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L’obligation des États de promouvoir le commerce de biens soumis à des régimes gouvernés par la RSE

fréDérique miChéa

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système de priorisation des mesures d’exécution sera dynamique75 » (Commission, 2022a, p. 5).

Le formulaire de plainte relatif au CDD et au SPG exigera des éléments de preuve quant à l’exis- tence avérée d’obstacles au commerce et d’un préjudice en résultant. Il est aussi attendu du plai- gnant qu’il indique les actions entreprises dans les organisations internationales en lien avec les obstacles au commerce allégués du fait de la violation des dispositions issues de chapitres CDD des accords (Commission, 2022a, p. 3). Cette exigence supplémentaire, propre aux plaintes CDD/

SPG, est de nature à complexifier davantage la tâche des partenaires sociaux et des organisations de la société civile désireux de porter à l’attention de la Commission des éléments d’information dans l’hypothèse d’une violation alléguée, par un pays tiers, de dispositions des ALE afférentes à un chapitre CDD.

2.1.3. L’obligation des États de promouvoir le commerce de biens soumis

chaPitrE 3. La rEncontrE dE La rESPonSaBiLité SociaLE dES EntrEPriSES Et dES droitS dES traVaiLLEurS...

termes des accords déclinent la nature « des systèmes volontaires d’assurance de la durabilité79 » que les partenaires de commerce peuvent promouvoir, « des programmes de commerce équi- table et éthique et des labels écologiques80. » Les accords restent assez évasifs sur la teneur des initiatives volontaires à soutenir par les Parties, mais ont au moins le mérite de les évoquer81. L’accord de commerce UE-Royaume-Uni met l’accent, dans un3e formulation inédite, sur « l’utilité des lignes directrices sectorielles internationales dans le domaine de la RSE et de la conduite res- ponsable des entreprises82 » et la nécessité d’encourager les travaux en commun à ce sujet.

En outre, les chapitres CDD des accords s’intéressent à la gestion durable des forêts et au commerce des produits forestiers, à la gestion durable des ressources biologiques marines et des produits de l’aquaculture et évoquent, de plus en plus, la nécessité de mettre en avant, pour le commerce de telles marchandises, des systèmes de documentation ou de certification rele- vant d’une démarche RSE83. Si l’on prend pour illustration la thématique centrale du commerce des produits forestiers, les avancées conventionnelles paraissent encore modestes dans les ALE de dernière génération. En effet, la Communauté européenne puis l’Union ont négocié avec certains États tiers des accords de partenariat volontaire (APV) offrant l’assurance que toutes les importations de bois et produit dérivés en provenance des pays tiers ciblés sont produites légalement84. Ainsi, dès 2010, la Communauté avait établi avec le Ghana un régime d’autori- sation FLEGT (Forest Law Enforcement Governance and Trade ; application des réglementations forestières, gouvernance et échanges commerciaux) se référant à une expédition de bois pro- duit légalement dans ce pays tiers85. Le Ghana, comme d’autres pays après lui86, a élaboré une norme légale pour étayer la mise en œuvre de cet accord qui impose aux exploitants forestiers du pays, au moment de la vente ou de l’exploitation du bois, de se conformer à des obligations formulées dans l’APV87. De tels systèmes de vérification de la légalité du bois reposent sur une

79. Ibid.

80. Ibid.

81. Article 16.5, d) de l’accord UE-Japon, précit., selon lequel les Parties « reconnaissent la contribution d’autres initia- tives volontaires, y compris du secteur privé, à la durabilité » des marchandises.

82. Article 8.10, § 3 de l’accord de commerce et de coopération entre l’UE et la Communauté européenne de l’éner- gie atomique, d’une part, et le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, d’autre part, JOUE L 444, 31 décembre 2020, p. 14.

83. Voir par exemple l’article 13.9, § 2, b) de l’ALE UE-Viêt Nam, précit.

84. Règlement no 2173/2005/CE du Conseil du 20 décembre 2005 concernant la mise en place d’un régime d’autorisa- tion FLEGT relatif aux importations de bois dans la Communauté européenne, JOCE L 347, 30 décembre 2005, p. 1.

85. Accord de partenariat volontaire entre la CE et la République du Ghana concernant l’application des réglementa- tions forestières, la gouvernance et les échanges commerciaux de bois et produits dérivés vers la Communauté, JOCE L 70, 19 mars 2010, p. 3.

86. Voir, par exemple, l’accord de partenariat volontaire entre l’Union européenne et la République d’Indonésie sur l’application des réglementations forestières, la gouvernance et les échanges commerciaux de produits du bois vers l’UE, JOUE L 150, 20 mai 2014, p. 252.

87. Annexe II de l’accord de partenariat volontaire entre la CE et la République du Ghana, précit.

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démarche de certification, faisant appel aux outils de la RSE, qu’il serait intéressant de généra- liser dans tous les accords de commerce de l’Union.

Le règlement relatif à l’application des réglementations forestières, à la gouvernance et aux échanges commerciaux (FLEGT) est devenu une référence en matière de législation ciblée sur les obligations de vigilance dans les chaînes d’approvisionnement88. Mais le règlement no 2017/821/UE relatif aux minerais originaires de zones de conflit représente, en droit positif, l’instrument secto- riel sans doute le plus abouti de l’Union dans une démarche respectueuse de la RSE89. Il a souvent été présenté comme la réplique à la célèbre législation américaine Dodd-Frank portant sur le com- merce des minerais de conflit, mais il possède par contraste un champ d’application mondial90. Ce règlement tend à aller plus loin que la logique traditionnelle de soft law de la RSE en imposant une forme de responsabilité contraignante sur les chaînes de valeur. Ce règlement interdit l’ex- portation vers l’Union de quatre minerais provenant de zones de conflit et leur utilisation par les fonderies et raffineries européennes. Pèse sur les importateurs concernés la contrainte de mettre en place « une chaîne de responsabilité ou un système de traçabilité de la chaîne d’appro- visionnement91 ». Le système est fondé sur un processus de mise en conformité et non sur une démarche de sanction (Aseeva, 2019, p. 75). Les autorités nationales conservent la liberté d’impo- ser les peines, en particulier des amendes civiles, qu’elles jugent adéquates dans l’hypothèse d’un constat d’infraction par un importateur au règlement. Il serait souhaitable que l’Union envisage une extension du régime juridique ciblé, dans le règlement no 2017/821/UE, sur l’importation de quatre minerais. Les articles 8.10, § 3 de l’accord de commerce UE-Royaume-Uni et 25.4, § 2, c) de l’AECG disposent que les Parties mettent en œuvre des mesures visant à favoriser l’adoption du guide de l’OCDE sur le devoir de diligence pour des chaînes d’approvisionnement responsables en minerais provenant de zones de conflit ou à haut risque et ses suppléments (OCDE, 2016). Ce guide de l’OCDE fournit un cadre d’action adapté au commerce de l’ensemble des minerais et non plus cantonné aux secteurs de l’étain, du tantale, du tungstène et de l’or92. L’Union pourrait utile- ment s’inspirer du référentiel RSE incorporé dans ce guide afin de consolider sa législation relative au commerce international de minerais et d’étendre sa portée matérielle.

88. Règlement no 2173/2005/CE, précit.

89. Règlement no 2017/821/UE du Parlement européen et du Conseil du 17 mai 2017 fixant des obligations liées au devoir de diligence à l’égard de la chaîne d’approvisionnement pour les importateurs de l’Union qui importent de l’étain, du tantale et du tungstène, leurs minerais et de l’or provenant de zones de conflit ou à haut risque, JOUE L 130, 19 mai 2017, p. 1.

90. La loi américaine Dodd-Frank ne s’applique, quant à elle, qu’à la République démocratique du Congo et à neuf États africains voisins.

91. Article 4, f) du règlement no 2017/821/UE, précit. Voir le règlement délégué no 2019/429/UE de la Commission du 11 janvier 2019 complétant le règlement no 2017/821/UE du Parlement européen et du Conseil en ce qui concerne la méthodologie et les critères à utiliser pour l’évaluation et la certification des mécanismes de devoir de diligence à l’égard de la chaîne d’approvisionnement en étain, en tantale, en tungstène et en or, JOUE L 75, 19 mars 2019, p. 59.

92. Ce guide de l’OCDE fournit des orientations pratiques visant à éviter toute implication des entreprises du secteur des industries extractives dans des conflits et à favoriser des chaînes d’approvisionnement transparentes dans le commerce des minerais.

chaPitrE 3. La rEncontrE dE La rESPonSaBiLité SociaLE dES EntrEPriSES Et dES droitS dES traVaiLLEurS...

L’effectivité des clauses RSE présentes dans les accords de commerce ne dépend pas seu- lement de la capacité mobilisatrice des États parties aux accords. Une attention particulière doit être prêtée aux mécanismes privés, évoqués également dans les accords, qui recherchent l’implication des entreprises au soutien de l’effectivité de ces clauses.

2.2. Les mécanismes médiats impliquant les entreprises au soutien

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