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CHAPITRE 7. THEORIES IMPLICITES DE L’INTELLIGENCE ET

7.3 Etude 6.b

Les participants devaient s’identifier à un candidat connu par ces réponses aux items malléables de l’échelle des théories implicites de l’intelligence (en accord versus en désaccord) de Da Fonseca et al. (2004). Ils devaient ensuite répondre aux items relatifs au lieu de causalité et au contrôle interne de l’EMAC de Fontayne et al. (2003). Enfin, ils devaient évaluer le candidat sur une liste de douze traits, renvoyant aux dimensions d’utilité et de désirabilité sociale, et émettre un jugement professionnel.

On s’attendait premièrement, à ce que le candidat se montrant en accord avec la conception malléable de l’intelligence se voit attribuer plus d’utilité sociale et un meilleur jugement professionnel que le candidat se montrant en désaccord avec cette conception.

Deuxièmement, le candidat se montrant en accord avec la conception malléable devrait être identifié comme possédant plus de contrôle interne sur les événements auxquels il est confronté que le candidat se montrant en désaccord avec cette conception. Troisièmement, de façon générale, l’effet des conceptions de l’intelligence sur l’attribution d’utilité sociale devrait être médiatisé par le contrôle interne.

7.3.1 Vue générale de la recherche 7.3.2 Méthode

Sujet

76 étudiants (17 hommes et 52 femmes), âgés de 18 à 29 ans (M = 21.06, E.T. = 2.57), ont participé à l’étude. Les participants ont tous été recrutés sur le campus de l’université de Rennes 2 (bibliothèque centrale). Il leur était demandé s’ils acceptaient de participer à une étude portant sur l’évaluation professionnelle. On leur remettait ensuite un dossier.

Procédure et matériel

La procédure est la même que celle de l’étude 6.a, seul le matériel relatif aux théories implicites de l’intelligence a été modifié. En effet, pour cette étude, nous avons repris uniquement les items relatifs à la théorie incrémentielle de l’intelligence. Les feuilles réponses des candidats à évaluer ont donc été manipulées de manière à présenter un candidat en accord et un en désaccord avec la conception malléable de l’intelligence.

Mesures

Les mesures sont les mêmes que pour l’étude 6.a, à savoir : perception du registre explicatif à partir de la version réduite de l’EMAC (Fontayne et al., 2003), valeur professionnelle et valeur sociale.

Lieu de causalité : le coefficient alpha s’étant avéré satisfaisant (α =.82), c’est la moyenne obtenue aux trois items qui a été utilisée dans l’analyse des résultats.

Contrôle interne : le coefficient alpha s’étant avéré satisfaisant (α =.80), c’est la moyenne obtenue aux trois items qui a été utilisée dans l’analyse des résultats.

Valeur professionnelle : l’analyse corrélationnelle des items s’étant avérée satisfaisante (r = .66, p < .001) c’est la moyenne obtenue aux deux échelles qui a été utilisée dans l’analyse des résultats.

Valeur sociale : les coefficients alpha ne sont avérés satisfaisants pour traiter cette mesure en deux dimensions (utilité : α=.65 ; désirabilité : α=.66).

7.3.3 Résultats

Impact des conceptions de l’intelligence manipulées sur les jugements professionnels et de valeur sociale

L’ANOVA 2 (orientation du questionnaire x 2 (ordre de passation) a été réalisée pour chacun des jugements demandés.

Concernant le jugement de réussite professionnelle, les résultats ont montré un effet principal de la variable « orientation du questionnaire », F(1,72) = 30.80, p < .001, hp² = .30.

Le candidat en accord avec la conception malléable de l’intelligence (M = 6.65) a été jugé comme reflétant plus la réussite professionnelle que le candidat en désaccord avec cette conception (M = 4.67).

Concernant le jugement d’utilité sociale, les résultats montrent un effet principal de la variable « orientation du questionnaire », F(1,72) = 24.46, p < .001, hp² = .25. Le candidat en accord avec la conception malléable de l’intelligence (M = 6.74) a été jugé comme plus utile que le candidat en désaccord avec cette conception (M = 5.24).

Concernant le jugement de désirabilité sociale, aucun effet des variables n’a été observé

Tableau 7.3 : Moyennes (et écarts-types) des scores de jugement professionnel, d’utilité sociale et de désirabilité sociale

Candidat Ordre Jugement

professionnel

Utilité sociale

Désirabilité sociale identification puis jugement 6.55 (1.40) 6.90 (1.07) 5.39 (1.22) jugement puis identification 6.75 (1.10) 6.57 (1.40) 5.56 (1.34) malléable

Total 6.65 (1.26) 6.75 (1.23) 5.47 (1.26)

identification puis jugement 4.65 (2.01) 5.25 (1.57) 5.91 (1.22) jugement puis identification 4.70 (1.47) 5.23 (1.17) 5.86 (1.64) Pas

malléable

Total 4.67 (1.74) 5.24 (1.37) 5.88 (1.43)

Impact des conceptions de l’intelligence manipulées sur les perceptions de lieu de causalité et de contrôle interne

L’ANOVA 2 (orientation du questionnaire) x 2 (ordre de passation) a été réalisée pour chacune des dimensions de lieu de causalité et de contrôle interne.

Premièrement, les résultats ont indiqué un effet d’interaction des variables « ordre de passation » et « orientation du questionnaire » sur la perception de lieu de causalité, F(1,72) = 5.02, p < .05, hp² = .06. De cet effet il ressort que, lorsque les participants ont effectué en premier lieu la tâche d’identification alors, quelle que soit l’orientation du questionnaire, aucune différence significative n’est apparue au niveau de la perception de lieu de causalité.

Alors que, quand les participants ont commencé par la tâche de jugement, alors ils ont perçus le candidat en accord avec la conception malléable (M = 3.45) marginalement (p < .08) plus interne que le candidat en désaccord avec cette conception (M = 5.07).

Deuxièmement, les résultats ont indiqué un effet significatif de la variable

« orientation du questionnaire » sur la perception de contrôle interne, F(1,72) = 16.95, p <

.001, hp² = .19. Les participants ont inféré plus de contrôle interne au candidat étant en accord avec la conception malléable de l’intelligence (M = 3.47) qu’au candidat étant en désaccord avec cette conception (M = 5.08).

Tableau 7.4 : Moyennes (et écarts-types) de lieu de causalité et de contrôle interne attribués aux candidats en fonction de leur conception de l’intelligence

Candidat Ordre Lieu de causalité contrôle interne

identification puis jugement 4.81 (2.01) 2.89 (1.24) jugement puis identification 3.45 (1.83) 4.06 (1.93) malléable

Total 4.17 (2.02) 3.44 (169)

identification puis jugement 4.35 (2.02) 5.10 (1.67) jugement puis identification 5.07 (2.15) 5.07 (1.88) Pas

malléable

Total 4.71 (2.09) 5.08 (1.75)

Analyse de médiation partielle de l’orientation des questionnaires sur l’attribution d’utilité sociale par le contrôle interne perçu

De la même manière que pour l’étude 6a, le coefficient alpha entre les différents items des mesures de jugement professionnel et d’utilité sociale trait a été calculé. Ce dernier s’est avéré satisfaisant (a = .77) pour traiter ces items en une seule mesure d’utilité sociale.

L’analyse de médiation a donc été réalisée sur cette dernière.

En se référant à la procédure proposée par Brauer (2000), quatre conditions doivent être remplies pour pouvoir conclure à une médiation par le contrôle interne perçu de l’orientation des questionnaires sur l’attribution d’utilité sociale :

- L’orientation du questionnaire (malléable vs. pas malléable) doit avoir un effet sur l’attribution d’utilité sociale. Cette condition est remplie puisque, β = -.57, F(1,74) = 35.76, p < .001.

- L’orientation du questionnaire doit avoir un effet sur le contrôle interne perçu. Comme nous l’avons vu, cette condition est également remplie ; β = .43, F(1,74) = 17.16, p <

.001.

- Le contrôle interne perçu doit avoir un effet sur l’attribution d’utilité sociale si on contrôle statistiquement l’effet de l’orientation du questionnaire sur celle-ci. Cette condition est remplie puisque : β = -.25, F(1,73) = 5.86, p < .05.

- L’effet de l’orientation du questionnaire sur l’attribution d’utilité sociale doit disparaître si on contrôle statistiquement l’effet du contrôle interne perçu sur celle-ci.

Cette condition n’est pas remplie puisque : β = -.46, F(1,73) = 20.36, p < .001. Par contre, cet effet est significativement plus petit lorsque l’on contrôle statistiquement l’effet du contrôle interne, test de Sobel : z = 2.09, p < .05.

Ces résultats nous permettent donc de conclure à une médiation partielle de l’effet de l’orientation du questionnaire sur l’attribution d’utilité sociale par le contrôle interne.

Analyse de médiation de l’orientation des questionnaires sur l’attribution de désirabilité sociale

L’orientation malléable versus non malléable n’ayant pas d’effet sur l’attribution de désirabilité sociale, l’analyse de médiation n’a pas été réalisée.

7.3.4 Discussion

De manière identique à l’étude 6.a, l’objectif de cette étude était de confirmer l’importance du degré de contrôle interne dans l’attribution de valeur sociale, en allant au-delà des explications causales stricto sensu. De façon générale, les résultats ont révélé des effets similaires à ceux observés lors de la première étude (étude 6.a) sur le jugement d’utilité sociale. En effet, il a été observé un effet de l’adhésion à la conception malléable de l’intelligence sur l’attribution d’utilité sociale (pronostic et traits), les individus présentés comme malléables étant l’objet d’un meilleur jugement que les individus non malléables. De

plus, il a été observé une médiation partielle de cet effet par l’inférence de contrôle interne.

Ainsi, ces résultats viennent confirmer l’importance de la perception de contrôle interne dans l’attribution d’utilité sociale. En allant au-delà des explications causales, elle met en évidence l’intervention des inférences de contrôle faites à propos de l’individu jugé dans le processus d’attribution d’utilité sociale. De plus, les résultats observés renforcent l’idée que selon l’accord ou le désaccord avec la théorie incrémentielle de l’intelligence, exprimé par des cibles, les individus juges semblent percevoir les cibles comme se focalisant sur des facteurs internes différents, les individus en accord étant perçus comme recourant à des facteurs sur lesquels ils ont du contrôle. Cette inférence de contrôle détermine, par la suite, l’attribution d’utilité sociale à la cible du jugement.

En outre, il n’a pas été observé d’effet de l’accord/désaccord avec la conception malléable de l’intelligence sur l’attribution de désirabilité sociale. Ainsi, ce résultat laisse envisager que l’attribution de désirabilité sociale, observée dans l’étude 6.a, dépendait davantage de la mise en avant, de la part de la cible, d’un désaccord avec la conception fixiste plus que d’un accord avec la conception malléable. Tout en supportant le modèle bidimensionnel de la valeur sociale, ce résultat suggère que les conceptions fixiste et malléable influencent différemment l’attribution de valeur sociale, la conception fixiste étant la seule à impacter l’attribution de désirabilité sociale. Aussi, dans l’étude 6.c, la manipulation des théories implicites de l’intelligence étant opérationnalisée uniquement au regard de l’accord/désaccord avec la conception fixiste.