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Des enjeux à la fois économiques, politiques, sanitaires et environnementaux

DÉCHETS

2.2. Des enjeux à la fois économiques, politiques, sanitaires et environnementaux

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aisés ont des logements plus grands qui permettent d’accumuler des biens pendant plus longtemps alors que, faute de place, les gens de condition modeste sont obligés de se débarrasser des objets inutiles. Les gens aisés achètent également des biens de meilleure qualité, plus durables, et donc ils jettent moins de déchets.

La distinction entre zone urbaine et zone rurale implique des différences en termes de contenu des poubelles. Ainsi des déchets tels que le papier et le verre sont produits en plus grande quantité dans les communes urbaines alors que les communes rurales se caractérisent par une prépondérance des déchets organiques tels que les restes de repas (Maystre et alii, 1994 ; Lhuilier et Cochin, 1999).

La production de déchets subit également de fortes variations saisonnières particulièrement marquées pour certains types de déchets. Ainsi on peut noter qu’en été la consommation de fruits et de légumes et les activités de jardinage induisent une augmentation des déchets verts et organiques dans les poubelles. Les variations saisonnières en quantité peuvent aussi être expliquées par la présence de touristes ou, inversement, par le départ en vacances d’une partie de la population.

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pas encore de manière optimale, malgré les gros efforts et les succès accomplis dans ce domaine ces dernières années. Le Centre national d'information indépendante sur les déchets (Cniid)51 estime même que 90 % des déchets résiduels que nous jetons pourraient être recyclés ou traités biologiquement. Ainsi, comme le montre le tableau ci-dessous, nous arrivons à valoriser aujourd’hui 63 %52 de nos déchets, mais nous en stockons encore 36 %.

De plus, selon la hiérarchie des traitements préconisée par l’Union européenne, la France accorde encore une trop grande place au stockage et à l’incinération (Soulage, 2010).

Tableau 3: Le devenir des déchets ménagers par mode de traitement en 2008

Milliers de tonnes %

Mise en décharge 12 346 36

Incinération sans récupération d'énergie 536 2

Incinération avec récupération d'énergie 10 497 30

Valorisation organique 5 299 15

Recyclage 6 095 18

Total 34 773 100

Source : INSEE, 2011 d’après des données de l’ADEME et SOeS

L’exemple des déchets d’emballages ménagers illustre également les efforts encore nécessaires dans le domaine de la valorisation. Ainsi, selon les chiffres d’Eurostat en 2011, la valorisation des déchets d’emballages ménagers en France s’élève à 65,2 %, alors que certains pays tels que la Belgique, le Danemark, les Pays-Bas, l’Allemagne, le Luxembourg, l’Autriche et la Finlande obtiennent des taux de valorisation supérieurs à 90 %53

Les retards en matière de valorisation s’expliquent notamment par un retard en matière de tri.

Il est très difficile d’avoir le chiffre exact du tri des déchets chez les Français. Si l’on s’en tient aux déclarations des Français 92 % déclarent trier (Eurobaromètre, 2011). Ce chiffre n’est pas cohérent avec le taux de valorisation effectif des déchets ménagers sur le territoire.

De plus, certains organismes tels que le Cniid estiment que les chiffres de la valorisation sont surestimés.

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51 Le Centre national d'information indépendante sur les déchets (Cniid), créé en 1997, est une association à but non lucratif agréée pour la protection de l'environnement. Leurs données sont consultables sur internet à l’adresse http://www.cniid.org/

52 Selon le Cniid, nous ne valoriserions que 24 % des déchets ménagers en France.

53 Les données sont consultables à l’adresse suivante :

<http://epp.eurostat.ec.europa.eu/tgm/table.do?tab=table&init=1&language=fr&pcode=ten00063&plugin=0>, consulté le 3 mai 2011 à 14h00.

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Pour finir, selon une étude d’Eurobaromètre (2011), 49,4 % des Français estiment qu’ils ne jettent pas trop de déchets.

2.2.2. Des défis multiples

Les déchets ménagers représentent un problème complexe à la fois sur le plan économique, politique, sanitaire et environnemental.

C’est un défi économique, car les dépenses publiques dans le domaine ne cessent d’augmenter en raison de l’accroissement du volume de déchets à collecter et à traiter, mais aussi de la création d’équipements de traitement de plus en plus sophistiqués. En 2006, l’IFEN54

C’est un défi politique, car l’augmentation des dépenses pour la collecte et le traitement des déchets se répercute directement, via la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM)

a estimé la dépense nationale de gestion des déchets à 11,6 milliards d’euros (ADEME, 2009b). Du point de vue des particuliers, l’enjeu économique se situe au niveau de la taxe payée pour le service de gestion des déchets, mais aussi au niveau du prix de leurs biens immobiliers et de leurs propriétés dont la valeur baisse lorsqu’ils se situent à proximité d’un site de traitement des ordures ménagères.

55, sur le citoyen/contribuable qui est également un électeur. Lors de l’implantation de site de traitement des déchets, les riverains peuvent se montrer très virulents, c’est le phénomène NIMBY (« Not In My Backyard »56

Enfin c’est un défi sanitaire et environnemental dans la mesure où les déchets sont source d’émission de gaz à effet serre. Lorsqu’ils sont stockés, ils produisent des lixiviats

) auquel aucun élu local ne souhaite se confronter.

57 et sont source de désagréments olfactifs et visuels. On ne sait pas non plus exactement quels sont les effets des dioxines émises dans les fumées d’usine d’incinération sur la faune et la flore et sur la santé humaine. Les dépôts sauvages et les déchets qui échappent à la collecte et au traitement se retrouvent dans la nature et ont des répercussions plus ou moins nocives sur l’environnement en fonction de leur dangerosité58

54 L’IFEN est aujourd’hui devenu le Service de l’observation et des statistiques (SOeS) au sein du Commissariat général au Développement durable

.

55 Dans certaines localités, le service de gestion des déchets n’est pas financé par une taxe, mais par une redevance (la REOM).

56 Littéralement « Pas dans mon jardin », ce qui exprime le refus des individus de voir s’implanter des sites de traitement près de chez eux.

57 Les lixiviats sont les liquides produits par les déchets stockés sous l’action de l’eau de pluie et de la fermentation naturelle. Ce sont des substances toxiques qui s’infiltrent dans les sols et les nappes phréatiques.

58 Au niveau mondial, l’exemple le plus éloquent de la dispersion de nos déchets dans la nature est la formation, par les courants maritimes, de la « Grande Plaque de Déchet du Pacifique » (« Great Pacific Garbage Patch ») au

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Ces déchets ménagers sont enfin un réel problème de société, ils représentent le revers de notre société de consommation marquée par l’individualisme et la primauté des intérêts particuliers sur l’intérêt collectif et par une croissance qui a trop longtemps considéré l’environnement comme une donnée négligeable.

Pour les collectivités locales, l’enjeu est important. Le succès des politiques de gestion des déchets est dépendant de la participation des citoyens au tri des déchets, puisque ce dernier permet d’orienter chaque type de déchets vers la filière de retraitement la plus appropriée.

L’objectif étant de limiter la quantité de déchets générée chaque année et de limiter la quantité de déchets allant en décharge ou en incinérateurs (surtout pour les déchets pouvant faire l’objet d’un autre type de valorisation). Au final, il s’agit de limiter la pollution inhérente aux déchets et à leur gestion, mais aussi de limiter l’utilisation de matières premières non renouvelables.

nord-est du Pacifique entre la Californie et Hawai. C’est une île de déchets de près de 3,5 millions de tonnes et d’une taille supérieure à celle de la France.

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SYNTHESE PROLOGUE - SECTION 2

La société de consommation est née avec le développement de la production industrielle, qui a permis, grâce à de nouvelles méthodes, de nouveaux matériaux et de nouveaux procédés, de produire en grande quantité à des coûts raisonnables. Peu à peu, la consommation s’est démocratisée et l’accès à de nombreux produits fut facilité. La création des marques et du conditionnement, rendus nécessaires par l’arrivée du libre-service ont modifié le rapport à la consommation et le marketing fut utilisé pour éduquer le consommateur aux nouvelles conditions de production et de consommation. Les grands magasins et la publicité ont contribué à faire de la consommation un art de vivre. Par la suite, les Trente Glorieuses ont marqué, en France, une accélération de cette évolution. La prospérité économique, l’amélioration du niveau de vie et du pouvoir d’achat ont entrainé une consommation à grande échelle. Cette consommation de masse, soutenue par les progrès techniques, le marketing, le développement des supermarchés, des hypermarchés et, plus tard, des hard discounts, ne relève plus de la survie ou de la nécessité et fait de la nouveauté et des effets de mode des ressorts essentiels. Avec l’hyperconsommation, les offres sont de plus en plus diversifiées et l’accès aux nouveautés facilitées. La consommation a envahit le quotidien. Le consommateur est au centre des attentions et l’on tente de satisfaire et surtout d’anticiper ses désirs. Les évolutions conjuguées des modes de production, de consommation et des modes de vie ont conduit à une augmentation de la quantité de déchets générés chaque année. Le renouvellement rapide de certains produits (qu’il s’agisse de l’habillement, de l’équipement de la maison, des nouvelles technologies ou autre) conduit à mettre au rebus des produits en bon état. Le contenu de nos poubelles a changé, il est très hétérogène et la part organique (qui est l’objet de nombreux gaspillages) a ainsi laissé la place à des matériaux plus nocifs et/ou plus difficiles à traiter. Le désir de praticité du consommateur, conjugué au développement du libre-service et des grandes surfaces, a conduit au développement des produits jetables et à la multiplication des emballages (conditionnements individuels, surremballages). Ces derniers sont l’objet d’impératifs techniques (conservation des produits, facilité de transport) mais aussi d’impératifs marketing (réponses aux attentes des consommateurs, reconnaissance du produit, différenciation vis-à-vis de la concurrence, inspiration du désir d’achat, etc.).

Ainsi, les déchets ménagers sont aujourd’hui source de multiples enjeux tant sur le plan économique que sur le plan sanitaire et environnemental faisant de leur réduction et de leur

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valorisation une nécessité. La sensibilité grandissante des consommateurs et la nouvelle organisation de la gestion des déchets mise en œuvre ces dernières ont ainsi permis certaines améliorations mais la valorisation des déchets peut largement être améliorée et cela passe par un tri généralisé à tous les foyers.

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PREMIÈRE PARTIE : LES DÉCHETS MÉNAGERS, UN