• Nenhum resultado encontrado

Conclusion des activités narratives instrumentées

Chapitre 4 Les activités narratives et la diversité des domaines d'application domaines d'application

4.3 Résultats

4.3.3 Conclusion des activités narratives instrumentées

Après ce tour d'horizon des ensembles d'activité, nous avons une approche globale du système d'instruments mobilisé au cours des activités narratives mobiles et post-mobiles, ainsi qu'une vision des ensembles d'activité communs aux divers profils.

Commençons, par résumer le système d'instrument au cours du temps :

Au cours des activités narratives mobiles, le système d’instrument semble se découper en deux :

• Système d'instrument de recueil :

ƒ Les instruments de contextualisation : le carnet, les fiches (langage écrit et dessin)

ƒ Des instruments d'enregistrements : l’appareil photo, le carnet, le caméscope, le magnétophone…

ƒ Des instruments d'imprégnation, d'acculturation : le carnet, l'appareil photographique pour certains, les dessins. Ces instruments sont des médiateurs du sujet dans son rapport à lui- même.

• Système d’instrument d'exploration, de localisation, de gestion du recueil :

ƒ cartes géographiques, guide de voyage, carnet, divers artefacts en fonction des intérêts de chacun pour rencontrer les gens.

Au cours des activités narratives post-mobiles, un système d’instruments global se divise en sous système d’instruments :

• Le premier sous système d’instruments sources (médiation pragmatique), mémoriels (médiation réflexive) a été constitué pendant le recueil, il s’agissait de cueillir sous différentes formes, différents souvenirs et faits marquants, afin de pouvoir les réutiliser ensuite pour revivre le déplacement (médiation réflexive) éventuellement pour le décrire, l'écrire (médiation pragmatique), et enfin pour les illustrations lors du partage de la narration (médiation interpersonnelle).

A l’intérieur de ce premier sous système :

ƒ On décèle un ensemble d’instruments sources complémentaires et redondants : complémentarité entre les écrits et le reste du recueil (tickets, cartes postales…), les photographies, les vidéos…

ƒ On peut y associer certains instruments sources qui sont des artefacts non constitués au cours du déplacement, mais utilisés comme ressources a posteriori pour obtenir de l'information. ex : les divers ouvrages universitaires, d’art; les cartes géographiques, les guides, Internet…

• Le deuxième sous système est constitué du reste des instruments mobilisés pour la production, l'édition (crayon, papiers, brouillons, ordinateur…) la mise en forme de la narration finale.

Ce deuxième sous système d’instruments comprend :

ƒ Un sous système composé du brouillon contenant des "micro" instruments d’organisation, d’édition, et de traduction (astérisques, flèches, langage pour soi, parenthèses, ajouts).

ƒ Un sous système composé de "macro" instruments d’organisation, de traduction, d’édition : Brouillon, feuilles volantes, ordinateur pour l’écriture.

• Et enfin un dernier système de communication, d'illustration (magazine, expo, Internet…).

Quant aux formes d'activités narratives instrumentées, un certain nombre de disparités émergent ; résumons-en les grandes lignes :

• La durée d'exploration du terrain : les ethnologues restent plusieurs mois sur le terrain et sont parfois amenés à y retourner, les ergonomes, l'artiste et la photojournaliste sont moins immergés (car ils rentrent chez eux le soir) mais passent plusieurs jours sur le terrain, parfois étalés sur plusieurs mois, l'auteur de guide de voyage, la graphiste et les passionnés de voyage, ont passé plusieurs semaines sur le terrain. Enfin, les touristes lambda relataient des vacances d'une ou deux semaines dans le sud de la France, les journalistes P16 et P17 ont relaté une mission d'une journée.

• Les conditions du déplacement varient également fortement (éloignement, climat) : les ethnologues, les passionnés et l'auteur de guide sont dans des conditions plus extrêmes que les journalistes rencontrés qui effectuent des reportages quotidiens et la plupart du temps en France, ainsi que les touristes et les ergonomes.

• Le volume des données est directement corrélé à la durée des déplacements. De plus, l'écart entre ce que les personnes prévoient de recueillir et ce qui est réellement recueilli serait plus important sur les terrains éloignés, inconnus, notamment pour les ethnologues.

• Le système d'instruments de recueil mobilisé semble être la résultante d'un compromis que chacun établit entre son besoin de précision et le temps de traitement. Ainsi certains ethnologues et ergonomes ainsi que l'artiste ont recours à l'enregistrement vidéo. Le journaliste P17, l'ethnologue P15, et l'artiste ont utilisé l'enregistrement audio.

• La présence et l'absence des formes d'activité identifiées varient également selon les domaines d'application, les profils. Les sujets n'accordent pas le même temps, la même rigueur, les mêmes artefacts à chaque ensemble d'activité.

ƒ tout d'abord, les activités de préparations sont très hétérogènes (T1)

ƒ ensuite l'activité d'imprégnation est présente chez tous les sujets en dehors des touristes lambda.

ƒ l'importance accordée à la prise de contact (T2), et à l'intégration diffère selon les profils : Ceci est important chez les ergonomes, ethnologues, journalistes, passionnés, graphiste mais moins prédominant chez l'auteur de guide de voyage, l'artiste et les touristes pour qui l'intégration n'est pas obligatoire.

ƒ le recueil synchrone (T2) est commun à tous les profils, par contre les instruments d'enregistrement ne sont pas nécessairement les mêmes. Le recueil asynchrone (T2) est présent chez les ethnologues ainsi que chez les passionnés de voyage, et la graphiste exclusivement. Enfin, l'activité de contextualisation est présente chez tous les participants.

ƒ l'activité qui consiste à avoir une vue d'ensemble de son recueil (T2) concerne les ethnologues, l'auteur de guide de voyage et les ergonomes.

ƒ l'évocation (T3) apparaît chez tous les profils. Il existe une prégnance de l'évocation pour la graphiste et une absence de toute élaboration, rédaction. Cette évocation prend une place très importante également chez les passionnés de voyage qui ont peu de contraintes de production.

ƒ les ensembles d'activité suivant : l'attribution du statut aux documents sources, la recherche d'information, la confrontation des éléments du recueil et l'étalage (T3) sont importants pour les artistes, ethnologues, ergonomes, et photojournaliste qui présentent un volume de documents sources important et varié. Elle prend différentes formes : l'élaboration d'un plan d'action de recueil (avant le terrain), la contextualisation au moment du recueil ainsi que l'attribution d'un statut des documents sources au cours de la production.

ƒ la transcription dépend de la diversité des artefacts mobilisés comme instruments de recueil ainsi que du besoin de précision, en l'occurrence elle concerne principalement les ethnologues et les ergonomes.

ƒ enfin la rédaction et le montage sont présents chez la plupart des participants, mais ce sont les passionnés et les ergonomes qui sont le plus explicites à ce sujet.

De plus, au cours du temps, de l'expérience, la prise de note semble s'alléger, la production semble être de plus en plus prise en compte dès le départ, l'anticipation augmente. L'activité devient plus dépouillée et précise notamment au moment de l'étalage. Ainsi, plusieurs participants évoquent une évolution et un élargissement du système d'instrument au cours du temps, en commençant par exemple uniquement avec l'appareil photographique, puis en y ajoutant le carnet, les dessins puis la vidéo…

Mais selon les participants, l'ordre d'introduction n'est pas le même. Enfin, l'apparition des nouvelles technologies numériques a touché tous les profils et tous les médias. L'activité semble donc se réorganiser au cours du temps, de l'expérience et de l'évolution des nouvelles technologies. Cependant, nous n'avons pas les matériaux nécessaires pour rendre compte plus précisément de l'aspect développemental.

4.3.3.1 Les itérations des activités narratives mobiles et post-mobiles

Un des aspects sous jacent au corpus de verbalisations et dont nous n'avons pas encore parlé pour des raisons de clarté se révèle être les itérations omniprésentes au sein des ensembles d'activités narratives mobiles et post-mobiles. Notre panorama d'activités instrumentées donne à voir une description figée, linéaire selon les deux dimensions que sont la nature des médiations et le temps. Cette manière de

présenter les choses était volontaire afin d'en faciliter la lisibilité. Cependant, ce panorama est beaucoup plus mouvant et itératif, que dans notre description ci-dessus. Nous avons identifié l'existence d'itérations au sein de certaines formes d'activité, autrement dit certaines activités semblent revenir au cours du temps sans être exclusivement confinées à un moment donné. De plus, nous avons identifié des itérations au sein des ensembles d'activité instrumentée de médiation pragmatique et épistémique :

• Il peut exister une itération du terrain permettant ainsi une alternance entre un mouvement d'ouverture, d'élargissement du champ de vision provoqué par la confrontation au terrain, à l'imprévisible (imprégnation) et un mouvement de fermeture, de synthèse, de digestion des éléments observés, vécus (sélection, montage). Certaines narrations s'inscrivent donc dans le temps incluant des allers-retours sur le terrain, afin d'approfondir, de compléter le recueil sur une thématique de manière appropriée. Ceci concerne principalement les ethnologues et les ergonomes.

• Au même titre, la prise de contact peut également s'inscrire dans des boucles itératives, à partir du moment où le participant effectue des allers et retours sur le terrain, il sera amené à recroiser, réinterroger des personnes rencontrées au préalable. Cela concerne donc les ergonomes, les ethnologues mais également les journalistes.

• De même l'évocation que nous avons décrit à T3, peut également pour certains (essentiellement passionnés, ethnologue) avoir lieu au cours du déplacement à T2 pendant le recueil asynchrone.

• La collaboration n'échappe évidemment pas non plus aux itérations, que ce soit à T1, T2 ou T3, les participants peuvent confronter leurs documents sources aux personnes rencontrées au cours du déplacement, mais également en amont ou en aval, à des spécialistes. Plus ponctuellement, il existe des itérations fortes à T3 entre la collaboration et la production. A ce moment là ce sont les productions intermédiaires que le participant utilise comme support d'échange.

• Bien que nous les ayons déjà présentées comme entremêlées, rappelons que la plupart du temps, les ensembles d'activités instrumentées pragmatiques et épistémiques (qu'elles soient réflexive, interpersonnelles ou liées à la narration) à un moment donné sont inextricables chez les sujets, et plus encore lorsque nous appréhendons ces activités par le bais d'entretiens sans observation de l'activité réelle.

Il était important de souligner cette caractéristique, en effet la présence de ces itérations rend ce panorama plus dynamique et réaliste, enfin les fortes intrications des ensembles d'activité instrumentés à médiation pragmatique et épistémique montrent que les composantes épistémiques et pragmatiques sont nécessairement co-existantes, et difficilement distinguables dans les activités narratives instrumentées.