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Quantifier l'importance relative des membres d'un groupe : opportunité dans une démarche d’intégration

PARTIE II Mises en : Mises en perspective et étude de

2.5. Quantifier l'importance relative des membres d'un groupe : opportunité dans une démarche d’intégration

2.5. Quantifier l'importance relative des membres d'un groupe : opportunité dans une

refroidissement), au réseau électrique; il faut que la surface soit suffisamment grande pour que l'usine puisse stocker en quantité suffisante les produits de l'incinération des déchets. Nous pouvons parler d'une complexité orientée objet (cf. Damart et Pachulski [2002], cf. également conclusion générale). La complexité peut d'être d'une nature sensiblement différente. Celle-ci peut provenir de la multiplicité des valeurs et des objectifs à prendre en compte. Reprenons notre court exemple de localisation de l'usine de retraitement des déchets. Dans le cas d'une démarche concertée, le choix du site d'implantation de l'usine devrait aussi, dans une perspective de prise en compte d'un intérêt général tenir compte des intérêts économique de la société chargée de l'exploitation de l'usine; elle devrait prendre en compte les besoins des communes concernées par l'usine en question; elle devrait naturellement ne pas négliger l'avis des riverains, etc… Nous pouvons parler ici d'une complexité orientée valeur. Il est possible de multiplier les exemples dans lequel nous serions capable d'isoler une complexité orientée objet et une complexité orientée valeur, même si les deux types de complexité se rejoignent nécessairement. Dans ces situations, une démarche d'aide à la décision conduite sur la base de prise en compte de critères multiples peut s'appuyer sur la participation d'experts multiples (qui ne sont pas détenteurs d'enjeux liés au problème traité; par exemple, voir la liste des experts impliqués dans le cas traité au 1.4.) et de parties prenantes multiples (par exemple les riverains de notre usine de retraitement des déchets). Le point de vue des experts doit il avoir au final autant de poids que celui des parties prenantes? La réponse à cette question n'est pas triviale. Elle invite selon nous à deux remarques. En premier lieu, si le poids des experts est le même que celui des parties prenantes alors c'est que la légitimité que le maître d'ouvrage de la démarche tente de construire s'appuiera autant sur la participation d'experts que sur la participation des détenteurs d'enjeux liés au problème. En second lieu, la pondération des acteurs peut servir de signal pour révéler les visions stratégiques dans lesquelles le maître d’ouvrage s'inscrit. Dans notre exemple d'usine d'incinération, si la pondération des acteurs conduit (négligeons pour le moment la procédure de pondération) à quantifier plus fortement l'importance relative des parties prenantes que celle des experts, alors il est vraisemblable que la démarche tire plus légitimité de la participation des acteurs parties prenantes que de la participation d'experts multiples. Ainsi, le maître d'ouvrage consent peut être à négliger la question technique de l'implantation de l'usine pour privilégier les questions liées à l'environnement? Peut être désire-t-il privilégier le choix d'un système de retraitement plus complexe (et déconseillé par une partie des experts) et plus coûteux mais plus respectueux de l'environnement (et conseillé par les associations de représentants des riverains de la zone considérée)? Dans tous les cas, il révèle par l’intermédiaire de la pondération des acteurs une vision plus globale du problème et ses choix stratégiques.

b) Des contextes où existent des raisons objectives de quantifier l'importance relative des acteurs

Le contexte précédent justifie la quantification des membres d'un groupe par la question du choix du type de légitimité recherchée. Cette justification est essentiellement subjective et dépend des choix du maître d'ouvrage. Dans certains contextes, nous pouvons trouver des justifications plus objectives. En effet, dans certains cas, l'intensité avec laquelle s'expriment les préférences des acteurs n'est pas homogène (il est possible de construire d'ailleurs des descripteurs de cette intensité : cf. plus loin). Selon nous (et d’autres auteurs : cf. plus loin), la différence de force avec laquelle s'expriment les préférences des différents acteurs justifie objectivement qu'il soit raisonnable et totalement légitime de chercher à quantifier plus fortement l'importance relative de certains acteurs par rapport à d'autres. L'expression d'un veto à une décision signale une résistance extrême de la part d'un acteur. Faut il accorder à cet acteur autant d'importance qu'à un acteur qui n'exprime qu'indifférence et préférence faible?

Nous allons présenter une méthode de détermination de l'importance relative des membres d'un groupe qui s'appuie en partie sur cette idée et qui à cet égard, intéresse notre problématique.

2.5.3. Une méthode d'aide à la décision pour quantifier l'importance relative des membres d'un groupe

La méthode que nous décrivons maintenant est présentée dans Jabeur et Martel [2001].

L'approche des auteurs s'appuie sur l'idée qu'il y a dans la notion de poids accordé à un acteur deux composantes: une composante subjective et une composante objective.

La détermination de la composante subjective s'appuie sur un procédé traditionnellement utilisé pour déterminer les poids à affecter à des critères. Il s'agit de la méthode des cartes de J. Simos, méthode que nous présenterons pas en détail ici. Nous le ferons dans le cadre du chapitre 4.

Notons que cette méthode conduit chacun des acteurs à ranger l'ensemble des autres acteurs par ordre d'importance. Ce rangement, moyennant quelques informations supplémentaires conduit au calcul de poids accordé par chacun des acteurs à chacun des autres acteurs. Une procédure d'agrégation permet ensuite de déterminer un jeu de poids collectif. Ce jeu correspond à la composante subjective des poids que l'on souhaite déterminer.

La détermination de la composante objective s'appuie sur l'idée présentée plus haut que l'importance relative d'un membre d'un groupe devrait en partie refléter l'intensité relative de ses préférences par rapport à celle des autres acteurs. Cette composante est donc calculée pour chaque acteur pour chaque paire d'actions. Plus la préférence entre deux actions pour un acteur

marquée. A l'inverse, l'indifférence peut être vue comme une préférence trop peu marquée. Deux cas de figure se présentent. Si tous les acteurs expriment la même préférence stricte pour un couple d'action (x,y) alors pour la composante objective, les acteurs sont "équi pondéré". Si certains acteurs en revanche expriment une indifférence alors seuls les acteurs ayant exprimés une préférence stricte sont "équi pondérés" au détriment des acteurs qui ont exprimé une indifférence et à qui on accorde un poids nul (pour la composante objective). Nous avons reproduit ci après deux tableaux illustrant le calcul de la composante objective pour trois acteurs sur un couple d'action (x,y).

1er cas: tous les acteurs expriment une préférence stricte entre x et y Membre t Structure de préférence pour la

paire (x,y)

Poids (composante objective)

M1 y est préféré strictement à x 0.33339

M2 x est préféré strictement à y 0.333

M3 x est préféré strictement à y 0.333

2ème cas: un des trois acteurs n'exprime pas de préférence stricte entre x et y Membre t Structure de préférence pour la

paire (x,y)

Poids (composante objective)

M1 x indifférent à y 040

M2 x est préféré strictement à y 0.541

M3 x est préféré strictement à y 0.5

Tableau 22: Illustration du calcul des poids (composante objective) des membres d'un groupe sur un couple d'action (x,y) (en partie repris de Jabeur et Martel [2001])

Pour chaque paire d'actions les composantes subjective et objective (la composante objective ne dépend pas des paires d’actions) sont combinées et ainsi une matrice de coefficients d'importance relative de chacun des membres du groupe est construite. Jabeur et Martel [2001] proposent à cette fin différentes méthodes d’agrégation.

39 Ici, les acteurs sont équi pondérés et les auteurs considèrent que la somme des poids vaut 1. Donc, le poids de chacun des acteurs est 1/3=0.333.

40 Les auteurs donnent un poids nul à l’acteur qui exprime une indifférence.

41 Les acteurs M2 et M3 sont équi pondérés et comme la somme des poids vaut 1, ils valent 1/2=0.5

Conclusion: entre outils de description du niveau de consensus et outils d'agrégation et de prescription d'une solution collective

L'objet de cette section était de mettre en perspective les façons pour un groupe d'acteurs de produire un objet commun à partir de l'utilisation d'outils d'aide à la décision. En fait, nous avons centré notre approche sur plusieurs modalités d'utilisation des outils, identifiant de fait plusieurs types de contributions des outils d'aide à la décision aux démarches d'intégration visant à la construction d'une représentation commune de la réalité. Nous avons en effet présenté:

- des outils qui permettent de 'calculer' directement une représentation commune de la réalité (par exemple la production d'un préordre de compromis grâce au concept de distance entre préordres, cf. 2.1.);

- des outils (souvent les mêmes) qui permettent simplement de fournir une information (parfois multidimensionnelle, cf. 2.4.) sur un niveau de consensus et qui enrichissent l'interaction et la discussion collective.

Ces deux types d'utilisation ne sont pas disjoints car le calcul d'une représentation commune est en soi une information riche dans certains contextes et peut stimuler une interaction collective.

En fait, le positionnement d'un outil dans l'une ou l'autre des deux perspectives dépend de l'utilisation que les acteurs désirent en faire. Par exemple, le concept de distance entre préordres peut conduire à calculer un préordre de compromis mais peut également servir à 'cartographier' les acteurs (cf. 2.1.). Nous pouvons faire l'hypothèse que le positionnement dépend de la prédisposition des acteurs à l'égard du niveau d'instrumentation du processus de délibération.

Une prédisposition favorable des acteurs les conduiront à utiliser les outils comme des outils d'agrégation voire de prescription. Une prédisposition moins favorable les conduiront à les utiliser comme des outils de description.

Chapitre 4- Aide à la décision et

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