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Théorie de la norme d’internalité, cas particulier du modèle attributionnel de

CHAPITRE 4. PROBLEMATIQUE GENERALE DE LA THESE

4.2 Trois explications possibles de la valorisation différenciée des explications

4.2.2 Théorie de la norme d’internalité, cas particulier du modèle attributionnel de

Comme évoqué dans la partie précédente, proposer une interprétation en terme de norme de responsabilité pose la question du modèle normatif comme un cas particulier des modèles attributionnels de Weiner (1986, 1995). Ce questionnement a conduit Weiner (2008) à analyser les relations entre la théorie de la norme d’internalité et la théorie attributionnelle.

Il est dès à présent important de noter que cette analyse repose sur l’assimilation de la dimension d’internalité au seul lieu de causalité. Avant de présenter cette analyse, la partie suivante revient brièvement sur le modèle attributionnel de Weiner (1986, 1995).

Comme présentée dans le chapitre 3, la question de l’hétérogénéité des explications au sein des registres interne et externe ainsi que celle de l’intentionnalité de l’acteur dans l’explication avancée, a conduit Weiner (1979) à élaborer une classification tridimensionnelle des explications causales. Cet auteur (1986, 1995) aborde les explications causales comme le produit de processus cognitifs susceptibles de déterminer les attentes, les émotions et les jugements des individus. Le modèle de la motivation et des émotions (1986) qu’il a développé est l’un des premiers à avoir pris en compte les trois dimensions causales dans l’étude de l’impact des explications causales. Dans ce modèle, l’auteur développe l’idée que ces trois dimensions agissent différemment sur les jugements des individus. De façon générale, le lieu de causalité et la stabilité influenceraient les jugements au niveau intra-individuel en termes d’estime de soi (lieu de causalité), d’attentes de réussite future (stabilité) et d’émotions ressenties (stabilité). La dimension de stabilité influencerait également les jugements inter- individuels en termes d’attentes de réussite. Enfin, la dimension de contrôlabilité agirait à un niveau inter-individuel en influençant le jugement de sanction (récompense). De plus, en 1995, il complète son modèle en abordant les jugements de responsabilité. Pour lui, les explications causales déterminent les inférences de responsabilité, celles-ci agissant en retour sur le jugement (jugement de sanction ou jugement affectif, émotionnel). Selon Weiner, trois conditions sont nécessaires à l’inférence de responsabilité. Premièrement, la cause doit être attribuée à la personne (explication interne). Deuxièmement, elle doit être perçue comme contrôlable par elle. Troisièmement, aucune circonstance atténuante n’est trouvée. Ainsi, dans le modèle d’attribution de responsabilité, la dimension de lieu de causalité est une condition déterminante mais non suffisante.

Weiner (2008) questionne la relation entre la théorie de la norme d’internalité et la théorie attributionnelle. L’analyse que cet auteur propose, est principalement relative à la signification qu’il donne au concept de valeur sociale tel qu’il est utilisé dans les travaux sur la norme d’internalité (chapitre 1). Ainsi, pour cet auteur, deux liens apparaissent possibles en fonction de la définition qu’il fait de ce concept. Premièrement, il envisage le jugement de valeur sociale comme pouvant renvoyer à une attente de réussite future, à un jugement de sanction ou encore à un jugement de responsabilité. Dans ces différents cas, la théorie de la norme d’internalité serait alors partie intégrante du modèle attributionnel. De plus, quel que soit le jugement envisagé (attentes, sanction, responsabilité), elle lui apparaît même moins

« valide » que la théorie attributionnelle, le lieu de causalité étant une condition déterminante mais non suffisante sur ces jugements, la stabilité (attente de réussite future) et la

contrôlabilité (jugement de sanction et de responsabilité) étant également des conditions déterminantes.

Deuxièmement, Weiner (2008) envisage le jugement de valeur sociale comme renvoyant à autre chose que les jugements utilisés dans l’approche attributionnelle. Dans ce cadre, il lui apparaît alors possible de voir les deux théories comme complémentaires. Au regard, de la définition du concept de valeur sociale dans l’approche sociocognitive (chapitre 1) et des résultats de Dompnier et Pansu (2007), cette relation de complémentarité semble plus vraisemblable. En effet, les résultats de Dompnier et Pansu (2007) viennent confirmer l’importance de différencier les jugements de valeur sociale, de responsabilité et de sanction.

Pour ces auteurs, les deux théories semblent bien complémentaires « puisque les prédictions qu’elles permettent de faire sont issues de situations différentes qui, elles mêmes, assignent aux juges des objectifs différents » (Dompnier & Pansu, 2007, p. 476). Néanmoins, l’assimilation entre internalité et lieu de causalité, conduit Weiner (2008) à voir cette complémentarité des modèles comme un moyen de les regrouper en un seul, le modèle attributionnel. En effet, si l’internalité ne renvoie qu’au seul lieu de causalité alors, l’approche attributionnelle (incluant la dimension de lieu de causalité) est à même d’intégrer les apports de l’approche normative. Cette intégration permettrait ainsi un approfondissement de la théorie attributionnelle à travers l’analyse de l’effet des explications causales sur un autre type de jugement, le jugement de valeur sociale (tel qu’il est défini dans l’approche sociocognitive). Ainsi, le rapprochement des théories attributionnelle et normative amène à concevoir la norme d’internalité comme un cas particulier du modèle attributionnel, spécifique au jugement de valeur sociale. En intégrant ainsi le modèle normatif au modèle attributionnel par l’assimilation des dimensions de lieu de causalité et d’internalité, l’analyse des travaux présentés dans le chapitre 3 amènerait à considérer l’internalité comme une condition déterminante mais non suffisante pour ce type de jugement, les dimensions de stabilité et de contrôlabilité jouant également un rôle déterminant. En effet, une partie des résultats a révélé une plus forte attribution de valeur sociale aux explications relatives aux efforts et intentions à savoir donc aux explications internes contrôlables instables.

Au travers l’analyse des travaux issus du courant de recherche sur la norme d’internalité, l’intégration proposée par Weiner (2008) ne semble pas envisageable. En effet, bien que prenant appui sur le champ de recherche des attributions causales, la théorie de la norme d’internalité ne se limite pas à ce dernier. De plus, la définition de l’internalité dans l’approche normative, ne fait pas uniquement référence à la dimension de lieu de causalité. Il semble donc important de distinguer le modèle attributionnel de Weiner (2008) du modèle

normatif de l’internalité. Aussi, l’interprétation des travaux portant sur des distinctions plus fines qu’interne/externe (chapitre 3), à travers le modèle normatif, suggère que les différentes explications causales ne s’avèrent pas normatives au même degré parce qu’elles ne renvoient pas au même degré d’internalité et non parce que l’internalité est une condition non suffisante de l’attribution de valeur sociale.

4.2.3 Théorie de la norme d’internalité et théorie attributionnel, deux