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PARTIE II ANALYSES DU CORPUS ET PROPOSITIONS PEDAGOGIQUES EN

Chapitre 3. Analyse au niveau syntactico-sémantique et textuel. Les formes

3.2 Procédés linguistiques oraux-écrits dans les discours professionnels

3.2.1 Les figures de style dans les discours professionnels des guides

Concernant les figures de style plus utilisées par les guides touristiques de notre corpus, nous devons signaler que les discours en étude présentent exclusivement des métaphores et des personnifications. Nous préciserons ces deux notions avant d‟en donner des exemples extraits de notre corpus.

Quant à la métaphore, elle constitue un outil linguistique avec des caractéristiques particulières. Selon Schulz (2004) « la métaphore se caractérise par un dédoublement des emplois. En réalité, il faut même parler d‟un dédoublement du sens.

Réalisant un sens qui s‟ajoute à la signification linguistique, l‟emploi métaphorique contient un double sens. Il renvoie à la fois à la signification attachée aux mots de la langue et à un sens produit dans une occurrence donnée » (p 29).

Ce double sens fait référence au concept dénotatif (concept source) de l‟expression métaphorisée ainsi qu‟à l‟image donnée (concept connotatif) par l‟énonciateur dans un moment et dans une situation en particulier. La métaphore serait donc un outil pour donner la perspective personnelle aux interlocuteurs sur un élément du discours. Voici quelques exemples.

Extrait 173

« on (.) va (.) faire (.) une petite baLA :::de qui va nous permettre de partir du centre ville (.) de la naissance de la ville». (Séquence B1)

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Extrait 174

« C‟est le plus grand campus de France pour les matières scientifiques, c‟est une véritable (.) petite ville » (Séquence B12)

Extrait 175

« On dit que Toulouse a connu un siècle d’or » (Séquence A5)

Dans l‟extrait 173, le syntagme nominal petite balade veut encore montrer la visite guidée comme un parcours agréable et décrire sa constitution dans la logique d‟une séquence descriptive. L‟extrait 174 fait partie d‟une séquence explicative ou le syntagme nominal petite ville veut remarquer les dimensions physiques du lieu décrit.

Finalement, l‟extrait 175, inséré dans une séquence narrative, présente le syntagme nominal siècle d’or pour faire allusion à une célèbre époque de la ville de Toulouse.

Les guides vénézuéliens utilisent aussi plusieurs métaphores dans leurs discours :

Extrait 176

« Este es un edificio ventana, éste es un edificio puerta » (Séquence D3) Tr: « Celui-là est un bâtiment fenêtre, celui-ci est un bâtiment porte »

Extrait 177

« Una ciudad donde se comunican los espacios, donde uno se siente así como (.) dueño del munDO::: » (Séquence D3)

Tr: « Une ville où les espaces communiquent, où l‟on sent le maître du monde »

Extrait 178

« Rafael Guinand exacto (.) hizo ese edificio que se fijarán que también tiene la disposición (.) de dos brazos que se van escalonanDO::: y se abre a la montaŇA::: » (Séquence D6)

Tr : « Rafael Guinand, c‟est exact, c‟est lui qui a fait ce bâtiment où vous observerez qu‟il a aussi la disposition de deux bras qui s‟échelonnent et qui s’ouvrent sur la montagne »

Dans l‟extrait 176, les substantifs ventana et puerta présentent une caractéristique d‟un élément décrit: un bâtiment qui offre une belle vue, qui montre un bon panorama de l‟entourage. C‟est un énoncé qui fait partie d‟une séquence explicative. Dans l‟extrait 177, le syntagme nominal dueño del mundo, inséré dans une séquence explicative, cherche à expliquer la sensation donnée par le lieu décrit.

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L‟extrait 178 illustre la combinaison d‟une personnification avec le syntagme nominal dos brazos et une métaphore avec l‟expression se abre a la montaña, dans le but d‟expliquer, dans une séquence narrative, l‟idée originelle d‟un célèbre architecte et l‟effet exprimé par son œuvre.

Un autre type de figure revient abondamment dans notre corpus. Elle porte sur des qualités représentées par certains noms, certains verbes ou certains adjectifs qui vont donner un profil humain à un élément non-humain, il s‟agit de la personnification.

Cette personnification possède des caractéristiques très particulières précisées par Bacry (1992) : « la personnification procède d‟un déplacement dans l‟ordre du réel.

Ce déplacement autorise un changement de registre (du champ de l‟inanimé à celui de l‟animé), qui permet d‟avoir recours, même de façon fugace, à l‟immense variété du lexique de l‟action » (p 73).

Ce changement de registre permet au guide de magnifier les aspects positifs de l‟entité dont il parle ou a contrario d‟exagérer les aspects négatifs comme l‟illustrent les exemples suivants :

Extrait 179

« elle a surtout surélevé (.) la rive droite (.) qui est naturellement (.) protégée (.) du rythme (.) assez capricieux (.) et torrentiel du fleuve » (Séquence B4)

Extrait 180

« On est accompagné de quelques petits (.) avions (.) fort sympathiques » (Séquence B12)

Extrait 181

« TouLOUSE ::: a toujours vécu (.) une grande histoire d’amour (.) entre (.) la ville (.) et les avions » (Séquence B10)

Avec les extraits 179 et 180, le guide veut remarquer des caractéristiques des lieux décrits, en assignant des adjectifs qui donnent une image vivante des lieux : capricieux et fort sympathiques. En revanche, dans l‟extrait 181, le guide construit une séquence narrative, et avec le syntagme nominal histoire d’amour, il montre le rapport entre la ville et les avions et élève ainsi aussi bien l‟entité « ville » que les appareils au statut de personnes.

Dans le corpus des guides vénézuéliens, les personnifications trouvent de la place. Nous allons montrer d‟autres exemples:

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Extrait 182

« Uno se da cuenta que el gran protagonista del edificio es la (.) actividad del mercado» (Séquence D11)

Tr : « On se rend compte que le grand protagoniste du bâtiment est l‟activité du marché ».

Extrait 183

« a medida que nosotros entramos en cada uno de los municipios (.) y somos capaces de desentrañar sus historias particulares, nos damos cuenta que todo (.) puede perfectamente sostener (.) un recorrido (.) de ciudad y de arquitectura porque todos son (.) igualmenTE::: apasionantes » (Séquence D2)

Tr : « Au fur et à mesure que nous rentrons dans chaque ville et que nous sommes capables de découvrir leur histoire particulière, nous nous rendons compte que tout concourt parfaitement à un tracé de ville et d‟architecture puisque tous sont également passionnés ».

Extrait 184

« desde Guarenas a Guatire, la ciudad debería volcarse / (.) hacia los CaraCAS:::

abrazando el frente marítimo » (Séquence D15)

Tr : « A partir de Guarenas jusqu‟à Guatire, la ville devrait se retourner ver “Los Caracas” embrassant le front maritime ».

Les exemples 182, 183 et 184 se servent de différents éléments linguistiques pour rendre compte de personnification, à savoir, le groupe nominal grand protagoniste, l‟adjectif passionnés, et le verbe embrassant respectivement pour attribuer des affects aux entités décrites. Dans le premier énoncé la figure est utilisée pour complémenter la description, dans le deuxième énoncé pour expliquer les raisons de la composition des lieux décrits et dans le troisième énoncé pour présenter le point de vue du guide par rapport à la disposition d‟une partie de la ville de Caracas. Dans l‟extrait 184, la métaphore est à expliquer, « embrasser » signifie, dans ce contexte, entourer de ses bras et cette attitude traduit un attachement à la personne que l‟on étreint.

Dans notre corpus, la personnification peut fonctionner de manière indépendante par rapport aux autres figures présentes dans le texte. Son recours ne se résume pas à remplacer comme dans le cas de la métaphore mais à ajouter des catégories grammaticales qui vont enrichir autrement le discours.

Au-delà des effets de style rendant le discours moins formel, ces figures de style permettent au guide d‟introduire une dimension affective dans ses propos. Cette dimension se rapporte d‟une part à ses propres émotions, ses points de vue, ses goûts

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esthétiques en relation avec tel monument où événement relaté. D‟autre part, la dimension affective introduite dans son discours est un moyen de créer une connivence avec son public le temps de la visite. L‟impression ressentie par le visiteur est qu‟il se sent interpelé personnellement (il n‟est pas fondu dans un groupe anonyme) et qu‟il est considéré comme un confident auquel on (le guide) ose se livrer.