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PARTIE I CONTEXTE SOCIO-ECONOMIQUE ET CADRE THEORIQUE

Chapitre 3. Les interactions lors des visites touristiques

3.3 Le discours du professionnel lors d‟une visite guidée

3.3.5 Vocabulaire spécifique

Parmi les caractéristiques linguistiques du discours professionnel, le lexique est l‟un des traits le plus remarquables. Loreto (2006) signale : « Quant au lexique, si le discours scientifique cherche le terme précis pour éviter des confusions de compréhension, dans le discours professionnels, et en particulier ceux appartenant à certaines disciplines qu‟on hésite à classer parmi les disciplines humaines ou les disciplines scientifiques, un terme employé fréquemment en langue courante peut devenir spécifique selon les différents contextes dans lequel il est produit » (p 118).

Dans les discours professionnels des guides, il y a certainement des mots spécifiques au domaine mais il est tout à fait possible aussi, de rencontrer des mots ou des acceptions courants et du vocabulaire non spécifique. Dans la terminologie spécifique, on distingue les termes scientifiques des termes techniques (Mortureux, 1995). Les premiers permettent de désigner un concept ou un objet mis à jour dans une activité particulière comme en médecine, par exemple. Les termes techniques, quant à eux, dénotent « …le nom d‟une matière première, d‟un processus, d‟un agent ou d‟un instrument; les variations se fonderaient plutôt sur les métonymies reflétant en langue les relations qui existent entre ces différents référents » (Mortureux, 1995, p 21).

Dans les discours professionnels des visites guidées, les termes techniques, du domaine architectural ou d‟une autre branche artistique, prennent souvent une place importante dans la description des lieux, ils peuvent être insérés dans le récit des événements, dans une explication ou dans la présentation d‟un point de vue :

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« alors par rapports aux voutements on retrouve la croisée d‟ogives qui fonctionne radicalement différent du berceau que vous avez vu toute à l‟heure, dans la croisée d‟ogives ce qui tient l‟édifice est la structure, donc on fait deux ogives et ensuite on ferme le bâtiment » (Extrait 8).

Sans oublier que le guide touristique est mis en demeure d‟exposer ses connaissances : il est censé produire des discours précis explicitant un procédé, une succession d‟événements ou encore un courant artistique. Pour toutes ces raisons, le guide touristique produit des énoncés avec une forte composante technique.

Le texte technique est défini ainsi par Cusin-Berche (2003): « Examinant en premier lieu l‟opposition technique/scientifique sur laquelle semble fondée la notion de

« texte spécialisé », nous proposons, à titre d‟hypothèse, de considérer qu‟un texte technique est un texte qui a pour finalité de transmettre un savoir-faire. » (p 115).

Selon cette définition, on pourrait suggérer que plusieurs textes produits par un guide touristique constituent, d‟une certaine manière, des textes techniques.

Certainement, le guide touristique se sert de termes techniques pour élaborer des textes qui, dans le cadre d‟un discours à prédominance descriptive, vont fonctionner pour expliquer certaines procédures.

L‟ensemble des termes techniques aussi que de ces termes courants contextualisés dans un domaine professionnel va former la langue de spécialité. Cusin-Berche (2003) en propose la définition suivante: « Ainsi, pour l‟ISO International Standardization Organisation), « la langue de spécialité » serait un sous- système linguistique, qui utilise une terminologie et d‟autres moyens terminologiques, afin d‟éviter l‟ambigüité de la communication spécialisée. Donc, pour cet organisme, la distinction entre discours spécialisé et discours ordinaire est bien d‟ordre linguistique » (p 106).

Chaque langue de spécialité va cerner son stock lexical en correspondance avec les situations particulières de la profession. Ainsi, dans une visite guidée, le locuteur utilise majoritairement des termes propres au domaine touristique, mais aussi, il peut se permettre d‟utiliser des termes techniques dérivés d‟autres domaines professionnels pour complémenter un aspect de son discours.

Pour élaborer un discours spécialisé, le professionnel a besoin de certaines compétences linguistiques. Sur l‟une de ces compétences, Jacques (2003) soutient: « Il nous semble qu‟il y a là une spécificité du discours spécialisé, du discours qui s‟échange entre pairs, experts d‟un domaine. Parce que les interlocuteurs s‟inscrivent dans une même sphère d‟activité, parce qu‟ils se situent dans un même champ de la connaissance, ils peuvent se permettre les réductions de termes complexes » (p 309).

Or, le guide touristique n‟échange pas avec des pairs, il doit être compris par tout le

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monde. Pour ce faire, il adopte un discours émaillé de termes techniques qu‟il explicite au fur et à mesure de la visite à l‟aide d‟énoncés périphrastiques ou tout simplement en donnant à voir ce qui est désigné par un terme technique.

Ce genre de stratégie discursive n‟est possible qu‟avec la maîtrise de la langue de spécialité. Ce savoir-faire linguistique requiert un entraînement constant de la part du professionnel au cours de sa formation, mais surtout sur le terrain. Le contact permanent avec des discours professionnels va permettre au spécialiste de se familiariser avec leur structure mais aussi avec celle des textes spécialisés nécessaires pour la préparation des situations communicatives engendrées par la visite de tel ou tel monument. De ce fait, ce contact va permettre aussi le développement d‟autres compétences communicatives telles que la compétence sociolinguistique.

« En effet, pour rédiger ou lire des textes spécialisés, il ne suffit pas de connaître le vocabulaire et d‟être accoutumé à une phraséologie particulière, il faut également être sensible à l‟idée qu‟il s‟agit d‟un discours qui, comme tout discours, véhicule une certaine représentation, et que derrière le posé il est indispensable de repérer (pour les mettre en évidence) les présupposés ». (Cusin-Berche, 2003, p 123).

Les représentations présentes dans tout discours méritent une analyse plus approfondie qui permette de travailler sur la compétence sociolinguistique et par conséquent, sur la compétence culturelle et sur la compétence interculturelle dans le cas de textes en langue étrangère. Ce travail est tout à fait souhaitable voire impératif dans l‟analyse de textes spécialisés dans le cadre d‟une formation linguistique, bien évidemment, munie des stratégies adaptées à cette tâche.

« La rédaction ou la lecture de ce type de texte nécessite donc non seulement une connaissance minimale du domaine - transmise par le discours didactique - mais encore des compétences linguistiques et iconiques qui permettent de repérer le non-dit et donc de reconstituer l‟arrière-plan fondateur, indispensable à la compréhension » (Cusin-Berche, 2003, p 123).

Dans son discours professionnel, le guide touristique devrait être capable de montrer une compétence lexicale, à travers l‟emploi de termes spécialisés convenables à la situation communicative. Mais au-delà de ce savoir-faire, il y a une compétence discursive à saisir qui permet au guide de manipuler à son gré les implicites présents dans les différentes parties de son discours ainsi que l‟organisation de différentes séquences textuelles.

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