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Effet du niveau d’activation émotionnelle des stimuli

Chapitre V- Les modérateurs des effets de positivité

1. Modérateurs relatifs aux caractéristiques émotionnelles des stimuli

1.1. Effet du niveau d’activation émotionnelle des stimuli

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Chapitre V- Les modérateurs des effets de

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Tableau 6: Récapitulatif des principaux résultats des études comportementales de jugement émotionnel de stimuli selon leur niveau de valence et d’activation. (triés selon le niveau d’activation)

Nombre de participants (Moyenne ou étendue), SJ : Sujets Jeunes, SA : Sujets Agés, S : Variables des participants manipulées ; Stimuli (durée de présentation), C : Variable contrôlée sur les stimuli.

Etude Participants Stimuli

Tâches / Techniques principales de

l’étude

Jugement

émotionnel Effets

Leigland et al., (2004)

SJ : 36 (17-29) SA : 36 (52-92)

Mots Visages Pos, Neg, Neu C : Valence : Faible C : Activation : Faible

Mémoire Valence Pas d’effet de l’âge

Grühn et al., (2005)

SJ : 72 (18-31) SA : 72 (64-75)

Mots (SJ :1s, SA :3s) Pos, Neg, Neu C : Valence : Moyenne

Mémoire Valence Pos et Neg : SA > SJ

Mather et al., (2004)

SJ : 17(18-29) SA :17 (70-90)

Images (3s) Jugement émotionnel

Neg, Pos, Neu C : Valence : Moyenne C : Activation : Moyenne

Catégorisation

IRMf, activité Activation Neg: SJ>SA

Kwon et al., (2009)

SJ : 52 (19-30) SA : 52 (65-81)

Images Pos, Neg, Neu

S : Coréens C : Valence : Moyenne C : Activation : Moyenne

Mémoire Valence Pas d’effet de l’âge

Tomaszczyk et al., (2008)

SJ : 72 (18-25) SA : 72 (61-93)

Images (4s) Pos, Neg, Neu C : Valence : Moyenne C : Activation : Moyenne

C : Pertinence : Haute et basse

Mémoire

Valence Activation Pertinence

Pas d’effet de l’âge

Langeslag et al., (2009)

SJ : 19 (19-26) SA : 19 (65-82)

Images (1s) Mémoire Neg, Pos, Neu C : Valence : Moyenne C : Activation : Moyenne

Catégorisation EEG

Valence

Activation Pas d’effet de l’âge

Fischer et al., (2005)

SJ : 24 (20-30) SA : 22 (70-80)

Visages(200ms) Perception visuelle

Colère, Neutre

Perception visuelle IRMf, activité

Valence Pas d’effet de l’âge

Leclerc et al., (2008)

SJ : 17 (19-31) SA : 20 (61-80)

Images d’objet (1s) Perception visuelle

Neg,Pos,Neu C : Valence : Moyenne C : Activation : Moyenne

Perception visuelle IRMf, activité

Valence

Activation Pas d’effet de l’âge

Mather et al., (2005) (exp.1)

SJ : 48 (18-29) SA : 48 (65-83)

Images (2s) Pos, Neg, Neu C : Valence : Haute

Mémoire Valence Pos : SA > SJ

Neu : SA > SJ (plus positif) Mather et al.,

(2005) (exp.2)

SJ : 32 (18-39) SA : 32 (64-84)

Images (3s) Pos, Neg C : Activation Haute et

basse

Mémoire

Attention Activation Pas d’effet de l’âge

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Suite tableau 6

Etude Participants Stimuli

Tâches / Techniques

principales Jugement Effets Denburg et al.,

(2003)

SJ : 26 (35-51) MA : 27 (52-69)

SA : 27 (70-85)

Images (20s) Pos, Neg, Neu C : Valence : Haute C : Activation : Haute

Mémoire Valence

Activation Pas d’effet de l’âge

Wood et al., (2006)

SJ : 20 (19-22) SA : 20 (56-81)

Images (1s) Catégorisation

émotionnelle Neg, Pos, Neu C : Valence : Moyenne

C : Activation : Haute

Catégorisation EEG

Valence

Activation Pas d’effet de l’âge

Roalf et al., (2009)

SJ : 14 (21-35) SA : 22 (65-80)

Images(1.5s) Habituation Neg,Pos,Neu C : Valence : Haute C : Activation : Haute

Mémoire IRMf, activité

Valence

Activation Pas d’effet de l’âge

Gruhn et al., (2008)

SJ : 53 (18-31) SA : 53 (63-77)

Images Valence, intensité Toutes les gammes de valence et d’activation

Etude spécifique de

jugement émotionnel

Valence

Activation

Pos : SA > SJ Neg : SA > SJ Neg : SA > SJ Pos : SJ > SA

Streubel et al., (2011)

SJ : 52 (18-30) SA : 52 (61-80)

Images (6s) Pos, Neg C : Activation : Basse et

Haute C : Pertinence émotionnelle : colère,

tristesse

Etude spécifique de

jugement émotionnel

Valence

Basse activation Pos : SA > SJ Neg : SJ > SA Haute Activation Pos : SA > SJ Neg : SA = SJ Colère SJ > SA Tristesse SA > SJ

Les premières informations dont nous disposons pour appuyer cette hypothèse reposent sur l’analyse des résultats des études portant sur les effets de positivité selon le niveau d’activation des stimuli qu’elles ont utilisé, lequel diffère à travers celles-ci. Ces études consistent principalement en des tâches de jugement émotionnel des stimuli sur une échelle de valence et/ou d’activation. Une majorité d’entre elles a investigué les effets de l’âge sur l’évaluation de stimuli moyennement activateurs et ne relatent aucun effet de positivité à travers les différents groupes d’âges (e.g., Leclerc & Kensinger, 2008; Tomaszczyk, Fernandes, & Macleod, 2008). Seules deux de ces études affichent un effet lié à l’âge. L’étude de Grühn et collaborateur (2005) observe que les personnes âgées jugent toutes les images

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négatives comme plus activatrices que les plus jeunes, tandis que l’étude de Mather et collaborateurs (2004) observe l’inverse.

D’autres études ayant utilisé des stimuli faiblement ou fortement activateurs montrent également des résultats plutôt variables. Par exemple, Mather et collaborateurs (2005, expérience 1) notent que les personnes âgées évaluent plus positivement les images positives hautement activatrices. A l’inverse, d’autres études utilisant des stimuli analogues ne relatent aucun effet d’âge (Denburg, Buchanan, Tranel, & Adolphs, 2003; Mather, Knight, &

McCaffrey, 2005 expérience 2).

L’absence d’effet pour la majorité des études et sa variabilité le cas échéant reposent probablement sur le fait que, pour la plupart des études, le report du ressenti n’est souvent qu’un contrôle et se fait lors d’une seconde présentation réalisée après une phase expérimentale, la première présentation du stimulus étant réservée à la tâche d’intérêt pour l’étude. Des effets d’habituation et/ou de mémorisation ont probablement biaisé l’évaluation du ressenti.

Seules quelques études ont évalué directement l’influence du niveau d’activation des stimuli sur l’émergence des effets de positivité avec l’âge lors du traitement de stimuli émotionnels. Dans cette perspective, Grühn et Scheibe (2008) ont demandé à des personnes âgées et jeunes d’évaluer 504 images issues de l’IAPS sur leurs dimensions de valence et de niveau d’activation. La comparaison des courbes de régression (quadratique) de l’activation en fonction de la valence a montré un effet sur les extrêmes (figure 16). Par ailleurs, la relation entre valence et activation apparait plus linéaire chez les personnes âgées. Les participants âgés ont jugé les images fortement négatives comme plus négatives et plus activatrices. Les images fortement positives, quant à elles, ont été jugées comme plus positives mais moins activatrices (figure 16).

Figure 16: Evolution du ressenti sur la dimension activation en fonction de la valence des images pour les sujets jeunes à gauche et pour les sujet âgés à droite pour 504 images de scène naturelles.

85 Plus directement, lors d’une tâche de jugement émotionnel (valence, activation) des images de l’IAPS, Streubel et Kunzmann rapportent des effets de positivité pour les images de basse activation (Streubel & Kunzmann, 2011). Pour les images faiblement activatrices, les images positives ont été jugées plus positivement par les personnes âgées comparativement aux jeunes personnes alors que les images négatives ont été jugées moins négativement. En d’autres termes, les images faiblement activatrices ont été vues plus positivement par les personnes âgées par rapport aux personnes jeunes, et ce, indépendamment de leur valence.

Quant aux images hautement activatrices, seules les images positives ont été considérées comme plus agréables ; aucun effet n’a été trouvé pour les stimuli négatifs, suggérant que le traitement des stimuli de haute activation, de nature négative particulièrement, serait préservé avec l’âge.

Il est à noter que selon Scherer (2003), le ressenti émotionnel ne serait que la partie consciente de l’émotion. Il serait donc difficile de se fier uniquement aux ressentis émotionnels rapportés par les sujets pour conclure d’une modération des effets de positivité en fonction du potentiel activateur des situations. Toutefois, d’autres études plus objectives montrent également des effets de positivité selon le niveau d’activation des stimuli, et ce, à travers quelques tâches comportementales testant la mémoire ou l’attention. Dans une tâche de mémorisation de mots, Kensinger (2008) rapporte ainsi un effet de positivité pour les mots de faible intensité (plus de mots positifs de faible intensité que de mots négatifs rappelés) et non pour les mots de haute intensité. Dans une autre étude, Tomaszczyk et collaborateurs (2013) ont demandé aux participants d’indiquer avant mémorisation quelles images seraient, selon eux, mémorisables. Les participants âgés ont alors sélectionné plus d’images mémorisables négatives de basse activation que d’image de haute activation, puis ont rappelé plus d’images négatives de haute activation que d’images de basse activation.

Des tâches de « Stroop émotionnel » ont été également proposées pour évaluer les effets de l’âge en fonction du niveau d’activation des stimuli au niveau attentionnel. Une étude montre un effet de l’âge uniquement pour des stimuli faiblement activateurs (Wurm, 2004, expérience 2). L’identification de la couleur des mots était, en effet, plus longue dans le groupe âgé, et ce, uniquement pour les mots de haute intensité (positifs et négatifs) et non pour les mots de moyenne et basse intensité. Dans une tâche d’identification de cibles auditives introduites à l’intérieur d’extraits musicaux, des temps de réaction plus longs ont été

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observés pour l’identification de mots insérés dans un flux audio menaçant et très activateur, et non pour des flux exprimant la joie, l’apaisement ou la tristesse (Vieillard & Bigand, en révision). Ces deux dernières études montrent une facilité d’inhibition attentionnelle pour les stimuli négatifs faiblement activateurs et les stimuli positifs. Les stimuli négatifs hautement activateurs, quant à eux, garderaient avec l’âge un fort pouvoir de distraction et de capture attentionnelle automatique due à leurs propriétés affectives intrinsèques. Des conclusions similaires ont été proposées par Mather (2006) dans une tâche de détection de cibles émotionnelles. L’âge ne toucherait donc que le traitement des stimuli négatifs faiblement activateurs. Les traitements des stimuli négatifs hautement activateurs seraient, quant à eux, préservés.