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Marion BARY

2. Difficile appréhension de l’information environnementale

2.2. Un manque de lisibilité des informations environnementales

Il existe également un manque de lisibilité des informations environnementales pour le consommateur. Celui-ci peut en effet éprouver une incompréhension de manière temporaire (2.2.1) ou de manière pérenne (2.2.2).

2.2.1. Incompréhension temporaire du consommateur

Une déstabilisation temporaire du consommateur dans la compréhension des informations environnementales résulte de la modification de l’information, c’est-à-dire d’une modification des critères retenus jusqu’alors et d’une nouvelle signification des éventuels logos, symboles infor- matifs. L’exemple topique est celui relatif à l’impact énergétique de certains produits de consom- mation. À compter du 1er mars 2021, de nouvelles étiquettes relatives à l’impact énergétique de certains produits de consommation (comme les lave-vaisselle, les lave-linge, les écrans…) ont fait leur apparition, traduisant des exigences plus importantes et intégrant de nouveaux cri- tères tels que ceux de la réparabilité et de la recyclabilité. Ainsi, pour être mis sur le marché de l’Union européenne, les produits concernés doivent atteindre une performance énergétique et

21. Voir l’article L. 541-9-1 du Code de l’environnement, faisant référence à une communication de l’information « par voie de marquage, d’étiquetage, d’affichage ou par tout autre procédé approprié » (à compter du 1er janvier 2022).

Chapitre 9. les informations environnementales à Destination Du Consommateur

environnementale de haut niveau. Les étiquettes énergie, qui initialement devaient réaliser un classement des produits de A à G, ont conduit ces dernières années à un classement essentielle- ment limité à A+, A++, A+++, en raison des progrès effectués par les producteurs. Les nouvelles étiquettes énergie reprennent une échelle de A à G, ce qui peut temporairement rendre plus complexe la compréhension de l’information environnementale pour le consommateur. Même si cette modification a vocation à rendre plus lisible, plus transparente l’information environnemen- tale, elle passe nécessairement par un temps d’adaptation du consommateur22.

Une même conséquence peut se rencontrer également lorsqu’une expérimentation d’affi- chage environnemental s’est déroulée sur une période et qu’elle conduit à un changement de la forme de l’information et/ou des critères retenus, une fois l’expérimentation terminée.

2.2.2. Incompréhension pérenne du consommateur

Le consommateur peut être enfin confronté à un manque de lisibilité pérenne, ce qui consti- tue un véritable obstacle à la compréhension de l’information environnementale. Cette fois-ci, il n’est plus question d’un temps nécessaire d’adaptation du consommateur mais d’une réelle difficulté pour appréhender l’information environnementale. Le défi est alors de rendre acces- sible et compréhensible une information environnementale générale pour certains produits.

Le législateur, tant français qu’européen (Dutruc, 2019), opte alors pour une période d’expé- rimentation afin de déterminer la méthodologie, la modalité d’affichage, le référentiel retenu pour permettre un comparatif au consommateur. Or, les expérimentations se sont succédé depuis plusieurs années pour déterminer l’impact environnemental de produits pendant tout leur cycle de vie en matière d’émissions de gaz à effet de serre, de biodiversité, d’épuisement des ressources naturelles non renouvelables, d’eutrophisation des eaux, de pollution photo- chimique, d’acidification, d’écotoxicité aquatique23 (critères retenus par l’Agence de l’environne- ment et de la maîtrise de l’énergie [ADEME]).

Une nouvelle période d’expérimentation s’est ouverte avec l’adoption de la loi no 2021-1104 du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets. En effet, ce texte prévoit une expérimentation d’une durée maximale de cinq ans à compter de la promulgation de la loi, pour chaque catégorie de biens et de services sélection- nés, afin d’évaluer différentes méthodologies de calcul des impacts environnementaux et modali- tés d’affichage. L’affichage environnemental expérimenté sera rendu obligatoire à l’issue de cette période d’évaluation, prioritairement pour le secteur du textile d’habillement. Selon le texte :

« L’information apportée fait ressortir, de façon fiable et facilement compréhensible pour le consommateur, l’impact environnemental des biens et services considérés sur l’ensemble de leur cycle de vie. Elle tient compte des impacts environnementaux des biens et services

22. Règlement européen no 2017/1369/UE du 4 juillet 2017.

23. Onze critères ont été retenus au niveau européen : le réchauffement climatique, l’empreinte carbone, l’épuisement des ressources, la destruction de la couche d’ozone, l’émission de radiation ionisante, l’eutrophisation des mers, des sols et des cours d’eau, la consommation d’eau, l’acidification des sols et des rivières.

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considérés, pris en compte selon leur pertinence pour une catégorie donnée, notamment en termes d’émissions de gaz à effet de serre, d’atteintes à la biodiversité et de consommation d’eau et d’autres ressources naturelles. Elle tient également compte des externalités environ- nementales des systèmes de production des biens et services considérés, évaluées scienti- fiquement, en particulier pour les produits agricoles, sylvicoles et alimentaires. Cet affichage fait également ressortir, de façon fiable et facilement compréhensible pour les consomma- teurs, l’impact spécifique en termes d’émissions de gaz à effet de serre des biens et services sur l’ensemble de leur cycle de vie. »

Il est à noter qu’en matière alimentaire le législateur semble s’inspirer d’une initiative privée, l’écoscore, mesurant l’impact environnemental des produits alimentaires, élaborés par certains acteurs privés, avant la loi (Fabrégeat, 2021).

Il faut espérer qu’une réelle solution résulte de cette nouvelle expérimentation afin que le consommateur se voie fournir une information environnementale générale réelle, lisible et fiable.

À l’heure actuelle, la solution à adopter n’apparaît pas de manière prégnante. Des discussions sont toujours en cours (Dutruc, 2019). Le consommateur reste donc pour le moment face à des infor- mations environnementales variées, sans disposer d’une information claire et compréhensible.

L’information environnementale est devenue sans conteste un élément essentiel recher- ché par le consommateur lorsqu’il achète un produit. La reddition de compte de l’entreprise en matière environnementale à l’égard du consommateur est réelle et manifeste. Son encadre- ment participe à une responsabilisation de l’entreprise quant à sa production. Cependant, et de manière paradoxale, il n’est pas certain que cette reddition atteigne toujours son objectif, à savoir informer le consommateur, dans le sens d’une information claire, lisible, et soit donc efficace. Un changement de choix de consommation n’est pas nécessairement favorisé par des informations multiples, par leur forme et/ou leur contenu. Pour améliorer l’information du consommateur, de nouveaux labels font leur apparition régulièrement, comme en témoigne la volonté, restée pour l’heure sans effet, d’apposer un « toxiscore » pour les produits ménagers, label expérimental annoncé par le ministère de la Transition écologique en 2021 et devant per- mettre l’information des consommateurs quant aux risques sanitaires et environnementaux des produits ménagers. Toujours plus d’information, mais pour quelle efficacité ? Le défi est de pouvoir donner une information générale environnementale pour chaque catégorie de produit au consommateur, afin que celui-ci ne risque pas de se perdre sous les informations environne- mentales variées. Cela passe par une obligation d’affichage environnemental et par une métho- dologie adaptée. La nouvelle loi portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets va en ce sens, ce dont on peut se réjouir, mais, si l’on se fonde sur les expérimentations passées, on peut craindre que l’objectif d’une information générale environnementale ne soit toujours pas, à ce jour, garanti.

Chapitre 9. les informations environnementales à Destination Du Consommateur

Bibliographie

dutruC P., 2019, « L’affichage environnemental, levier pour la mise en œuvre de l’économie circu- laire », Les avis du Conseil économique, social et envi- ronnemental (CESE)

FaBrégeat S., 2021, « Lancement d’un éco-score, pour mesurer l’impact environnemental des produits ali- mentaires », Actu-environnement.com, [https://www.

actu-environnement.com/ae/news/affichage- environnemental-impacts-consommation- produits-agricoles-agoalimentaire-36840.php4], consulté le 26 août 2022

FonBaustier L., 2020, « Une transition juridique entre lenteur et marche forcée vers un nouveau modèle de société. À propos de la loi anti-gaspillage pour

une économie circulaire du 10 février 2020 », La semaine juridique. Édition générale, no 28, com. 848 Ministère de la transition éCologiQue et de la CoHésion

des territoires, 2019, « Les allégations environ- nementales », [https://www.ecologie.gouv.fr/

allegations-environnementales], consulté le 26 août 2022

Pellier J.-D., 2021, Droit de la consommation, 3e éd., Paris, Dalloz

tréBulle F.-G., 2020, « Produire et consommer autrement, la mise en place d’une approche holis- tique », Énergie, environnement et infrastructures, no 8-9, dossier 25

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