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Les enjeux de la politique énergétique française

Chapitre I De l'électricité nucléaire

1. EDF et l'énergie en France

1.2 Les enjeux de la politique énergétique française

Depuis le début de l'ère industrielle, la production d'énergie en France a subi trois révolutions majeures :

1. Jusqu'en 1950, la France se suffit principalement à elle-même grâce à ses propres ressources : hydraulique, charbon, et gaz de Lacq. Mais dès 1960, la plupart des énergies fossiles nationales ne suffisent plus. Les ressources dans l'hexagone deviennent rares, et les coûts d'extraction deviennent rédhibitoires alors que la demande augmente.

2. Entre 1960 et 1973, on assiste à une croissance considérable des besoins en énergie primaire, qui passent de 85 Mtep à 183 Mtep. Par ailleurs, on assiste à l'envahissement du marché par une énergie sans cesse plus abondante, très bon marché et facilement utilisable : le pétrole. Dans ce contexte, le pétrole va rapidement s'imposer à tous les pays, dans tous les domaines. Il couvre 70 % des besoins énergétiques en France en 1973.

3. Lors des chocs pétroliers de 1973 et 1974, le prix du pétrole est multiplié par 4 en dollar et le dollar s'envole. La facture pétrolière représente la plus grosse part de nos importations et la France est dépendante énergétiquement des pays du Moyen-Orient. Le coût de l'énergie est un frein à la croissance et au développement

4. En 1974, au vu de la situation énergétique du pays, les pouvoirs publics établissent une véritable politique énergétique sur le long terme, qui vise à concilier au mieux trois objectifs :

- satisfaire les besoins en énergie du pays;

- assurer la sécurité de son approvisionnement;

- assurer l'indépendance énergétique de la France.

Cette nouvelle politique comporte trois volets ;

a) Maîtriser les besoins énergétiques grâce à une politique d'utilisation rationnelle de l'énergie et d'économie d'énergie : optimisation des procédés industriels, réduction de la consommation des véhicules, isolation thermique des habitations etc.

b) Faire une place importante au nucléaire dans la production d'électricité et dans le bilan énergétique national en se fixant comme objectif de réduire la dépendance énergétique de 75% à 50% à l'horizon des années 1990.

c) Diversifier les sources d'approvisionnement extérieures. En 1973, le pétrole couvrait près de 70 % de la consommation française d'énergie et le Moyen-Orient représentait 75 % de notre approvisionnement pétrolier. En 1992, la part du pétrole ne représente plus que 42%, qui sont fournira 50 % seulement par les pays du Moyen-Orient.

Cette nouvelle politique, très ambitieuse à l'époque, est une véritable révolution tant au niveau politique et industriel que domestique. Cependant les résultats sont là. La relation entre croissance économique et croissance des importations pétrolières qui prévalait avant 1973 a été brisée. Le mérite en revient pour un tiers aux économies d'énergie et pour deux tiers au nucléaire.

1 3 L'énergie en France et dans le monde en quelques chiffres

Pour fixer les idées, sans toutefois vouloir rentrer dans les détails, nous présentons ci-dessous quelques documents (EDF et l'énergie..., 1993) (figure 1, tableau 1 et 2) qui retracent l'historique du bilan mondial énergétique par source d'énergie ainsi que l'évolution de la production nationale d'électricité. Les différents graphiques pariant d'eux-mêmes, nous ne ferons qu'un seul commentaire pour insister sur la place grandissante du nucléaire qui représente, en 1990, 70 % de la production nationale d'électricité alors qu'il était inexistant dans les années 60.

Figure 1 : Evolution de la consommation d'énergie dans le monde entre 1950 et 1991 (en millions de tep).

Évolution de la consommation d'énergie dans le monde

par source 1950-1991 (en millions de TEP)

1950 19S0 UTO 1939 1*91

Tableau 1 : Bilan énergétique mondial par source d'énergie en 1973 et 1990.

Source d'énergie Pétrole (%) Gas naturel (%) Charbon (%) Hydraulique (%) Nucléaire (%) Total (%)

1973 48,0 27,0 6,4 6,4 0,0 100,0

1990 38,6 27,3 6,8 6,8 5,7 100,0

Tableau 2 : Evolution de la production nationale d'électricité entre 1960 et 1990.

Source d'énergie Fuel (%)

Charbon (%) Hydraulique (%) Nucléaire (%) Autres (%) Total (%) Total (TWh)

1960 4 16 56 0 11 100

72

1973 39

16 27 8 10 100 171

1990 6 5 16 73 0 100 441

Par ailleurs, notons que pour faire face à ses investissements, notamment le coût de la construction des tranches nucléaires dans les années 1970-1980, EDF a eu massivement recours à l'emprunt en complément de ses ressources propres (l'état interrompant ses apports en capital dès 1984, au début de la construction des tranches 1300 MWe de palier P4, i.e. au milieu du programme nucléaire). La dette, qui représentait pratiquement 2 fois le chiffre d'affaire d'EDF en 1984, ne représente plus que 1,1 fois son chiffre d'affaire en 1992. A titre de comparaison, son endettement était de l'ordre de 3 fois son chiffre d'affaire dans les années

1950 lors de la construction du grand programme hydraulique.

Il est enfin intéressant de noter que l'intérêt du nucléaire ne réside pas seulement dans l'accroissement du taux d'indépendance énergétique de la France. Il apparaît ainsi clairement (Lewiner, 1988) (tableau 3) que les centrales nucléaires sont celles pour lesquelles le coût total de production de l'électricité est le plus faible. Ce sont également celles dont la part d'investissement est en valeur relative la plus importante et la part de combustible la plus faible. C'est la caractéristique d'un haut niveau dé technologie.

Tableau 3 : Comparaison du coût moyen actualisé de production du kWh pour différents types de centrales françaises.

Centrale Investissement Exploitation Combustible Sous-Total Désulfuration TOTAL

Nucléaire 11,2

3,9 5,9 21,0

0,0 21,0

Charbon 8,0 3,1 16,2 27,3 3,1 30,4

Fuel 6,7 2,8 45,8 55,3 2,1 57,4

Qui plus est, la France possède des réserves importantes en uranium qui sont évaluées entre 30 et 40 ans pour une consommation annuelle proche de celle que l'on connaît actuellement.

Par ailleurs, mis à part le problème du stockage des déchets radioactifs (qui fait actuellement l'objet d'un important programme d'étude au niveau national et international) et celui du démentellement des tranches nucléaires en fin d'activité (qui est déjà opérationnel .avec le démentellement de la première tranche installée à Chooz dans les Ardennes et de la filière graphite gaz), le nucléaire est pour l'instant une énergie relativement peu polluante par rapport aux centrales thermiques classiques qui rejettent du gaz carbonique, du monoxyde de carbone, des oxydes d'azote et de soufre dans l'atmosphère. Nous ne rentrerons cependant pas ici dans ce type de débat !

Enfin, le nucléaire est actuellement utilisé principalement en "base"6 tout comme les centrales hydrauliques au fil de l'eau. Les paliers de puissance étant des opérations complexes et relativement longues, l'énergie nucléaire est peu adaptée pour suivre les fluctuations de la demande au cours du temps, encore moins au cours d'une même journée. On se reportera en particulier en figure 2 qui donne une idée de la gestion des moyens de production pour suivre la courbe de charge d'une journée-type d'hiver. Ce sont les barrages et les centrales thermiques classiques, beaucoup plus facilement contrôlables, qui s'adaptent à la demande en fonction du temps. Notons pour finir, qu'avec un taux de disponibilité7 de l'ordre de 77 % en

1993, les performances du parc nucléaire français sont relativement bonnes.

Figure 2 : Courbe de charge d'une journée type d'hiver.