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Présentation de Dreissena polymorpha

5. La moule zébrée, un organisme utilisé en biomonitoring

5.1. Présentation de Dreissena polymorpha

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Tableau IV : Historique de l’invasion de Dreissena polymorpha

Année de détection Localisation 1803 Canal Dniepr-Bug 1824 Est de l’Angleterre

1826 Bas Rhin

1833-1866 France

1878 Hongrie

1885-1886 Allemagne

1887 Pays-Bas

1963 Cuba

1985-1989 USA et Canada

1997 Irlande

2001 Espagne

Les individus se regroupent en grappe sur des substrats durs (pierres, chaînes, coques des bateaux, moules autochtones, …). Cette capacité d'attachement et de regroupement en grappe fait de la dreissène un organisme relativement nuisible. En effet, en se fixant en grappe sur les bivalves autochtones, le poids des dreissènes provoque l'enfouissement des autres organismes dans la vase et donc leur asphyxie. Une autre particularité qui révèle la nuisance de cette espèce, est qu'elle assure un rôle indispensable dans le cycle de vie d'un vers parasite (Bucephalus polymorphus) qui s'enkyste dans le corps de certains poissons et provoque des lésions presque toujours mortelles (ex.: sandre). Enfin, les moules zébrées s'accrochent aux grilles des conduites d'eau ou se développent dans les tuyaux, empêchant ensuite le passage de l'eau dans les canalisations.

5.1.2. Anatomie de la moule zébrée

L'anatomie de la moule zébrée a été décrite par Yong et Campbel (1968) et Morton (1969). La coquille comme son nom l'indique présente des zébrures de couleurs crème et brune.

La coquille de la dreissène présente une forme triangulaire caractéristique avec une face ventrale aplatie et une face postérieure bombée (Figure 23). La dreissène possède deux courts siphons séparés. Le siphon inhalant présente une ouverture relativement large et comprend de très petits tentacules en périphérie de son ouverture. Le siphon exhalent est conique, dirigé de manière

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postéro-dorsale s'ouvre de manière moins importante que le siphon inhalant, et ne possède pas de petites tentacules. Le troisième siphon fusionné directement au manteau porte des papilles irrégulièrement espacées et incolores. Le manteau de la dreissène se trouve dorsalement au-dessus du siphon exhalent, entre les siphons exhalent et inhalent, ventralement entre le siphon et l'ouverture pour le pied et à l'avant de l'ouverture pour le pied. L'ouverture prévue pour le pied permet l'extension du pied et la formation du byssus. Le système musculaire de la dreissène est composé d'un large muscle adducteur situé postéro-dorsalement. Les muscles rétracteurs postérieurs sont attachés à la coquille sur une ligne parallèle à la frontière postéro-dorsale et avant le muscle adducteur postérieur. Un petit muscle situé entre les éléments antérieurs constitue le muscle rétracteur byssal postérieur (Morton 1993).

Figure 23 : Anatomie de la dreissène (Morton 1993) Face dorsale

Face ventrale

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5.1.3. Cycle de vie et reproduction de la dreissène

La période de reproduction de la dreissène s'étend de juin à octobre en fonction de la température de l'eau. Le développement gonadique intervient lorsque la température de l'eau atteint 12°C. La période de fraie se produit entre la fin du printemps et le début de l'été (Mackie 1991; Garton and W.R. Haag 1992; Domagala 1997; Roe and MacIsaac 1998; Binelli et al., 2001;

Juhel et al., 2003). Chez les dreissènes, on distingue les organismes mâles des femelles. Les ovules et les spermatozoïdes sont libérés dans l'eau en très grande quantité. Une femelle peut pondre 40 000 à 1 million d'œufs par an.

Le cycle de vie de la dreissène (Ackerman et al., 1994) débute par la fertilisation extérieure des gamètes qui sont relargués dans la colonne d'eau (Figure 24). Le diamètre des œufs est compris entre 40 et 96 µm. Après la fertilisation et les étapes de blastulation et de gastrulation, une larve trochophore se développe (57-121µm). Le trochophore nage librement et devient un veliger en développant un velum, c'est-à-dire un organe larvaire de nutrition et de locomotion. La possession d'un velum caractérise toute la suite des stades larvaires comme les veligers. Deux à neuf jours après la fertilisation, les veligers sécrètent une coquille en forme de D, non ornementée à partir de la glande de coquille, mesurant entre 70 et 160µm. Durant les deux derniers jours de cette période, une seconde coquille plus ornementée appelée prodissoconche II est sécrétée par le tissu du manteau. Ce veliger ou véliconche (120-280 µm ; 2-24j après fertilisation) est le dernier stade de nage libre et se retrouve dans le plancton. Lors de la phase de croissance accrue de nouveaux organes tels que le pied se développent donnant lieu à un pédiveliger (167-300 µm ;

>10j après fertilisation). D'autres changements interviennent, impliquant les filaments branchiaux qui se forment dans la cavité du manteau, mais qui n'atteindront pas la maturité. Au contraire, le pied bien développé est utilisé pour la nage près du fond de l'eau. Entre 18 et 90 jours après la fertilisation, le pédiveliger va secréter un byssus sur une surface appropriée. Une fois fixé, il va pouvoir subir une métamorphose pour devenir postveliger ou une moule plantigrade (>158- 500µm ; 6-47 j après fertilisation). Les principaux changements morphologiques sont la perte du velum, le développement des branchies et de la bouche ainsi que la sécrétion du dissoconche, ou coquille adulte. Le pied grandit et il y a une réorientation dans la cavité du manteau. Ces développements transforment le plantigrade en juvénile qui, en grandissant et en atteignant la maturité sexuelle lors de la première année, deviendra adulte.

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Les moules zébrées ont une croissance relativement élevée au cours de leurs trois premières années de vie, elles deviennent sexuellement matures durant leur première année et atteignent une taille finale de la coquille de 3,5 à 5 cm. Leur fort taux d'énergie allouée à la reproduction (74 à 90%) par rapport à la corbicule (5 à 15%) (McMahon 2002) et la petite taille de leurs œufs leur permettent une très forte fécondité. La densité de cette espèce se situe entre 7 000 et 114 000 individus/m².

Figure 24 : Cycle de vie de Dreissena polymorpha