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Chapitre 6 Axe 1A - La valorisation comme mesure de la valeur d’un comportement

6.2. Étude 1 - Effet de la valorisation des comportements (dévalorisés, neutres, valorisés) dans

6.3.5. Conclusion Axe 1a relative aux études 1 et 2

Ces deux études avaient pour objectif de comprendre l’intervention des variables sociales dans la prédiction de l’intention comportementale. Nous faisions l’hypothèse que les variables sociales expliquent l’intention comportementale des comportements les plus valorisés En conséquence, nous avons fait varier la valorisation du comportement au travers une distinction entre des comportements « bien vus par les gens » versus « mal vus par les gens ». Les résultats des études 1 et 2 confirment en partie la première hypothèse (H1A) supposant que la valorisation des comportements est un déterminant essentiel de l’impact de variables sociales (i.e. normes subjectives et identité personnelle) dans l’explication de l’intention comportementale. Toutefois, les résultats obtenus nous font remarquer que les comportements dévalorisés sont aussi expliqués dans une plus forte mesure par les variables sociales, comme en attestent les résultats de l’étude 1, et conformément aux résultats de Manning (2009). Plus avant, les résultats montrent que même pour les comportements neutres (étude 2) les variables sociales sont aussi prédictives de l’intention comportementale. Par conséquent, les résultats de ces deux études pris ensembles confirment l’idée, qu’à la fois pour les comportements valorisés comme pour les comportements dévalorisés, la prise en compte de la valorisation du comportement est un déterminant essentiel de l’intervention des variables sociales dans la prédiction de l’intention comportementale.

Ces premières recherches ne sont pas exemptes de limites, nous en présenterons cinq. Une première limite tient à la qualité des mesures des composantes de la TCP. En effet certaines des composantes intégrées dans les modèles de mesure voyaient leur valeur correspondant à l’alpha de Cronbach équivalente aux valeurs requises pour une recherche préliminaire (cf. Encadré 4, p. 118), d’autres composantes étaient, quant à elles, dotées d’un seul item, cet item étant considéré comme suffisamment représentatif pour être conservé. Il nous reviendra lors du second axe de recherches d’améliorer la qualité de l’ensemble des mesures, afin d’octroyer un plus grand crédit aux résultats présentés. Une deuxième limite tient au fait que nous n’avons pas exactement suivit la procédure méthodologique préconisée lorsque l’on a recours à la TCP (cf. Encadré 2, p. 111). Dans la mesure où nous avons pour projet de manipuler la valeur du comportement, manipulation concourant dans le cadre de la TCP à la définition du comportement, nous poursuivrons alors nos recherches en définissant les comportements selon les critères du TACT.

Une troisième limite à ces deux études relève de la cohérence des traitements statistiques. Nous avons pour projet de montrer que l’effet des variables sociales dans la prédiction de l’intention comportementale dépend à la fois du type de comportement prédit et du type de variable sociale.

Plus avant, nous considérons que les variables sociales auront un impact sur l’intention comportementale pour les comportements porteur de valeur comparativement aux comportements non porteur de valeur. Nous avons mentionné lors du chapitre 4 quelle était la spécificité des comportements qualifiés de « pro-sociaux ». Or l’évaluation des comportements dans le pré-test 2 a été réalisé en intra-sujets, alors que ces comportements ont été étudiés ensuite en inter-sujets (étude 1 et 2). La méthode utilisée pour le pré-test 2, quoiqu’économique, manque toutefois de nous certifier que les comportements identifiés comme valorisés, neutres et dévalorisés sont toujours reconnus comme tels même lorsqu’ils sont évalués indépendamment les uns des autres.

Cette remarque nous conduit finalement à la cinquième limite de ces études, montrant la nécessité de disposer de méthode et d’outil fiables quant à la mesure initiale de la valeur du comportement considéré.

Face à cette dernière limite nous opterons pour un changement d’opérationnalisation de la valeur du comportement en se dessaisissant de la valorisation (selon une dimension bien vu par les gens versus mal vu par les gens) et ce, pour quatre raisons. La première raison tient au fait que comme nous l’avons vu, catégoriser les comportements en référence à une mesure de leur caractère bien vu/mal vu pose question quant à une véritable valorisation du comportement considéré : soit dans son groupe d’appartenance, soit en référence au respect ou pas d’une règle légale consignée dans un texte, ici le code la route. Dans le premier cas, l’influence est normative et relève de processus reliés à une identification à son groupe d’appartenance, dans le second cas

l’influence relève de processus proches de la soumission à l’égard d’une autorité établie. La deuxième raison renvoie au fait que les comportements valorisés selon l’échelle de valorisation sont des comportements en correspondance avec les règles prescrites formelles que sont les règles du code de la route. Or notre projet consiste à prédire l’intention comportementale par le recours aux « normes sociales ». Du reste, une norme sociale n’est jamais réalisée sous l’effet de contraintes institutionnalisées (Dubois, 1994, 2009). Ainsi pour satisfaire pleinement à notre projet, il convient de mettre de côté le continuum bien vu versus mal vu afin de mettre en évidence le poids de variables sociales dans l’explication de l’intention comportementale de comportements non soumis aux règles formelles. La troisième raison renvoie au fait que dans ce premier axe de recherche les comportements ont été comparés selon la valence de la valeur. En effet, nous avons comparé des comportements valorisés à des comportements dévalorisés. Or il semblerait que ce soit moins la valence, que l’intensité de la valeur qui soit un élément déterminant. Plus exactement, du côté des comportements valorisés, ceux-ci pouvant se confondre avec les règles du code de la route, les résultats observés correspondraient à un effet plafond de l’impact des variables sociales dans la prédiction de l’intention comportementale, alors que du côté des comportements dévalorisés, ceux-ci seraient doté d’un niveau hiérarchique de dévalorisation élevé, ce qui expliquerait les pourcentages élevés de l’impact des variables sociales (allant jusque 27.2 %). Enfin, la quatrième raison réfère au contenu des comportements de l’échelle de valorisation. En effet, les comportements hiérarchisés selon l’échelle de valorisation sont aussi des comportements présents dans l’échelle de colère au volant (Delhomme et Villieux, 2008 ; Villieux et Delhomme, 2007, 2008, 2010). Autrement dit, l’échelle de valorisation telle qu’utilisée dans les études 1 et 2 confondrait une dimension de valeur avec une dimension relative aux émotions. Or, comme l’a montré Dubois (1994), les normes sociales ne sont pas supposées renvoyer à une dimension affective, mais à une dimension évaluative.

Considérant ces quatre raisons, nous allons délaisser la première opérationnalisation de la valeur du comportement, renvoyant à une dimension de valorisation, au profit d’une seconde opérationnalisation, identifiée selon selon le degré de socialité du comportement.

Ainsi nous avons réalisé une seconde opérationnalisation de la valeur d’un comportement au regard d’une mesure de la socialité d’un comportement (Axe 1B). Cette opérationnalisation pourrait nous donner l’occasion d’éviter les écueils liés à l’opérationnalisation de la valeur d’un comportement selon une dimension de valorisation selon un axe bien vu versus mal vu, tout en nous laissant mesurer l’impact des variables sociales dans sa mise en œuvre. À cet égard nous nous tournons vers le développement d’un indice de socialité tel que proposé par Beauvois et al. (1991). Plus avant, pour nous extraire du choix de comportement en lien avec les

règles formelles du code de la route, nous avons opté pour des comportements en lien l’éco- mobilité.

Avant de poursuivre nous dirons, en conclusion de cet axe de recherches, que manipuler la valeur du comportement au travers de la sélection de comportements « bien vus par les gens » versus « mal vus par les gens » permet de prédire de l’effet des normes subjectives, de l’image et de l’identité personnelle dans la prédiction de l’intention comportementale, et notamment de la prédiction de comportements dévalorisés.

Chapitre 7 Axe 1B - La socialité comme mesure de la valeur d’un