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CHAPITRE 6. IMPORTANCE DU DEGRE DE CONTROLE

6.3 Etude 5

6.3.1 Vue générale de la recherche

L’objectif de cette étude était de confirmer les résultats observés dans l’étude 4. Dans ce cadre, le protocole de cette dernière a été inversé. Dans la présente étude, la mesure de valeur professionnelle n’a pas été utilisée. Les participants prenaient connaissance de la description psychologique de quatre candidats ayant été jugés soit fortement vs. faiblement utile, soit fortement vs. faiblement désirable. Ils devaient ensuite répondre aux items de l’EMAC renvoyant au lieu de causalité et au contrôle interne tel qu’ils l’avaient fait selon eux.

On s’attendait à ce que la manipulation de l’utilité sociale (forte vs. faible) des candidats ait un effet plus fort sur le degré de contrôle interne que sur le lieu de causalité leur étant attribué.

Ainsi, un candidat décrit comme fortement utile (U+) devrait se voir attribuer plus de contrôle interne que de causalité interne. Inversement, un candidat décrit comme faiblement utile (U-) devrait se voir attribuer moins de contrôle interne que de causalité externe. On s’attendait à ce que la manipulation de la désirabilité sociale (forte vs. faible) des candidats affecte peu le degré de contrôle interne et de causalité interne leur étant attribué.

6.3.2 Méthode

Participants

Quarante-quatre étudiants (10 hommes et 34 femmes) âgés de 18 à 25 ans (M = 21.11, E.T. = 1.66) ont pris part à l’étude sur la base du volontariat. Ils étaient recrutés de la même façon que dans l’étude 4. Trois participants n’ayant pas répondu à un des items du questionnaire ont été retirés des analyses (N = 41).

Procédure et matériels11

Comme dans les études 1, 2, et 4, la recherche était présentée comme répondant à une demande du service universitaire d’information et d’orientation de l’université. La tâche des participants consistait à prendre connaissance de la description psychologique de quatre candidats, soi-disant effectuée par des experts du recrutement, puis à répondre à un court questionnaire de « compétences sociales » comme chaque candidat l’avait fait selon eux. Les participants devaient réaliser la tâche en suivant l’ordre de présentation des candidats (ordre contrebalancé). Les candidats étaient décrits à partir de la même liste de 12 traits que celle utilisée dans l’étude 4. Trois traits étaient cochés pour chaque candidat. Les trois traits sélectionnés étaient soit les traits fortement utiles (U+), soit les traits faiblement utiles (U-), soit les traits fortement désirables (D+), soit les traits faiblement désirables (D-).

Mesures

Le questionnaire que remplissaient les participants comportait les six items de l’EMAC utilisés dans l’étude 4. Ces items renvoyaient pour moitié au lieu de causalité, pour l’autre moitié au contrôle interne. Chaque item était associé à une échelle Likert allant de 1 à 10. Les valeurs les plus basses correspondaient au maximum de causalité interne et de contrôle interne. Des indices de lieu de causalité (α =.80 en moyenne) et de contrôle interne (α

=.73 en moyenne) ont été calculés12.

6.3.3 Résultats

Effet de la manipulation de l’utilité sociale

Les scores de lieu de causalité et de contrôle interne sont apparus corrélés pour les deux candidats (U+, r =.46, p < .01 ; U-, r =.31, p < .05). L’ANOVA 2 (utilité : forte vs.

faible) x 2 (dimensions causales : lieu de causalité vs. contrôle interne) a révélé un effet principal de la variable « utilité sociale », F(1,40) = 221.54, p < .001, hp² = .85, ainsi qu’un effet d’interaction marginalement significatif, F(1,40) = 3.83, p =.057, hp² = .09 (voir tableau 6.4). La manipulation de l’utilité sociale a entraîné un effet plus fort sur le score de contrôle interne (M = 2.49 vs. M = 7.44), F(1,40) = 238.82, p < .001, hp² = .86 que sur le score de lieu de causalité (M = 3.06 vs. M = 7.14), F(1,40) = 92.44, p < .001, hp² = .70. Comme attendu, le candidat U+ s’est vu attribuer une plus forte perception de contrôle interne que de causalité

11 Le matériel expérimental est présenté en annexe 6

12 Le détail des alphas de Cronbach est présenté dans l’annexe 6

interne, F(1,40) = 6.73, p < .05, hp² = .14. Cette différence n’a pas été significative pour le candidat U-, F(1,40) < 1, ns.

Tableau 6.5 : Moyennes (et écarts-types) de lieu de causalité et de contrôle interne attribués aux candidats en fonction de leur utilité sociale

Utilité sociale Lieu de causalité Contrôle interne

Forte (U+) 3.06 (1.53) 2.49 (1.04)

faible (U-) 7.14 (1.98) 7.44 (1.66)

Note : plus le score est petit, plus il indique un lieu de causalité interne et un fort niveau de contrôle interne.

Effet de la manipulation de la désirabilité sociale

Les scores de lieu de causalité et de contrôle interne se sont avérés corrélés pour les deux candidats (D+, r =.46, p<.01 ; D-, r =.47, p<.01). L’ANOVA 2 (désirabilité : forte vs.

faible) x 2 (dimensions causales : lieu de causalité vs. contrôle interne) a révélé un effet principal de ces deux variables (respectivement, F(1,40) = 8.15, p < .01, hp² = .17, et F(1,40) = 8.68, p < .01, hp² = .18) ainsi qu’un effet d’interaction, F(1,40) = 6.04, p < .05, hp² = .13 (voir tableau 6.5). La manipulation de la désirabilité sociale a eu un effet significatif uniquement sur le score de contrôle interne (MD+ = 4.37 vs. MD- = 2.73, F(1,40) = 14.65, p < .001, hp² = 27 ; pour l’indice de lieu de causalité : MD+ = 4.54 vs. MD- = 3.98, F(1,40) = 1.51, ns). De plus, le candidat D- s’est vu attribuer une plus forte perception de contrôle interne que de causalité interne, F(1,40) = 9.21 ; p < .01, hp² = .19. Cette différence n’était pas significative pour le candidat D+, F(1,40) < 1, ns.

Tableau 6.6 : Moyennes (et écarts-types) de lieu de causalité et de contrôle interne attribués aux candidats en fonction de leur désirabilité sociale

Désirabilité sociale Lieu de causalité Contrôle interne

Forte (D+) 4.54 (1.36) 4.37 (1.18)

faible (D-) 3.98 (2.82) 2.73 (2.23)

Note : plus le score est petit, plus il indique un lieu de causalité interne et un fort niveau de contrôle interne

Figure 6.4: Scores moyens de lieu de causalité et de contrôle interne attribués aux différents candidats

6.3.4 Discussion

Cette étude avait pour objectif de confirmer l’importance du contrôle interne dans le processus d’attribution de valeur sociale. Elle permettait d’examiner les inférences faîtes par les participants quant à la position des candidats sur les dimensions de lieu de causalité et de contrôle interne, à partir de la connaissance de leur degré d’utilité sociale ou de désirabilité sociale. Les résultats s’avèrent partiellement conformes aux hypothèses dans la mesure où il est observé un effet de la manipulation de l’utilité sociale plus fort sur l’attribution de contrôle interne que sur l’attribution de causalité interne. Ainsi, le candidat décrit comme fortement utile se voit attribuer plus de contrôle interne que de lieu de causalité interne. En revanche, il n’est pas observé de différence concernant le candidat décrit comme faiblement utile.

Néanmoins, ces résultats viennent renforcer ceux obtenus dans l’étude 4, concernant l’influence du contrôle interne dans l’attribution d’utilité sociale. De plus, ces résultats peuvent également renvoyer aux deux interprétations envisagées lors de l’étude précédente (étude 4). En effet, la connaissance du degré d’utilité sociale des candidats affecte les inférences des participants sur les deux dimensions. Ainsi, on peut envisager la notion de norme d’internalité comme renvoyant à deux normes distinctes mais fortement liées, ou comme relative à un seul référent normatif, l’inférence de contrôle induisant une perception de lieu de casualité interne et réciproquement.

Cible

indésirable désirable

inutile utile

identification moyenne

10 9 8 7 6 5 4 3 2 1

Identification

lieu de causalité contrôle interne

Cette étude fait également apparaître un effet de la manipulation de la désirabilité sociale sur l’attribution de contrôle interne, le candidat décrit comme faiblement désirable se voyant attribuer un plus fort degré de contrôle interne que le candidat décrit comme fortement désirable. Ce résultat apparaît donc en contradiction avec ceux observés lors de l’étude 4 dans la mesure où il n’avait pas été observé d’effet du contrôle interne sur l’attribution de désirabilité sociale. Cette relative inconsistance des résultats est difficilement interprétable dans la mesure où peu de travaux se sont centrés sur ce type de jugement. Ainsi, dans les études suivantes (6a, 6b, 6c), cette dimension de la valeur sociale sera prise en compte afin de vérifier l’influence des deux dimensions sur ce jugement.