• Nenhum resultado encontrado

La théorie de l’orientation à la causalité

PREMIÈRE PARTIE : LES DÉCHETS MÉNAGERS, UN OBJET D’ÉTUDE SINGULIER POUR LE MARKETING

2.3. La théorie de l’orientation à la causalité

193

lorsque le climat social fournit également le soutien de l’autonomie que la régulation comportementale en question devient intégrée, fournissant la base pour continuer vers un comportement autodéterminé » (2004, p.20).

194

L’orientation contrôlée conduit l’individu à réguler son comportement en fonction d’obligations et de pressions externes ou internes. Ces individus perçoivent une forme de contrôle externe dans chaque évènement et régulent leur comportement en conséquence (c’est le cas, par exemple, pour les individus qui recherchent une approbation sociale et qui sont donc sensibles aux directives qui indiquent comment un individu doit se comporter). Cette orientation se traduit par les formes de régulations introjectée ou externe.

Enfin, l’orientation impersonnelle est « une propension à se comporter de façon passive et non intentionnelle » (Vallerand, Carbonneau et Lafrenière, 2009, p.54) qui correspond à une tendance à l’amotivation. Les individus faisant preuve d’une orientation impersonnelle expérimentent généralement une auto-évaluation négative et un sentiment très faible, voire minimal, de leur compétence (c'est-à-dire un sentiment d’impuissance). Ils interprètent les évènements comme étant amotivants et insistent sur l’inadéquation et la futilité de n’importe quelle action.

Chaque individu obtient un score sur cette échelle qui indique sa tendance générale à s’orienter vis-à-vis de son environnement et à réguler ses comportements.

Deci et Ryan (1985a) ont démontré que l’orientation autonome est associée positivement à l’actualisation de soi, à l’estime de soi et à d’autres indices de bien-être psychologique. Quant à l’orientation contrôlée, elle n’est pas liée au bien-être psychologique mais à une plus grande conscience de soi publique de même qu’à la personnalité de type A, c'est-à-dire caractérisée par l’agressivité, l’impatience et l’imposition d’exigences extrêmement élevées pour soi- même. Enfin, l’orientation impersonnelle est liée à une faible estime de soi et à des conséquences négatives sur la santé psychologique pouvant aller jusqu’à la dépression.

195

SYNTHESE CHAPITRE 3- SECTION 1

La théorie de l’autodétermination nous montre qu’il existe différents types de motivation, l’on pourrait même dire différentes « qualités » de motivation. Nous retiendrons principalement que le concept d’autodétermination est central dans cette théorie. Celui-ci peut s’expliquer simplement comme le fait de se sentir à l’origine de son propre comportement, et chaque individu, dans une activité ou un comportement donné, peut ressentir différents degrés d’autodétermination. Ainsi, selon la littérature exposée ci-dessus, à travers le prisme de l’autodétermination, la motivation peut se diviser en trois grands types : la motivation autodéterminée ou autonome dont la motivation intrinsèque est le prototype, mais qui regroupe également des formes de motivations extrinsèques autodéterminées (l’identification et l’intégration) ; la motivation contrôlée ou non-autodéterminée qui est le résultat de pressions externes diverses (l’introjection et la régulation externe) ; et enfin l’amotivation qui est un état caractérisé par une absence de motivation et un degré zéro d’autodétermination.

Ces trois grands types de motivations ou de régulations comportementales se trouvent sur un continuum selon leur degré d’autodétermination et d’intériorisation.

La théorie de l’autodétermination nous apprend que la motivation autodéterminée est conditionnée par la satisfaction des trois besoins de base : le besoin d’autonomie, le besoin de compétence et le besoin d’appartenance sociale. Pour atteindre la motivation intrinsèque, prototype de la motivation autodéterminée, l’individu doit agir par choix et intérêt personnel (besoin d’autonomie), il doit se sentir efficace dans ce qu’il entreprend (besoin de compétence) et ressentir un soutien et de l’attention de la part de son entourage (besoin d’appartenance sociale).

Ainsi, les éléments qui forment le contexte social de l’individu peuvent entraver ou encourager la motivation autodéterminée et l’intériorisation des comportements. Les éléments contextuels peuvent être perçus comme fournissant des informations et soutenant l’autonomie de l’individu ou bien comme étant contraignant et exerçant un contrôle. Ces éléments contextuels peuvent être constitués par le climat des relations interpersonnelles, c'est-à-dire le contexte social immédiat ou bien par des éléments du contexte social en général, plus distant.

L’environnement de l’individu joue donc un rôle décisif dans la motivation à adopter un

196

comportement, mais la théorie de l’autodétermination n’oublie pas le rôle joué par des facteurs internes à l’individu tel que sa personnalité (théorie de l’orientation à la causalité).

La théorie de l’autodétermination et la taxonomie des régulations comportementales ont été employées avec succès pour prédire le comportement des individus dans de nombreux domaines : l’éducation (Deci et alii, 1991 ; Vallerand et alii, 1992) ; les relations interpersonnelles (Blais et alii, 1990) ; les loisirs (Pelletier et alii; 1996) ; le sport (Pelletier et alii, 1995 ; Dupont et alii, 2010) ; le travail (Gagné et Deci, 2005 ; Gagné, 2009 ; Arnaud, Frimousse et Peretti, 2009 ; Vansteenkiste et alii, 2007) ; et les comportements écologiques.

C’est ce dernier point que nous allons aborder dans la section suivante.

197

SECTION 2 : LA MOTIVATION A ADOPTER DES COMPORTEMENTS PRO-ENVIRONNEMENTAUX

Pour Pelletier, Green-Demers et Béland, la motivation environnementale représente « un déterminant important de la fréquence des comportements écologiques, c'est-à-dire de l’intégration et du maintien de ces comportements dans le style de vie des gens » (1997, p.145).

La motivation environnementale ou plus précisément la motivation à adopter des comportements éco-responsables représente toutes les décisions qui conduisent un individu à déclencher un comportement ayant pour objectif la protection de l’environnement (ou du moins la minimisation des impacts négatifs sur l’environnement), l’intensité de l’effort fournit et la persistance dans le temps de ce comportement. Certains auteurs ont ainsi appliqué le cadre d’analyse de la théorie de l’autodétermination pour comprendre la motivation à adopter les comportements écologiques (Pelletier, 2004 ; Pelletier et Tuson, 1999 ; Pelletier, Green- Demers et Béland, 1997 ; 1999 ; Pelletier et alii, 1998 ; 1999 ; Green-Demers et alii, 1994 ; Green-Demers, Pelletier et Menard, 1997 ; Séguin, Pelletier et Hunsley,1998 ; 1999 ; Lavergne et alii, 2010 ; Koestner et alii, 2001 ; Villacorta, Koestner et Lekes, 2003). Dans ces études, la mesure utilisée pour rendre compte du comportement écologique des individus se compose d’échelles combinant des items relevant de divers comportements : achat de produits respectueux de l’environnement, économies d’énergie, recherche d’informations sur les problèmes environnementaux, activisme environnemental, réutilisation des produits en fin de vie, tri des déchets, etc.

Dans cette section nous verrons tout d’abord que les trois grands types de motivation exposés dans la section 1 (motivation autodéterminée, motivation contrôlée et amotivation) conduisent chacun à des conséquences différentes. Ensuite, nous exposerons les effets de la satisfaction des trois besoins fondamentaux sur la motivation à adopter des comportements écologiques mais aussi le rôle joué par la perception des pouvoirs publics.

198

1. LA MOTIVATION A AGIR EN FAVEUR DE LENVIRONNEMENT : UNE MOTIVATION AUTODETERMINEE ?

La théorie de l’autodétermination apporte un éclairage nouveau sur la motivation à adopter des comportements respectueux de l’environnement. La taxonomie des motivations de Deci et Ryan (1985b ; 2000 ; 2004) permet de comprendre qu’il peut exister différents types ou différente nature de motivations liées à la protection de l’environnement et que ces différences de motivations mèneront à des conséquences différentes.