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Chapitre 5 : Les approches et les choix méthodologiques

5.1 Le terrain de recherche, le sujet d'investigation, la question phare et les questions

Notre terrain d'investigation est constitué de deux organisations publiques de recherche scientifique dédiées à l'agronomie : l'une brésilienne – l'EMBRAPA, acronyme pour Empresa Brasileira de Pesquisa Agropecuaria, en portugais, (l'Entreprise brésilienne de recherche agropastorale, en français) ; l'autre française – le CIRAD, le Centre international pour la recherche agronomique et le développement.

Comme nous l'avons exposé dans le chapitre 4, notre intérêt pour ce sujet de recherche vient de notre pratique professionnelle quotidienne: les questions que nous nous sommes posées avant de commencer nos investigations ont été induites par notre pratique, en tant que journaliste au sein de l'entreprise brésilienne.

229Traduite du portugais par l’auteure: « O método compreensivo permite uma abordagem indutiva, toda ela feita de discernimento e rica em matrizes. » MAFFESOLI (Michel), O conhecimento comum – introdução à sociologia compreensiva. (2010b), p.19.

Pendant six ans, nos tâches ont été liées à la production d'une émission radiophonique de l'EMBRAPA

qui a pour but de diffuser des technologies développées par l'entreprise auprès des familles d'agriculteurs et des jeunes paysans brésiliens. Il s'agit d'un produit de communication qui met en œuvre le travail conjoint de journalistes, de techniciens et de chercheurs afin d'appuyer les activités de l'entreprise publique gouvernementale pour le transfert de technologie auprès d'un de leurs publics cibles.

Ainsi, les questions qui ont donné le jour à notre premier projet de thèse sont apparues suite à notre pratique quotidienne en tant que journaliste engagée pour soutenir le transfert de technologie. Le point de départ pour notre étude était le rôle de la communication pour soutenir le transfert de technologie dans des contextes interculturels. En un mot, dans notre cas, la pratique a précédé la théorie. Nous sommes donc consciente du risque pris, en choisissant comme terrain d'étude l'entreprise où nous travaillons.

Cette familiarité nous a mise en garde contre les 'contaminations' possibles de nos futures analyses et interprétations sur le sujet. Consciente du fait qu'elles sont, dans une certaine mesure, inévitables, et afin d'essayer d'affaiblir ces 'contaminations', nous avons soigneusement choisi les approches méthodologiques pour développer notre travail.

En accord avec l'approche de la sociologie compréhensive que nous avons adoptée, nous sommes allée interroger les acteurs directement concernés par le phénomène que nous nous proposons d'étudier : les relations Brésil/Afrique et France/Afrique établies à l'échelle personnelle et dans un cadre professionnel, à la fois organisationnel, scientifique et public.

La question de notre recherche est donc : est-ce que, de nos jours, les relations Brésil

- Afrique et France – Afrique reproduisent le schéma 'dominateur – dominé' qui a marqué les relations entre les pays pendant la Modernité?

D'abord, pendant notre recherche bibliographique, nous avons essayé de connaître l'essence et la structure basique du phénomène pris comme sujet de fond dans notre recherche, à savoir, la

Modernité. Après ces premières investigations, nous avons décidé d'aborder notre problématique de recherche en suivant trois axes thématiques et leurs enjeux.

Le premier axe fait trait au domaine de la science, ce qui nous a amenée aux réflexions sur les notions de progrès et de développement, exposés tout au long du chapitre 1 de ce travail. Le deuxième axe concerne le domaine de la culture exploitée par le biais de l'altérité, notamment en mettant en perspective les notions d'indentité et d'indentification (voir le chapitre 2).

La communication, domaine dont nous sommes issue, a gagné du terrain dans le troisième axe thématique défini pour la réalisation de notre étude. Nous avons gardé l'idée originale que nous avions eue pour donner le jour à cette thèse de doctorat, et qui a été détaillée dans le chapitre 3, à savoir: le rôle de la communication organisationnelle pour soutenir le travail des instituts de recherche scientifique quand ils développent des activités en dehors de leurs pays siège, dans des contextes à la fois internationaux et interculturels.

A la fin de nos réflexions théoriques sur ces trois axes thématiques, notre question principale a pris des nuances qui se sont traduites en sous questions à reprendre à travers notre recherche sur le terrain. Dans le tableau ci-dessous nous avons un résumé des prémisses et des questions spécifiques que nous nous sommes posées avant de commencer notre travail sur le terrain.

Elles sont basées sur les trois axes thématiques qui guident notre travail:

Axes thèmatiques / Premisses / Questions

AXES THEMATIQUES LES PREMISSES

(les constats, au niveau officiel, des discours institutionnels)

LES QUESTIONS (les risques, au niveau officieux, des

pratiques personnelles) 1.Science

Développement / Progrès

- Le progrès comme croyance et voie unique construite et imposé tout au long de la Modernité

- Est-ce que la logique dichotomique, basée sur le jugement de valeurs et la division du monde entre les nations, peuples, sociétés 'avancés et retardés' (ou 'développés' et 'sous-développés'), reste toujours prévalente ?

2.Culture

Quotidien / Imaginaire

- La distance culturelle comme fait concret et indéniable dans les rapports

organisationnels entre pays différents

- Est-ce que les relations sont marquées par l'invasion culturelle ou plutôt par la coopération?

3.Communication Contextes à la fois organisationnel,

international et interculturel

- La communication comme outil dans le cadre organisationnel pour soutenir les activités de transfert de technologie a été prise par la logique progressiste basée sur la croyance au développement comme voie unique pour le bonheur de toutes les nations.

- Est-ce que le professionnel de la communication pourrait devenir les

“oreilles” de l'entreprise pour laquelle il travaille, bien placé pour l'aider à ne pas devenir si sourd devant la puissance collective?

Comme notre point de départ est une vision critique du développement et des idées reçues qui en découlent, nous voulions vérifier s'il existe au sein des deux institutions constituant notre terrain de recherche, des écarts entre ce qui est dit et compris, du point de vue discursif, ''officiel'', et ce qui est mis en place du point de vue ''officieux'', pragmatique. Pour essayer de saisir cet écart, nous avons travaillé, sur le terrain, en trois étapes afin d'interroger des acteurs directement concernés, soit par le discours des institutions, soit par leurs pratiques.

À la première étape du terrain, nous avons étudié les questions mentionnées ci-dessus au niveau institutionnel. Ensuite, à la deuxième étape nous avons voulu vérifier si, au sein de l'EMBRAPA et du

CIRAD, la pensée trouvée au niveau discursif et officiel glissait vers les niveaux hiérarchiques suivants, liés aux activités développées en Afrique. Enfin, pour boucler la boucle, nous avons procédé à la troisième et dernière étape du terrain, quand notre objectif était de se demander si la pensée officielle trouvait une résonance au niveau des opinions individuelles des fonctionnaires non cadrés qui, en travaillant sur le terrain, sont les vrais responsables de la mise en place des activités des institutions.

Ainsi, nos enquêtes sur le terrain ont été faites auprès des acteurs brésiliens et français

fonctionnaires de l'EMBRAPA et du CIRAD, dont quelques uns ont vécu l'expérience de travailler dans une ambiance interculturelle et, spécifiquement, ceux qui ont développé des activités sur place dans des pays africains. Pour constituer un échantillon à chaque stade du terrain nous avions des critères biens déterminés par rapport au profil des enquêtés.

Dans l'étape 1 du travail sur le terrain, en plus de la réalisation d'une recherche documentaire, nous avons donc interrogé les cadres administratifs de l'EMBRAPA et du CIRAD directement liés aux sujets concernés par notre travail, à savoir le développement, le transfert de technologie et la

communication. Pour la recherche documentaire nous avons pris en considération les documents officiels des instituts, comme ceux ayant trait à leurs lignes directrices générales ou, encore, des rapports diffusés périodiquement, ainsi que des textes, des vidéos et d'autres matériaux retrouvés sur leur site internet.

Dans l'étape 2 nous avons interrogé, auprès de l'EMBRAPA, des cadres administratifs chargés des missions en Afrique, et, auprès du CIRAD, des chefs de délégations tournées vers le continent.

Pour l'étape 3 nous avons décidé de réaliser des entretiens individuels semi-directifs avec des chercheurs et des journalistes qui ont travaillé sur le terrain en Afrique prioritairement (mas pas seulement) dans les pays de langue portugaise et/ou de langue française.

Après avoir expliqué les démarches théoriques qui nous ont amenées à réaliser notre terrain en trois étapes, nous allons détailler les méthodes et les outils utilisés pour procéder à la collecte des

données tout au long de chacune d'entre elles. Nous allons aussi décrire les trois corpus obtenus ainsi que les méthodes d'analyse choisies pour l'interprétation des informations récoltées.

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