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PARTIE I Cadre : Cadre conceptuel et théorique

SECTION 1: Définitions de l'aide à la décision Définitions de l'aide à la décision Définitions de l'aide à la décision

1.2. L'aide à la décision: définitions

La définition de l’aide à la décision de Roy [1985] s’inscrit dans la troisième voie : la voie constructiviste. Elle nous amène à plusieurs éléments de réflexions. L’aide à la décision est définie par l'auteur comme « l’activité de celui qui, prenant appui sur des modèles clairement explicités mais non nécessairement complètement formalisés, aide à obtenir des éléments de réponse aux questions que se pose un intervenant dans un processus de décision, éléments concourrant à éclairer la décision et normalement à prescrire, ou simplement à favoriser, un comportement de nature à accroître la cohérence entre l’évolution du processus d’une part, les objectifs et le système de valeurs au service desquels cet intervenant se trouve placé d’autre part. » (p. 15).

Les modèles clairement explicités renvoient à la quête des hypothèses de travail dont parle le même auteur et que nous avons citée plus haut. L'explicitation des modèles19 correspond à la construction et à la discussion des hypothèses qui sous-tendent l'utilisation du modèle pour éclairer le décideur. L'aide à la décision ne peut donc se réaliser qu'en toute connaissance de cause, c'est-à-dire que l'aide réside autant dans l'utilisation de modèles formels que dans la discussion autour des hypothèses qui fondent les modèles.

L'intervenant pour qui l'aide à la décision a lieu, est ce que nous appelons un acteur. Nous reviendrons plus loin avec détails sur le concept d'acteur qui dans le cadre de notre problématique est un concept majeur (cf. section 2).

19 Roy et Bouyssou [1993] définissent un modèle de la façon suivante : « Un modèle est un schéma qui, pour un

Un second élément intéressant nous paraît être le type de rationalité auquel la définition renvoie.

L'aide à la décision conduit en effet selon cette définition à accroître une cohérence comportementale qui selon nous fait référence à un certain type de rationalité. Weber [1922]

élargit sensiblement le concept de rationalité (cf. encadré suivant) et nous indique un type de rationalité - la rationalité en valeur - qui correspond à celle que nous pensons contenue dans la définition de Roy. Selon cette conception, l'ambition de l'aide à la décision est de s'insérer dans les comportements de type rationnel en valeur. Il nous semble que cela a des implications fortes sur la nature du travail d'aide à la décision et celle des outils mobilisés.

- Le recueil de points de vue, la représentation formelle de ceux-ci, la construction d'hypothèses de travail conformes au système de valeur de l'aidé deviennent des enjeux importants;

- Prescrire la meilleure décision a moins de sens puisque l'aide à la décision est entièrement relative à des valeurs et des objectifs par définition non universels;

- Dans un contexte multi acteurs, l'enjeu est de parvenir à représenter différents systèmes de valeurs ou à concevoir, si cela a un sens, un système de valeurs collectives.

Il découle d'autres conséquences que certains auteurs ont relevé et dont nous parlons plus loin.

La rationalité ou les déterminants de l'action sociale selon M. Weber

La rationalité en tant que "déterminant de l'action sociale" n'est pas selon Weber [1922] réductible uniquement à une rationalité ‘fins moyens’ telle qu'elle fut essentiellement utilisée par les philosophes utilitaristes et les économistes néo-classiques (pour ces derniers à travers le concept d'homo œconomicus). Il y a selon le sociologue quatre déterminants de l'action sociale qui constituent ainsi quatre types de comportement: le comportement strictement traditionnel, le comportement affectuel, le comportement rationnel en valeur et enfin le comportement strictement rationnel ou rationnel en finalités. La rationalité traditionnelle guide les comportements à partir d'habitudes et de réactions à des « excitations habituelles ». Selon Weber, la rationalité traditionnelle est ainsi quasiment de l'ordre de l'instinct. La plupart des comportements des individus sont de ce type. La rationalité affectuelle est à la lisière des activités conscientes et inconscientes. Les sentiments, les peurs, les regrets, les joies, etc. sont les moteurs d'un certain nombre de comportements que Weber regroupe sous le terme

« comportements affectuels ». La rationalité en valeur explique les comportements qui ne s'appuient que sur des convictions personnelles qui émergent à partir de systèmes de valeurs. Les individus agissent dans l'ignorance ou l'omission des conséquences de leurs actes. En revanche, ils agissent selon des valeurs qui leurs paraissent imposées et qu'il conçoivent dés lors comme des « impératifs ». La rationalité en finalité exprime que les individus ont un comportement qui résume une confrontation entre des moyens et des fins. Prise dans l'absolu, la rationalité en finalité ne se réfère à aucun élément qui relèverait de l'affect ou d'un quelconque système de valeurs. Weber explique ainsi que ce type de rationalité ne peut être qu'un « cas limite théorique ». En effet, même un comportement optimisateur de moyens par rapport à des fins s'appuie implicitement sur un système de valeurs, système qui permettrait entre autre de définir une « fonction objectif ».

Encadré 5: La rationalité selon Weber [1922]

Notons, en outre, que dans la définition de B. Roy, la décision est vue comme un processus complexe qui amène à se poser des questions sur lesquelles les acteurs ont besoin d’éclairage.

Zoller et Béguin [1989] ont une vision de l’aide à la décision précisément fondée sur son rôle par rapport à cette complexité qu’ils résument eux à de l’incertitude : ils écrivent ainsi « Aider à la décision, c’est donc apporter l’information qui autorise une appréciation plus sûre du champ des possibles et une anticipation plus correcte des résultats susceptibles de découler des actions projetées, de manière à faire se dérouler le processus autour de la table plutôt que sur le terrain ».

Courbon [1982] s’appuie également sur la notion de réduction de l’incertitude pour définir l’aide à la décision. Dans les organisations, l’aide à la décision procède d’un processus de réduction global de l’incertitude sur trois niveaux :

- L’incertitude liée à l’environnement de l’organisation ; dans ce cas, l’aide à la décision consiste en une augmentation des moyens mis en œuvre pour sonder l’environnement ;

- L’incertitude au niveau de chaque acteur de l’organisation ; chaque acteur absorbe une part d’incertitude de sorte qu’il lui reste des marges de manœuvres et des zones d’incertitude lui procurant du pouvoir (cf. Crozier et Friedberg [1977]) ; dans ce cas, l’aide à la décision consiste en l’amélioration de règles et de programmes ;

- L’incertitude résiduelle ; l’aide à la décision consiste en une aide à la négociation.

De plus, l’aide à la décision amène à un rapport de prescription particulier entre le décideur d’une part et celui qui d’autre part conduit le processus d’aide à la décision (que par ailleurs B. Roy appelle « homme d’étude » ou que M. Landry appelle « aidant »). En effet, c’est bien plus dans un travail de discussion - que l’on pressent d’ailleurs être interactif et itératif - autour des modèles de l’outil que vient l’aide plutôt que dans la production d’un résultat par ces modèles. L’aide à la décision fait ainsi passer le rapport de prescription proche du rapport de conformation à un rapport de prescription proche de celui de l’exploration de la complexité de la décision (David [1996]) et de celui de la communication. Parce que l’aide à la décision vise à rendre un comportement rationnel en valeurs, il n’est ainsi qu’un pas pour donner à l’aide à la décision un rôle d’instrument de communication autour du ou des systèmes de valeurs. Roy [1985] insiste d’ailleurs sur le fait que « l’aide à la décision contribue à construire, à asseoir et à faire partager des convictions. ».

Les critiques récentes des théories traditionnelles de la décision ont amené à des analyses de l’aide à la décision qui confirment la pertinence de cette vision du rapport de prescription. Nous lisons une synthèse des éléments de remise en cause des schémas traditionnels des processus de

certitude de la décision chez les économistes néoclassiques, la décision mono rationnelle, la linéarité des processus de décision, etc.… . M. Landry insiste sur la remise en cause du quatuor classique Problème / Décideur / Décision / Action. En particulier, à un décideur peuvent correspondre plusieurs problèmes et un problème n’est pas vu similairement par plusieurs décideurs (le problème part d’une situation d’inconfort ou d’une crise (Landry [1995]) et est nécessairement un concept complètement subjectif au sens où il dépend du sujet sur qui est centré le problème. Pour ces raisons surtout, mais pour d’autres également, il faut selon M.

Landry :

- Renoncer à toute position normativiste de l’activité d’aide à la décision; position qui aurait d'ailleurs du sens dans le cadre de comportements rationnels en finalité purs, cadre dans lequel nous ne situons pas l'aide à la décision;

- Reconnaître les limites des instruments dont l’aidant dispose;

- Rechercher la complémentarité des outils d’aide à la décision;

- Juger de la pertinence d’une intervention d’aide à la décision dans son contexte;

- Considérer l’aide à la décision comme une activité d’aide à la construction du sens à donner aux événements.

Le sens donné aux événements doit d’ailleurs être selon l'auteur une préoccupation centrale. Un événement seul ne suffit pas à caractériser un problème. Un problème est tel pour un acteur parce qu’il est jugé tel par celui-ci. Néanmoins, le problème pour cet acteur n'est peut être pas apprécié comme étant un problème par un autre acteur. L’examen d’événements permet de rechercher le sens de ces événements, activité qui mobilise les acteurs de l’organisation et ce à quoi contribue donc nécessairement tout outil d’aide à la décision.

Dans ce contexte, l'aide à la décision ne consiste pas uniquement à démêler une complexité intrinsèquement liée aux objets. Elle consiste également à éclairer les différences entre les sujets qui manipulent et observent ces objets. C'est dans cette perspective que Le Moigne [1986] définit la science de la décision, dont l'objet nous semble proche de celui de l'activité d'aide à la décision.

L'auteur écrit ainsi: « La science de la décision (organisationnelle) étudie non seulement les modalités de détermination rationnelle de choix de solutions multiples susceptibles d'affecter une situation décrite, bien que tenue pour variable, en référence à quelques groupes de normes explicites, mais aussi les processus d'élaboration de ces modalités et de ces normes et les transformations possibles de ces processus. Autrement dit, dans le contexte retenu par H. A.

Simon, la science de la décision fait son objet du traitement de l'information dans et par un système multiple à fin de résolution complétée. La formalisation de quelques hypothèses de

régularités dans ces processus, localement reproductibles et observables, constituera, dans le cadre épistémologique que l'on a reconnu jusqu'ici, un des indicateurs de « production de connaissance » les plus satisfaisants. ».

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