreprise, surtout au niveau des rémunérations, de l’emploi et aussi de la pérennité de l’entreprise. Les clients sont autant intéressés par les informations

48

comptables lorsqu’ils sont en partenariat de long terme et ont également intérêt à connaître la crédibilité de leurs partenaires (risque ou non de faillite), et sa continuité. Sont aussi intéressés les organisations de protection environnementale et de défense des consommateurs, les groupes d’intérêts qui font la pression sur le gouvernement, ainsi que les chercheurs qui ont aussi des demandes dans les domaines de la diffusion d’informations financières (le contenu informatif, la qualité des informations diffusées, le degré d’harmonisation). Il convient de ne pas oublier ces organisations de normalisation comptable sont des demandeurs d’informations financières permettant d’assurer la comparaison des états financiers produits par des entreprises de pays différents qui exercent leurs activités dans un pays donné.

Hilld et Jones (1992) ont détaillés les causes qui amènent les utilisateurs d’informations financières à s’intéresser aux informations diffusées par les entreprises : « les investisseurs donnent leur argent afin de réaliser un bénéfice, les créanciers accordent des crédits en supposant que l’entreprise va rembourser sa dette dans le délai prévu, les dirigeants et les salaries mettent tous leurs capacités et leurs savoir-faire en attendant un salaire équitable et des conditions de travail pertinentes, les clients achètent le produit de l’entreprise en attendant que ce produit soit de qualité, les fournisseurs présentent leurs services à l’entreprise en attendant d’obtenir un prix équitable, et enfin, le public présente l’ensemble des utilisateurs en attendant que l’entreprise respecte les lois et préserve la qualité de vie ».

Les entreprises sont en même temps des fournisseurs et des demandeurs d’informations financières puisqu’une entreprise sur le marché rencontre d’autres entreprises concurrentes, et les informations financières des entreprises concurrentes leurs permettent d’élaborer une stratégie amenant à préserver sa part du marché. En plus, les informations financières sont importantes pour les managers afin de les aider dans leurs décisions de refinancement soit sur le marché financier, soit par les banques.

Les différentes sources de demandes d’informations financières peuvent être ainsi classées, l’importance relative de ces sources varie d’un pays à l’autre et en fonction du temps. Deux raisons expliquent cela :

• la structure financière où les sources de financement des entreprises sont différentes entre les pays et cette structure est évolutive pour le même pays

49

• les environnements institutionnels dans lesquels les entreprises exercent leurs activités sont aussi très différents.

Il existe une différence entre les pays en voie de développement et les pays développés. En effet, dans les pays où le marché financier est structuré, celui-ci constitue la première source de financement (c’est le cas des entreprises anglo-saxonnes (britannique, américaines) qui dépendent davantage des marchés financiers que des établissements financiers). L’information financière a pour objectif de satisfaire les intérêts des investisseurs qui exigent des informations financières de qualité. Par contre, pour les entreprises françaises, le financement par les établissements financiers constitue la source la plus importante. Quant aux pays en voie de développement, la situation est différente, car dans ces pays la plupart des grandes entreprises sont publiques et d’autres sont soit contrôlées ou influencées par des propriétaires étrangers, soit contrôlées par des groupes locaux. Les banques sont moins susceptibles de jouer un rôle important, car le système bancaire dans ces pays n’est pas très développé et le marché des valeurs mobilières est généralement inexistant ou à ses débuts (comme c’est le cas en Libye).

En plus, les demandeurs d’informations financières sont différents d’un pays à l’autre, et autant dans les pays en voie de développement et dans les pays développées. De ce fait, nous pouvons en déduire que dans les pays anglo-saxons, par exemple en Grande-Bretagne, la demande d’informations financières provenant des investisseurs devrait être plus forte qu’en France. Par contre, en France, la demande provenant des établissements bancaires devrait être plus important qu’en Grande-Bretagne. En effet, les principaux demandeurs d’informations financières dans les pays anglo-saxons sont les investisseurs et les créanciers, alors que dans les pays en voie de développement, le principal utilisateur d’informations financières est l’Etat afin de contrôler l’économie nationale. Actuellement, en conséquence de la globalisation, il y a une tendance vers une convergence entre les pays.

2.1. 2. L ’offre d ’info rmati ons finan ci ères

La communication d’informations comptables, comme toute communication, est un processus d’échange « et de partage de messages à partir de choix économiques et techniques devant en principe assurer la continuité du passé et maintenir, subtilement, les systèmes et les pouvoirs » (Willet, 1992). Gibbins et al. (1992) ont définit l’offre (la divulgation) d’information

50

financière comme « une présentation des informations relatives aux performances économiques et aux situations actuelles et future pour une entreprise donnée en fonction des données financières pour des utilisateurs externes ». Mais, la question qui se pose est pour qui et pourquoi les entreprises diffusent-elles des informations financières.

Il existe différentes explications théoriques pour les pays d’économie de marché, l’objectif principal de la diffusion d’information étant de valoriser l’entreprise dans le marché financier, ainsi que pour être conforme aux exigences législatives et professionnelles et présenter les informations au public. Pour Dye (1985), il n’est pas de l’intérêt des actionnaires de diffuser certaines informations susceptibles de réduire la demande de consommation, d’affaiblir le statut de crédit de l’entreprise, de produire des actions réglementaires des autorités gouvernementales, ou d’inciter les syndicats et les fournisseurs à renégocier les contrats avec l’entreprise. Les managers souhaitent donc protéger certaines informations et les garder privées. Darrough et Stoughton (1990) considèrent que la présence de concurrents potentiels sur le marché pouvant utiliser l’information explique certains choix des dirigeants de diffuser ou de ne pas diffuser d’informations. Pour ces auteurs, le dirigeant a intérêt à diffuser une

« mauvaise » nouvelle s’il amène les concurrents potentiels à réviser à la hausse le coût des barrières à l’entrée dans le secteur. En contrepartie, le dirigeant a intérêt de retenir la diffusion d’une « bonne » nouvelle si elle rend le secteur plus attrayant pour un concurrent potentiel, et Brennan (2000) souligne que la propension à diffuser des informations augmente lorsqu’elles sont bonnes, mais aussi quand l’opération est contestée.

En revanche, pour Grossman (1981) et Migrom (1981), lorsque les producteurs possèdent des informations révélant la qualité du produit, ils ont toujours intérêt à les diffuser, puisque, dans le cas contraire, les acheteurs pourront avoir des suspicions en raison d’un manque de lisibilité des caractéristiques du produit, et cela pourrait amener une baisse de prix. En outre, les managers ont intérêt à diffuser des informations financières car elles permettent de valoriser leur firme (Verrecchia, 1983). La diffusion de fausses informations est menacée par les lois anti-fraude et par des contrôles d’audits (Hughes, 1986).

Cette diffusion informationnelle a pour objectif de répondre aux obligations légales et réglementaires, d’informer les actionnaires sur les performances de l’entreprise et de créer les liens de l’entreprise avec son environnement. Les utilisateurs des informations comptables influencent les entreprises par ses intérêts et ses besoins afin d’améliorer leurs informations

51

comptables diffusées. Dans de nombreux cas, la diffusion d’informations comptables est volontaire. Selon Foster (1986), il y a trois forces du marché qui affectent le comportement des entreprises au niveau de la diffusion d’informations comptables :

• la force du marché des capitaux

• la force du marché du travail

• la force du marché du contrôle des entreprises.

Concernant les marchés des capitaux, la diffusion d’informations comptables permet aux investisseurs de collecter les informations nécessaires sur les activités de l’entreprise afin de réduire le risque d’investissement. Les entreprises ont intérêt à fournir davantage d’informations comptables, cela leur permet d’attirer des investisseurs potentiels. Toutefois, quatre raisons empêchent les entreprises de présenter de façon sur-optimiste leurs situations financières :

• la réputation de l’entreprise est en jeu

• la réputation des managers est en jeu

• la certification des tiers est obligatoire

• les punitions légales sont pesantes.

Suite à ce raisonnement s’est développée « l’hypothèse du besoin des capitaux » : la diffusion d’informations comptables est le seul de moyen pour aider à attirer de nouveaux actionnaires et maintenir les cours des actions à travers le maintien d’une demande suffisamment élevée sur le titre. Il est possible qu’une diffusion insuffisante ou sur-diffusion d’informations puisse provoquer une sous-évaluation des actions, cela augmente le risque et les coûts du capital pour l’entreprise. Ensuite, le marché du travail constitue aussi une contrainte pour les managers, pour éviter un éventuel licenciement par les actionnaires en cas d’une mauvaise présentation des états financiers qui conduit une sous-estimation de la valeur de l’entreprise ou une fuite des investisseurs et des créanciers. Le manager a donc intérêt à montrer dans les rapports annuels des informations concernant les investisseurs, tels les dividendes, les investissements et les rémunérations des managers.

La troisième contrainte est le marché du contrôle des entreprises : une mauvaise présentation des états financiers peut provoquer la fuite des investisseurs et faire chuter le cours de l’action et attirer des « prédateurs » potentiels, et cela augmente la menace d’Offre Publique d’Achat

52

(OPA). Pour garder la confiance des utilisateurs d’informations, il vaut mieux fournir plus d’informations financières.

La diffusion d’informations financières est un moyen pour attirer des investissements, mais elle ne passe pas sans coût à supporter par les entreprises. Le but de la diffusion de l’information est de réduire les coûts indirects que peut supporter l’entreprise. Les avantages procurés par les informations comptables devraient justifier ces coûts. Nous pouvons en distinguer plusieurs types énumérés ci-après.

• Les coûts directs et indirects impliqués (le coût de la diffusion, les coûts de propriété, les coûts politiques, etc.) et les bénéfices potentiels en termes de coût du capital et d’image de l’entreprise. Les coûts directs est celui supporté par les entreprises pour la production d’informations financières (Foster, 1986).

• Les coûts indirects de la diffusion. Foster (1986) les désigne comme des coûts de désavantage compétitifs. Par exemple, les informations sur la R&D d’une entreprise peuvent être utilisées contre elle par ses adversaires.

• Les coûts de litige. Par exemple, les poursuites judiciaires suite à la prévision de bénéfices trop optimistes.

• Les coûts liés aux contraintes du comportement des managers. Si un manager annonce une prévision sur le bénéfice par action, il est dans l’obligation de poursuivre cet objet, ce qui lui impose parfois d’abandonner d’autres objectifs qui auraient conduit à un niveau d’efficacité plus élevé.

Les informations comptables diffusées devraient, d’une manière générale, se faire sur la base de la valeur pour qu’elles reflètent la réalité de la situation de l’entreprise et puissent donner une image favorable en apportant plus de bénéfices à l’entreprise que ce qu’elles coûtent. Et toute offre d’informations présente un coût pour l’entreprise émettrice. Selon les modèles formalisés par Verrecchia (1983) et Dye (1985), la décision de l’offre ou non de certaines informations constitue un arbitrage entre les coûts et les bénéfices. Ainsi, Gibbins et al. (1992) suggère qu’avant de publier une information, l’entreprise doit comparer les coûts de sa diffusion (augmentation de la concurrence et des coûts politiques) aux bénéfices potentiels sur sa valeur de marché (amélioration du cours des actions). Il semble évident que selon leurs natures, notamment selon leurs tailles et les secteurs d’activité, ces arbitrages sont sensiblement différents entre les entreprises.

53