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Domaines d'activité : ergonomie des conditions de travail versus ergonomie des activités quotidiennes ergonomie des activités quotidiennes

Chapitre 1 Des cadres institutionnels aux cadres théoriques et empiriques pour étudier la théoriques et empiriques pour étudier la

1.2 Narration et ergonomie

1.2.1 Domaines d'activité : ergonomie des conditions de travail versus ergonomie des activités quotidiennes ergonomie des activités quotidiennes

L'ergonomie vise à comprendre l'activité finalisée en situation en vue de transformer et d'améliorer les conditions d'élaboration de cette activité. Pour comprendre l'activité en situation, l'ergonomie emprunte des connaissances à des disciplines connexes telles que la linguistique, la psychologie, la sociologie, la physiologie, l'anthropométrie mais ambitionne également de construire des connaissances. Ces connaissances ergonomiques peuvent porter aussi bien sur les connaissances générales de l'activité humaine que sur les connaissances méthodologiques (Falzon, 2004).

L'ergonomie mobilise deux critères pour transformer les conditions d'élaboration de l'activité : d'une part la performance d'une organisation, d'une situation et d'autre part, la satisfaction et la santé des personnes. Enfin, il existe deux types d'intervention d'ergonomie, la transformation d'une situation ou la conception.

Le terme ergonomie est dérivé du grec "ergon" qui signifie travail et "normos" relatif aux règles, autrement dit l'ergonomie serait la science du travail. Or, bien que la discipline se soit durablement constituée autour des situations de travail, d'autres domaines d'activité questionnent aujourd'hui les ergonomes, tels que la formation et la vie quotidienne. (Falzon, 2004). Ces nouveaux domaines d'activité nécessitent donc de nouvelles connaissances méthodologiques en termes de méthodes d'intervention, d'analyse, de recueil et de traitement de données. Classiquement, l'ergonomie part du postulat que l'homme moyen n'existe pas. Il s'agit donc lorsqu'on étudie des activités finalisées de prendre en compte la diversité et la variabilité des sujets et des situations. Cependant dans toute situation de travail, il existe toutes sortes de prescriptions (de la part de la hiérarchie sur les résultats attendus ou des prescriptions intrinsèques aux divers dispositifs techniques) qui balisent, tracent un espace à l'intérieur duquel se déploie l'activité de chaque opérateur (Beguin, 2004). En revanche, lorsque le domaine d'activité est la vie quotidienne, la diversité et la variabilité des situations sont prédominantes sur les prescriptions ; l'espace laissé à l'activité de l'utilisateur est largement moins

"borné" et "limité". Dans cette optique et en accord avec Beguin (2004), nous pensons qu'il est important de mobiliser les connaissances et méthodes déjà constituées dans le cadre de l'ergonomie des conditions de travail, tout en restant disponibles, attentifs à l'éventuelle découverte de dimensions que ces méthodes et connaissances préalables n'avaient pas permis de voir.

1.2.1.1 Ergonomie informatique

Avant de décrire plus avant les processus de conception, rappelons succinctement le contexte de l'ergonomie informatique. Nous avons assisté ces deux dernières décennies à une extension et une généralisation des dispositifs informatiques au travail et dans la vie quotidienne, un élargissement du public utilisateur, une complexification des systèmes, une hybridation et une diversification des technologies et des paradigmes d'interaction. Sperandio et Burkhardt (2004) soulignent que ces nouveaux paradigmes informatiques posent des problèmes car l'utilisabilité est bien souvent prédominante sur l'utilité (artefacts ou services utilisés pour réaliser un objectif). Il en découle un nombre important de produits inutiles ou inutilisés.

1.2.1.2 Ergonomie de conception

Si nous revenons à l'ergonomie de conception, cela nous amène à aborder deux points : tout d'abord les contributions de l'ergonomie dans un processus de conception puis le paradoxe de l'ergonomie de conception.

Dejean et Nael (2004) soulignent les différences entre l'ergonomie de systèmes industriels et de conditions de travail s'inscrivant dans une logique d'entreprise, de fiabilité et de productivité et l'ergonomie du produit qui est soumise à une logique de marché et de concurrence. Cependant, ils montrent qu'en utilisant la même grille de lecture, les critères restent identiques. En effet, dans le cadre qui nous concerne à savoir la conception de produit, il s'agit d'éviter les produits médiocres afin de limiter les effets négatifs en termes de coût et d'image pour l'entreprise. De la même manière, les produits défaillants ont des conséquences côté humain en termes de gaspillage, irritation, perte de temps et éventuellement danger. Ils rappellent également que si l'on parle de produit utilitaire, il s'agit du couple produit- service, et que cette notion est primordiale, notamment pour les entreprises de télécommunications. Puis, ils décrivent le rôle de l'ergonome aux différentes phases de la conception.

Ainsi pour la définition du produit et des services : le marketing joue un rôle prédominant, par contre l'ergonome apporte sa contribution en fournissant la description des caractéristiques des utilisateurs, des contextes d'utilisation des produits futurs ainsi qu'en définissant des fonctions ou des attributs apportant à l'utilisateur les moyens d'atteindre ses objectifs en respectant les critères ergonomiques. Ils prônent également l'utilisation de scénarios sous forme narrative ou graphique pour qu'ils soient compris par tous les acteurs de la conception. Cependant, ils expliquent qu'entre le diagnostic fourni par l'ergonome et le nouvel objet à concevoir existe un écart, un saut créatif que doit effectuer le designer. Ensuite l'ergonome au cours du cycle de conception itérative peut faire des tests utilisateurs avec des maquettes, prototypes. En revanche, dans sa contribution à la conception de produit grand public, l'ergonome se heurte au choix des observations qui sont aléatoires. Ils relèvent donc un certain nombre de possibilités telles que les tests en laboratoire, les observations des utilisateurs en contexte réel, ainsi que l'analyse des remontées clients a posteriori. A notre sens, chacune de ces alternatives révèle des limites : la première présente une réduction inévitable, la seconde pose le problème de la généralisation des résultats et enfin la troisième affiche l'absence d'observation de l'activité, donc de diagnostic ergonomique.

De plus, la conception de nouvelles situations (que ce soient des produits ou des situations de travail) place l'ergonome face à un paradoxe : Il est impossible d'adapter des moyens de travail, des conditions de réalisation de l'activité future, alors que cette activité n'existe pas encore, et que toute transformation de dispositif technique induira une transformation de l'activité (Theureau et Pinsky, 1984). Dans ce cas, il s'agit donc de disposer de méthodes d'approche de l'activité future. L'enjeu de ces méthodologies n'est pas de prévoir l'activité future, mais tout au moins de prévoir l'espace des formes possibles d'activité qui se déroulera dans l'avenir, le tout en respectant les critères de santé, d'efficacité et de développement personnel (Daniellou et Beguin, 2004 ). A cette fin, l'ergonome doit prévoir des conditions de simulation de l'activité future (Maline, 1994 ; Béguin, 2004). Une des stratégies consiste à rechercher des "situations de référence" (Maline, 1994), c'est-à-dire des situations existantes, dont l'analyse permettra d'éclairer les objectifs et conditions de l'activité future. Les situations de référence peuvent se présenter comme des situations où les fonctions qui devront être assurées par le futur dispositif technique sont actuellement assurées sous une autre forme : par exemple, avant l'informatisation de certaines tâches, on peut s'intéresser aux activités effectuées avec les dispositifs existants en détectant les sources de variabilité et de diversité qui risquent d'être sous

estimées dans le processus de conception (Daniellou, 2004). A ce titre, Maline (1994) appelle les résultats des analyses des situations de référence : "les situations d'action caractéristiques". Béguin (2004) évoque également ces éléments pertinents à isoler pour la situation future en les nommant

"unités d'analyse de la tâche transposables aux situations futures" ou encore "'unités d'actions transposables aux situations futures". Autrement dit, il les apparente aux schèmes d'action instrumentés en rappelant que le schème est une organisation de l'action pour une classe de situation.

Ensuite, il s'agit de formaliser la liste d'actions caractéristiques futures probables pour alimenter la rédaction du cahier des charges ainsi que pour participer largement à la production de scénarios en respectant la continuité chronologique, cognitive ainsi que la compatibilité avec les propriétés de l'être humain (Daniellou, 2004). Lamonde (2004) explique que l'approche descriptive consiste à réaliser un diagnostic de l'activité existante ou future et que c'est la connaissance approfondie de l'activité qui constitue le moteur d'élaboration des prescriptions. Elle rappelle que le problème posé en général par l'ergonome est celui de l'aide à l'activité. A cette fin, l'ergonome recherche les stratégies efficaces et sécuritaires des utilisateurs afin d'élaborer des prescriptions visant à supporter ces stratégies pour la conception ainsi que les stratégies inefficaces et à risque afin de les éliminer grâce à des prescriptions adaptées (Lamonde, 2004).

1.2.1.3 Conclusion et positionnement

Comme le souligne Spérandio (1995), l’approche ergonomique ne concerne pas uniquement le travail, mais aussi la conception et l’aménagement d’objets domestiques, ludiques, pédagogiques, scolaires ou professionnels, de telle sorte que l’utilisation soit optimale pour les futurs utilisateurs. Dans cette étude, nous nous intéresserons aux activités narratives sans distinction de sphère professionnelle ou privée. Nous postulons que ces activités narratives sont présentes et s'entremêlent au sein de ces deux mondes, qu'il existe de fortes percolations entre l'univers privé, intime et l'univers professionnel. A ce titre, une dichotomie serait donc artificielle. Ces positionnements auront un impact direct sur la méthodologie à mettre en œuvre. En effet, en visant le grand public, les situations de référence doivent à notre sens inclure des activités narratives mobiles et post-mobiles professionnelles et personnelles.

Nous serons donc confrontée à la difficulté de faire émerger des invariants d'une activité peu

"marquée" par les prescriptions et traversée par des motivations hétérogènes. Cependant l'analyse de situations de référence d'activités narratives mobiles et post-mobiles hétérogènes devrait faire ressortir des invariants de l'activité nous permettant de mieux comprendre ces activités narratives ainsi que les éléments manipulés, évoqués, transformés tout au long de ce processus. Il s’agira de mettre en évidence les outils utilisés par les auteurs ainsi que les fonctions que leur attribuent les auteurs. Une fois cette analyse établie, nous pourrons creuser plus avant certaines dimensions importantes, d'une part, pour la conception, d'autre part, pour enrichir le corps de connaissances scientifique à propos des caractéristiques des activités narratives mobiles et post-mobiles. A cette fin, nous déploierons une démarche méthodologique permettant de comparer les résultats obtenus de manière transverse aux domaines d'activité (activités de travail versus activité quotidienne) et aux domaines d'application (ex : journalisme, ethnologie, bloggeurs, passionnés de voyage). La section suivante nous permettra de préciser ce dernier point.

1.2.2 Les paradigmes au sein de l'ergonomie de conception et les