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Trier ses déchets : un comportement éco-responsable

PREMIÈRE PARTIE : LES DÉCHETS MÉNAGERS, UN OBJET D’ÉTUDE SINGULIER POUR LE MARKETING

1.1. Trier ses déchets : un comportement éco-responsable

Dans la littérature anglo-saxonne, on trouve les termes environmentally significant behavior (Stern, 2000), environmentally responsible behavior (Kaplan, 2000 ; Fransson et Garling, 1999) ou bien environmentally conscious behavior (Roberts, 1996) que nous traduisons par comportements éco-responsables et qui recouvrent une grande variété de comportements.

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1.1.1. Qu’est ce qu’un comportement éco-responsable ?

Travailler sur les comportements éco-responsables c’est chercher à atténuer l’impact des activités humaines sur l’environnement. L’impact des comportements humains sur l’environnement, qu’il soit direct ou indirect77

Depuis que la protection de l’environnement est devenue un enjeu majeur, chaque individu est incité à adopter un comportement éco-responsable, défini comme tel « dès lors qu’il permet, directement ou indirectement, d’éviter de dégrader l’environnement naturel, ou de contribuer à protéger et/ou réhabiliter ce dernier » (Giannelloni, 1998, p.66).

va modifier la disponibilité des ressources environnementales (les matières premières et l’énergie) ou altérer l’équilibre des écosystèmes.

Ces impacts sont des externalités, les « effets secondaires » des désirs humains (de mobilité, de confort, de loisir, de sécurité, etc.) et des organisations et des technologies que l’humanité a crée pour assouvir ces désirs (Stern, 2000).

Stern (2000) identifie deux grands types de comportements éco-responsables : les comportements relevant de la sphère publique et les comportements relevant de la sphère privée.

Les comportements éco-responsables relatifs à la sphère publique s’apparentent à ce que l’on appelle la citoyenneté environnementale78

Ces comportements concernent également le soutien ou l’adhésion à des politiques publiques (assister à des débats publics, soutenir des politiques publiques liées à la protection de l’environnement, etc.). Ils affectent l’environnement de manière indirecte, en influençant les politiques publiques, mais leurs effets peuvent être importants. En effet, les politiques publiques peuvent changer les comportements d’un grand nombre de personnes et

. Il s’agit généralement d’activisme environnemental, c'est-à-dire un engagement actif dans des organisations et des manifestations environnementales (qui s’exprime par le fait d’être un membre actif ou de participer à des manifestations), mais aussi un engagement moins actif dans ces mêmes organisations (qui se traduit alors par le fait de joindre ces groupes et d’y contribuer, par exemple, financièrement).

77 Les comportements peuvent causer un changement environnemental de manière directe (les déchets, la déforestation, etc.) ou indirecte en façonnant le contexte dans lequel se déroulent les choix qui auront un impact sur l’environnement : les comportements qui influent sur les politiques de développement internationales, le prix des denrées alimentaires sur le marché mondial et les politiques environnementales et fiscales nationales peuvent avoir des effets indirects importants sur l’environnement (Stern, 2000).

78 La citoyenneté environnementale est un terme utilisé pour exprimer la participation du public aux questions environnementales.

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d’organisations. Ces comportements relèvent d’une logique plutôt collective et sont visibles par les individus formant la société.

Les comportements relevant de la sphère privée ou domestique sont essentiellement tournés vers la consommation et l’utilisation des produits. Ils relèvent de logiques individuelles, se pratiquent dans l’intimité du foyer et sont donc moins soumis au regard des autres.

La consommation éco-responsable ou durable (aussi appélée consommation verte ou écologique), est une consommation qui consiste à choisir des produits respectueux de l’environnement. Le comportement doit ensuite s’étendre, une fois les produits achetés, à toutes les pratiques liées à une utilisation respectueuse de l’environnement.

Concernant l’utilisation respectueuse de l’environnement des produits et notamment des biens d’équipements de la maison, nous pouvons distinguer deux types de comportements : les comportements de limitation et les comportements d’efficience. Les comportements de limitation se rapportent aux économies d’énergie, à tous les changements opérés dans le mode d’utilisation de certains équipements (utiliser moins d’eau, moins d’électricité) alors que les comportements d’efficience sont davantage liés à l’achat d’équipements moins consommateurs de ressources.Les comportements dans la sphère privée ont des conséquences directes sur l’environnement. Ces comportements pris individuellement ont un faible impact, mais c’est leur agrégation, quand des individus ont, indépendamment les uns des autres, le même comportement, qui a un impact significatif sur l’environnement.

1.1.2. Le comportement de tri des déchets

Le comportement de tri des déchets relève essentiellement de la sphère privée. En effet, séparer les déchets recyclables se fait chez soi, dans l’intimité du foyer. Toutefois, il est possible de considérer que le comportement de tri peut relever d’une logique mixte. Le fait de déposer ses déchets triés dans les conteneurs adéquats sur la voie publique ou dans les parties communes d’un immeuble est relativement visible. De plus, la gestion des déchets en tant que service public, implique que les individus soutiennent les orientations choisies par les décideurs politiques (au niveau national et local) pour tout ce qui concerne la gestion des déchets. Ce phénomène s’inscrit dans le phénomène de conformation.

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Le comportement de tri est lié à la façon dont les individus éliminent les produits lorsque ces derniers arrivent en fin de vie ou d’utilisation, c’est donc un comportement post- consommation.

Nous avons vu que le tri consiste à séparer, chez soi, les déchets selon les matériaux qui les composent (verre, papier, reste de nourriture, matériaux d’emballage) et à déposer ces déchets triés dans les conteneurs adéquats. Mais il est important de noter ici qu’il existe d’autres pratiques durables vis-à-vis de ses déchets, en effet, outre le tri, l’individu peut choisir d’adopter la réutilisation et la réduction à la source (Bekin, Carrigan et Szmigin, 2007 ; Pieters, 1991).

La réutilisation ou le réemploi est l’utilisation répétée d’un produit ou d’un emballage sans modification de son apparence ou de ses propriétés. Cela consiste à ne pas jeter un produit qui pourrait, soit être utilisé d’une autre façon, soit être donné à quelqu’un qui pourrait encore s’en servir.

La réduction à la source consiste à choisir des produits ayant très peu voire aucun emballage ou bien à choisir des produits (et des emballages) qui pourront être recyclés. Cela peut aussi se traduire par une limitation, en quantité, de la consommation.

Dès 1977, des chercheurs américains en marketing (Jacoby, Berning et Dietvorst, 1977) se sont interrogés sur les alternatives qui s’offrent à l’individu lorsqu’il souhaite se débarrasser d’un produit qu’il a acheté. Ils ont donc proposé une taxonomie de base qui comprend trois grandes alternatives se divisant elles-mêmes en diverses possibilités. L’individu peut ainsi :

- Garder le produit ;

- S’en débarrasser de façon permanente ; - S’en débarrasser de façon temporaire.

S’il décide de garder le produit, il peut continuer à l’utiliser pour sa fonction originelle, le transformer pour qu’il serve à autre chose que sa fonction originelle ou bien le stocker pour une utilisation future éventuelle. S’il décide de s’en débarrasser de façon permanente, il peut le jeter ou l’abandonner, le donner, le vendre ou bien l’échanger. Enfin, s’il décide de s’en débarrasser de façon temporaire, il peut le prêter ou le louer à quelqu’un d’autre.

Lorsqu’un individu se demande quoi faire d’un produit qu’il a acheté, neuf alternatives s’offrent à lui (cf. figure n°4). Certaines d’entre elles pouvant être encore subdivisées en fonction de ce qui adviendra par la suite du produit, lorsque, par exemple, l’individu décide de s’en séparer définitivement : sera-t-il revendu ou réutilisé ?

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Figure 4: Taxonomie de la décision d'élimination

PRODUIT

LE GARDER

S’EN DEBARRASSER DEFINITIVEMENT

S’EN DEBARRASSER TEMPORAIREMENT

L’utiliser pour sa fonction originelle

Le transformer pour

un nouvel usage Le stocker

Le jeter Le donner L’échanger Le vendre

Le louer Le prêter

Pour qu’il soit

(re)vendu Pour qu’il soit utilisé Directement au

client Via un intermédiaire A l’intermédiaire

Source : Jacoby, Berning et Dietvorst, (1977, p.23)

Pieters (1991), en reprenant cette taxonomie des comportements d’élimination des déchets a proposé une taxonomie des comportements de gestion durable en y intégrant deux nouvelles finalités : le recyclage à travers la récupération79 et le traitement spécial80

Ces études nous montrent que les comportements éco-responsables dans le domaine de la gestion des déchets ne se limitent pas au tri des déchets en vue de leur valorisation. Ce travail de thèse, dans un souci de précision, se focalise sur le tri, mais le lecteur doit garder à l’esprit que l’adoption de ce comportement s’inscrit dans l’adoption d’un ensemble de comportements cohérents avec la protection de l’environnement. Les individus doivent s’inquiéter de réduire le volume de déchets lors de la consommation soit en réduisant leur consommation de manière générale soit en choisissant des produits avec un minimum d’emballage (choisir des produits en vrac, éviter les conditionnements individuels) ou bien des produits et emballages recyclables.Au moment de l’achat, ils peuvent aussi décider d’acheter un produit d’occasion plutôt qu’un produit neuf. Ensuite, une fois que le produit a

.

79 Après avoir été jeté par le ménage, le produit (ou une partie du produit) est collecté, traité et utilisé en tant que matière secondaire dans la fabrication d’un nouveau produit.

80 Il s’agit de l’incinération et la mise en décharge. De ces traitements spéciaux résultent les matériaux résiduels.

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été acheté, le consommateur doit se poser la question de son élimination. Plusieurs possibilités s’offrent à lui : le jeter à la poubelle, le réutiliser d’une façon différente (en le transformant ou en lui laissant sa forme originelle), le donner à quelqu’un qui pourrait encore s’en servir ou enfin le vendre. Vient enfin la décision de s’en débarrasser définitivement.

C’est à cette étape que l’individu doit décider de trier ou non ses déchets.

1.2. Un comportement marqué par des phénomènes sociaux et des différences