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CHAPITRE XVIII '

No documento HISTOIRE DES ORACLES (páginas 165-172)

Dís Sorts.

Le Sort cst Tcífct du hazard, et comme Ia décision ou 1'Oraclc de Ia Fortune ; mais les Sorts sont les Instrumens 10 dont on se sert pour sçavoir quelle est cette décision.

4 trcs fanieux 1687.

à cntendre parler des démons, ny de tout ce qui y ;i quelque rapport Cela réveille certaiiies idées de Tautre vic qui ne plaisent pas. lis croyent assez les véritez de Ia religion sur des raisonneniens de specu- lation ; mais des preuvcs trop sensibles de ces mémcs veritez les iiicominodeiit. » Cf. eiicorc 246-247. — 11 est au moins curieux, á Ia fin de cette discussion, de faire connaitre Topinion de Le Clerc {Hiblioleque Choisie, Xlll, 180). « Jc croy qu'il y a píl avoir des Or.acles veritablemcnt rendus par des Démons, ou par des Intelligences qui sont au dessus de Ia Nature Humaine ; quoi que je ne doute point que des honimes n'aient souvent été les auteurs des réponses que Ton attribuoit à ces Intelligences. ]e croi, en même tems, qu'il ne Jious est pas possible i présent de distinguer les Oracles rendus par les Démons, de ceux, oú il y a eu de Ia tromperie humaine ; soit á

"use que les histoires, que Ton vous en raconte, ne sont pas .assurées : soit parce qu'elles ne sont pas assez circonstancièes, pour pouvoir JUger solidement s'il y a eu de Ia fourberie, ou non. — II me scmble que ce sentiment tientle milieu, entre celui de Mr. de Fontenelle

<ít celui de TAuteur qui Ta attaqué ; car ces messieurs sont allez, chácun de son côté, un peu trop loin ».

'■ Ce chapitre n'cst qu'un résumé, fort succinct, de tout un long developpement du Ue Oraculis, 341-375- Van Dale y explique, avec

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HISTOIRE DES ORACLES

Les Sorts estoicnt Ic plus souvent des cspeces de Dez sur lesquels estoicnt gravez quelques caracteres ou quelques mots dont on alloit chercher rexplication dans des Tables faites cxprés. Les usages estoient differens sur 5 les Sorts, dans quelques Temples, on les jettoit soy niesme, dans d'autres on les faisoit sortir d'une Urne, d'oú cst venüe cettc maniere de parler si ordinaire aux Grecs, Ic Sort est iomhè '.

Ce jeu de Dez estoit toújours precede de Sacrifices, et 10 de beaucoup de ceremonies. Apparcmment les Prestres sçavoient manier les Dez, mais s'ils ne vouloient pas prendre cettc peine, ils n'avoient qu'à les laisser aller, ils estoicnt toújours maistres de Texplication ^.

Les Lacedémoniens allerent un jour consulter les Sorts 15 de Dodone, sur quelque Guerre qu'ils cntreprcnoient;

car outre les Chesnes parlans, et les Colombes, et les Hassins, et TOracle, il y avoitencorc des Sorts à Dodone.

Aprés toutes les ceremonies faites, sur Ic point qu'on alloit jctter les Sorts avec beaucoup de rcspect et de vene- 20 ration, voila un Singe du Roy des Molosses, qui estant entre dans le Teniple, renversa les Sorts et rUrne. La

21 renverse 1728.

beaucoup de déuils, Ia nianière de prcparer les dés, de les manier, etc. ; il insiste sur les diverses façons de consulter les sorts... Cest une vraie petite dissertation spcciale — dont Fontenellc ne donne que Tessenticl, et encere assez sèchcment, il a dit püurquoi. Van Dale est plus explicite parce qu'il a conscience de traiter pour Ia première fois le sujet ex professo. Et encere ne parlera-t-il ici que des Sortes divi- nalorhe, sans ricn dire des Militares, ni des Politiaie 1 — II n'est pour ainsi dire pas question des « sorts » dans Ia Rèponse de Baltus. Cf. ci-

dcssous, note 2.

1. Van Dale, 345-347.

2. Vau Dale, 347. — lialtus (Rèponse, 178) declare simplenient, à propôs des « sorts » et des statues qui se meuvcnt, qu'il ne s'amu- sera pas à « réfuter » des « explications si recherchces et si subtiles ».

Et il passe condamnation sur le chapitre tout entier.

PREMIERE DISSERTATION

137 Prestresse effrayée dit aux Lacedcmoniens qu'ils ne devoient pas songer à vaincre, mais seulement à se sauver, et tous les * Ecrivains assurent que jamais Lacedémone ne reçeut un presage plus funesta '.

5 Les plus celebres de toutes les Sorts estoient celles de Préneste et d'Antium, deux petites Villes d'Italie. A Pre- neste estoit Ia Fortune, et à Antium les Fortunes ^.

Les Fortunes d'Antium avoient cela de remarquable, que c'estoient des Statües qui se remuoient'd'elles mesmes, 10 selonle témoignage de Macrobe, 1. L ch. 23. et dont les mouvemens differens, ou servoient de Repouses, ou mar- quoient si Ton pouvoit consulter les Sorts '.

Un passage de Ciceron au 2. 1. de Ia Divination, ou il dit que Fon consultoit les Sorts de Préneste par le 15 consentement de Ia Fortune, peut faire croire que cette Fortune sçavoit aussi remuer Ia téte, ou donner quelque autre signe de ses volontez +.

Nous trouvons encore quelques Statües qui avoient cette mcsme proprieté. Diodorede Sicile, et Quinte-Curse, 20 disent que Júpiter Hammon s estoit porte par quatre vingts Prestrcs dans une espece de Gondole d'or, d'oú pendoient des coupes d'argent, qu'il estoit suivy d'un

'Ciceron, l. I. 2. de Ia Divination.

6 ctoient à Préneste et i Antium 1687.

1. Van Dale, 348-549 et 194.

2. Van Dale, 543, 345, 91.

3- Van Dale, 344.

4- Van Dale, 343.

5- Van Dale, 287. — On remarquera que Fontenelle, disciple trop fiJéle de Van Dale, fait ici une digrcssion sur les statucs qui se meuvent d'elles-mémes; et précisément, il n'y a pas de digrcssion, au moins insolente, dans Ia petite dissertation sur les Sorts, chcz Van Dale.

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HISTOIRE DES ORACLES

granJ nombre de Femmes et de Filies qui chantoient des Himnes en langue du Pais, et que ce Dieii porte par ses Prestres, les conduisoit en leur marquant par quelques mouvemens, oíi il vouloit aller.

5 Le Dieu d'Heliopolis de Sirie, selon Macrobc, enfaisoit autant '. Toute Ia differencc estoit qu'il vouloit estre porte par des Gens les plus qualifiez de Ia Province, qui eussent long temps auparavant vescu en continence, et qui se fussent fait raser Ia teste.

IO Lucien dans le Traité de Ia Déesse de Sirie, dit qu'il a veu un Apollon encore plus miraculeux ; car cstant porte sur les épaules de ses Prestres, il s'avisa de les laisser là, et de se promener par les airs, et cela aux yeux d'un homme tel que Lucien, ce qui est considerable ^.

15 Je suis si Ias de découvrir les fourberies des Prestres Payens, et je suis si persuade aussi qu'on est Ias de m'en entendre parler, que je ne m'amuscray point à dire comnient on pouvoit faire jouer de pareilles Marion- nettes '.

20 Dans rOricnt, les Sorts estoient des Fleches, et aujour- d'huy encore les Turcs et les Árabes s'cn servent de Ia mesme maniere +. Ezechiel dit que Nabucodonosor mela ses fléches contre Animon et Jerusalém, et que Ia fléche sortit contre Jerusalém. Cestoit là une belle 25 maniere de resoudre auquel de ces deux Peuples il feroit

Ia Guerre 5.

1. Van Dalc, 544.

2. Van Dalc, 291, cite Lucien: « Aliud quoque dicam, quoJ me praesente fccit (Apollo). Sacerdotes illuiu in liumeros sublatum fore- kmt : iUc vero iis inferiús in terra relictis, solus in aêre fercbatur. •

3. Le mot Miirioniietles est dans Van Dale (298) — qui témoigne, á plusieurs reprises, du dégoút que toutes ces íourberies lui inspirent ;

« sed mepigct, pudet atque txdet taliuni nugarum ».

4. Van Uale, 349.

5. Van Dale, 351.

PREMIÍ-RE DISSERTATION

139 Dans Ia Gréce et dans Tltalie 011 tiroit souvent les Sorts de quelque Poete celebre, comme Homere, ou Euripide •;

ce qui se presentoit à Touverture du livre estoit Tarrest du Ciei. UHistoire eii fournit mille exemples.

5 On voit mesme que quelque deux cens ans aprés Ia mort de Virgile, on faisoit déja assez de cas de ses Vers pour les croire prophetiques, et pour les mettre en Ia place des anciennes Sorts de Prenestc. Car * Alexandre Severe, encore particulier, et dans le temps que TEmpe- 10 reur Heliogabale ne luy vouloit pas de bien, reçút pour réponse dans le Temple de Preneste cet endroit de Virgile dont le sens est, Si tu peiix surmonter les Destins conlraires, tu serás Marcellus ^.

Icy mon Auteur se souvient que Rabelais a parle des 15 Sorts Virgilianes que Panurge va consulter sur son mariage, et il trouve cet endroit du Livre aussi sçavant qu'il est agréable et badin 3. II dit que les bagatelles et les sotises de Rabelais valcnt souvent mieux que les discours les plus serieux des autres. Je n'ay point voulu oublier 2ü cet dloge parce que c'est une chose singuliere de le rencontrer au milicu d'un Traité des Oracles, plein de science et d'drudition. II est certain que Rabelais avoit beaucoup d'esprit et de lecture, et un art tres-particulier

' Lampriãius,

H des Sorts qui avoient csló à Preneste 1687.

1. Van Dale, 364, 552, IIO, 104.

2. Vau Dale, 354, 99.

3. Van Dale, 541. « ... ac per lusum et jocum Doctissimus ille Gallus Habelacsus, cujus nugac s.icpius multorum Doctorum seria vincunt ; in vità et gestis Gargantuae et Pantagruelis, tam doctè meo judicio, qu.am lepidè ac salso. » — Le mot « icy » ne designe que Tendroit du De Ora-

"ilis oú commence le petit traité des Sorts, et non un point précis de ce traité.

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HISTOIRE DES ORACLES

de débiter des choses sçavantes comme de purês fadaises, et de dire de purês fadaises Ic plus souvent sans ennuyer.

Cest dommage qu'il n'ait vécu dans un Siécle qui Teust obligé à plus d'honnesteté, et de politesse.

5 Les Sorts passerent jusque dans le Christianisme, on les prit dans les Livres Sacrez, au lieu que les Payens les prenoient dans leurs Poetes. S. Augustin dans TEpitre 119.

à Januarius, paroist ne desapprou%er cet usage que sur ce qui regardc les affiiires du Siécle ■. Grcgoire de Tours 10 nous apprcnd luy niesníe qucllc estoit sa pratique^, il passoit plusieurs jours dans le jeúne et dans Ia priere, ensuitc il alloit au Tumbcau de S. Martin, oú il ouvroit tel Livre de TEcriture qu'il vouloit, et il prenoit pour Ia réponse de Dieu, le premier passage qui s'offroit à ses 15 yeux. Si ce passage ne faisoit rien au sujet, il ouvroit un

autre livre de TEcriture.

D'autres prenoient pour Sort divin, Ia premiere chose qu'ils entendoient chantcr cn entrant dans TEglisc '.

Mais qui croiroit que* TEmpereur Hcraclius dcliberant 20 en quel lieu il feroit passer Thiver à son Armce, se deter- mina par cette espece de Sort ? II fit purifier son Armée pendant trois jours, ensuite il ouvrit le Livre des Evangiles, et trouva que son quartier d'hyver lui estoit marque dans TAlbanie. Estoit-ce là une afFaire dont on 25 pust espercr de trouver Ia décision dans TEcriture + ?

L'Eglise est enfin venüe à bout d'cxterminer cette Superstition, mais il luy a faliu du temps s. Du nioment

* Cedrenus.

1. Van Diile, 569-370.

2. V.nn Dale, 369-570.

5. Van Dale, 571.

4. Van Dale, 574.

5. Van Dale, 574-375-

PREMIERE DISSERTATION

141 que TErrcur cst en possession des esprits, c'est une merveillc si clle ne s'y niaintient toújours '.

I. On trouvera cette idée dans YOrigine des fables. Fontenelle y était fort attachó. — o On ne peut attribuer ce que Ton a vú d'extraor- dinaire et de merveillcux dans les Oracles du paganisme, qu'à Ia puis- sance de Dieu ;ou à quelque cause naturelle, telle que pourroit estre une bile échauíTée, ou Ia vertu de quelque exhalaison ; ou enfin à Ia nialice et aux impostures des démons. On ne peut pas rattribuer à Dieu ; puisquc tous ces Oracles estoient remplis d'impiété, de cruauté, de mensonge, d'idolatrie, et de toute sorte d'abominations et d'infamies.

On ne peut pas Tattribuer à quelque cause naturelle, puisqu'il y avoit bien des choses qui surpassoient les forces de toutes ces causes, comme Ia prédiction de plusieurs éveneniens, Ia guérison de plusieurs maladies. On ne peut pas non plus Tatíribuer aux fourberics des Prêtres des idoles, comme je Tay fait voir. 11 faut donc Tattribuer nécessairemcnt à Ia malice et A Timposture des démons, comme tous les anciens Clirétiens Tont cril, et comme Ia plus-part le croyent encorc à présent ». Cest Ia conclusion de Baltus (Repouse, 246) sur toute cette première dissertation de Fontenelle.

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