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Bouqala et autres symboles

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Academic year: 2017

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© Université de Mostaganem, Algérie 2007

Bouqala et autres symboles

Ghawt hy Hadj Eddine Sari Ot t awa, Canada

Résumé :

Ayant assist é à une soirée consacrée à la Bouqala, soirée riche en enseignement des t radit ions algéroises et t rès conviviale, j 'apport erais quelques réf lexions. Il a ét é dit que le mot bouqala serait d'origine lat ine, comme "bocal", ét ant donné l'ust ensile ut ilisé lors de la cérémonie. . . La f orme même de cet ust ensile suggère plut ôt une amphore, t elle que l'ut ilisaient les grecs lors des cérémonies à caract ère solennel ; le bocal est un récipient au col t rès court , "vase pour boire" chez les romains, l'amphore a un col évasé et deux anses pour êt re bien en main. . . Par ailleurs, le mot bocal, en arabe bouqal, n'est apparu dans les parlers arabes que t ardivement , on n'en t rouve aucune t race dans le dict ionnaire encyclopédique Lisan el Arab.

Mots-clés :

bouqala, t radit ions, cont es populaires, sociét é, Alger.

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1 - La bouqala :

Il a ét é dit que ce mot serait d’ origine lat ine, comme "bocal", ét ant donné l’ ust ensile ut ilisé lors de la cérémonie. . . La f orme même de cet ust ensile suggère pl ut ôt une amphore, t elle que l’ ut ilisaient les grecs lors des cérémonies à caract ère solennel ; l e bocal est un récipient au col t rès court , "vase pour boire" chez les romains, l’ amphore a un col évasé et deux anses pour êt re bien en main. . . Par ailleurs, le mot bocal, en arabe bouqal, n’ est apparu dans les parl ers arabes que t ardivement , on n’ en t rouve aucune t race dans le dict ionnaire encyclopédique "Lisan el Arab".

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poussent en primeurs "bouqoul", une f emme f olât re "el baqla", et , curieusement , l’ excès, t els les sons assourdissant s d’ un inst rument de percussion, "bouqala". . . Le "Lisan" dont l es réf érences sont dans la lit t érat ure arabe cl assique, ne donne pas t out es les ut ilisat ions linguist iques du verbe "baqala", il n’ en demeure pas moins que la f orme "f ou'ala" de ce verbe signif ie "ce qui génère l’ apparit ion", cela s’ inscrit correct ement dans la démarche même de not re "bouqala". . .

Le "Lisan el Arab" est une œuvre maj eure du grand savant du Caire du XIVe siècle, Ibn Munzur. Comme t ous l es dict ionnaires, il correspond à une époque "civilisat ionnelle", donnant les signif iés des mot s d’ usage courant , mais, aussi, les réf érences lit t éraires, prof anes et ésot ériques ; cet t e dernière part icularit é en f ait un inst rument incont ournable de la philologie, sémant ique, la linguist ique en général. Il est possible d’ int erprét er l’ absence, dans le Lisan, du concept bouqala, comme cérémonie de "medium" ou "devin", au f ait que cet t e prat ique divinat oire n’ est apparue qu’ après le XIVe siècle, dans le Maghreb Arabe. Cela corroborerait la t hèse d’ une dat at ion de l’ époque "ot t omane". . . Quoiqu’ il en f ut , il est clair que bouqal a est plus vraisemblablement dérivé du verbe arabe baqala = apparaît re, que du subst ant if du bas lat in baucal is = ase à raf raîchir. . . (Cf . Le Lexis Larousse).

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Saint "Quddus", les "awlya ou sullah" ne sont que des Sages, "assist ant ut ilement - salih" les croyant s dans leurs prières adressées à Dieu Seul. . . (Coran XXII/ 11, 12 ; XXXIX/ 10-72 ; XLI/ 29-32, 36 ; XLII/ 4-7, ent res aut res. . . ).

Durant les prières incant at oires d’ init iat ion de la bouqala, Le Prophèt e est évoqué "sur sa mont ure", signif iant ainsi l’ ut ilit é et l’ aide nécessaire à "t out e quêt e". Est évoqué, aussi, Sidi Abdelqader Boualem le célèbre Maît re de Baghdad, Abdelqader el Guylany (XIIe siècle). Ici, cet t e évocat ion a un sens part iculier : surnommé le Sult an des awlya, il symbolise à lui seul l’ ensemble du "diwan essalihyn" ou "assemblée des sullah". Le Coran enseigne, en subst ance, que "Tous ceux qui ont t émoigné de leur f idélit é à Dieu - Schuhada, sont vivant s à j amais, alors que l’ ont pense qu’ il s sont mort s et ent erres. . .". Les évoquer et demander leurs "baraka", "grâce" que Dieu leur a accordée, const it ue, pour le croyant , un act e d’ humilit é - t awadû envers Le Créat eur "Qui dispense ses grâces a qui Il Veut " (Coran LVII/ 28, ent re aut res verset s. . . ).

Avant d’ explicit er les aut res symboles et signif icat ions, il est import ant de not er que la "clôt ure" du cérémonial de la bouqala est désigné par le "f al". Ce n’ est pas anodin, cela explique le f ait qu’ une prat ique "divinat oire" a lieu chez des musulmans. En ef f et , le Coran et Le Prophèt e réprouvent t out recours aux devins, oracles, chiromanciens, géomanciens, ast rologues, et aut res magiciens. Le "f al" que l’ on peut t raduire par "augure" f ut , pourt ant , admis par les j urist es musulmans sous une f orme "islamisée".

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leurs "dest ins" aux croyant s de cet t e religion (polyt héist e : le dest in "f at um", décidé par les dieux, la Sybille leur prêt resse y accédait ). L’ Eglise chrét ienne de Byzance rej et ait cet t e prêt resse, mais des prat iques divinat oires cout umières persist èrent en langue libyque "t i f inagh" (la phénicienne, lit t éralement ). L’ hist orique "Kahina" ét ait une hérit ière de l a Sybille Libyque phénicienne, c’ est peut -êt re la qu’ il f audrait chercher l ’ origine de ces prat iques divinat oires "berbères", comme les décrivent et désignent les hist oriens grecs (barbarios désigne chez les grecs t ous les peuples asservis "bègues", c'est -à-dire "ne parlant pas ou parlant mal le grec". (Plat on : La République et Let t res VII). L’ empire chrét ien "christ ianisa" cet t e f onct ion religieuse "païenne" et les douze Sybilles f urent ident if iées aux douze Apôt res du Christ . Dès le quat rième siècle des iconographies apparurent dans les t ext es évangéliques, on peut même admirer la Sybille Libyque dans la célèbre Chapelle Sixt ine. . .

Au sept ième siècle, Le Prophèt e de l’ Islam rej et ant t out e f orme de prêt rise "sacrament el le" (le dogme islamique n’ admet aucun sacrement, donc exclut t out e f orme de cl ergé. . . ) et prat ique magique, admet t ait les "bonnes augures" ou "f al" : avec ses compagnons, s’ ent ret enant de probl èmes préoccupant s, il aimait ent endre des paroles f ort uit es, dues au "hasard", et de bonnes augures. . . De cela, que rapport ent des t radit ions aut hent if iées - "hadyt h sahih", les j urist es ont admis des prat iques t elle la bouqala. En évoquant le Secours Divin, la f inalit é de la bouqala ét ant "la bonne augure" due au hasard des t irages de dist iques ou quat rains et t irages des personnes, les croyant s ne t ransgressent aucune règl e du "t ewekkul" : la conf iance f erme et l ’ appui unique en La Miséricorde Divine - "Dieu Unique Waly et Nacyr", insist e le Coran en de nombreuses occurrences.

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usant de sable, ossel et s, oiseaux et aut res procédés. Le vol des oiseaux, "et t ira", comme augure, souvent de mauvaise augure, t rès répandu dans dif f érent es cult ures, f ut réprouvé par le Prophèt e. Il aimait la bonne augure, le "bon f al", qu’ il déf init comme bonne parole. Le "raj a f y Allah", l’ at t ent e du Secours Divin, peut avoir une réponse f avorable par un son, voire une lumière, ce qui const it ue le f al. . . Tout le cérémonial de la bouqala repose sur l e f al. Le Prophèt e disait à ses compagnons que les prat iques divinat oires mènent parf ois au "désespoir - qunt a", une désespérance qui obscurcit l’ âme, la "conf iance en soi" et la vision "int erne - bacyra". Il les invit aient à médit er ce verset coranique (Sourat e XXXIX/ 50, connu sous l’ appellat ion verset des désespérés) qui dit , en subst ance, "Dis a ceux qui ont pervert i leurs âmes, ne désespérez pas de La Clémence Divine. . . "

(LXII/ 26).

2 - Autres symboles :

Sept : il a ét é dit , à propos des "sept eaux" à int roduire dans la bouqala, début de séance, que c’ est un chif f re "port e bonheur". . . En f ait , la signif icat ion symbol ique du sept , dans la cult ure musulmane, est t rès riche dans ses dimensions. Permet t ez-moi de vous en donner un aperçu, non exhaust if , des dimensions spirit uelles et cult urelles social es, au sens large du t erme. Sans développer les signif iés, il est propose, ici, des j alons en vue d’ approf ondissement . . .

2. Signif icat ions symboliques "Spirit uelles" :

Le réf érent ét ant le Coran, il y a, ent re aut res.

- la symbolique des sept cieux "gradues - t ibaqa", dont il serait long de développer les signif ies dans le cadre de ce propos ; disons, pour saisir le sens simplement , qu’ il s’ agit de sept cheminement s d’ élévat ion de l’ êt re vers la présence Divine - "el uns".

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"L’ Ouvert ure - El Fat iha" du Coran, ou les sept sourat es longues (de II à IX). Tout es ces sourat es ont des vert us de préservat ion du mal, de guérison du cœur, de réalisat ion d’ espoir.

- La symbolique des sept épis que donne une graine - "habba", donnant à leur t our cent graines chacun. Le Prophèt e explique "par un act e généreux envers ses semblables, l’ êt re humain récolt e de dix à sept cent s rét ribut ions en ce monde. . . " On t rouvera cet enseignement , aussi bien dans le Coran (Sourat e XLVIII/ 29), que dans les Evangiles cit é par le Coran (Mat t hieu 18-32 ; Marc IV/ 26-34).

Le réf érent ét ant les "hadyt hs" - propos et act es du Prophèt e.

- Les "sept t ours - Tawaf " aut our de la Ka'ba, ordonnés en quat re t ours d’ un pas al ert e, puis t rois t ours à pas lent ; nos Maît res expliquent la symbolique du "quat re" relevant de "la nat ure" humaine, l es quat re élément s (air, f eu, t erre, eau), générant t rouble et impat ience. Le "t rois" impair - "wit r", at t ribut divin, suscit ant en l’ êt re humain, sérénit é et quiét ude - "Sekyna" : durant le "Tawaf " les croyant s disent "me voici Seigneur", quêt ant la Présence Divine en leurs cœurs. Ce concept coranique, que l’ on t rouve dans la sourat e XLVIII aux verset s 4, 18, a inspiré le Maît re j uif andalou, Maimonide (XIIIe siècle) dans son comment aire, en arabe, du concept hébraïque "Shekhinav (Cf . Dalail el hairyn, de Maimonide).

- Les sept "part ies" du corps adorant Dieu - "suj ud", durant la "salat " ou accession à la Présence Divine, "comme si t u Le Voyais, Lui t e Vois" : t êt e, deux mains, deux j ambes, deux pieds, en prost ernat ion, chaque part ie relevant des act es humains se "remet t ant en t out e conf iance à Dieu - Islam" (XXXVI/ 61).

2. Symboliques du cul t urel social :

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- Symbolique des "sept herbes" ou "sept épices" aux vert us médicinales, liées au "quat re" et "t rois", cit e précédemment .

- Symbolique des "sept eaux" : cinq eaux que l a t radit ion musulmane cit e (eaux du Paradis, du Prophèt e, des t erres f ert iles, selon des variant es) et les deux eaux "primordiales", celle de La Créat ion (Cf . Coran) et cell e de la "procréat ion" humaine.

- Symbolique des nombres associes au sept : sept , 1+6, 2+5, 3+4, correspondant dans les alphabet s sémit es, Arabe, Hébreux, Phéniciens, Araméen, a sept let t res "réalisant la connaissance". (Cf . Ibn Khaldoun : La Muqaddima / Hist oire Universelle).

Ce qui nécessit erait plus ample explicat ion, hors du présent cont ext e. En espérant avoir suscit e quel que int érêt de recherche dans ce vast e domaine de l’ ant hropologie, ou, du moins, quel que curiosit é.

Bibliographie :

1 - Ibn Manzur : Lissan al Arab. 2 - Le Lexis Larousse.

3 - Plat on : La République et Let t res, Flammarion, Paris. 4 - Maimonide : Dalail el hairyn, Ed. De Brouwer, Paris.

5 - Ibn Khaldoun : La Muqaddima, Hist oire Universelle, Trad. V. Mont eil, Ed. Sindbad, Paris.

Pour citer l'article :

 Ghawt hy Hadj Eddine Sari : Bouqala et aut res symboles, Revue Annales du pat rimoine, Universit é de Most aganem, N° 07, 2007, pp. 57 - 63.

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