• Nenhum resultado encontrado

CHAPITRE 4. PROBLEMATIQUE GENERALE DE LA THESE

5.1 Etude 1

5.1.4 Discussion

- L’indépendance postulée entre les consignes de « valeur sociale » et de « plausibilité » n’est pas observée. En effet, la majorité des coefficients de corrélations (cf. tableau 5.5) se sont révélés significatifs (p < .01), surtout au niveau du registre interne. Toutefois, il est notable que ces corrélations significatives sont majoritairement inférieures à .50 (12 corrélations sur 13).

On observe donc un lien entre les différentes consignes de valeur sociale (jugement professionnel et sympathie) et de plausibilité.

Tableau 5.5 : Corrélations entre les jugements d’utilité sociale (US), de désirabilité sociale (DS) et de plausibilité (PL)

US/DS US/PL DS/PL

Interne contrôlable stable .52*** .40** .37**

Interne contrôlable instable .55*** .38** .39**

Interne incontrôlable stable .51*** .35* .39**

Interne incontrôlable instable .79*** .40** .34*

Externe contrôlable stable .56*** .28 .26

Externe contrôlable instable .63*** .30* .39**

Externe incontrôlable stable .68*** .40** .25

Externe incontrôlable instable .62*** .64*** .48**

Note : * p < .05 ; ** p < .01 ; *** p < .001

au niveau du registre interne. Or, l’analyse des résultats montre que les trois dimensions causales interviendraient dans le phénomène d’attribution de valeur sociale. L’analyse de cette interaction révèle une répartition des différents candidats en deux sous-groupes. Le premier regroupe trois candidats au profil interne (contrôlables et incontrôlable stable) et deux candidats au profil externe (incontrôlables), qui font l’objet d’une attribution de valeur sociale relativement homogène. Le deuxième regroupe le candidat au profil interne incontrôlable instable et les deux candidats au profil externes contrôlables, qui ne font pas l’objet d’une attribution de valeur sociale, Ainsi, au niveau des explications externes, il semble y avoir une intervention des dimensions de lieu de causalité et de contrôlabilité, seules les explications contrôlables par une tierce personne n’étant pas l’objet d’une attribution de valeur sociale. Par contre, au niveau du registre interne, seules les explications en appelant aux états psychologiques et physiologiques sont apparues comme non valorisées, les autres explications faisant l’objet d’une attribution relativement homogène de valeur sociale. Le résultat relatif au registre interne apparaît donc en contradiction avec les travaux antérieurs traitant de la question de la valorisation différenciée des explications causales (e.g. Beauvois et al., 1991 ; Pansu & Gilibert, 2002). En effet, bien qu’en désaccord vis-à-vis des explications faisant l’objet d’une plus forte attribution de valeur sociale, ces différents travaux ont tous mis en avant une différence entre les explications relatives aux efforts ou intentions et celles relatives aux traits de personnalité.

De plus, cette recherche fait également apparaître plusieurs résultats non attendus. Le premier, concerne l’effet simple de la contrôlabilité sur les jugements de valeur sociale ; les candidats incontrôlables étant jugés comme reflétant plus la réussite professionnelle et la sympathie que les candidats contrôlables. Cet effet de la contrôlabilité, indépendamment du lieu de causalité, semble difficile à interpréter théoriquement, dans la mesure où la variable

« contrôlabilité » n’a pas la même signification dans les registres interne, où la cause est contrôlable par soi et externe, où la cause est contrôlable par une tierce personne. Cet effet pourrait donc résulter d’une combinaison particulière des moyennes. En effet, concernant les synthèses d’entretien contrôlables, celles relatives au registre interne se différencient très clairement du point de vue de la valeur de celles relatives au registre externe. Ce n’est pas le cas au niveau des synthèses incontrôlables où seule une synthèse est jugée négativement.

Ainsi, ce résultat amène à s’interroger sur une méthodologie permettant de dissocier les effets du contrôle interne et du contrôle externe.

Le deuxième résultat inattendu concerne le lien entre les jugements de réussite professionnelle, reflétant l’utilité sociale, et de sympathie, reflétant la désirabilité sociale. En

effet, au regard de la littérature (e.g. Cambon et al., 2006) nous postulions une indépendance entre ces deux types de jugements, les effets des registres explicatifs ne devant se retrouver qu’au niveau du jugement d’utilité sociale. Or les résultats témoignent d’effets similaires et de fortes corrélations entre ces deux dimensions de la valeur sociale. Une interprétation possible de ces résultats peut être envisagée au regard de la population et de la méthodologie utilisée dans cette étude. En effet, les participants étaient des étudiants, donc une population non coutumière des situations d’évaluations. Il est possible que cette population d’étudiants ne différencie pas les deux dimensions de la valeur sociale, ce qui leur apparaît utile étant également désirable à leurs yeux. De plus, toutes les mesures ont été réalisées en intra-sujets, pouvant ainsi engendrer une contamination d’une mesure sur l’autre. Enfin, seul un item était associé à chacune des mesures. Il semble hasardeux de déterminer dans quelle mesure la population, le matériel et/ou le protocole expérimental ont pu influencer les différents jugements. Il s’avère également difficile de savoir quel jugement influence l’autre, même s’il semble probable que ce soit l’attribution d’utilité sociale qui a conditionné celle de désirabilité sociale.

Le troisième résultat inattendu concerne les effets observés sur le jugement de plausibilité des synthèses d’entretien. En effet, cette mesure servant de vérification de matériel, aucun effet n’était attendu. Or les résultats témoignent de différences significatives entre les synthèses. Ces différences sont relativement comparables à celles observées sur les jugements de valeur sociale. En outre, l’analyse corrélationnelle révèle une non indépendance entre les différentes mesures réalisées. Au regard de ces résultats, il semble donc que les différences d’évaluation entre les synthèses d’entretien, peuvent être liées autant à la plausibilité des synthèses qu’à leur plus grande normativité. Néanmoins, comme précédemment, il est possible que ces résultats soient liés à la méthodologie utilisée, toutes les mesures étant réalisées en intra-sujets. Aussi, il semble compliqué de déterminer quel jugement a influencé les deux autres.

En conclusion, cette première étude a permis de confirmer les résultats concernant la normativité des explications causales du registre interne. À l’inverse des travaux issus de l’approche sociocognitive de l’internalité, il n’a pas été observé de différence entre les explications relatives aux efforts et celles relatives aux traits, ni d’ancrage de la norme dans l’utilité sociale. Seules les explications relatives aux états psychologiques et physiologiques n’ont pas fait l’objet d’une attribution de valeur sociale. Toutefois, les résultats ont révélé que ces explications ont été jugées comme peu plausibles par les participants. Ainsi, cette étude ne permet pas de conclure quant à la plus grande normativité de certaines explications du registre

interne. En réponse aux divers questionnements méthodologiques soulevés par les résultats de la première étude, la seconde étude poursuivait le même objectif avec une méthodologie différente. Ainsi, la seconde étude visait également à cerner l’impact des dimensions causales sur les processus d’attribution de valeur. De plus, les résultats de cette première étude, concernant le registre externe, conduisent à postuler un effet d’interaction entre les dimensions de lieu de causalité et de contrôlabilité sur l’attribution de valeur sociale. Les candidats internes contrôlables devraient obtenir une meilleure évaluation que les candidats internes incontrôlables. À l’inverse, au niveau des profils externes, les candidats contrôlables devraient être les plus dévalorisés.