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Introduction de la Partie 1

Chapitre 1 L’éclatement du champ de l’entrepreneuriat et le développement des recherches sur l’appui à l’entrepreneuriat

1.2. Les recherches sur l’appui à l’entrepreneuriat

1.3.1. Les pépinières en entrepreneuriat

distingué deux catégories de pépinières, les pépinières de projets51 et les pépinières d’entreprises ou pépinières avec murs. Il a montré que ce sont deux structures qui agissent de façon radicalement différente avec des logiques d’actions propres.

1.3.1.2.1. Les pépinières de projets

Généralement, les pépinières de projets accueillent des créateurs avant la constitution de leur entreprise et mettent à leur disposition des appuis diversifiés et adaptés à leurs besoins.

Pour Bruyat (1992), une pépinière de projets n’est autre qu’un incubateur. C’est un organisme d’entraînement au métier de chef d’entreprise qui apporte des services matériels et immatériels. Bruyat indique que l’apport d’une pépinière de projets est « avant tout d’un apport en matière grise et en réseau relationnel ».

Les pépinières de projets forment et accompagnent52 les porteurs de projets dans le but de limiter les risques d’échecs et d’accroître les capacités de développement des futures entreprises. L’objectif des formations proposées par une pépinière de projets est de combler les déficiences de compétences ou de former de nouvelles connaissances53 au porteur, indispensables pour finaliser un projet et tendre vers plus de sûreté et de réalisme.

Les pépinières de projets fournissent également des moyens logistiques tels que des services de secrétariat, un accès à l’information, des moyens informatiques, des facilitations pour accélérer le processus de création et pour réaliser une étude sérieuse de projet de création.

Nous pouvons donc conclure que les pépinières de projets agissent en amont de la création.

Elles contribuent à l’amélioration de la qualité des projets en permettant aux nouveaux créateurs, qui n’ont pas encore formalisé leur idée et qui ne possèdent pas tous les atouts pour réussir, de développer des projets plus réalistes.

51 Bruyat (1992) les appelle aussi des incubateurs.

52 Bruyat insiste sur le fait que, d’une part, la formation n’est pas une fin en soi mais un aspect particulier de l’accompagnement des créateurs et, d’autre part, l’accompagnement a pour objectif d’aider les créateurs, mais il ne doit pas les materner.

53 Les formations de gestion, de management, voire des formations techniques, commerciales, juridiques et fiscales.

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1.3.1.2.2. Les pépinières d’entreprises

Initialement, les pépinières d’entreprises accueillent des entreprises après leur création effective et proposent des services, en général marchands, indispensables au développement des jeunes organisations. Elles peuvent être généralistes, industrielles ou innovantes, de nouvelles technologies. Elles offrent essentiellement des locaux avec des conditions particulières de location et la possibilité d’utiliser des services partagés.

Toutefois, l’évolution des pépinières d’entreprises fait apparaître de nouvelles fonctions telles que les services de conseils et d’aides en management ou en technologie, la mise en relation avec les milieux d’affaires ou scientifiques à travers la mobilisation de réseaux internes et externes.

Selon la Commission Européenne, « une pépinière d’entreprises est une place où des sociétés nouvellement créées sont concentrées dans un espace limité. Elle a pour but d’améliorer les chances de croissance et le taux de survie de ces sociétés à l’aide d’une construction modulaire comportant des installations communes (téléfax, installations informatiques, etc..) et aussi en leur apportant une aide pour la gestion et des services de soutien. Avec un accent principal sur le développement local et la création d’emplois. L’orientation technologique est souvent marginale »54.

Cette définition montre que les pépinières d’entreprises ont pour objectifs de faciliter le démarrage des jeunes entreprises en limitant les risques d’échec.

1.3.1.2.3. Pépinière d’entreprises ou pépinière de projets ?

Dans notre recherche, nous défendons l’idée qu’il faudrait non seulement relever la distinction entre pépinière et incubateur55, mais aussi entre pépinière de projets et pépinière d’entreprises, car nous estimons que l’omission d’une telle distinction est source de biais forts dans toute analyse qui porte sur les structures d’incubation. Cette remarque est importante, vu que les recherches en entrepreneuriat ont montré que la logique de création est radicalement différente de la logique de démarrage d’entreprises (Fayolle, 2002).

54 J.O C186/51/52 dd.27 juillet 1990.

55 Nous reviendrons sur cette remarque à la fin de ce chapitre.

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Par exemple, dans une approche comparative des dispositifs d’accompagnement français (technopole, pépinière et incubateur) et sans faire la distinction entre les deux catégories de pépinières (pépinière de projets et pépinière d’entreprises), Berger-Douce (2001) propose une définition assez large du concept de pépinière, « c’est un site d’accueil temporaire des porteurs de projet de création d’entreprises avec pour fonctions :

- une mise à disposition de locaux modulaires (en location à durée limitée) ;

- un accès à des services à coûts partagés ;

- un recours possible à des services d’aides en management ou en technologie, ainsi qu’une mise en relation avec les milieux d’affaires ou scientifiques ;

- un lieu d’échanges inter-entreprises et de soutien moral animé par une équipe de direction ».

De cette définition, il ressort qu’une pépinière supporte à la fois les porteurs de projets et les entreprises. Toutefois, dans une synthèse, Berger-Douce (2001) établit parfaitement la distinction entre les pépinières et les incubateurs régionaux56. Selon ses propos, ces derniers se positionnent en amont de la création d’entreprises et se focalisent sur la détection et l’accompagnement des porteurs de projets innovants alors que les pépinières accompagnent des créateurs d’entreprises.

Cette synthèse est donc intéressante d’un point de vue théorique, mais elle démontre que la définition initiale proposée sur la cible des pépinières (les porteurs de projets de création d’entreprises) est contradictoire avec ces résultats.

1.3.1.3. Les pépinières de projets et les pépinières d’entreprises en France

La première pépinière créée en France est celle d’Evry en 1985. Son principal objectif était de répondre à des besoins spécifiques d’immobilier pour l’installation de jeunes entreprises dans une nouvelle ville. Progressivement, cette pépinière s’est dotée de services supplémentaires (services, accompagnements et conseils) devenant par la suite l’un des Centres d’Entreprises et d’Innovation (CEI) de référence.

Les pépinières étaient des outils tournés vers l’insertion par l’économie et la reconversion des sites industriels. Elles se sont développées à l’initiative des collectivités territoriales et des

56 Promus en France dans le cadre de la Loi sur l’Innovation du 12 juillet 1999. Ces incubateurs ont pour finalité de concourir à la création d’entreprises technologiques.

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chambres de commerce qui les conçoivent à la fois comme un moyen d’aider les créateurs d’entreprises et comme un outil d’aménagement du territoire.

Dans les années 90, les pépinières d’entreprises sont devenues des structures d’hébergement, de services et d’accompagnement du porteur de projet. Elles sont reconnues comme outil d’appui à l’entrepreneuriat57 (appui pour l’entrepreneur et/ou pour l’entreprise). Ainsi, cet outil de développement économique a évolué d’une activité de gestion immobilière vers celle de soutien actif à la création d’entreprises.

Les pépinières françaises avaient pour mission de dynamiser une économie territoriale et s’inscrivaient généralement au cœur même d’une stratégie de développement économique local. Toutefois, le fonctionnement et la gestion de ces pépinières ont évolué au milieu des années 90 grâce à :

- une organisation des directeurs de pépinières en réseaux régionaux et nationaux ; - la multiplication des pépinières et l’apparition de la notion de centre de ressources ; - la mise en place de la Norme AFNOR NF Service pépinières.

Cependant, la tendance actuelle laisse apparaître principalement quatre types de pépinières d’entreprises en France :

- des pépinières généralistes, accueillant toutes sortes d’entreprises ;

- des pépinières technologiques, destinées aux activités de haute technologie ou innovantes ;

- des pépinières d’entreprises artisanales ; - des pépinières d’entreprises thématiques.

Ces différentes catégories de pépinières suivent des logiques d’actions distinctes. En effet, elles proposent des services et des moyens spécifiques, en relation étroite avec la catégorie de clientèle (les ingénieurs, les chercheurs, les artisans, les femmes, etc.).

Malgré cette tendance à la spécialisation des activités, les pépinières d’entreprises françaises suivent des objectifs communs à la fois au niveau de l’entrepreneur et de son entreprise en renforcement les chances de succès et de développement (en facilitant le démarrage des entreprises hébergées), mais aussi au niveau de l’économie de proximité en contribuant au développement économique local.

57 La création de l’association ELAN en 1989, l’élaboration d’une charte de qualité en 1994, l’instauration d’une norme AFNOR qui précise la mission des pépinières et qui référencie le métier de dirigeant de pépinières d'entreprises en 2000, montrent les forts intérêts de professionnalisation du métier de « pépiniériste » d’entreprises.

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A travers les pépinières, un réseau local d’échanges inter-entreprises et d’incitation aux transferts de compétences et de technologies s’est créé. Enfin, les pépinières d’entreprises cherchent aussi à développer une notoriété et une reconnaissance pour leur région d’implantation afin d’attirer les investisseurs et les porteurs de capitaux.

D’après le site Web de l’association ELAN, il existe plus de 120 pépinières de projets et pépinières d’entreprises en activité en France, dont plus de 70 sont membres de l’association.

Il apparaît que la tendance à la spécialisation des activités des pépinières a créé une dichotomie entre les pépinières de projets qui appuient des porteurs de projets, et les pépinières d’entreprises qui appuient des entrepreneurs confirmés (qui ont déjà créé leur entreprise)58.