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1.2 L E CAS D ’ UN GUIDE 3D

1.2.3 Spectre discret, Λ disc (A) , et propriétés

Maintenant que nous avons étudié le spectre essentiel, passons au spectre discret. À la section 1.1, nous avons vu que l’on pouvait caractériser les valeurs propres par une relation de dispersion explicite. Dans le cas général, une telle relation de dispersion n’est pas facilement accessible et ce sont les formules dites du min-max qui permettent de démontrer des résultats sur le spectre discret.

Proposition 1.6 Le spectre discret de l’opérateurA, notéΛdisc(A), est constitué d’un nombre fini de valeurs propres, incluses dans]−kmax2 ,−k2 [.

Démonstration. Comme le spectre est inclus dans[−kmax2 ,+[et que le spectre essentiel est égal à [−k2,+[, on en déduit directement que le spectre discret est inclus dans[−kmax2 ,−k2 [.

Tout d’abord, −k2max ne peut pas être une valeur propre deA. En effet, distinguons deux cas : kmax = k et kmax > k. Dans le cas où kmax = k, alors on a vu que kmax Λe(A), donc kmax ∈/ Λdisc(A). Supposons maintenant que kmax > k. Alors, en multipliant l’équation aux valeurs propres parµuet en intégrant par parties, on obtient :

µ|∇u|2dΩ =

(kmax2 −k2)µ|u|2dΩ.

Le terme de gauche est toujours positif, le terme de droite est toujours négatif. On en déduit qu’ils sont nuls, donc que∇u = 0, puis queuest une constante, ce qui ne peut appartenir au spectre discret.

Il ne reste plus qu’à vérifier que les valeurs propres du spectre discret sont en nombre fini. Pour cela, nous allons appliquer le principe du min-max (voir, dans l’annexe, la proposition A.2 pour un énoncé du principe du min-max).

2Le principe de prolongement unique est valable pour tout opérateur elliptique, dans notre cas avecµW1,(Ω), par morceaux, et tel qu’il existe deux constantesC1, C2telles que pour tout(y, z),0< C1< µ(y, z)< C2 <+, et avecρL(Ω), voir par exemple [RL09, théorème 4.2].

Notons ΩB la boule de centre0 et de rayonR. L’idée est de comparer les valeurs propres de A situées en dessous de la borne inférieure du spectre essentiel deAavec les valeurs propres d’un opérateur à résolvante compacte, que l’on va noterAB. L’opérateurABest défini par :

ABu:=1

µdiv(µ∇u)−k2u, ∀u∈D(AB) :={u∈H1(ΩB),div(µ∇u)∈L2(ΩB),∂u

∂n|B = 0}. Il est alors facile de vérifier queABest un opérateur autoadjoint à résolvante compacte (on utilise le fait que l’injection de H1(ΩB) dans L2(ΩB) est compacte (théorème de Rellich)). La théorie spectrale nous assure alors qu’il existe une suite de valeurs propres croissanteλBn, qui tend vers + et une base hilbertienne de L2(ΩB) constituée des fonctions propres uBn D(AB) deAB, telles queABuBn =λBnuBn. Ces valeurs propresλBn sont caractérisées par la formule suivante, dite du min-max :

λBn = sup

Vn1∈Vn1(L2(ΩB))

inf

uVn1H1(ΩB),u̸=0

aB(u, u) (µ u, u)L2(ΩB),

Vn1(L2(ΩB))est un sous-espace deL2(ΩB)de dimensionn−1,Wdésigne l’orthogonal de W, i.e.{u X,(µ u, v)X = 0,∀v W}etaB(u, v)est la forme associée à l’opérateurAB, définie par

aB(u, v) =

B

(µ∇u· ∇v−ω2ρ u v) dΩ.

Cette forme est définie surH1(ΩB).

Maintenant, la formule du min-max appliquée àAdonne : λn(A) = sup

Vn−1∈Vn−1(L2(Ω))

inf

uVn1H1(Ω),u̸=0

a(u, u) (µ u, u)L2(Ω),a(u, v)est la forme associée àA:

a(u, v) =

(µ∇u· ∇v−ω2ρ u v) dΩ,

définie sur H1(Ω). Considérons Vn1 le sous-espace deL2(Ω)engendré par lesn−1premières valeurs propres deAB, complétées par0dansΩ\B. On a :

λn(A) inf

uW,u̸=0

a(u, u) (µ u, u)L2(Ω),

W =Vn1∩H1(Ω) ={u∈H1(Ω),(µ u, uBk)L2(ΩB) = 0,∀k= 1, . . . , n−1}.

On remarque alors que

a(u, u) =aB(u, u) +µ

\B

|∇u|2dΩ−ω2ρ

\B

|u|2dΩ.

Par définition deλBn, pour toutu∈W,

aB(u, u)≥λBn(µ u, u)L2(ΩB). Au final, on a, pouru∈W :

a(u, u)≥λBn(µ u, u)L2(ΩB)−k2

\B

µ|u|2dΩmin(λBn,−k2 )(µ u, u)L2(Ω).

On en déduit queλn(A)min(λBn,−k2 ).

CommeλBn +, alorsλn(A) =−k2 au delà d’un certain rang. Ceci montre d’après le principe du min-max qu’il n’y a qu’un nombre fini de valeurs propres en dessous de la borne inférieure du spectre essentiel.

Proposition 1.7(croissance du nombre de valeurs propres avec la fréquence) Nous notonsN(ω) le nombre de valeurs propres strictement inférieures à−k2 . AlorsN(ω) est une fonction croissante par rapport àω.

Démonstration. On applique ici aussi le principe du min-max. Commeλn(A), défini par la formule du min-max, est toujours inférieur ou égal à−k2 , on a :

λn(A) +k2 = inf

Vn∈Vn(V) sup

uVn,u̸=0

min (

0, a(u, u) (µ u, u)X

+k2 )

. Remarquons que

a(u, u)

(µ u, u)X +k2= ∫ 1

µ|u|2dΩ

(µ|∇u|2−ω2(ρ−ρ)|u|2) dΩ.

En fixant la fonctionu, on voit que la quantité min

(

0, a(u, u)

(µ u, u)X +k2 )

est décroissante vis à vis deω: c’est une fonction du typemin(0, a−ω2b), avec a > 0. Donc sib est positif, c’est bien une fonction décroissante et sibest négatif alorsmin(0, a−ω2b) = 0, qui est bien une fonction décroissante.

Ainsi, la fonctionω 7→ λn(A) +k2 est décroissante car l’inf et lesupd’une famille de fonctions décroissantes sont également des fonctions décroissantes. Or,N(ω)est défini par :

N(ω) = sup{

n≥1, λn(A) +k2 <0} . On en déduit queN(ω)est croissant par rapport àω.

Ce résultat nous permet de définir la notion defréquence de coupure(cut-off frequency en anglais) : une fréquence de coupure est une fréquence pour laquelle un mode guidé apparaît ou disparaît.

La proposition 1.7 nous montre que le nombre de valeurs propres est une fonction croissante par rapport à ω. Ainsi, en augmentant ω, des valeurs propres apparaissent. Les valeurs deω pour lesquelles cela se produit sont les fréquences de coupure. Cette notion coïncide avec celle que nous avons vue à la section 1.1. En effet, à la section 1.1, une fréquence de coupure est définie comme une fréquence pour laquelle −k2 est solution de l’équation de dispersion : une valeur propre apparaît de la borne inférieure du spectre essentiel.

Nous appelons lemode fondamentalla plus petite valeur propre strictement inférieure à la borne inférieure du spectre essentiel.3

Proposition 1.8(Existence du mode fondamental, dans le cas du guide constant par morceaux) Dans le cas du guide constant par morceaux, nous rappelons que nous notons c0 la vitesse, constante, dans le cœur. Nous avons l’équivalence suivante (qui donne une condition nécessaire et suffisante pour

3Nous ferons souvent la confusion de vocabulaire entre la notion de mode et la valeur propre associée au mode. En toute rigueur, on devrait dire la valeur propre associée au mode fondamental.

l’existence du mode fondamental), en notant comme à la proposition 1.7N(ω)le nombre de valeurs propres strictement inférieures à−k2,

N(ω)1,∀ω si, et seulement si, c0 < c.

En d’autres termes, il faut et il suffit que la vitesse soit plus faible dans le cœur que dans la gaine pour qu’il y ait au moins une valeur propre.

Démonstration. Montrons tout d’abord que si N(ω) 1, pour toutω alors c0 < c. Supposons par l’absurde que c0 c. Alors, on a vu que le spectre discret deAest vide, ce qui se réécrit N(ω) = 0.

Montrons maintenant la réciproque. Supposonsc0 < c. On va utiliser le principe du min-max pour la première valeur propre :

λ1(A) = inf

V1∈V1(V) sup

u∈V1,u̸=0

(µ Au, u)L2(Ω)

(µ u, u)2L2(Ω)

.

On noteΩBla boule de centreOet de rayonR, qui contient le cœur du guide (là oùk=k0,c=c0, µ=µ0,ρ=ρ0). SoitM > R >0. SoituM défini par :

uM =



1 sir≤R,

ln( r

M

)/ln(R

M

) siR < r≤M,

0 sir > M.

On vérifie alors que∫

R2|∇uM|2dΩ = 2π/ln(M

R

). Donc,∫

R2|∇uM|2dΩ0quandM +. On a par principe du min-max :

λ1(A) (µ AuM, uM)L2(Ω) (µ uM, uM)2L2(Ω)

= ∫ 1

R2µ|uM|2dΩ (∫

R2µ|∇uM|2dΩ

R2µ k2|uM|2dΩ )

. En faisant tendre M vers +, comme −k2 ≤ −k2 , on a :λ1(A) < −k2. Ceci implique, par principe du min-max, queN(ω)1.