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CHAPITRE 7. THEORIES IMPLICITES DE L’INTELLIGENCE ET

7.5 Discussion générale du chapitre 7

À la suite des premiers résultats de ce programme de recherche (chapitre 5 et 6), l’objectif de ce chapitre était de confirmer l’importance du degré de contrôle interne dans l’attribution de valeur sociale, en allant au-delà des explications causales stricto sensu.

L’originalité de ce chapitre était d’articuler les champs de recherche sur la norme d’internalité avec ceux sur les théories implicites de l’intelligence, afin de dissocier les perceptions de lieu de causalité et de contrôle interne.

Trois résultats principaux ressortent de ces études. Premièrement, les résultats ont mis en évidence de façon consistante que la manipulation des conceptions de l’intelligence (fixiste vs. malléable) permettait d’opérationnaliser au sein du registre interne la distinction entre facteurs contrôlables et facteurs non contrôlables. En effet, à travers les trois études, les résultats ont révélé que la manipulation des conceptions de l’intelligence n’engendrait pas d’effet sur l’inférence de lieu de causalité, mais qu’elle engendrait des effets sur l’inférence de contrôle interne, les participants, en position de juge, ayant inféré plus de contrôle interne aux cibles présentées en accord avec la conception malléable et/ou en désaccord avec la conception fixiste comparativement aux cibles présentées en accord avec la conception fixiste et/ou en désaccord avec la conception malléable. Deuxièmement, ces études montrent également de façon consistante, que les conceptions de l’intelligence influencent le jugement d’utilité sociale. En effet, dans les différentes études, il a été observé une plus forte attribution d’utilité sociale aux individus présentés comme « malléables » comparativement aux individus présentés comme « fixistes ». Troisièmement, les analyses de médiation ont mis en évidence une médiation partielle de l’effet des conceptions de l’intelligence sur les jugements d’utilité sociale par l’inférence de contrôle interne. Les différents résultats obtenus viennent donc renforcer ceux des chapitres 5 et 6. En allant au-delà des explications causales, ces études ont permis de mettre en évidence l’intervention des inférences de contrôle faites à propos de l’individu jugé dans le processus d’attribution d’utilité sociale. De plus, elles suggèrent que la norme d’internalité s’exprimerait à travers des construits allant au-delà du champ des explications causales. En effet, les résultats ont révélé que les participants ont

inféré l’activité explicative de la cible sur la base de la conception de l’intelligence avancée par cette dernière, les individus malléables et/ou non fixistes étant perçus comme se focalisant sur des facteurs contrôlables dans l’explication des événements. Ces inférences de contrôle interne ont amené les participants à percevoir les cibles comme plus ou moins normatives et par voie de conséquence comme plus ou moins utiles socialement.

Concernant plus spécifiquement les théories implicites de l’intelligence (Dweck, 1999), deux apports peuvent être dégagés de ces études. Premièrement, de façon complémentaire aux travaux de Dweck et al., (1988, 1995), elles apportent des informations sur l’impact des conceptions de l’intelligence mise en avant par des cibles sur les perceptions et les jugements d’individus en position de juges. En effet, dans les travaux, l’influence des théories implicites de l’intelligence sur les jugements ou les comportements, a majoritairement été abordée au niveau des individus émetteurs des jugements et des comportements. Ainsi, dans ces travaux c’est l’influence des conceptions auxquelles adhèrent ces individus sur les jugements qu’ils émettent ou sur leurs comportements qui étaient étudiés (pour revue, voir Dweck, 1999). Or cette étude montre que les conceptions mises en avant par des individus cibles ont également des effets sur les perceptions et les jugements d’autrui.

Ainsi, ce chapitre met notamment en évidence que présenter un individu en fonction de son adhésion à l’une ou l’autre des théories influence l’inférence de contrôle interne à son égard.

Deuxièmement, cette recherche permet d’étendre les travaux de Dweck (1999) à un autre type de jugement, à savoir le jugement de valeur sociale. De façon générale, il ressort que les conceptions de l’intelligence (fixiste et malléable) influencent l’attribution d’utilité sociale. En effet, sur ce jugement, l’effet des conceptions s’est avéré constant, que ces dernières soient présentées au travers l’utilisation d’un questionnaire présentant les deux conceptions ou au travers d’un questionnaire spécifique à l’une ou l’autre de ces conceptions.

De plus, les trois études suggèrent qu’à ce niveau les résultats peuvent être interprétés relativement à l’expression de la norme d’internalité. En effet, les individus adhérant à une conception malléable de l’intelligence et/ou n’adhérant pas à une conception fixiste, étant perçus comme exerçant plus de contrôle interne sur les événements, apparaissent donc plus normatifs du point de vue de l’internalité, et par conséquent, seraient l’objet d’une attribution d’une plus forte d’utilité sociale. En outre, concernant le jugement de désirabilité sociale, il ressort de ces études que seule l’adhésion ou non à la conception fixiste influence ce jugement. En effet, les résultats obtenus ont révélé que la présentation des cibles centrée sur l’adhésion ou non à la conception malléable n’affecte pas le jugement de désirabilité sociale (étude 6.b). À l’inverse, lorsque les cibles ont été présentées au travers leur adhésion ou non à

la conception fixiste alors, les cibles n’adhérant pas à cette conception ont été jugées plus désirables. Ainsi, ce chapitre apporte donc des éléments soutenant l’hypothèse que ces deux conceptions influencent différemment les processus d’attribution de valeur sociale.

Enfin, de même que dans les chapitres 5 et 6, les résultats présentés dans ce chapitre tendent à supporter l’approche bidimensionnelle de la valeur sociale distinguant l’utilité sociale et la désirabilité sociale. En effet, les résultats ont révélé que les théories implicites de l’intelligence influencent différemment l’attribution d’utilité sociale et de désirabilité sociale.

Concernant le jugement d’utilité sociale, ces études ont mis en évidence l’importance du contrôle interne perçu sur ce jugement. Ainsi, il a été observé un effet des deux conceptions de l’intelligence sur ce type de jugement dans la mesure où elles permettent toutes deux d’inférer un degré de contrôle interne à la cible (étude 6a, 6.b, 6.c). À l’inverse, les résultats n’ont pas révélé d’effet du contrôle interne perçu sur le jugement de désirabilité sociale. De plus, les études ont mis en évidence un impact différencié des deux conceptions de l’intelligence. Seule la conception fixiste de l’intelligence influence le processus d’attribution de désirabilité, les individus en désaccord avec cette conception étant jugés plus désirables que les individus en accord avec cette conception (6.b, 6.c).