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A partir des années 2000 : l’intégration dans le développement durable

DÉCHETS

2.3. A partir des années 2000 : l’intégration dans le développement durable

À partir des années 2000, on commence à réorienter la politique de gestion des déchets et à mettre en œuvre un important travail d’évaluation des résultats de cette politique.

En 2001, le Conseil National des Déchets est créé avec pour objectif des missions de conseil, d’expertise et d’assistance au Ministère en matière de production réglementaire. De nombreuses rencontres ont lieu (colloques, séminaires, rencontres de spécialistes) qui rassemblent des acteurs d’horizon divers (politiques, administratifs, associatifs et économiques).

L’élément central de la politique actuelle de gestion des déchets est la prévention de la production de déchets.

De gros efforts sont faits en termes de valorisation et de nouvelles filières voient le jour (déchets électriques et électroniques, pneus usagés, déchets toxiques des ménages, prospectus, produits d’ameublement). On encourage aussi le compostage domestique. La période est marquée par deux actions symboliques en matière de prévention : la campagne « stop pub »24

24 La campagne « stop pub » vise les documents publicitaires non adressés qui sont distribués dans les boites aux lettres et qui représentent 40 kg/habitant/an. Ces déchets étaient collectés et gérés par les collectivités locales

et l’interdiction des sacs de caisse dans les supermarchés.

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Alors que les déchets ne cessent d’augmenter, la politique de gestion des déchets est rattachée aux enjeux de développement durable comme en témoigne le changement d’appellation du Ministère de l’Environnement qui devient, en 2007, le Ministère de l’Écologie, du Développement et de l’Aménagement Durables (MEDAD)25

Cette politique est envisagée sous divers aspects : ses impacts environnementaux, ses impacts sanitaires et ses coûts.

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L’amélioration des techniques de traitement et les volumes désormais traités créent une hausse des coûts rendant épineuse la question de la répercussion sur le citoyen. Celle-ci pourrait créer un mécontentement des usagers qui ferait obstacle aux efforts demandés par ailleurs. La question de la contribution des ménages est associée à l’acceptation de la politique des déchets dans son ensemble : le citoyen accepterait mal des augmentations de prix alors qu’on lui demande des efforts de plus en plus grands en terme de tri (Rocher, 2006).

La maitrise des coûts reste donc un élément clé.

D’un point de vue environnemental, le déchet s’inscrit aussi dans un contexte de changement climatique. Il est accusé d’y contribuer à travers les émissions de gaz à effet de serre des différents modes de traitement. Quant aux préoccupations sanitaires elles concernent malheureusement tous les modes de traitement.

Les changements de comportements sont ainsi sollicités sous la bannière du développement durable. Outre l’usager à qui l’on demande de trier, on cible également le consommateur à qui l’on demande de réduire les déchets à la source, au moment de l’achat.

De plus, le problème de pénurie des sites de traitement continue de s’aggraver et l’opposition des populations se fait de plus en plus forte malgré les efforts du législateur26. Pour certains, les efforts de mise en conformité furent trop tardifs27

La période est également marquée par le Grenelle de l’environnement qui s’est tenu en 2007 et qui a donné naissance à deux lois : la loi du 3 août 2009 dite loi Grenelle 1 et la loi du 12 juillet 2010 dite loi Grenelle 2.

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Le « Grenelle » met en place des objectifs quantitatifs de prévention et de valorisation28

sans aucune contribution de la part du producteur. La campagne visait ainsi à donner aux habitants le droit de refuser ces publicités en accolant un logo sur leur boite aux lettres signifiant leur refus.

, principaux axes de la politique, et vise à une réduction du stockage et de l’incinération, les

25 En 2009, le Ministère change encore de nom et devient le Ministère de l'Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement.

26 L’arrêté du 20 septembre 2002 prévoyait l’échéance du 28 décembre 2005 pour la mise en conformité des incinérateurs et, par conséquent, la fermeture des incinérateurs hors normes.

27 Ponctuellement, des scandales viennent décrédibiliser l’action des pouvoirs publics, comme lorsqu’en 2004 des taux anormalement élevés de dioxine furent mesurés dans les émissions de l’incinérateur de Giens dans le Loiret (Rocher, 2006).

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deux modes faisant l’objet de taxes. Dans la loi Grenelle 2, la politique de gestion des déchets est associée à la maitrise des risques et de la santé.

L’objectif principal de réduction à la source appelle les décideurs publics à intégrer, non plus seulement l’usager et le citoyen, qui participe déjà à la politique de gestion des déchets via le tri, mais aussi le consommateur qu’on cherche à sensibiliser au problème des déchets. On commence ainsi à s’intéresser davantage aux causes qu’aux conséquences.

La section suivante va ainsi s’attacher à exposer les liens étroits entre consommation, marketing et production de déchets ménagers.

28 Le Grenelle vise à une baisse de 15 % des quantités stockées ou incinérées et une réduction de 7 % des ordures ménagères sur 5ans.

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SYNTHESE PROLOGUE - SECTION 1

A travers le cas de la France, la première section de prologue nous donne un aperçu synthétique de l’évolution des problèmes liés aux déchets. Avant la sédentarisation, l’homme avait pour habitude de se déplacer dès lors qu’il se trouvait envahi par ses déchets. Avec l’avènement des premières cités, l’homme s’est vu contraint de cohabiter avec ces restes.

Malgré les nuisances, il s’en accommodait et ne faisait guère d’efforts vis-à-vis de ces derniers pour qu’ils deviennent moins gênants. Lorsque le pouvoir central a commencé à vouloir agir pour régler le problème en édictant des règles collectives censées responsabiliser chaque habitant pour qu’il ne jette plus ses déchets à même la rue, ces règles ne furent pas suivies et furent même massivement rejetées. Il fallut attendre l’intervention des hygiénistes et les découvertes de Pasteur pour que les Français consentent à faire des efforts. En effet, de simple nuisance, le déchet devint malsain et source de menace pour la santé publique. On commença donc à accepter la mise en place de règles collectives facilitant la gestion des déchets au quotidien et limitant ainsi leur nocivité. Les habitants cessèrent de jeter leurs déchets de manière anarchique, acceptèrent de fournir une contribution financière et, en échange, les pouvoirs publics se chargèrent de leur gestion. Dans les années 1970, période où le déchet devint l’objet d’une politique dédiée en France, l’on organisa un service public de collecte des déchets généralisé et étendu sur l’ensemble du territoire où les déchets de l’usager étaient entièrement pris en charge. Par la suite, le déchet vint occuper le devant de la scène et sa gestion fut accusée de nombreuses faiblesses, accusations qui furent appuyées par de nombreux scandales largement relayés dans les médias. La complexification grandissante des problèmes liés aux déchets ménagers au cours des dernières années (augmentation exponentielle de la quantité, composition hétérogène et nouveaux matériaux rendant leur traitement plus difficile, pénuries de sites de traitement, menaces médiatisées sur la santé publique et l’environnement) ont conduit les pouvoirs publics à prendre de nouvelles mesures et à modifier l’organisation de la gestion des déchets. Le déchet et ses enjeux s’inscrivent depuis lors dans une problématique de développement durable et la politique vise à les valoriser mais aussi à réduire leurs nombre et leur nocivité. Pour se faire, on demande aujourd’hui, entre autres, à l’usager, habitué à jeter ses déchets sans se soucier de leur devenir, de prendre en charge, en amont, dans son foyer, une partie de cette gestion en triant ses

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déchets. Sous l’impulsion de la montée de la sensibilité environnementale, les mentalités changent et une grande partie des ménages trient leurs déchets mais cela n’est pas encore devenu une habitude dans tous les foyers, et même ceux qui trient, ne trient pas tous les types de matériaux.

La section suivante va nous montrer comment le mode de vie actuel et surtout les modes de consommation ont contribué à aggraver et complexifier les problèmes liés aux déchets ménagers. Elle permettra également de mettre en évidence que le marketing n’est pas étranger à ces problèmes et dans quelle mesure il a pu y contribuer.

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SECTION 2 :DECHETS MENAGERS, CONSOMMATION ET MARKETING

Les déchets ménagers doivent tout particulièrement intéresser le chercheur en marketing tant ils sont liés à notre façon de consommer et à la façon dont ont été utilisés les outils marketing depuis l’avènement de la société de consommation.

La présente section montre le lien existant entre la croissance de la consommation et celle de la production de déchets ménagers et comment les progrès industriels ont contribué à rendre le problème des déchets plus complexe.

Les déchets ménagers se caractérisent aujourd’hui par une augmentation exponentielle de leur quantité et un certain sentiment d’envahissement. Leur très grande hétérogénéité et leur variabilité par rapport à deux sources en apparence similaires (comme deux ménages du même immeuble) et dans le temps les rendent particulièrement complexes à traiter (Maystre et alii, 1994).

Aujourd’hui, ils représentent un défi majeur pour la société, à la fois économique, politique, sanitaire et environnemental.

1. DE LAVENEMENT DE LA SOCIETE DE CONSOMMATION A LENVAHISSEMENT PAR LES DECHETS

Les déchets ménagers représentent l’envers direct de la consommation. D’ailleurs, le taux de croissance de la consommation et de la production de déchets sont exactement parallèles (Perrin, 2004)29

La production de déchets a largement été influencée par les évolutions économiques et les habitudes sociales, ce qui se traduit par le dicton « dis-moi ce que tu jettes, je te dirai comment tu vis ».

. Diderot dans son « Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers », dont le premier tome parut en 1751, définissait le déchet comme « la perte qui se fait dans la consommation des vivres », faisant ainsi du déchet l’envers direct de la consommation. Aujourd’hui, le déchet ménager se définit de manière identique mais c’est la consommation qui a changé de nature.

En effet, les mutations profondes dans les modes de vie et donc dans les modes de consommation ont entrainé des modifications majeures dans la production des déchets depuis

29 Entre 1960 et 1992, consommation et production de déchets ont augmenté de 1,84 % par an (Perrin, 2004).

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la Deuxième Guerre mondiale. Nous allons approfondir ci-dessous la nature de ce lien direct entre consommation et production de déchets.

1.1. Du nécessaire au superflu : de la société de consommation à