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Une production hétérogène, fluctuante et envahissante

DÉCHETS

2.1. Une production hétérogène, fluctuante et envahissante

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spécifiques aux emballages, tels que des objectifs chiffrés de valorisation (75 %), des modifications dans les modalités de financement, la mise en place d’un dispositif harmonisé de consigne de tri sur les emballages ou même la mise en place d’un point de reprise des déchets d’emballages pour les établissements de vente au détail de plus de 2 500 m2 à la sortie des caisses.

Selon Pinet (2004), avec la sensibilité grandissante vis-à-vis de l’environnement, le consommateur porterait davantage attention aux emballages qu’ils souhaiteraient faciles à trier, facilement recyclables, pratiques et d’un encombrement minimal. À l’inverse, ils seraient de plus en plus nombreux à attendre des entreprises qu’elles limitent les emballages inutiles (suremballages) et les emballages manquant de praticité.

Toutefois, l’emballage reste une question cruciale pour les pouvoirs publics et les entreprises, car il est encore jugé comme « un acquis du monde moderne » (Pinet, 2004, p.34). Il reste justifié, pour le producteur et pour le consommateur, s’il est porteur d’un service. Cette justification ne le rend pas pour autant « inoffensif » pour l’environnement. Ainsi, le café soluble en dose individuelle multiplie les emballages, mais trouve sa justification dans le fait qu’elle facilite le transport et la conservation et qu’elle peut être jugée très utile et pratique pour le consommateur qui n’arrive pas à trouver lui-même la juste proportion de produit.

Ainsi nous avons vu que l’avènement de la société de consommation a abouti à la multiplication et l’envahissement des déchets mais aussi à une longue indifférence du consommateur vis-à-vis de ces déchets. Dans le point suivant, nous allons voir les nombreux défis que soulèvent les déchets ménagers.

2.UNE SOURCE DE DEFIS IMPORTANTS

61 2.1.1. Le contenu de nos poubelles

Selon l’ADEME (2009b), les déchets ménagers représentent 3,5 % du volume de déchets produits en France alors que les déchets des entreprises représentent 12 %, les déchets du BTP 40 %, et les déchets de l’agriculture 44 %. Cela peut sembler peu en comparaison, mais ils représentent un problème majeur. En effet, les déchets des entreprises de plus de 10 salariés sont valorisés à plus de 80 % (68 % sont recyclés et 12 % font l’objet d’une valorisation énergétique), les déchets du BTP sont composés à 97 % de matériaux inertes facilement réutilisables et les déchets de l’agriculture sont essentiellement des déjections animales qui sont facilement valorisables. Les déchets des ménages sont quant à eux extrêmement hétérogènes et donc plus difficiles à traiter. En effet, ils se composent de métal, de carton, de verre, de plastiques, de papier, de déchets organiques, de déchets électriques et électroniques, mais aussi de quelques déchets dangereux (piles, composants de certains matériaux électroniques, etc.). 63 % de ces déchets sont valorisés (18 % sont recyclés, 30 % sont valorisés énergétiquement et 15 % font l’objet d’une valorisation organique), mais 36 % vont encore en décharge alors que beaucoup pourraient encore être valorisés. En d’autres termes, « les difficultés causées par la gestion des déchets ne sont pas proportionnelles aux tonnages traités » (Attar, 2008, p.14).

Le tableau ci-dessous nous montre la composition de la poubelle moyenne d’un ménage français.

Tableau 2: Contenu de la poubelle moyenne française

Matériaux Part dans le contenu total

Métaux 4 %

Textiles sanitaires 8 %

Plastiques 11 %

Verre 11 %

Divers 20 %

Papiers/cartons 21 %

Matières biodégradables 25 %

Source : Soulage (2010)

Outre cette grande hétérogénéité, certains déchets ménagers ont un statut particulier : les déchets d’équipements électriques et électroniques et les déchets dangereux, qui de par leur nature doivent être dirigés vers des filières adéquates.

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Les déchets d’équipements électriques et électroniques sont facilement différenciables des autres déchets ménagers. On les connait également sous la dénomination « D3E », c’est-à-dire Déchets d’Équipements Electriques et Électroniques. Le développement de l’électronique augmente le volume de ce type de déchets, car les améliorations techniques incitent les consommateurs à remplacer leur modèle à des fréquences toujours plus grandes. Ces nouvelles technologies utilisent un grand nombre de substances, comme des métaux précieux et des métaux lourds, qui posent problème lors de leur élimination. Par ailleurs, la composition de pièces particulières est parfois inconnue, car les producteurs préfèrent garder leurs secrets de fabrication.

Les déchets spéciaux des ménages c'est-à-dire les déchets dangereux constituent une catégorie transversale à tous les types de déchets ménagers. Ceux-ci sont problématiques, car ils sont difficiles à identifier pour les individus qui, par manque de connaissances et d’information, s’en débarrassent de manière inappropriée. Certains de ces déchets spéciaux font déjà l’objet d’une collecte séparée, ce qui facilite leur identification :

- les piles sont collectées dans les magasins, mais aussi dans certains établissements publics;

- les batteries ;

- les médicaments qui peuvent être rapportés dans les pharmacies ;

- les huiles minérales et végétales qui peuvent être collectées dans des conteneurs spécifiques ;

- un certain nombre d’autres produits peuvent être repris par le fournisseur (produits toxiques de nettoyage, de traitements, peintures, solvants, etc.).

2.1.2. Une production fluctuante

Comme nous l’avons vu, la production de déchets est très largement influencée par les modes de consommation, mais elle subit également de nombreuses variations entrainées par des facteurs très divers.

La production de déchets subit des variations spatiales. Ainsi, pour certains, le tissu urbain est source de variabilité dans la mesure ou un quartier donné peut refléter un niveau socio- économique donné (Maystre et alii, 1994). Les auteurs, dans deux études réalisées sur les villes de Genève et Dakar, avancent l’explication que les différences de production de déchets ménagers dans des quartiers différents s’expliquaient par divers phénomènes. Ainsi, les gens

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aisés ont des logements plus grands qui permettent d’accumuler des biens pendant plus longtemps alors que, faute de place, les gens de condition modeste sont obligés de se débarrasser des objets inutiles. Les gens aisés achètent également des biens de meilleure qualité, plus durables, et donc ils jettent moins de déchets.

La distinction entre zone urbaine et zone rurale implique des différences en termes de contenu des poubelles. Ainsi des déchets tels que le papier et le verre sont produits en plus grande quantité dans les communes urbaines alors que les communes rurales se caractérisent par une prépondérance des déchets organiques tels que les restes de repas (Maystre et alii, 1994 ; Lhuilier et Cochin, 1999).

La production de déchets subit également de fortes variations saisonnières particulièrement marquées pour certains types de déchets. Ainsi on peut noter qu’en été la consommation de fruits et de légumes et les activités de jardinage induisent une augmentation des déchets verts et organiques dans les poubelles. Les variations saisonnières en quantité peuvent aussi être expliquées par la présence de touristes ou, inversement, par le départ en vacances d’une partie de la population.