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PREMIÈRE PARTIE : LES DÉCHETS MÉNAGERS, UN OBJET D’ÉTUDE SINGULIER POUR LE MARKETING

2.2. Le rapport à la consommation

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condamnent à l’impuissance, qui résistent à l’action humaine et aux transformations naturelles » (op.cit., p.78). Les déchets résistants entrainent un sentiment d’impuissance et suscitent des images d’envahissement, d’amoncellement et de contamination.

Enfin, le degré de dangerosité est une combinaison des deux critères précédents. Plus le déchet est étranger et plus sa durée de vie est longue, plus il est considéré comme dangereux.

Nous avons donc construit autour du déchet une image profondément négative qui n’a pas joué en la faveur du développement du tri des déchets qui suppose d’accorder de l’attention à un objet considéré comme sale et malsain voire même opposé à un certain ordre moral. De plus, le déchet, révélateur du rapport à l’autre, favorise l’individualisme et le rejet de matière ou de produits recyclés, mais soulève également le problème de l’appropriation.

Pour Bertolini (2006), pour qu’il y ait propreté, il faut qu’il y ait appropriation. L’espace non approprié attire le déchet. Si l’espace collectif ne fait l’objet d’aucune appropriation de la part de l’individu, alors ce qui se passe en dehors de chez lui ne l’intéresse pas. De ce fait, l’essentiel reste de se débarrasser de ces déchets hors du foyer, peu importe comment et peu importe ce qui l’en adviendra.

Si l’image du déchet est un élément essentiel, le rapport de l’individu à la consommation joue également un rôle important dans l’acceptation du tri.

80 2.2.1. La société de consommation

Selon Rochefort (2007), la société actuelle, centrée essentiellement sur la consommation est une société d’abondance, consommatoire, ou d’hyperconsommation (Lipovetsky, 2003).

L’idée sous-jacente étant que toutes les activités humaines se rapportent, d’une façon ou d’une autre, à la consommation. Cette société aurait entrainé l’avènement d’un individualisme et d’un égocentrisme exacerbés où la consommation pour le bien-être et la réalisation de soi a succédé à la consommation pour la possession et l’ostentation.

Pour Rochefort, consommer est une activité quotidienne, facile et facilitée, mais aussi dégagée de toute responsabilité sociétale : « pour dépenser, ce qui compte, c’est que cela n’aille pas trop mal pour soi et pour son entourage. Peu importe ce que sera le destin collectif, surtout s’il est un peu lointain » (2007, p.10). La nouveauté, ressort de la consommation de masse, incite le consommateur à acheter toujours plus, à acquérir la dernière génération d’un produit même si l’ancienne génération du produit peut toujours être considérée comme fonctionnelle.

L’acte de consommer est le reflet d’une logique individuelle. L’hyperconsommation, c’est ne pas attendre pour jouir des droits qu’offre la souveraineté de consommateur et c’est aussi, ne pas vouloir souffrir de contraintes. Cette logique qui s’applique à la consommation s’applique également à la post-consommation, c'est-à-dire ce que l’on fait des produits que l’on a consommés, une fois qu’ils sont arrivés en fin de vie. Le consommateur veut pouvoir acheter ce qu’il désire et son désir pourra le faire arbitrer en faveur, par exemple, d’un produit surremballé pour des raisons de praticité ou tout autre raison valable à ses yeux.

De plus, pour Rochefort (2007) l’individualisme et l’égoïsme inhérents à la société d’hyperconsommation font que, pour que les choses aient un sens, il faut qu’elles soient perceptibles en partant de soi, de la vie concrète de l’individu. Ainsi face à toute décision collective, comme la participation à la gestion des déchets, l’individu se demandera comment cela va améliorer son propre quotidien. Or, sur le court terme, la participation au tri des déchets n’améliore pas le quotidien de l’individu, mais est source d’efforts et de contraintes.

Ainsi, « l’intérêt général n’est pas rejeté en soi, mais il n’est pas accepté s’il n’apporte pas immédiatement des réponses utiles à ma vie et aux nombreux problèmes que je dois résoudre » (Rochefort, 2007, p.82).

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2.2.2. La sensibilisation du consommateur

Depuis les années 1990, on demande de plus en plus aux consommateurs de réfléchir aux conséquences de leurs actes d’achat et de la consommation en leur faisant comprendre qu’ils ne peuvent plus ignorer les problèmes sociaux et environnementaux qui y sont liés (Rumpala, 2003). En d’autres termes, on tente de créer la figure du « consommateur-citoyen ». On lui demande de faire des efforts en contrepartie d’un mieux vivre collectif. Pour que les individus acceptent ces efforts il faut qu’ils les considèrent comme fondés et crédibles du point de vue de leurs effets. Ils ne doivent pas les assimiler à un sacrifice et doivent être convaincu que cela n’entrainera pas une diminution de leur qualité de vie. Les mentalités commencent néanmoins à changer et les messages conjugués des médias, des pouvoirs publics, des associations et de certaines personnalités contribuent à éveiller le consommateur aux enjeux environnementaux et sociaux de la consommation. Ainsi l’avènement d’une consommation verte ou responsable qui touche une partie de la population est un phénomène bien réel. Le consommateur-citoyen est celui qui fait preuve d’une démarche éthique globale, c'est-à-dire qui prête attention à sa consommation en elle-même, mais aussi à l’utilisation des produits et à la post-consommation. Ainsi, lors d’enquêtes d’opinion, les individus se montrent sensibilisés au problème liés aux emballages et sont moins tolérants face au suremballage des produits (Pinet, 2004). Mais comme Rochefort nous le rappelle « les opinions évoluent plus vite que les comportements » (2007, p.9) et il existe toujours un écart important entre le déclaratif et le comportement réel. Ainsi, intégrer la citoyenneté dans la consommation n’est pas aisée, d’autant plus que ces deux notions relèvent de logiques différentes : si la consommation est immédiate et égocentrée, la citoyenneté est plus réfléchie et renvoie à des responsabilités collectives67. Cette souveraineté de la consommation se retrouve aujourd’hui également dans la sphère publique. A travers le passage d’institutions administrées vers des organisations productrices de services publics, et managées en conséquence, se pose la question de l’identité que donne l’Administration publique à son interlocuteur et renvoie nécessairement à des relations différentes en fonction du nom qui lui est donné (usager, client, citoyen, etc.).

67 Notons toutefois que ce clivage peut paraitre simpliste, car il est possible d’argumenter que le citoyen n’agit pas toujours dans le sens de l’intérêt général et que les habitudes de consommation ne sont pas toujours liées à l’égocentrisme (Trentmann, 2008).

82 2.3. Le rapport à l’Administration publique

La sphère publique, lorsqu’elle se trouve face à son public (au public) utilise différents termes pour le nommer : citoyen, électeur, administré, contribuable, usager, et, de plus en plus, client.

Certains voient dans ces différentes appellations, à raison, une évolution chronologique correspondant aux évolutions du secteur public lui-même (Waetcher, 2002), néanmoins il semble qu’elles continuent à coexister (Villeneuve, 2005 ; De Quatrebarbes, 1998).

Les organisations publiques, centrales ou locales, utilisent généralement ces termes de manière interchangeable ou indifférenciée. Or, il apparaît que ces différentes terminologies ne sont pas neutres et, en donnant une « personnalité conceptuelle » à l’individu, impliquent toutes une relation différente entre l’organisation publique et son public (Villeneuve, 2005, p.4).

Dans un premier temps, nous allons revenir sur les différentes caractéristiques des figures de l’interlocuteur de l’Administration publique. Dans un second temps, nous allons en expliquer les enjeux dans le cadre de la politique actuelle de gestion des déchets.

2.3.1. L’Administration publique et l’individu: des rapports complexes avec une entité polymorphe

Un grand nombre d’individus différents entrent en interaction avec l’Administration publique et consomment des services publics. Leur point commun étant d’endosser plusieurs rôles simultanément : usager, client, administré, citoyen, contribuable et électeur (De Quatrebarbes, 1998 ; Villeneuve, 2005). Au contraire des entreprises privées qui peuvent identifier clairement à qui elles s’adressent, qui sont leurs consommateurs et leurs consommateurs potentiels, le secteur public s’adresse quant à lui à un individu polymorphe (Villeneuve, 2005 : Moulins, 2001)

L’administré

La figure de l’administré est au cœur du modèle administratif traditionnel de type bureaucratique. Sa représentation, en tant qu’entité unique, assure l’unité et l’identité de l’Administration (Chevallier, 1992). La négation de la diversité des situations, en induisant un traitement égal pour tous, est le principe sur lequel se base la légitimité administrative. Cette

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approche administrative « traditionnelle » repose, en effet, sur le principe d’intérêt général et le public y est donc considéré comme un tout homogène et ses besoins sont standardisés.

Ainsi, « la représentation unitaire de l’administré permet aussi de garantir la cohérence de l’action et la cohésion de l’appareil : sur le plan instrumental, elle justifie l’édiction de règles communes, l’application de procédures uniformes ; sur le plan symbolique, elle donne à l’administration le point stable de référence dont elle a besoin » (Chevallier, 1992, p.25).

Le statut de l’administré repose sur le droit administratif, il est sujet de droits et de devoirs et sa particularité est d’être un « assujetti » (Waechter, 2002 ; Bartoli, 2005).

La puissance publique est dotée d’une supériorité à l’égard des administrés, car elle détient le savoir et la légitimité (dont la garantie est portée par le vote démocratique). Elle oriente les actions publiques et les prestations en fonction des besoins qu’elle détermine pour les bienfaits de la population (Bartoli, 2005) qui est tenue à l’obéissance : « l’administration a la faculté d’édicter des obligations, de conférer des droits, de forger des interdits, de sa propre initiative ; et les administrés sont tenus, de droit, de se plier à ses prescriptions, sans espérer pouvoir s’y dérober ou s’y soustraire » (Chevallier, 1992, p.28).

La relation entre l’Administration publique et l’administré est donc traditionnellement règlementaire, unilatérale et coercitive, fortement marquée par la mise à distance.

Le pouvoir y est centralisé et hors d’atteinte et exclut ainsi toute possibilité de discussion avec les administrés. L’inaccessibilité est renforcée par le secret : « l’administré ne doit rien savoir des conditions de fonctionnement des services et des modes d’élaboration des décisions, même si celles-ci le touchent directement » (Chevallier, 1992, p.28).

Le processus participatif se limite à la prise en considération de l’expression de l’administré à travers son vote et les procédures privilégiées sont essentiellement informatives (dans le cadre du droit à l’information et de la transparence administrative) et formatives. Le marketing est utilisé, sans le nommer, essentiellement à travers des démarches publicitaires descendantes et persuasives qui sont conçues, décidées et réalisées par l’Administration. Elles sont distillées aux administrés dans le but de les convaincre du bien-fondé des décisions publiques (Santo et Verrier, 1997 ; Moulins, 2001).

Anonymat, centralisation et formalisme marquent la personnalité conceptuelle de l’administré. Ce modèle administratif rigide va être remis en cause avec le passage à l’administration de service. Cette transformation, rendue possible par les progrès technologiques, s’accompagne d’une nouvelle représentation de l’administré : l’usager

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(Chevallier, 1992). Toutefois, la figure de l’administré reste présente, la bureaucratie restant, avec ses avantages et ses dérives68, liée à l’exercice du pouvoir.

L’usager

La suprématie administrative fait progressivement place à une vision de l’administration préposée au service public. Alors, l’administré se transforme en usager.

L’usager est celui qui entre dans un rapport avec l’État à travers l’utilisation des services publics. Il se retrouve dans une relation de service, caractérisée la plupart du temps par des interactions en face à face dont l’exemple typique est la relation de guichet. Mais il entre aussi dans un rapport social structuré par les missions de service public, c'est-à-dire « l’ensemble des règles juridiques, des normes sociales et des valeurs qui organisent la production et régissent les conditions d’accès à ces prestations » (Fijalkow, 2006, p.10).

Ce changement de terminologie traduit une mutation dans la relation. L’usager est le bénéficiaire de l’action administrative : « il ne subit plus comme l’assujetti l’imposition unilatérale de disciplines administratives, mais tire au contraire profit d’une gestion qui vise à satisfaire ses besoins, à répondre à ses aspirations ; il y a donc inversion du sens de la relation administrative, puisque les attentes légitimes de résultat sont désormais celles de l’usager vis-à-vis des services publics, et non plus celles de l’administration à l’égard des assujettis » (Chevallier, 1992, p.29-30).

Pour Fijalkow (2006), le concept d’usager peut renvoyer à un rapport double : l’usager a un droit de regard et de contrôle sur la création et le fonctionnement des services publics par l’intermédiaire du système politique et en particulier du vote. Il se retrouve également face à de grandes organisations bureaucratiques dont il subit les décisions et qui lui offrent un choix restreint, voire inexistant, en termes de services. Da ns ce dernier cas, il ne peut que se plaindre et se rapproche de la figure de l’administré. La conception de l’usager peut donc être marquée par l’unilatéralité lorsqu’il est tenu de consommer docilement les prestations offertes, c’est alors « une catégorie d’administrés parmi d’autres » (Chevallier, 1992, p.30) que l’on pourrait nommer usager-administré.

68 La bureaucratie a permis le développement de l’État moderne. Dans l’idéal wébérien, la bureaucratie représente la nécessaire rationalisation de l’action collective et du pouvoir basé sur une légitimité rationnelle- légale. Les dérives de la bureaucratie ont également conduit à l’assimiler à un gouvernement sans la participation des citoyens et à l’associer à la frustration des citoyens, à la lenteur, la lourdeur, la complication des procédures, et l'inadaptation aux besoins qu'elle est censée satisfaire (Crozier, 2008).

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Un triple mouvement apparaît alors : la montée de l’insatisfaction des usagers, la réforme du secteur public et la diffusion du consumérisme à tous les aspects de la vie quotidienne, dont les interactions avec la sphère publique.

Le client

La fin des années 1970, caractérisée par le rétrécissement des ressources financières du secteur public et par l’édification du modèle de l’entreprise comme idéal à suivre, marque la réforme du fonctionnement du secteur public et la remise en cause du modèle bureaucratique.

La figure de l’usager-administré laisse alors la place au client (Waechter, 2002). C’est l’avènement du management public qui marque la volonté de rationaliser l’action publique en y introduisant des méthodes de gestion issues du secteur privé69

Les usagers sont devenus plus exigeants. Ils sont irrités des insuffisances, des carences et des contre-performances et sont très attentifs à leur satisfaction personnelle (Fijalkow, 2006).

et en faisant de la « qualité administrative » le point central de la fourniture de service public (Chevallier, 1992, p.32).

L’usager se comporte, de plus en plus, comme un consommateur. Parallèlement, l’Administration publique tend à considérer l’usager comme un client afin de répondre à ses nombreuses critiques et attentes.

Le comportement de l’usager-client ressemble à un comportement d’achat de services publics, même s’il ne paye pas toujours directement la prestation. Il est exaspéré par les dysfonctionnements qu’il constate ou qu’il croit constater. Il est sensible à l’attention qu’on lui porte. D’une manière générale, il connaît peu ses droits et ses devoirs. Il compare les offres du secteur public aux offres du secteur privé et parfois même au sein du secteur public.

Il est de plus en plus sollicité pour participer à la prestation publique, mais sans toutefois participer à la conception de cette prestation (De Quatrebarbes, 1998).

Il cherche à maximiser son intérêt individuel. Il est plus individualiste et donc plus enclin à revendiquer et à négocier. Il accepte plus difficilement un service moins performant au nom de l’intérêt général (Chevallier, 1985 ; Jeannot, 1998).

La relation entre l’usager-client et le secteur public s’apparente à une relation marchande basée sur la souveraineté supposée du consommateur. L’Administration publique s’intéresse

69 Le management public peut se définir comme l’ensemble des processus de finalisation, d’organisation, d’animation et de contrôle des organisations publiques visant à développer leurs performances dans le respect de leur vocation (Bartoli, 2005). Il est important de noter qu’il existe des approches conceptuelles différentes du management public. Dans les pays anglo-saxons le « New Public Management » qui repose sur une transposition radicale des techniques de gestion du privé vers le public se différencie du nouveau management public « à la française » moins libéral.

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aux attentes des clients, à la qualité du service et à la gestion de l’accueil70

En effet, certains considèrent que cette mutation est source de responsabilisation et de renouveau démocratique, que la société d’abondance nous rend plus individualistes, mais aussi plus informés et plus exigeants et que les démocraties doivent s’y adapter. Ainsi, au lieu de traiter le citoyen comme un client passif, il faut le considérer comme un consommateur actif et informé (Blair, 2002 ; Clarke et alii, 2007).

. Le but étant d’atteindre leur satisfaction, cette dernière étant supposée entrainer la confiance du citoyen.

Cette évolution permet une meilleure prise en compte de l’individu et une amélioration de la relation avec l’Administration publique en instaurant des espaces de liberté.

Néanmoins cette évolution peut aussi mener à certaines dérives. Ainsi, l’introduction de la souveraineté du consommateur dans la sphère publique a des conséquences importantes sur la façon dont on définit le citoyen en favorisant une vision libérale de celui-ci, c’est-à-dire une vision du citoyen concentré sur ses droits et ses préférences individuelles et diamétralement opposée à la vision traditionnelle collective qui met l’accent sur le bien commun et l’action collective (Aberbach et Christensen, 2005).

Pour Pesqueux (2007), ce type de relation privilégie le client sur l’usager et l’usager sur le citoyen et aurait donc tendance à déresponsabiliser l’individu en transformant des activités publiques et civiques en actes commerciaux.

C’est notamment ce que déplore Rochefort lorsqu’il écrit qu’en recentrant les services publics sur le client et la qualité du service rendu « on légitime et amplifie des comportements consuméristes : être bénéficiaire de tous ses droits devient une telle exigence qu’elle en fait oublier les devoirs qui leurs sont liés. Or, lorsqu’il s’agit de citoyenneté, l’un ne peut pas aller sans l’autre » (2007, p.7).

Le citoyen

Le citoyen est « celui qui appartient à une Cité, en reconnaît la juridiction, est habilité à jouir, sur son territoire, du droit de Cité et est astreint aux devoirs correspondants »71

Il est sujet de droit et dispose à ce titre de droits civils politiques et de libertés individuelles.

En retour, le citoyen a des devoirs tels que respecter les lois ou participer aux dépenses collectives à hauteur de ses ressources. (Schnapper, 2008). La notion de citoyenneté est liée à

.

70 Cette volonté s’illustre dans la « Charte Marianne », mise en place depuis 2005 dans le but de « faciliter l’accès des usagers dans les services, accueillir de manière attentive et courtoise, répondre de manière compréhensive et dans un délai annoncé, traiter systématiquement la réclamation, et recueillir les propositions des usagers pour améliorer la qualité du service public ».

71 Le Petit Robert, 1994

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la notion de civisme qui se définit comme la conduite de personnes ayant le « sens des devoirs collectifs au sein d’une société » (Guillemain, 2008).

Le citoyen est également détenteur d'une part de souveraineté politique car, c’est l’ensemble des citoyens, constitués en collectivité politique, qui choisit les gouvernants via les procédures électorales. Les citoyens sont donc à la source du pouvoir, ils contrôlent et sanctionnent l’action des gouvernants. En retour, ils obéissent aux règles établies par ces derniers car ils ont été choisis pour gouverner (Schnapper, 2008). Le citoyen est « capable de se faire une opinion et d’exprimer par son vote aussi bien ses préférences politiques que son intérêt pour la sphère publique » (Lagroye, 1997, p. 306).

La citoyenneté est aussi la source du lien social, car « vivre ensemble (…) c'est être citoyens de la même organisation politique » (Schnapper, 2008) et elle favorise l’ordre social en séparant le public et le privé.

La relation entre l’Administration publique et le citoyen doit être basée, non seulement sur l’échange, mais aussi sur la participation et la collaboration. Elle doit être dynamique et bidirectionnelle. Elle sous-tend la négociation, la participation et une information transparente. Elle doit conduire à des accords basés sur le compromis et l’entente mutuelle et une redistribution équitable du pouvoir (Vigoda, 2002). Pour certain, le citoyen doit être la figure à laquelle l’Administration doit s’adresser en continu au lieu de s’adresser ponctuellement aux autres figures de celui-ci (Moulins, 2001).

Les citoyens doivent pouvoir jouer un rôle actif et décider quels types de projets doivent être mis en place, car ils sont censés être les mieux placés pour savoir ce dont ils ont besoin. On doit concevoir le citoyen comme un partenaire de l’action publique. Mais aussi comme un acteur producteur de normes qui doit décider lui-même des conditions de sa participation.

Ceci doit permettre de créer un mécanisme d’apprentissage mutuel entre l’Administration publique et les citoyens (Michel, 2008). Dans l’idéal, cette relation doit mener à la co- décision, à la co-production et au co-management des programmes publics.

Selon De Quatrebarbes (1998), le citoyen a aujourd’hui le sentiment de ne plus participer aux décisions collectives, parce qu’il a moins de pouvoir et que le système politique prend peu en compte ses préoccupations et ses attentes.

Aussi, son niveau d’exigence et de protestation monte t-il. Souvent angoissé dans un monde complexe qu’il ne maîtrise pas, il a besoin de repères, de sens, d’assurance et de réconfort.

Paradoxalement, il est de plus en plus sollicité pour participer à certaines politiques publiques (éducation, sécurité routière, propreté, etc.), sans être réellement invité à leur conception.