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Conclusion : une bibliothèque hybride, enseignante, partenaire

Première partie : les bibliothèques académiques, des organisations en changement

1. Chapitre 1 : les bibliothèques académiques au cœur de la société de l’information Introduction

1.9. Conclusion : une bibliothèque hybride, enseignante, partenaire

Ce chapitre nous a permis de voir que, si les bibliothèques sont des lieux de paradoxes, les bibliothèques académiques, considérées dans leur contexte actuel, sont au cœur de ce mouvement.

Les modifications des modes de circulation de l'information scientifique, l'évolution de la conception de l'enseignement supérieur, remettent en cause leurs fondements, aussi bien économiques que structurels, aussi bien culturels qu'organisationnels. Nous avons vu comment les bibliothèques se présentent sur les réseaux qui les changent, reprenant sur le mode électronique les descriptions qu'elles emploient pour leurs services traditionnels. Nous savons que la mise en place de systèmes d’information intégrateurs et multifonctionnels peut permettre aux bibliothèques académiques de matérialiser leur place de partenaire essentiel de la circulation de l'information dans un établissement d'enseignement supérieur. Enfin, nous avons observé la perception de ces organisations par leurs acteurs, aussi bien les publics qui s'adressent à elles, que les personnels qui y travaillent.

Nous le voyons, les bibliothèques sont “ au cœur du changement ”, dans la turbulence. En quoi sont-elles différentes d’autres organisations de service ? Si elles sont le siège d’une complexité provenant de leur environnement, ce en quoi elles ne diffèrent pas des autres organisations, elles ont à faire face à plusieurs autres défis fondamentaux :

! leur cible est un public dont les usages en matière d’information sont en pleine évolution ;

! leur matériau, l’information publiée voit ses supports et ses modes de fabrication et de circulation changer, bouleversant l’économie des services ;

! leur apport, la collection doit conserver un sens malgré l’afflux de supports et de technologies.

On voit par-là la difficulté du positionnement stratégique d’une bibliothèque académique, prise dans une double complexité : l’information est à la fois son sujet et son objet.

Dans les circuits traditionnels, le document imprimé constituait le support privilégié, objet physique différencié bien distinct du sujet, de la connaissance qu’il portait. Aujourd’hui, l’information circule par l’intermédiaire de ce qui est dénommé les “ technologies de l’information et de la communication ”. Celles-ci constituent le support de transmission d’une information électronique ou numérisée. Mais la confusion peut exister entre le canal de transmission de l’information et l’information elle-même. Ainsi les bibliothécaires, obnubilés par les changements technologiques, ont-ils pu voir ceux-ci comme une fin plus que comme un moyen, perdant dans les canaux de

transmission de l’information le sens et la valeur de celle-ci. La difficulté de positionnement du bibliothécaire est bien là, dans l’articulation entre l’information-sujet et le canal de l’information- objet. En donnant du sens à l’information, en triant, classifiant les documents électroniques, en donnant accès aux liens pertinents d’un domaine de connaissance, en plaçant des balises sur le réseau pour repérer les documents importants, le bibliothécaire a la capacité d’affirmer son métier.

Le défi est de faire cohabiter les deux modes, les documents imprimés et les documents électroniques dans un ensemble cohérent pour l’utilisateur. Mais acquérir de l’information comme support à des études ou à un travail de recherche, c’est obtenir la capacité à trier l’information pertinente répondant à un besoin d’information. Rien ne sert de trier, mettre en forme les documents et les liens si l’utilisateur n’a pas les moyens de les appréhender, d’acquérir une véritable démarche de recherche qui lui permette de donner sens à cette recherche en la construisant. Qui mieux que les bibliothécaires peut former les publics à l’acquisition de la connaissance du savoir- rechercher ? Ainsi, la bibliothèque devient-elle un partenaire essentiel de l’enseignement vers l’autonomie de l’étudiant, vers le savoir-apprendre nécessaire tout au long de la vie. Si la bibliothèque enseigne, elle devient alors un partenaire fort de la circulation de l’information dans un établissement d’enseignement supérieur, aussi bien comme réservoir d’information que comme initiateur de formation. La création de systèmes d’informations basés sur la mise en commun de moyens et de ressources dispersés dans l’établissement matérialise cette reconnaissance.

Bibliothèque hybride, bibliothèque enseignante, bibliothèque partenaire, tels sont les concepts forts de ce domaine aujourd’hui, sous-tendus par la nécessité d’une économie des documents basée sur des négociations juridiques.

Ainsi, cette complexité, terme employé par beaucoup d’auteurs quand ils décrivent le contexte actuel en bibliothèque, est-elle décrite dans quelques unes de ses dimensions. Nous en étudierons les implications au chapitre 3 : si ce terme est employé, quelles conséquences cela peut-il avoir sur la vision que nous avons des bibliothèques ? Si le contexte initie l’utilisation d’une terminologie, la définition de celle-ci peut-elle contribuer à caractériser le contexte ?

Au préalable, nous allons étudier, dans le chapitre 2, les modes d’évaluation et de management qui ont cours aujourd’hui dans les bibliothèques académiques. Ceux-ci constituent, en fait, les réponses apportées par les bibliothécaires aux défis que nous avons évoqués. Leur étude nous permettra de connaître les outils et les méthodes utilisés par les gestionnaires pour conduire les bibliothèques au sein des défis actuels.

Si la bibliothèque est le lieu de traitement de documents, d'informations enregistrées, elle est aussi une organisation se trouvant au cœur des mutations engendrées par ce qu’il est convenu d’appeler la société de l'information.

L'unité documentaire de base gérée par la bibliothèque (ouvrage, périodique, article scientifique) se trouve aujourd'hui en profonde modification. Cette modification ne joue pas seulement sur le support du document mais, en changeant les modes de communication et de circulation de l'information scientifique, vient également bouleverser ses circuits traditionnels dans une remise en cause aussi bien économique que juridique.

Actuellement, dans le domaine de l'information en réseau, la technique est plus avancée que les formes organisationnelles et les modèles économiques. Ceux-ci sont en train de se créer sous nos yeux, mettant en cause les circuits traditionnels de l'édition et les partenariats existant.

Nous étudierons les implications de la société de l’information sur les bibliothèques au travers de trois aspects : en premier lieu nous observerons comment, en changeant les modes de circulation de l’information, particulièrement au niveau de la connaissance scientifique, les réseaux viennent bouleverser les circuits traditionnels dans lesquels les bibliothèques sont intégrées. Ensuite nous étudierons comment le document numérique questionne directement la bibliothèque sur ses valeurs fondatrices. Enfin, conséquence ne découlant pas directement de la société de l’information mais plutôt du contexte global de l’économie, nous verrons comment les organisations, qu’elles soient publiques ou privées, définissent aujourd’hui la nécessité et les outils de leur évaluation. Ces

2. Chapitre 2 : les méthodes d’évaluation et de management dans les bibliothèques