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CHAPITRE 6. IMPORTANCE DU DEGRE DE CONTROLE

6.4 Discussion générale des résultats du chapitre 6

Cette étude fait également apparaître un effet de la manipulation de la désirabilité sociale sur l’attribution de contrôle interne, le candidat décrit comme faiblement désirable se voyant attribuer un plus fort degré de contrôle interne que le candidat décrit comme fortement désirable. Ce résultat apparaît donc en contradiction avec ceux observés lors de l’étude 4 dans la mesure où il n’avait pas été observé d’effet du contrôle interne sur l’attribution de désirabilité sociale. Cette relative inconsistance des résultats est difficilement interprétable dans la mesure où peu de travaux se sont centrés sur ce type de jugement. Ainsi, dans les études suivantes (6a, 6b, 6c), cette dimension de la valeur sociale sera prise en compte afin de vérifier l’influence des deux dimensions sur ce jugement.

dernières études. Premièrement, il est observé une prévalence de la dimension de contrôle interne sur celle de lieu de causalité dans l’attribution d’utilité sociale (étude 4). En effet, les résultats montrent une hiérarchisation dans l’évaluation des candidats telle que, les deux candidats montrant un fort contrôle interne ont été mieux évalués que ceux exprimant un faible contrôle interne. Au sein de chacun de ces groupes (fort vs. faible contrôle interne), le candidat exprimant une causalité interne a été mieux évalué que celui exprimant une causalité externe. Deuxièmement, la manipulation de l’utilité sociale des candidats affecte plus l’inférence de contrôle interne que celle de lieu de causalité (étude 5). Ainsi, un candidat décrit comme fortement utile se voit attribuer une plus forte perception de contrôle interne que de causalité interne. Les inférences, concernant le candidat décrit comme faiblement utile, ne se distinguent pas.

Les différents résultats obtenus viennent renforcer ceux des études du chapitre 5. Ils invitent à dissocier, dans la notion d’internalité, les dimensions de lieu de causalité et de contrôle interne qui s’avèrent parfois confondues. Comme l’ont souligné différents travaux (e.g. Dompnier & Pansu, 2007 ; Silvester et al., 2002), l’attribution de valeur sociale aux explications causales dépendrait des inférences de contrôle faites à propos de l’individu jugé.

Ce chapitre confirme ces interprétations et suggère qu’au-delà du lieu de causalité stricto sensu, l’expression d’un fort sentiment de contrôle interne sur les événements serait un facteur déterminant sur l’attribution d’utilité sociale. Comme déjà mentionné de ce chapitre, deux interprétations des résultats peuvent être dégagées. Premièrement, ils laissent supposer l’intervention de deux référents normatifs plus ou moins liés entre eux. En effet, la hiérarchisation des candidats observée dans l’étude 4, suggère que la normativité des explications causales résulterait de l’effet conjoint d’une norme de contrôle interne et d’une norme de lieu de causalité interne, la première ayant un effet plus fort que la seconde. Les résultats de l’étude 5 peuvent aussi s’accorder avec cette interprétation. En effet, la connaissance du degré d’utilité sociale des candidats affecte les inférences des participants sur les deux dimensions. En suivant cette interprétation, la notion de norme d’internalité renverrait à deux normes distinctes mais fortement liées, dont les effets s’avèrent difficilement dissociables ; les explications perçues comme contrôlables par l’acteur étant le plus souvent également perçues comme internes, et réciproquement (cf. étude 3).

Deuxièmement, on peut également interpréter ces résultats en supposant l’intervention d’un seul référent normatif, relatif au degré de contrôle interne exprimé par les candidats.

Cette interprétation suggère que les explications causales sont valorisées dès lors qu’elles sont perçues comme contrôlables par l’acteur. Les dimensions de contrôle interne et de lieu de

causalité étant fortement liées l’une à l’autre (étude 2, 3, et 5 ; McAuley et al., 1992), il est envisageable que les différences d’évaluation observées dans les études 1, 2, et 4, entre les candidats exprimant une causalité interne et celles exprimant une causalité externe, résultent des inférences en termes de contrôle interne que permettent plus facilement les explications du registre interne. Les résultats de l’étude 3 et de Lollivier (2009, encadré 6.1) tendent à soutenir cette interprétation, les individus ayant tendance à percevoir de façon générale les explications internes comme des facteurs contrôlables. Ainsi, la normativité des explications causales internes résulterait des inférences que font les juges en termes de contrôle qu’exerce l’acteur plutôt qu’en terme de lieu de causalité stricto sensu. Cette interprétation concorde avec les résultats des travaux dans lesquels des explications causales sont manipulées. En effet, les différences observées dans ces travaux (e.g. Desrumaux-Zagrodnicki & Rainis, 2000; Pansu & Gilibert, 2002) dans la valeur accordée aux différents types d’explications internes vs. externes peuvent être interprétées en terme d’inférence de contrôle.

À travers la manipulation de la perception des dimensions causales, ce chapitre apporte donc un éclairage nouveau sur les processus d’attribution de valeur sociale. En allant au-delà des seules explications causales, stricto sensu, les études 4 et 5 ont permis de révéler l’importance du degré de contrôle interne mis en avant par l’individu sur l’utilité sociale qui lui est attribuée. Toutefois, bien que l’orthogonalisation de la position des candidats sur les mesures de perceptions ait permis de contourner les difficultés liées à l’utilisation des explications causales, elle ne semble pas vraiment refléter la relation existante entre les dimensions de lieu de causalité et de contrôle interne. En effet, les fortes corrélations observées dans les études 2 et 3, ainsi que dans les recherches sur la perception naïve des explications montrent que ces deux perceptions sont fortement liées l’une à l’autre. Ces corrélations, ainsi que les résultats de l’étude 3 sur la perception de contrôle interne, questionnent sur la possibilité d’amener les individus à distinguer les perceptions de lieu de causalité et de contrôle interne afin d’analyser plus finement leurs effets sur les jugements de valeur sociale qu’ils émettent.

Une possibilité de réponse semble envisageable au regard des travaux sur les conceptions de l’intelligence (Dweck & Leggett, 1988 ; Dweck, Chiu & Hong, 1995). En effet, les travaux de Dweck et Leggett (1988) et Dweck, Chiu et Hong (1995) sur les théories implicites de l’intelligence, ont mis en évidence l’existence de deux théories différentes de l’intelligence, à savoir la théorie de l’entité de l’intelligence (ou conception fixiste) et la théorie incrémentielle de l’intelligence (ou conception malléable). Or telles que définies par ces auteurs, ces deux théories (ou conceptions) se différencient principalement au niveau du

contrôle que les individus pensent exercer sur leurs habiletés intellectuelles. De plus, des travaux (e.g. Dweck et al., 1995) suggèrent que les conceptions fixiste et malléable vont influencer l’activité explicative des individus en les amenant à focaliser sur des facteurs internes se différenciant du point de vue du contrôle interne. L’impact des conceptions de l’intelligence mise en avant par une cible sur le jugement de valeur sociale n’a jamais été l’objet de recherche. Pourtant, ces travaux laissent supposer que selon les conceptions de l’intelligence mises en avant, les individus en position de juge vont percevoir les cibles comme se focalisant soit sur des facteurs internes sur lesquels elles n’exercent pas de contrôle soit sur des facteurs internes sur lesquels elles exercent un contrôle. En d’autres termes, il semble donc possible que la manipulation des conceptions fixiste ou malléable de l’intelligence permette de dissocier la perception de contrôle interne de celle de lieu de causalité. Elles sont l’objet du chapitre suivant.

CHAPITRE 7. THEORIES IMPLICITES DE