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ORACLES

No documento HISTOIRE DES ORACLES (páginas 31-37)

Mon dcsscin n'cst pas de traitcr dircctcmcnt rHistoire des Oraclcs ; jc ne me propose que de combattre Topi- nion commune qui les attribuü aux Dcmons, et Ics fait cesscr à Ia vcnuc de Jesus-Christ; mais en Ia combat- 5 tant, il faudra nccessairement que jc fasse toute rHis- toire des Oracles, et que j'expliquc leur origine, leur progrez, les diferentes manieres dont ils se rendoient, et cnfin leur décadence, avec Ia niesme exactitude que si je suivois dans ces matieres Tordre naturel et histo- lo rique.

11 n'cst pas surprenant que les efFets de Ia Nature donncnt bien de Ia peine aux Philosophcs. Les Príncipes en sont si bien cachez, que Ia raison humaine ne peut presque sans témerité songer à les découvrir; mais 15 quand il n'est question que de sçavoir si les Oracles ont pü cstre un jeu et un artífice des Prestres Payens, oíi peut estrc Ia difficulté? Nous qui sommcs hommes, ne sça- vons-nous pas bien jusqu'à quel point d'autres hommes

13 si caches 1707.

2 IllSTOIRE DHS ÜRACLES

ont pú cstre ou Imposteurs, ou Dupes ' ? Surtout, quand il n'cst question que de sçavoir en quel temps les Oracles ont cesse, d'oü peut naistre Ic moindre sujet de douter ? Teus les Livres sont pleins d'Oraclcs. Voyons cn quel 5 tcnips ont este rendus les derniers dont nous ayons con-

noissancc.

Mais nous n'avons garde de permeitrc que Ia décision des choses soit si facile ; nous y faisons entrer dcs pré- jugez, qui y formcnt des embarras bien pius grands que IO ceux qui s'y fussent trouvez naturellement ^, et ces diffi- cultez, qui ne viennent que de nostre part, sont celles dont nous avons nous-mesmes le plus de peine à nous démesler.

Uaflaire des Oracles n'en auroit pas, à ce que je croy, 15 de bien considerables, si nous ne les y avions mises.

EUe estoit de sa nature une afFaire de Rcligion chez les Payens ; elle en est devenue une sans necessite chez les Chrestiens3, et de toutes partson Ta chargée de préjugez, qui ont obscurcy des veritez fort claires.

1. 11 est i peine besoin de Ic faire remarquer, ces comparaisons scieii- tifiques, et ces príncipes si nettement méprisants, si pessimistes, ce n'est pas dans Vau Dale que Fontenelle les a trouvés. II ne fait d'ailleurs que se souvenir de ses Dialogues des Morís et de ses Entre- tiens sur Ia pluralité des Mondes.

2. Van bale, 3 ; « Laudabile enim juxta atque utile mihi vide- tur, falsasopiniones, ex praejudiciis aut credulitate natas profligare.»

5. « Qlii a jamais ditle conlraire ? Mais n'y a-t'il donc que les articles de Ia Religion Chrètienne que Ton doive croirc? n'ya-tilplus de foy humaine parmi les liommes ? sera-t'il Jesormais permis de rejetter un sentiment approuvé par le consentement de tous les Clirêtiens durant dix-sept siccles.et appuié solidement sur Tl^crilure Sainte, quoyque non proposé comme article de foy, sansserendre aumoins coupable d'unc três grandetémeritc? «Baltus,5///7t?, 10.—Mais alors pourquoi, si souvent et avec une solennité si voisine de Templiase, parle-t-il de «Tavantage que les DcfTenseurs de Ia Religion Chrètienne tirerent du silence miraculeux des Oracles, pour confondre Tidolatrie et établirla vcrité du Clirist » ? Et surtout pourquoi a-l-il écrit Ia Répome — dont Ia première page resume si complètement son csprit et sa manicre qu'on nous permettra de Ia citer ici ?

« II est certain que Tétablissement de Ia Religion Chrètienne, qui a

HISTOIRE DES ORACLES

3

J'avoüc que Ics préjugei; nc sont pas communs d'cux- mesmes à Ia vrayc et aux fausses Religions. lis rcgnent ncccssaircmcnt dans les fausses Religions, qui ne sont rouvrage que de Tesprit humain, mais dans ia vraye, qui 5 est un ouvrage de Dieu seul, il ne s'y en trouveroit jamais aucun, si ce niesme esprit humain pouvoit s'cm- pêxher d'y touclier, et d'y mesler quelquc chose du sien.

Tout ce qu'il y ajoúte de nouveau, que seroit-ce que des priíjugcz sans fondement ? 11 n'cst pas capable d'ajoúter 10 ricu de réel et de solide à TOuvrage de Dieu '.

3 lUuis celles qui 1687.

este si admirable d;ms toutcs ses circonstanccs, ne s'cst point fait sans un grand nonibre de miracles extraordinaires, par Icsqucls Dieu a fait connoitrc cvidcniment qu'il eu estoit TAuteur Or, entre tous CCS miniclcs qui out acconipagné rétablisscment du Cliristianisme sur les ruines de Tidolatrie, il n'y en a gucre eíi de plus cclatant, ny qui ait plus étonné les Payens, que le silence de leurs Oracles. Comme ils u'avüient ricn dans leur fausse religion de plus mer\'eillcux ny de plus divin en appareuce que ccs Oracles : rien de plus magnifique ny de plus fameux que les templcs oú ils estoient établis : rien de plus sur- prcnant que les guérisons que Ton y recevoit en songe, et que les prédictions des faux PropUétes, qui y paroissoicnt inspirez par leurs fausses Divinitez; rien aussi ne leur causa plus d'étonnenient, que lorsquMls virent qu'à mesure que Jcsus-Christ estoit rcconnu et adore dans le monde, toutes ces prétendues merveillescessoient par tout : que leur Esculape ne guérissoit plus les malades qui alloient dormir dans son temple : que les faux Propliétes de leur Apollou ne prédisoicnt plus Tavenir ; En uu mot, que toutes leurs Divinitez ne donnoient plus comme auparavant des marques sensibles de leur prcsence.

« Plusieurs d'entre cux rcconnureut encet cvcncment le doigt de Dieu et le pouvoir de Ji:sus-Christsur leurs idoles, qu'ils abandonnereut pour embrasser le Christianisme. » Prcfnce, 1-4. — Cf. aussi le début de Ia Troisièmejiarlic áe]a Répoiisc(248-2';o) :«Avoue2 U vérité, Monsieur , qui n'est pas moins significatif.

I. Vau Dale, et pour cause, prenait moins de précautions, et surtout, il ne leur donnait pas cette importance, et ne Ics exprimait pas avec cette- netteté. Cependaut, nous Tavons vu dans notre Inirodiiction, tous ces ménagcmcnts faillirent ne servir de ricn à Fontenelle. —■ Cf.

Van Dale, i : « Etiamsi res... controversae, in hanc aut illam p.irtem acccptae, miuimè faciant stabiliendae aut destrucndae Doctrinae Euan- gelicae. » Voir encere 12-17.

4 HISTOIRE Di:S ORACLES

Cepcndant ces préjugez qui entrent dans Ia vraye Rcligion, trouvent, pour ainsi dire, le moyen de se faire confondre avec elle, et de s'attirer un respect qui n'est deu qu'à cllc seule. On n'ose les attaqucr, de peur d'at- 5 taquer cn mènic temps quelque chosc de sacré '. Je ne reproche point cet excés de Religion à ceux qui en sont capables, au contraire je les en loüe, mais enfin quelque loüable que soit cet excés, on ne peut disconvcnir que le juste milieu ne vaillc encore mieux, et qu'il ne soit plus IO raisonnable de démêler TErreur d'avec Ia Verité, que de

respecter TErreur mêlée avec Ia Verité^.

1. « Quicunque praeconceptas vulgi Opiniones, praesertim jam per aliquot secula invctcratas adeóque in errores conversas fero calholicos, convellere, netium extirpare, sludcnt, à crédula ac supcrstitiosa mulii- tudine, aut pro incredulis et irrcligiosis, aul (quod pejús est, ac facillinic tamen accidit) pro liostibus atque oppiignatoribus Christianac Rcligionis habcntur : etiainsi res ab ipsis controversae, ia lume aut illain partem acceptae niinímè faciant stabiliendae aut destruendae Doctrinae Euau- gelicx-; modo pro talibus ab ipsis teneantur. Nimirum in bujusmodi rebus, quo quis minus judicio praeditus sit, eó magis superstitiosus est:

quò magis superstitiosus, eó religiosiorem se credit; atque cxinde quoque putat se debere patrocinari quaecunque à quocunque, seu bene, seu male, contirmandae suae Opinioni afferuntur. » Vau Uale, i.— 11 nliésite pas cependant i publier son livre, « opusculuni ingenuum videlicet atque itinocuum, ac praejudiciis Religioni verè noxiis occurrendis üxum».

Ibid. Priií-falio iid leclorein, i.

2. (I Haec de Oraculis tractatio est, fateor, res invidiae plena, nec carens oJio adversariorum. Nemo enim sese opponens Opinioni inveteratae, atque adeo pene catholicae, ita evicit ut plurimorum, nedum omne punctum tulerit, licet armatus solidissinüs simul et acutissiniis armis . —• At ingenui hominis gencrosique animi est veritatem defen- dere propter veritatem : neque pati se duci alicujus auctoritate contra apertam rationem : Veritatem defendere in honorem Doctrinae veritatis, hoc est, Euangelicae vercque Christianae; quam Sanctus Paulus divino Spiritu ductus Rationalem appellavit Religioíiem ; quac nullis nec fuço nec fraude opus habet ; sed própria se vi ac virtutc sat abunde defendit.»

Van Dale, 17. — Cf. aussi 183 et 225.

Bayle avait déjà dit {Kouvellts de Ia Republique ães Leítres, mars 1684), en rcndant compte du livre de Van Dale : < 11 n'y a point de prescriplion contre Ia vérité : les erreurs pour ctre vieiUes, n en sont pas meilleures : et il seroit indigne du nom Chrétien d'appuyer Ia plus sainte, et Ia plus auguste de toutes lesveritcz sur une tradition erroníe.

Non seulement cela seroit indigne du nom Chrétien, mais aussi d'une dangereuse conséquence, sur tout dans un siecle philosophe comme

HISTOIRE DES ORACLES

s

Le Christianismc a toújours este par kiy-mesmc en estat de sepasser de fausses preuves, mais il y est encore preseiitement plus que jamais, par les soins que de grands Hommcs de ce Siecle ont pris de Tétablir sur ses 5 veritables fondemens, avec plus de force que les Anciens n'avoient jamais fait. Nous dcvons estre remplis sur nostre Religion d'une juste coníiance, qui nous fasse rejetter de faux avantages, qu'un autre Partyqucle nostre pourroit nc pas negliger^

celuiüü nous vivons,parcc qu'un esprit qui demande des preuves solides, et qui vcrroit qu'on lui en donncroit do fausses, et qu'oii les sou- tiendroit jusques au bout, se formeroit une idce dcsavantagcuse de Ia crcdulitc, et de Ia préoccupation des Chrétiens. Ainsi c'est rendre plus de servicequc Ton ne pense à Ia Religion, que de réfuter Icsfaussetez qui semblent Ia favoriser. Les Pèrcs de rhglise n'ont pas ctéassez dólicats dans le clioix dos preuves : ils ont trop donnó dans Ic principe de Ia bonne intention, cl peul-être que leurs adversaircs n'étant pas aussi édairez qu'on Icst aujourd'liui, ne méritoient pas qu'on y allât .ivcc tant d'exactitudc. Quoi qu'il en soit, c'cst à nous qui vivons dans un sicclc plus éclairê, à separer le bon grain d'avec Ia paille, je veux dire, à renoncer aux fausses raisons, pour ne nous attacher qu'aux preuves solides de Ia Religion Clirélienne, que nous avons en abondance. «

Ces principes et ces prcoccupations, il est à peine besoin de le faire remarquer, ne sont pas ceux du père Baltus; et rien ne le nionlre mieux que le début de Ia Troisièmc partic de sa Rêponsr (248). « Avouez Ia veritó, Monsieur, n'avez-vous pas senti quelque répugnance en travaillant dans vòtrc scconde Dissertation, ã prouvcr que les Oracles n'avoÍent point cesséàla venue duSauveurdu Monde?» Kn efiet, « il est rude ;\ un Chrêtien de se voir obligè do diminuer Ia gloirc de celuy qu'il reconnoitpour son Dieu ; et de dissimuler contreson inclinatÍon,que c'està]uy qu'il doit le bonheur qu"il a d'estre délivré des lenebres du Paganismc et de Ia tyrannic du dcmon.— Vous me direz peut-estre que voiis avei cru devoir sacrifier loiiics ces répugnances à Ia vérilè, qui doit Vemportcr sur toutc soríe de considerations. LL PRETEXTE EST SPIíCIEUX... ».

II suíiit de lire Baltus pour cn être convaincu, mais Taveu n'est pas à ncgligcr. — Inutile d'ajouter que le père jésuite se largue quelque part {Repouse, Prèfncc, 2o)de n*avoir pas eu « d'autre dessein quede rechercher sincéremcnt Ia vérité », et qu il le repete solennellement encore dans sa conclusion (373-374).

1. Vau Dale pense aussi (3) qu'il faut rejetcr toutes ces « fausses preuves », « eo quod semper infelicem talia habeant successum;ac veritatem Doctrinae et Religionis Christianae apud irreligiosos homines (qui talia si ingenii sint acuti, facile odorantur), adhuc niagis reddant suspectaniw.Mais c'estFontenellc scul qui a euTidée de parler des grands apologistes « de ce siècle M. On ne pourrait pousser plus loin Tcsprit de prudence et de prccaution.

6 HISTOIRE DES ORACLES

Sur ce pied-là, j'avancc hardiment que !es Oraclcs, de quclque naturc qu'ils aycnt este, n'ont point este rcndus par les Demons, et qu'ils n'ont point cesse à Ia venuê de Jesus-Christ'. Chacun de ces deux Points nierite bien 5 une Dissertation.

I. « Q.u.ie tracuntur ibi... sunt, I. OracuU praetensa Ethnicorum (verc Divina cnim, ac quorum nicntio in Sacra Scriptura ; sivc ea per insomnía Divinitus piis Patribus ac Prophetis inimissa, sivç aliter data fuerint, minimé hic atingo : nec verè sacra profanis veritatemve meuda- ciis inimiscendam, profatiandamque duco) ad mininium ad Theodosiuiii niajoreni : iniô et nonnuUa ulterius durationis suae tenuinos exteii- disse. II. líadeni praeteusa Oracula non uUa vi supernaturali, Daciuo- numve aut Diaboloruniprxternaturalibus artibus. Sed meris solummodo coiistitisse pracstigiis et imposturis Pythiarum, Prophctarum, atque Autistituni Ethuicorum, qui Templis Fatidicis, aliisve Oraculis aut Sortibus, praecrant: neque ejusmodi impostores ullis aliis ad illa adniiniculis opus habuisse. » Van Dalc, Praefatio ad Lectoreni, 1-2.

Nous avons dit plus haut que, dans son cdition de 1700, Vau Dale adopta le plan de Fontenelle.

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