• Nenhum resultado encontrado

114 HISTOIRE DHS ORACLES

No documento HISTOIRE DES ORACLES (páginas 144-151)

PREMIEKE DISSERTATION

"5 Morts entcrrcz dans le voisinage '. Cos Morts estoient düs Martirs Chrcsticns, et entre autres Saint Babilas.

On veut comniunément que ce fust Ia prcsence de ces Corps bienhcureux qui ostoit aux Démons le pouvoir 5 de parlcr dans TOracle ; mais il y a plus d'apparence que le grand concours de Chrcticns qui se faisoit aux Sepulcres de ces Martirs, incommodoit les Prétres d'Apollon, qui n'aimoient pas à avoir pour témoins de leurs actions des ennemis clair-voyans, et qu'ils tâcherent Io par cc faux Oracle d'obtenir d'un Empereur Payen qu'il fist jetter hors de là ces Corps dont le Dieu se plaignoit.

Pour revenir prcsentement aux artífices dont les Oracles étoient pleins, et pour comprendre en une seule 15 reflexion toutes celles qu'on peut faire là dessus, je voudrois bien qu'on me dist pourquoy les Démons ne pouvoient prédire Tavenir que dans des Trous, dans des Cavernes, et dans des lieux obscurs, et pourquoy ils ne s'avisoient jamais d'aller animer une Statüe qui fust

19 d'animer une St:itüe ou de faire parler une Prêtresse dans un carre- four, cxposé de toutes parts 1728.

I. Van Dale, 442. — Fontenellc ne fait que rapporter Texplication de van Dale. — « Les Reliques du St. Martyr Babylas estoient-elles dans le temple d'Apollün, ou í;illoit-il y entrer iieccssairemeut, lorsque Ton alloit les lionorer au lieu ou ellcs estoient ?... Qiü cnipêchoit les Prêtrcs » de fermcr les portes du temple « après y avoir adniis ceux qu'ils jugeoient A propôs »... « Si le trop grand jour les incommodoit, que ne faisoient-ils parler durant Ia nuit leurs statues ? Mais sur tout, que n'employoicnt-ils dans ces occasions leurs trompettes mugissantes, en menaceant tous les prophanes qui oseroient approcher, des plus terribles cliãtimens? Une chose si elTroyable auroit este capable de faire fuir tous les Cbrèticns et de remplir toute Ia ville d'Antioche de frayeur.

Jay cn verité du déplaisir Monsieur, de voir que vous ayez mieux aimé adoptcr sur ce sujct les imaginations ridicules de Mr. Van Dale, que

^•"^■■p le seutiment de Socratc, de RufKn, de Theodorct, de Sozomcne, de Nicepborc, et sur tout de St. Jean Clirysostome. » Baltus, Repouse,

ii6 HISTOIRE DES ORACLES

dans un Carrefour, exposce de toutes parts aux yeux de tout Ic monde.

On pourra dire que Ics Oracles qui se rendoient sur dcs Billcts cachctez, et pius cncore ceux qui se rendoient 5 en Songe, avoient absolument besoin de Démons, maisil nous será bien aisé de faire voir qu'ils n'avoient ricn dcplus miraculeux que les autres.

CHAPITRE XIV.

Des Oracles qui se rendoient sur des Billcts cacheíei.

IO Les Préstres n'estoient pas scrupuleux jusqu'au point de n"oser ddcacheter les Billets qu'on leur apportoit ', il faloit qu'on les laissast sur TAutel, aprés quoy on fcrmoit Ic Templc, oíi les Préstres sçavoient bien rentrer sans qu'on s'en aperçust, ou bien il falloit niettre 15 ces Billets entre les mains des Préstres afin qu'ils dor- missent dessus, et reçussent en Songe Ia rdponse qu'il y faloit faire, et dans Tun et Tautre cas ils avoient le loisir et Ia libertd de les ouvrir ^. Ils sçavoient pour cela plusieurs secrets, dont nous voyons quelqucs-uns mis 20 en pratique par le faux Prophete de Lucien. On peut les voir dans Lucien mesme, si Ton est curieux d'apprendre

203. Et, .ivecce que nous en avons cite dans les notes depuis le chap.

VII, c'est tout ce que le jésuite a trouvé à répondre aux raisonncments et aux faits alléguós par Fontenelle jusqu'ici.

I. Vail Dale, 311, 319.

j. V»n Dale, 332.

PREMIÈRE DISSERTATION

117 comment on pouvoit décacheter les Billets des Anciens sans qu'il y parust '.

Asseurémcnt on s'étoit servy de quelqu'un de ces Secrets pour ouvrir le Billet que ce Gouverneur de 5 Cilicie ^ dont parle Plutarque, avoit envoyé à TOracle de Mopsus qui estoit à Malle, Ville de cette Province.

Le Gouverneur ne sçavoit que croire des Dieux; il estoit obsedé d'Epicuriens qui luy avoient jetté beaucoup de doutes dans Tesprit. II se resolut, comme dit agréa- 10 blement Plutarque, d'envoyer un Espiou chez les Dieux, pour apprendre ce qui en estoit. II luy donna un Billet bien cachetíí pour le porter à TOracle de Mopsus. Cet Envoyé dormit dans le Temple, et vit en Songe un homme fort bien fait, qui luy dit, Noir. II porte cette 15 réponse au Gouverneur. Ellc parut tres-ridicule à tous les Epicuriens de sa cour, mais il en fut frapé d'éton- nemcnt et d'adniiration, et en leur ouvrant son Billet, il leur montra ces mots qu'il y avoit écrits, T'im- mohray-je un Ba-uf hlanc ou noir ? aprés ce miracle, il fut 20 toutc sa vie fort devot au dieu Mopsus. Nous éclaircirons ensuite ce qui regarde le Songe, il suffit presentement que le Billet avoit pú estre décacheté et refermé avec adrcsse. II avoit toújours falu le porter au Temple, et il

I. Van D;ile, J20. « Quibus autcm iiiventis sigilla recludere, coJicil- losque apcrire valuerint, docet nos liquido Luciaiius in Pseudomantc Alexandro hoc sequenti modo.... » — « Cela suppose toújours que les

*'"'^^res seuls estoient adroits et ruzcz, et que tous ceux qui avoient aifaire à cux, estoient des sots, qui ne soupçonnoient pas seulement

<|ye lon píit ouvrir leurs billets ; ou qui ne voyoient pas que dans leurs discours, ils avoient eux-mêmes decouvertle secret qu'ils vouloient cacher. » Hs ètaient cependant « des gens deffians ! » Baltus, Repouse, 205. Surtout « les Grecs et les Romains onl este três éclairez, et il n'y a que le démon qui ait pü les aveugler iusqu'au point oú ils Testolent sur 'eur religion; autant les Prètres des idoles que tous les autres ». Suiie, 381.

2- VanDale, 518.

ii8

HISTOIRE DES ORACLES

n'eust pas este necessaire qu'il fust sorty des mains du Gouverneur, si un Démon eust dú yrépondre '.

Si les Prestres n'osoient se hazarder à décacheter les Billets % ils tâchoicnt de sçavoir adroitemcut cc qui 5 amenoit les Gens à TOracle'. D'ordinaire c'estoicnt des Gens considerables, qui avoient dans Ia teste quelque dcssein ou quelque passion qui n'étoit pas inconnüe dans le monde. Les Prestres avoient tant de commerce avec eux à roccasion des Sacrifices qu'il faloit faire, ou des 10 Dclais qu'il faloit observer avant que TOracle parlast, qu'il n'éstoit pas trop difficile de tirer de leur bouche, ou

1. « Plut.irque qui rapporte cet exemple, et Macrobe, celuy deTrajan, ne pouvoient-ils pas soupçoiiner Ia moiiidre cliose ? Mais les uns et les autrcs estoient sans doutc nioins fins et nioins habilcs que vostrc Auteur. lis n'avoient pas eu le loisir d'iniaginer une explication aussi heureuse et aussi rechercliéeque Test ccUequecc sçavant homme vous a fournie, » Baltus, Repouse, 210.

2. Van Dale, 320. « Sin vero... ita essent obsignati codicilli, ut recludere istos non ita comniodc valerent » etc.

5. Van Dale, 512. « Quoniam vero ctiam Oracula potissimum a divítibus, ab iisquc ob res niaxínii monienti adibantur, niagnoque ut plurimum faniulitio ejusmodi homines erant comitati (ex quibus raris- simè contingebat, quin, si non cuncti, saltem praecipui, illaruni reriim quae ab Oráculo petenda forent, essent conscii) inde oplimam nan- ciscebantur occasioncm expiscandi per oblíquas interrogatiunculas, dum detinerentur ibi diutius; dum sacrificarent; dum in diversoriis aut soli, aut cum aliis, ludendi aliorumve gratúi, morarentur; dum denique per... circumductores per omnia antiquitatis monumcnta, aut ad visenda donaria, Templa, cellas, picturas, statuas, atque alia multa, quibus peregrini, (praesertim, si nihil aliud ipsis sit quo tcmporis tae- ilium terant,aut aliás quoque próprio naturae motu talibus dclectentur) sese oblectarent. Cujusmodi circumductoribus abundabant ea loca ubi y&rjTTT^pta sive Jovis, sive ApoUinis, sive Serapidis, sive aliorum Deorum erant exstructa atque adornata Hnarratores non incommodè vertit Xylander, quod lii non solum, obambulando hospitesque circuniducendo, ostenderent ea quae spectanda ibi erant ; sed et simul unde haec vel illa donaria, haec vel illa statua, pictura, caeterave ornamenta venerant, quis illa dedicarat vel consacravcrat; qua de causa, quibusve occasionibus ; quid circa hanc illamve statuam sive prodigii aut miraculi, sive alius generis ostenti aliquid aut portenti, contigerat...

Unde et Lucianus... » etc, etc. Toute Ia suite du dévcloppement de Fontenelle est dans Van Dale, 514-320. A son ordinaire, Técrivain français n'a fait que résumer, clarifier, — et renforcer —, son modele.

PREMIERE DISSERTATION

119 du moins de conjecturer quel estoit le sujet de leur voyage. On leur faisoit rccommenccr Sacrifices sur Sacri- fices, jusqu'à ce qu'on se fust éclaircy. On les mettoit entre les mains de certains menus Officiers du Tcmple, 5 qui sous pretexte de leur en montrer les Antiquitcz, les Statües, les Pcintures, les Offrandes, sçavoient Tart de les faire parler sur leurs Affiiircs. Ccs Antiquaires pareils à ceux qui vivent aujourd'huy de ce métier en Italie, se trouvoicnt dans tous les Templcs un pcu considerables.

10 lis sçavoient par coeur tous les miracles qui s'y cstoient faits, ils vous faisoient bicn valoir Ia puissance et les merveilles du Dieu, ils vous contoient fort au long riiistoire de chaque Present qu'on luy avoit consacré.

Sur cela Lucien dit assez plaisamment que tous ces gens

• 5 là ne vivoient et ne subsistoient que de Fables, et que dans Ia Gréce on eust este bicn fàché d'apprcndre des véritci; dont il n'eust rien cousté '. Si ceux qui venoient consulter TOracle, ne parloient point, leurs Donicstiques se taisoient-ils ? II faut sçavoir que dans une Ville à 20 Oracle, il n'y avoit presque que des OfEciers de 1'Oracle.

Les uns cstoient Prophetes et Prestres, les autres Poetes qui habilloient en Vers les Oracles rendus en Prose, les autres simples Interpretes, les autres petits Sacrificateurs íjtii immoloient les Victimes, et en examinoient les 25 entrailles, les autres vendeursde parfums, ou d'encens, ou de bestes pour les Sacrifices, les autres Antiquaires, Ics autres enfin n'cstoicnt que des Hoteliers que le grand abord des Etrangers enrichissoit. Tous ces gens là estoient dans les interests de TOracle et du Dieu ; et si par le 30 nioycn des Domestiques des Etrangers, ils découvroient quelque chose qui fust bon a sçavoir, vous ne devez pas ooutcr que les Prestres n'en fussent avertis.

1- Vau D.ile, 313.

120 HISTOIRE DES ORACLES

Lc faux Prophctc Alexandre ' qui avoitétably son Oracle dans lc Pont, avoit bicn jusque dans Romc des Corres- pondans, qui luy mandoient les affaires les plus secrettes de ceux qui Talloicnt consulter.

5 Par ces moycns on pouvoit répondre mesme sans avoir besoin de recevoir de Billets, et ces moyensn'estoient pas sans doutc inconnus aux Prestres de TApolIon de Claros, s'il est vray qu'il sufTisoit de leur dire le noni de ceux qui les consultoicnt ^. Voicy comme Tacite en parle au 2.1.

10 des Annales. Germankus alia constúter Apollon de Claros. Ce n'esl púinl une femme qui y rend les Oraclcs comme à Delphes^

mais un homme qu'on cboisit dans de certaines familles, et qui esl presque toujours de Milet'. // sujdit de luy dire le nomhre et les noms de ceux qui viennent le consulter ; ensuite il se re- 15 tire dans une grolte, et ayanl pris de 1'eau (Tune source qut y est cachée, il vaus répond en vers h ce que vaus avei dans

1'esprit, quoy que le plus souvent il soit tres-ignorant ■♦.

Nous pourrions remarquer icy que Ton confioit bien à

i6d'une source qui y est, ilvousrépond 1728. (Voici le texte deTacite, citépar VanDale : « tumin specum digressus.haustà fontisarcani aquàa.)

1. Van Dale, 315-31661 333.

2. Van Dale, 311.

3. Van Dale, ;n.

4. « Aprés cela, tout le monde ne doit-il pas tomber d'accord qu'il n*y avoit quedeTimposture dans cct Oracle ? Les preuves que vous en produisez ne le démonlrcnt-elles pas évidemnient? Jc ne sçay pas ce qu'en ont pense ceux qui les ont lúes dans vostre livre. J'apprehende qu'ils ne les ayent pas trouvé tout a fait concluantes. Pour moy je vous avoüe que je ne suis point content : et que j'aurois niieux ainié que vous- eussiez fait quelques reflexions sur ce que le même auteur ajoúte, que ce faux prophète répondoit aux pensées de ceux qui le consultuient. II me semble en efTet que le démon méme ne le peut pas, puisque le secret des ccuurs ainsi que Ia connoissancc certaine de Tavenir, est reservo i Dieu scul.... Ainsi ou il faut absolument rejetter ce que dit Tacite de rOracle de Claros, ou y reconnoitre comme dans tous les autres, Toperation du malin Esprit. » Baltus, Réponse, 212.

PREMIERE DISSERTATION 121

No documento HISTOIRE DES ORACLES (páginas 144-151)