• Nenhum resultado encontrado

Les modèles cognition-émotion alternatifs SAVI et DIT

Chapitre IV Modèles émotionnels appliqués au vieillissement

2. Le modèle dit du « contrôle cognitif »

2.4. Les modèles cognition-émotion alternatifs SAVI et DIT

78

émotionnel dans une tâche de régualtion émotionnelle et de le contraindre à employer une stratégie de réévaluation cognitive.

Le redéploiement attentionnel

Avec la stratégie de sélection de situation , il apparait que la stratégie de redéploiement attentionnel serait la stratégie de régulation émotionnelle la plus utilisée chez les personnes âgées (Isaacowitz, Gershon, Allard, & Johnson, 2013; Opitz et al., 2012; Urry & Gross, 2010). Par exemple, toutes les études en oculométrie présentant des visages ou des images appariés montrent que le nombre et la durée des fixations oculaires sur les stimuli négatifs diminuent chez les personnes âgées, suggérant une réduction dans l’attention portée aux stimuli négatifs avec l’âge (Allard & Isaacowitz, 2008; Isaacowitz et al., 2008, 2006a;

Isaacowitz, Toner, et al., 2009; Knight et al., 2007; N. a Murphy & Isaacowitz, 2008). Dans certaines de ces études, cette réduction s’accompagne d’une augmentation de l’attention (regard) portée sur les stimuli positifs. Selon une étude d’Isaacowitz et collaborateurs (2009), ce redéploiement attentionnel, conduisant à un évitement du contenu négatif et privilégiant le contenu positif, serait une façon de réguler l’humeur et d’élever le niveau de bien-être.

Puisque ces études en oculométrie montrent des effets de positivité dans des conditions de perception simple des images (c'est-à-dire sans tâche particulière), et conformément à la théorie du « contrôle cognitif », cette stratégie de redéploiement attentionnel serait mise en place de façon inconsciente et automatique chez la personne âgée.

79 émotionnels négatifs. Cette régulation émotionnelle ainsi que son efficacité seraient facilitées par l’expérience acquise avec le temps (Magai et al., 2006). Les personnes âgées auraient appris à se connaître, savoir à quoi elles peuvent survivre, ce qui les font se sentir d’humeur plus positive et quelle est la manière d’y accéder (Rothermund & Brandtstädter, 2003). Par ailleurs, ce modèle intègre le fait que le système nerveux autonome et les réponses physiologiques associées perdent en flexibilité (dans le sens d’une plus grande inertie) et deviendraient, par conséquent, moins contrôlables chez la personne âgée (De Meersman &

Stein, 2007; Dodt, Theine, Uthgenannt, Born, & Fehm, 1994; Ferrari, Radaelli, & Centola, 2003; Folkow & Svanborg, 1993). Ainsi, face à des situations négatives intenses et soutenues dans le temps durant lesquelles la personne âgée n’a d’autre choix que de faire face, la durée des réponses physiologiques augmentent (e.g., rythme cardiaque, pression sanguine). L’état de stress physiologique est maintenu longtemps et le retour à un état stable,

« homéostatique », est alors long, ce qui limiterait, par voie de conséquence, les capacités cognitives de régulation émotionnelle. A contrario, pour des situations modérées, puisque la réactivité du système est lente et sera moins forte que pour les situations intenses, la régulation émotionnelle serait plus facile à mettre en œuvre et serait plus efficace.

L’autre modèle alternatif proposé par Labouvie-Vief (2003, 2008, 2010) rend compte de la dynamique cognition-émotion avec l’âge (Dynamic Integration Theory (DIT) et repose sur un point de vue cognitivo-développemental de l’affect élaboré par Piaget (1981) où l’organisation des structures et des schèmes affectifs serait ordonnée selon leur niveau de complexité et d’intégration. A mesure de leur intégration, la régulation deviendrait plus stable.

Néanmoins, en cas de déclin cognitif lié à l’âge, les capacités d’intégration des situations présentant un haut niveau d’activation/de complexité affective diminueraient. Tant que les émotions restent peu intenses, les personnes âgées pourraient maintenir un niveau de bien-être satisfaisant. Toutefois, à mesure que l’intensité des émotions augmente, la régulation émotionnelle deviendrait plus problématique et d’autant plus que le déclin cognitif serait prononcé.

Actuellement, dans les modèles de contrôle cognitif, la grande majorité des études concernant les effets de positivité, pour ne pas dire toutes, se réfère à la théorie de sélectivité socio-émotionnelle (TSS) pour fonder leurs hypothèses et interpréter leurs résultats. Très peu d’études le font au regard de ces deux théories que sont SAVI et DIT.

80

Résumé

Plusieurs modèles sont proposés pour rendre compte des effets de positivité. Un premier modèle, le « Aging Brain Model » (Cacioppo et al., 2011) fait l’hypothèse que les modulations dans les traitements émotionnels, et en particulier ceux observées concernant les stimuli négatifs, seraient les conséquences d’un déclin cognitif dû à une perte neuronale liée à l’âge qui touche principalement la structure amygdalienne. L’amygdale, atrophiée, dysfonctionnerait et ne pourrait plus jouer de façon optimale son rôle d’évaluateur de la pertinence ou d’extraction de la saillance émotionnelle. Ce modèle pourrait permettre d’expliquer la diminution de l’activité de l’amygdale avec l’âge lors du traitement de stimuli négatifs observée dans de nombreuses études en neuro-imagerie (Chapitre III, 3.).

L’augmentation d’activité dans le cortex pré-frontal, souvent observée dans ces études, serait, quant à elle, le reflet de processus de compensation qui permettrait de maintenir un certain niveau de traitement de l’information.

Par opposition au « Aging Brain Model », un second modèle dit du « contrôle cognitif » (Mather, 2012) suppose une préservation des processus émotionnels et s’appuie sur la théorie de la sélectivité socio-émotionnelle (TSS; Carstensen, 1999) pour justifier des changements dans les préférences émotionnelles avec l’âge. Selon cette théorie, les personnes âgées, ayant conscience que leur avenir se restreint, privilégieraient ce qui fait émotionnellement sens à leur vie de sorte à privilégier leur bien-être émotionnelle. Dans cet objectif, la personne âgée régulerait ses émotions, en particulier les émotions négatives. L’augmentation dans le cortex préfrontal et la diminution de l‘activité de l’amygdale observées lors du traitement de stimuli négatifs pourraient être le reflet de la mise en œuvre de processus de régulation comme l’ont montré diverses études de neuroimagerie (e.g.,Urry et al., 2006). Diverses stratégies de régulation sont possibles, selon Gross (1998), pour réguler ses émotions. Il semblerait que les personnes âgées privilégient une stratégie de type « redéploiement attentionnel », consistant à éviter de porter le regard sur des zones contenant des informations négatives au privilège de zones plus positives (Van Reekum et al., 2007). La stratégie de type réévaluation cognitive, qui amènerait à évaluer et interpréter les situations négatives de manière plus positive ainsi que la stratégie de suppression des réponses émotionnelles (John & Gross, 2004) n’apparaissent pas comme effective chez les personnes âgées (Opitz et al., 2012).

81

Chapitre V- Les modérateurs des effets de